Le Musée Galliera, Musée de la mode de Paris accueille jusqu’au 20 mars 2016 l’exposition « La mode retrouvée » qui met à l’honneur une cinquantaine de tenues ayant appartenu à la comtesse de Greffulhe, figure incontournable de la haute société parisienne et connue sous la plume de Marcel Proust comme la duchesse de Guermantes.
Marie Joséphine de Riquet de Caraman-Chimay est née le 11 juillet 1860 à Paris. Elle est la fille du 18ème prince de Chimay et de Marie de Montesquiou-Fezensac. La jeune femme qui se fera appeler par son cinquième prénom à savoir Elisabeth, fait partie de la noblesse belge par son père.
Baignée dans une éducation tournée vers les arts, elle apprend ainsi à jouer du piano avec Franz Liszt. Elle épouse en 1878 en grandes pompes en l’église de Saint-Germain-des Prés le futur comte Henry Greffulhe, riche héritier d’une famille ayant des avoirs dans l’immobilier et la finance. Une union malheureuse dont naîtra une fille unique Elaine
La comtesse Greffulhe devient rapidement un personnage incontournable de la société parisienne. On se presse à ses dîners ou à ses invitations estivales dans sa demeure de Dieppe, ses sorties sont vivement commentées.
La comtesse a le goût du beau et le sens du raffinement poussé à l’extrême. Elle est une cliente fidèle des couturiers Worth, Fortuny, Jeanne Lanvin et plus tard de Nina Ricci. Robes mais aussi des accessoires comme ce manchon composé de plumes de têtes de faisans mâles montées sur une toile de coton avec une doublure de soie aubergine. A noter aussi un khalat, un manteau d’honneur de Boukhara offert par le tsar à la comtesse et retravaillé par Worth, en velours de soie bordeaux, brodé en relief de files métalliques couchés d’argent et or formant des motifs et rosaces ou encore des robes de soirée à l’influence égyptienne avec des géométries de hiéroglyphes et qui étaient à la mode après la découverte du tombeau de Toutankhamon.
La comtesse Greffulhe s’est éteinte à Genève en 1952. Elle avait demandé à être enterrée avec l’une de ses robe en velours noir avec un corsage montant et une collerette en dentelles.
Musée Galliera – 10, avenue Pierre Ier de Serbie – 75016 Paris – Tous les jours sauf le lundi de 10h à 18h
Voici un aperçu de l’exposition (Copyright photos : L.Desgrâces et Ph.Joffre/Stéphane Piera/Julien Vidal/ C.Pignol/Nadar/Otto/A. d ela morinerie/ Galliera/Roger-Viollet)
Robe de jour en satin de soie de la maison Soinard où la comtesse fit réaliser son trousseau de future mariée.
La comtesse vêtue de la robe aux lys créée par la maison Worth, ici photographiée par Paul Nadar.
La robe aux lys est exposée au musée Galliera
Robe de Worth, réalisée pour la comtesse vers 1897 et portée à l’occasion de l’heure du thé, « tea gown »
Robe dite byzantine créée par Charles Worth pour la comtesse qui la porta au mariage de sa fille Elaine en 1904 avec le futur duc de Guiche. En taffetas lamé, soie et filé or, tulle de soie, application de paillettes. La robe attira tous les regards
Paire de souliers confectionnée par Hellstern & Sons en chevreau rose
Un manteau du soir en lamé or, broderies de paillettes, de tubes bleus et perles bleues vers 1925
Ensemble du soir en lamé or et vert
Eventail en plumes d’autruches avec ornement en argent ou vermeil dédoré ornés de diamants, rubis et émeraudes, datant de 1878
Ensemble en sergé de soie noire et crème de Nina Ricci (vers 1937)
Création en natté noir recouvert de tulle noir et tarlatane noire de Jeanne Lanvin (1937)
Blanc Rita
7 décembre 2015 @ 07:25
Suprême élégance !
