Voici la carte postale de Riga en Lettonie par Guizmo. « L’Art nouveau à Riga correspond à une période architecturale du début du XXe siècle qui a vu la réalisation dans la vieille ville médiévale (Vecriga) ainsi que dans le centre historique entourant cette vieille ville, d’un grand nombre de constructions qui font de la capitale de la Lettonie l’une des villes les plus importantes du courant Art nouveau.
Adopté simultanément dans les grandes cités européennes, le style Art Nouveau s’impose avec un peu de retard, mais vigoureusement dans la ville de Riga. À la fin du 19ème siècle Riga venait de raser les remparts médiévaux destinés à protéger son centre historique. Les architectes de la ville disposaient alors d’un immense espace libre, encombré seulement de grosses maisons en bois, dont un bon nombre furent brûlées pour laisser place à un gigantesque chantier, qui ne s’acheva qu’en 1914.
Les nouveaux gouvernants, assistés de dizaines d’architectes sortis de l’Institut polytechnique de la ville, menèrent jusqu’au bout leur projet d’aménagement, en s’inspirant des préceptes de l’Art Nouveau, inspirés des autres pays de la Baltique et d’Allemagne.
On bâtit des quartiers entiers d’appartements complétés par des bâtiments administratifs et des écoles, on creuse un canal entouré de jardins en lieu et place des anciens remparts.
Les styles classique, gothique ou rococo tombent en disgrâce. « Demandons aux architectes qu’ils dessinent des maisons modernes épousant les formes et l’ornementation qui reflètent nos époques et répondent à leurs exigences », écrivait alors Vidrizu Peteris.
L’Art Nouveau est un style dont les origines ne découlent pas uniquement de l’histoire européenne. C’est un style expérimental, un mélange d’éléments baroques, orientaux, classiques, influencé par l’art japonais, reflétant d’un côté l’esprit de la Belle Époque et l’influençant en même temps.
La caractéristique de l’Art Nouveau est l’absence de toute ligne droite et de tout angle droit. Les lignes qui se courbent coulent à l’infini, les formes s’enflent et se désenflent. C’est la nature qui sert de modèle: art décoratif dès l’origine, les artistes privilégient des formes ornementales imitant les fleurs et les feuilles.
La plupart des œuvres de l’Art Nouveau ressemblent à des organismes vivants. Les lignes végétales tordues créent une impression de légèreté et de charme.
Les fleurs préférées étaient les lys, les iris et les orchidées, mais aussi des motifs orientaux comme les feuilles de palmier et les papyrus, les crins végétaux. On stylisait aussi des animaux, les insectes et les oiseaux mais aussi les lions et les éléphants. En outre, les artistes appréciaient le corps féminin comme élément décoratif, surtout avec des long cheveux ouverts, coulant en de longues vagues douces.
Les éléments fondamentaux de l’Art Nouveau sont la couleur, le verre et la lumière, pour le décor intérieur et les meubles. La combinaison de ces éléments crée des effets de fantaisie, de légèreté et même de déstabilisation.
Ce nouveau style, parfois exagéré, était en net contraste avec les œuvres souvent bien décorées, mais tout de même sobres et sévères de l’époque précédente. L’Art Nouveau dure une trentaine d’années. Sa période commence vers 1885 et se termine autour de 1920 quand l’Art Nouveau fut tellement commercialisé que le nouveau siècle exigea une nouvelle forme d’expression esthétique.
L’art nouveau à Riga se découvre principalement sur les façades d’imposants immeubles comportant souvent plus de deux étages et de nombreuses travées. Ces façades assez majestueuses sont presque toujours symétriques.
L’architecte principal est Mikhaïl Eisenstein (1867-1921), un Germano-balte de Saint-Pétersbourg. Il est le père du cinéaste russe Sergueï Eisenstein, auteur du célèbre Cuirassé Potemkine. Son œuvre se retrouve principalement dans Alberta iela et ses réalisations sont parmi les plus connues et les plus admirées de la ville balte.
Les Lettons Konstantīns Pēkšēns (1859-1928) et Eižens Laube (1880-1967) figurent aussi parmi les architectes les plus influents et les plus prolixes dans la construction d’immeubles de style Art nouveau de la capitale lettone.
On peut aussi citer le Germano-balte Friedrich Scheffel (décédé en 1913) auteur de la Maison du Chat Noir qui fut souvent associé à Heinrich Scheel mais aussi Wilhelm Bockslaff (1858-1945) ou Paul Mandelstam (1872-1941).
