Le Grand-Duc Michel adresse un message à son frère Nicolas II, lui demandant de rentrer d’urgence. Cette fois, le Tsar a compris : il se met en route pour rentrer dans sa capitale. Mais à l’aube, le convoi est bloqué car 2 compagnies révoltées ont coupé la voie. Une première tentative de détournement du train vers Polotsk échoue. Mais la seconde, vers Pskov sera la bonne. Pskov où se trouve le Etat Major armée du Nord du général Rousski.
Nicolas se trouve désormais selon ses propres termes « complètement seul, sans conseiller proche, privé de liberté, comme un criminel acculé » et surtout, soumis aux pressions des généraux, dont il reste pourtant le chef en théorie, mais qui veulent se débarrasser de lui en le poussant à abdiquer. Le bras droit de Nicolas II à la Stavka, le Général Alexeiev, s’assure du ralliement de tous les états-majors à la cause de l’abdication du Tsar et fait pression du Rousski, qui se trouve à Pskov auprès du Souverain.
Le Grand-Duc Nicolas, que Nicolas II avait remplacé à la tête des armées en 1915 se joint au mouvement et écrit au Tsar : “Moi en qualité de loyal sujet je crois, selon l’esprit de mon serment d’allégeance, de prier à genou Votre majesté Impériale de sauver la Russie et votre héritier, en connaissant Votre grand amour pour la Russie et lui. Faites le signe de croix et transmettez lui votre succession. Il n’y a pas d’autres moyens”.
Le 14 mars 1917, Nicolas II rédige un manifeste qui accorde la responsabilité du gouvernement devant la Douma. Hélas, à un jour près, il est trop tard, puisque la Douma et le Soviet d’ouvriers ont pris le pouvoir la veille. Le manifeste ne sortira pas du train.
Ci-dessus, traduction du manifeste rédigé par Nicolas II le 1er mars 1917 en calendrier julien (14 mars selon le calendrier occidental). Il y annonce la création, après la fin de la guerre, d’un gouvernement responsable devant la Douma.
Carte ferroviaire russe. Dno (sur la carte, gare dessinée en vert) se trouve au croisement de deux axes ferroviaires majeurs. Le train de Nicolas II partit de Moguilev (à droite, carré jaune le plus bas sur la carte). Les cheminots tentèrent, sans succès, de couper la voie pour envoyer le train à Polotsk (à gauche en jaune sur la carte) mais la tentative échoua. Nicolas fut dévié à Dno, vers Pskov (en jaune, à gauche sur la carte), alors que depuis Dno, il aurait dû continuer tout droit vers Saint-Pétersbourg (carré jaune le plus haut sur la carte). (Merci à la Baronne Manno pour ce récit)
A leur tour, les cheminots trahissent le Tsar. Télégramme ordonnant d’arrêter le train impérial à Dno (archives de la compagnie nationale russe des chemins de fer)
Ivan Ivanovitch, l’un des membres du groupe des cheminots révoltés, qui ont arrêté le train du Tsar.
Jean Pierre
17 mars 2017 @ 11:14
Ce récit de la baronne Manno montre un Nicolas II lâché de partout heure par heure.
Mais me revient en mémoire la phrase de l’ancien président Jacques Chirac : « on ne trahit pas ce qui n’existe plus ».
frambroiz 07
18 mars 2017 @ 00:39
Chirac(s’y connaissait en matière de trahison, Chaban – Delmas pourrait confirmer ),il disait aussi que les ennuis volaient toujours en escadrille …
ciboulette
17 mars 2017 @ 19:38
Nicolas II et tous les membres de sa famille s’étaient depuis longtemps coupés de la réalité .Leur pays avait accumulé un énorme retard .
Il s’en est rendu compte , mais trop tard .Les monarchies absolues ont disparu , seules les monarchies parlementaires ont survécu .
Sylvie-Laure
19 mars 2017 @ 07:34
Cette série historique, avec photos et documents dont la recherche est minutieuse, et m’a fortement intéressé. Je remercie la baronne Manno de Noto de ses articles sur la date historique de ce mois de mars 1917. Ces périodes de confusion totale, avec tentatives de reprises en main du commandement des armées par le Tsar, à ces moments là, étaient loin d’être aisées. Manque de communications évidentes, manque de discernement du Tsar lui même, isolé, et exclus, et populations excédées par les quotidiens de vie très très difficiles, et périodes de guerres, et de troubles incessantes. Tout était en oeuvre, pour que la dynastie des Romanov fasse naufrage. ce fut le cas, rien ne fut facile, et rien ne fut facilité pour que la famille Romanov fut épargnée.