Un monde perdu où tant de raffinement ne se reverra pas !
Vraiment !
Les tenues des reines d aujourd’hui n atteignent jamais la beauté de cette époque là !
Severina
7 décembre 2015 @ 07:58
Des robes merveilleuse: la créativité d’artiste des grands couturiers d’antan conjugué a un extraordinaire savoir artisanale. Une mode seulement pour les dames les plus riches: aujourd’hui tout est moins luxueux, moins époustouflant, mais les femmes travailent, voyagent, bougent et ne pourront plus s’habiller ainsi, même pas les reines, même pas Maxima. La magnifique robe de mariage de la duchesse de Vendome était un peu dans ce style et je l’ai beaucoup aimée.
Francois
7 décembre 2015 @ 08:16
Passionné par Elisabeth grefffhule je redoute
l émotion du moment où je vais découvrir ses tenues
toutes en finesse raffinement
Elle disait je lance la mode je ne la suis pas
Comme toute femme élégante elle ne portait que ce qui
lui allait
Proust n’avait jamais vu pareille beauté
Elle domina la vie mondaine parisienne durant 50 ans
Ell etait la quintessence de ce qu’il y eut de mieux
Mais derrière ses tenues de bon ton de bon goût
Ses tenues originales qui portaient sa marque
Se cachait une femme dont la vie sentimentale ne fut
pas heureuse
Elle compensa en faisant de sa vie une œuvre d’art
ses toilettes en sont un des éléments
Merci Madame de votre renoncement qui nous fait
Aujoirdhui admirer l’art de vivre d’une époque hélas vraiment revolue
Sylvie
7 décembre 2015 @ 09:31
En complément à l’exposition, je vous recommande la lecture de la biographie de la comtesse : « La comtesse Greffulhe, l’ombre des Guermantes », par Laure Hillerin chez Flammarion. Un livre passionnant pour tout savoir sur la belle comtesse, son époque et ses relations avec Proust. Très agréable à lire, agrémenté de 16 pages de photographies, il se dévore comme un roman.
Toutes les infos sur ce livre et l’actualité de la comtesse sur le site internet
http://www.comtessegreffulhe.fr/
Page Facebook du livre :
https://www.facebook.com/La-comtesse-Greffulhe-Lombre-des-Guermantes
Pierre-Yves
7 décembre 2015 @ 09:43
Outre son allure et son élégance légendaires, la comtesse Greffulhe avait au moins deux caractéristiques remarquables: d’abord son progressisme et son goût de la modernité, très en décalage avec son milieu; ensuite son action en tant que mécène: elle a soutenu activement des scientifiques, car elle croyait en leurs découvertes, et de nombreux compositeurs, car elle était profondément curieuse de l’art de son temps, c’est à dire l’art contemporain.
Kamila
7 décembre 2015 @ 09:57
Cette exposition fait plaisir à voir, après la barbarie du 13 novembre.
On se remet doucement, et la vie continue.
Je crois que le dernier Point de vue a fait un reportage sur cette comtesse.
Danielle
7 décembre 2015 @ 10:29
J’y vais prochainement, quelles beautés !
JOSEPHINE
7 décembre 2015 @ 11:41
Quelles belles robes ! Sur la première on se demande comment la femme qui la portait pouvait respirer !
clementine1
7 décembre 2015 @ 11:45
Iintéressant et magnifique, de quoi me mettre l’eau à la bouche.
Gérard St-Louis
7 décembre 2015 @ 13:58
Votre compatriote, l’actrice Valentine Varela, fille de la réalisatrice Nina Campanez faisait une interprétation somptueuse de la Duchesse de Germantes dans l’adaptation télévisée de « A la Recherche du temps perdu » de Marcel Proust
Robespierre
7 décembre 2015 @ 18:20
Cette V. Varela était très crédible en Madame de Montespan dans « l’Allée du Roi ».