Cette importante concentration d’immeubles de style Art nouveau a contribué à l’inscription du centre historique de Riga sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Un petit musée Art nouveau est ouvert depuis le 23 avril 2009 dans l’ancienne demeure de l’architecte KonstantīnsPēkšēns qu’il fit construire en 1903 et y vécut jusqu’en 1907. On peut y voir du mobilier et des éléments décoratifs de la Belle-Époque. Il se situe à l’angle d’Alberta iela (n°12) et de Strēlniekuiela[3]. En face de l’entrée du musée située Strēlniekuiela, se trouve une petite boutique ayant aussi pour thème l’Art nouveau. » (Merci à Guizmo)
Cosmo
5 septembre 2016 @ 06:21
Un grand merci à Guizmo pour ce reportage absolument passionnant !
Pafoume
5 septembre 2016 @ 08:01
Merci infiniment Guizmo, comme j’apprécie beaucoup ce style architectural, je serais ravie de pouvoir visiter Riga un jour.
Zorro
5 septembre 2016 @ 08:37
Ravi de constater que Riga n’a pas usurpé sa réputation de capitale de l’Art Nouveau. En effet, la ville contient la plus forte concentration de bâtiment de ce style en Europe. Les autorités lettones ont eu l’intelligence de préserver et mettre en valeur cet important patrimoine qui aujourd’hui fait la richesse et la réputation de la ville.
A Bruxelles, il reste encore de nombreux témoignages Art nouveau, mais beaucoup ont été détruits pour faire place à des barres d’immeubles fonctionnels. Un célèbre architecte, professeur à l’école d’Architecture de La Cambre à Bruxelles n’avait-il pas dit (et enseigné à ses élèves) dans les années ’60 que, pour lui, il fallait éradiquer l’art nouveau de Bruxelles. Que ce style n’avait aucun intérêt … La « bruxellisation », autrement dit laisser les mains libres aux promoteurs immobiliers véreux sans aucun contrôle d’autorités publiques qui n’avait aucun projet ni vision à long terme de la ville. Ce phénomène est vraiment la spécificité de Bruxelles (avec Bucarest sous Ceausescu…). Aucune autres villes européenne n’a autant souffert que ces deux villes (Bucarest a cependant une excuse : elle avait subi un très grave tremblement de terre en 1977).
A Bruxelles, le phénomène a commencé avec le percement des boulevard Anspach à la fin du 19e siècle, ensuite, le percement de la jonction Nord-Midi qui a saccagé le centre-ville de 1930 à 1960. L’implantation des institutions européenne qui a cannibalisé le Quartier Léopold, ancien quartier résidentiel de prestige (eu peu comme Neuilly pour Paris). Les atroces tours Place de Brouckère à la fin des années ’60. Le massacre ne s’arrête pas là : construction d’hôtels en « faux vieux » style espagnol à deux pas de la Grand’Place au début des années ’90 !
Pire, aujourd’hui, on déconstruit ces mêmes tours des années ’60 (ex : les Tours Martini et Lotto qui commençaient à devenir du patrimoine car spécifique et reflet d’une époque) pour en reconstruire de plus hautes et sans « style » et en plus monofonctionnelle (bureaux à tous les étages…)
Zeugma
5 septembre 2016 @ 09:13
Un grand merci à Guizmo pour ce beau reportage qui me rappelle une visite que je fis à Riga il y a quelques années.
C’est une très belle ville, méconnue car il faut rappeler que les Etats Baltes étaient interdits aux touristes pendant l’occupation Russe.
En regardant ces photographies, j’ai l’impression qu’un sérieux travail de restauration et de ravalement a été fait.
Puis-je ajouter qu’il ne faut pas rater le grand marché qui est installé dans les anciens hangars des ballons dirigeables.
J’ai oublié le nom de l’hôtel où je logeais mais ai gardé le souvenir d’un établissement luxueux et confortable.
Danielle
5 septembre 2016 @ 09:47
Reportage intéressant sur l’art nouveau, merci Guizmo.
L’escalier est très bau.
Robespierre
5 septembre 2016 @ 11:23
J’aime beaucoup l’architecture Art Nouveau, mais on trouve peu d’argenterie avec des motifs de cette époque. En revanche, je n’aime pas les meubles Art Nouveau, ils sont vieillots. Je préfère les meubles et objets Art Deco. Merci à Guizmo pour ce reportage qui m’a intéressé.
Corsica
5 septembre 2016 @ 18:32
Robespierre, je partage votre commentaire car, en Art Nouveau, mes préférences me portent uniquement vers l’architecture et la verrerie. Heureusement, que les pelles des démolisseurs prompts à se débarrasser de ces édifices peu en odeur de sainteté au milieu du XXe siècle n’ont pas tout raser. Sinon Barcelone, Riga, Budapest, Aveiro et bien d’autres endroits encore auraient perdu une partie de leur âme.