J’ignorais qu’elle fût la fille de la réalisatrice que vous citez.
Gérard st-louis
9 décembre 2015 @ 14:51
C’est sans doute pour cela qu’elle a joué souvent dans ses series. J’avais adoré les Dames de la Côte avec Fanny Ardant et Edwige Feuillère. Ah la! Belle époque où le France produisait d’excellentes series télévisées !
flabemont8
7 décembre 2015 @ 14:08
Des robes merveilleuses , reflets de chaque époque . Quel luxe , quelle élégance …
bianca
7 décembre 2015 @ 14:36
Magnifiques créations, heureuses celles qui pourront aller les admirer au Musée !!!
Pierre-Yves
7 décembre 2015 @ 18:39
Pas seulement celles, ceux aussi !
Francine du Canada
8 décembre 2015 @ 04:16
C’est bien cela; je suis jalouse des francais(es). J’aurais adoré voir cette exposition. FdC
Francine du Canada
8 décembre 2015 @ 04:19
J’oubliais; mes préférées sont les créations de Charles Worth. FdC
Gérard st-louis
9 décembre 2015 @ 14:56
Worth, le couturier officiel de l’impératrice Eugénie. Ma vieille mère de plus de 90 ans porte encore de nos jours le parfum « Je reviens » de cette veille maison de couture. Ce parfum est de plus en plus difficile à trouver en Amérique mais je lui achète dans une petite parfumerie de la Place Vendôme.
COLETTE C.
7 décembre 2015 @ 15:17
Robes d’une grande élégance ! Ma préférée est celle qu’elle a portée au mariage de sa fille.
Antoine
8 décembre 2015 @ 19:10
Même le jour du mariage de sa fille, la comtesse n’a pu se résoudre à lui laisser la vedette. Le public, venu nombreux à La Madeleine, n’avait d’yeux que pour elle et tous les commentaires admiratifs lui étaient destinés. Il fallait toujours qu’elle soit la reine. Elaine de Gramont, moins douée par la nature, a beaucoup souffert de la flamboyance de sa mère et a toujours eu l’impression d’être un poids pour elle. Je pense que chez la comtesse Greffulhe l’amour maternel était atrophié au profit d’un ego surdimensionné. C’est l’aspect de sa riche personnalité que j’apprécie le moins.
Leonor
9 décembre 2015 @ 23:37
Une vieille histoire, ,ça, que la mère qui veut rester la vedette, au détriment de sa fille.
» Miroir, mon beau miroir, qui est la plus belle en ce pays ? » ( in Blanche-Neige, conte relevé par les Frères Grimm).
Lady Chatturlante
7 décembre 2015 @ 17:11
Quelles belles robes et quelle belle robe de mariée.
Leonor
7 décembre 2015 @ 17:30
Ces robes sont des splendeurs.
Elles sont aussi emblématiques d’une incroyable évolution du vêtement des femmes : du corset qui étrangle la taille, à ne plus pouvoir respirer, à la totale libération du corps dans les robes droites des années 1920.
La robe aux lys est célébrissime.
chicarde
7 décembre 2015 @ 19:56
Oh oui, comme vous avez tous raison : quelle extrême et ravissante élégance, quel raffinement inégalé, quel luxe, luxe !!
J’adore particulièrement la création si féminine de Jeanne Lanvin (dernière photo).
Jean Pierre
7 décembre 2015 @ 21:16
Cette exposition n’aurait aucun intérêt si la baronne n’avait pas été titrée duchesse de Guermantes.
JAY
8 décembre 2015 @ 13:35
Oui mais elle l a été !:
Leonor
8 décembre 2015 @ 14:26
Ah si ! Ces tenues sont des chefs d’oeuvre de l’art textile.