Guizmo, merci pour cette carte postale très intéressante. Vos photos sont superbes, tout particulièrement celle de l’escalier. Je l’adore !
Robespierre
5 septembre 2016 @ 20:01
Ah oui, la verrerie ! Vous avez raison, et j’ai quelques vases de cette époque que j’aime beaucoup.
Muscate
6 septembre 2016 @ 13:14
Chanceux et homme de goût, en plus,Robespierre!…’Z’avez tout pour vous,tout pour plaire!. ;-)
Muscate
5 septembre 2016 @ 13:09
Toutes vos interventions sont intéressantes,cher Guizmo…celle-ci est exposé sous un angle original, l’Art Nouveau, avec beaucoup de brio…merci pour ces belles photos et l’expo.
DEB
5 septembre 2016 @ 15:27
Chaque ville qui a des monuments de ce style se veut » capitale de l’art nouveau ».
Peut être Riga l’est-elle mais j’étais en juillet à Glasgow, qui revendiquait la même appellation.
Glasgow style qu’ils disaient et ils soupiraient en évoquant Makintosch !
Quoiqu’il en soit, merci à Guizmo !
J’aime beaucoup le premier mascaron bouche bée et le dernier, pétri de dignité .
beji
5 septembre 2016 @ 16:32
Je suis ravie de découvrir cette ville et agréablement surprise car les pays baltes me laissaient indifférentes
ciboulette
5 septembre 2016 @ 16:33
Grand merci , Guizmo , pour ce beau voyage au pays de l’Art Nouveau …pas tout à fait …visitez Nancy , le berceau historique où se sont illustrés les grands noms de cet Art …nouveau !
JAusten
5 septembre 2016 @ 20:30
j’aime beaucoup l’architecture et particulièrement l’art nouveau et l’art déco. On m’avait parlé de Riga dernièrement, et voilà que vous nous faites un beau reportage sur cet art. Merci Guizmo,
Libellule
5 septembre 2016 @ 20:51
Super ! Bien envie d’y aller .
Merci à vous .
Libellule .
Cesoir-bonsoir
5 septembre 2016 @ 22:23
Comment fait-on pour envoyer notre carte postale? Merci
Régine
6 septembre 2016 @ 12:46
à l’adresse info@noblesseetroyautes.com
lidia
6 septembre 2016 @ 10:07
C’est un très beau reportage sur la ville une des plus européennes de l’ancienne URSS qui « occupant » a beaucoup fait pour effacer les traces des destructions de la Seconde guerre mondiale.
Le terme « occupation russe » me gêne beaucoup. Il ne faut pas oublier qu’après la guerre il y a eu le partage des territoires entre les vainqueurs. La Lettonie a été agrandie sur l’insistance de Staline ainsi que la Pologne. Mais il est de bon ton maintenant de dénigrer tout ce que les Russes ont fait. Je n’aime pas beaucoup ce manque d’objectivité.
Zeugma
6 septembre 2016 @ 22:57
Demandez aux Estoniens, aux Lettons et aux Lituaniens ce qu’ils pensent de la période d’occupation russe. Vous m’en direz des nouvelles.
Quand je suis allée à Riga, je venais de Saint Pétersbourg et ai gardé le vif souvenir d’arriver dans un pays libre.
« après la guerre il y a eu le partage des territoires entre les vainqueurs » écrivez-vous. C’est une façon de voir les choses.
Les Russes ont fait descendre un rideau de fer au milieu de l’Europe.
Et je ne parle pas du mur de Berlin ni de l’annexion de la Crimée en 2014.
Lidia, vous soi-disant « objectivité » est naturellement une propagande qui ne trompe personne.
Zorro
8 septembre 2016 @ 09:23
Zeugma,
Sans pour autant donner 100% raison à Lidia, votre commentaire me fait penser à un passage du roman de A. Huxley ‘Le Meilleur des mondes’ :
» La dictature parfaite serait une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s’évader, un système d’esclavage où, grâce à la consommation et au divertissement, les esclaves auraient l’amour de leur servitude. «
olivier Kell
6 septembre 2016 @ 10:21
Pays très intéressants à visiter et avec des différences plus marquées entre chacun que beaucoup n imagine ; les trois capitales sont très différentes les unes des autres avec pour chacune une identité très affirmée et riche.
Jean Pierre
6 septembre 2016 @ 12:29
Si je ne me trompe pas, Riga comme toute la Lettonie, était sous domination russe à l’époque de l’Art Nouveau, quelle fût la part de la Russie dans cette transformation architecturale ou est elle le fruit de la seule volonté locale ?
Ghislaine
6 septembre 2016 @ 17:27
Ciboulette merci d’avoir rappelé que Nancy est le berceau de l’art nouveau
et merci à Guizmo pour cet article intéressant .