Art souvent méprisé, classé au rang des » arts mineurs »; mais par qui ? Par les historiens d’art professionnels. Lesquels ont été,jusque très récemment, uniquement des hommes. Et n’ont donc regardé les oeuvres qu’au travers de leur prisme masculin , i.e. ls techniques habituellement utilisées par les hommes, en terres occcidentales. : peinture, sculpture, architecture essentiellement, dites, entendez-vous bien … » les beaux-arts » ! Le reste, évidemment, n’étant pas » beau », mais » mineur ». Mineur, comme sont mineures les femmes. Ben voyons.
Que les messieurs présents sur le site ( je pense entre autres à Pierre-Yves, et son intervention ci-dessus) me pardonnent, et comprennent bien que je ne m’adresse pas à eux :’ils représentent l’exception . De nos jours encore.
Namaste
7 décembre 2015 @ 23:15
Merci Régine cela donne vraiment envie de voir l’exposition ! C’est toujours un délice pour mes yeux de découvrir de près des robes de haute couture…
Mais je ne peux m’empêcher de « souffrir » en pensant aux corsets portés, en particulier sur la première photo !
Antoine
8 décembre 2015 @ 19:16
Namaste, comme l’impératrice d’Autriche, la comtesse avait une taille de guêpe naturelle (même sans corset) qu’elle entretenait avec la même discipline parfois exagérée.
Jérôme J.
8 décembre 2015 @ 01:13
Magnifique exposition remarquablement mise en scène par Olivier Saillard, directeur du Palais Galliera.
Dame Tartine
8 décembre 2015 @ 13:48
Je veux bien croire que la comtesse Greffuhle a servi de modèle pour la duchesse de Guermantes, parce que le Narrateur de la Recherche du Temps perdu vient parfois parler à la duchesse pour lui demander quelques éclaircissements sur telle ou telle toilette qu’il a vue dans le passé, ce qui prouve qu’elles devaient être exceptionnelles. La duchesse lui répond d’ailleurs toujours de bonne grâce. Je ne sais pas qui a servi de modèle pour le duc de Guermantes.
Antoine
9 décembre 2015 @ 11:03
Il n’a pas cherché bien loin : c’était en grande partie le comte Greffulhe. Ce ménage avait la folie du « paraître », sans doute ce qui les unissait le plus. Ce n’était pas une union heureuse. Le comte entretenait à grand frais moult maîtresses (cela faisait partie du standing) tout en tenant à ce que sa femme soit la plus brillante de Paris, challenge relevé. Elle s’est donc tournée vers les mondanités, mais aussi les oeuvres caricatives (la fondation Greffulhe existe toujours) et les arts. On a déjà parlé de son rôle important dans le mécénat. Sa vie n’a donc pas été inutile. Il est intéressant de se rendre sur leur tombeau, au Père Lachaise. La chapelle se voit de loin, bien qu’elle soit moins monumentale que celle d’Adolphe Thiers qui est énorme.
Dame Tartine
9 décembre 2015 @ 12:03
Merci pour votre réponse. Je vous crois. D’ailleurs dans la Recherche, le duc n’est pas très sympathique. Quand Swann vient lui dire qu’il a une maladie terminale, le duc qui a peur de louper son bal, lui répond par des plaisanteries, et si je me rappelle, lui dit que Swann les enterrera tous. Je pense que c’est un bon cas d’école du manque de compassion.
Antoine
9 décembre 2015 @ 22:08
Dame Tartine, je pensais justement au passage que vous évoquez. Proust s’est servi d’une conversation qui lui avait été rapportée (il travaillait presque toujours sur la base de faits réels) pour l’écrire. D’après certains biographes, il semblerait que les deux interlocuteurs étaient justement le comte Greffulhe et Charles Haas, modèle de Swann. C’est l’un des passages les plus cruels de la Recherche.
Dame Tartine
10 décembre 2015 @ 14:50
Merci Antoine, j’ignorais que cette anecdote provenait d’un fait réel. Mais ce n’est pas étonnant, tant de gens réagissent de la sorte…