C’est ici au n°15, rue Laffite à côté du Boulevard Haussmann et à proximité des Galeries Lafayette que s’érigait la demeure où naquit le futur empereur Napoléon III en date du 20 avril 1808.
L’hôtel de la reine Hortense où naquit l’empereur a été démoli en 1899 . la rue Pillet-Will passe sur son emplacement. Le bâtiment actuel doit dater du début du XXe siècle.
Le futur Napoléon III naquit donc le mercredi 20 avril 1808, à 1 heure du matin, en l’hôtel ou palais de la reine Hortense, 17 rue Laffitte, anciennement rue d’Artois (jusqu’à l’émigration du comte d’Artois et la rue retrouva son nom d’Artois sous la Restauration), hôtel qui fut détruit aux alentours du 10 octobre 1899 pour le percement de la rue Pillet-Will, ce qui fait qu’on a des photographies, par Eugène Atget, de sa destruction (https://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%B4tel_de_la_reine_Hortense#/media/File:Hotelreinehortense.tiff).
La plaque commémorative de la naissance a été posée sur le 15 bis rue Laffitte comme nous l’évoquions ici il y a quelques mois.
Ni l’empereur qui était à Bayonne pour négocier le traité avec l’Espagne, ni le père qui était à Amsterdam, n’assistèrent à la naissance de l’enfant qui était prématuré. La reine avait dans la journée accompagné son fils Napoléon-Louis à une fête pour les enfants donnée par Caroline Murat. Elle dira dans ses Mémoires que les exercices périlleux d’un danseur de corde l’impressionnèrent tant qu’elle dut rentrer chez elle précipitamment sous l’effet des contractions.
L’archichancelier Cambacérès s’il n’assista pas à la naissance, arriva quelques minutes après pour couper le cordon ombilical. Le prince étant successible l’archichancelier devait être présent. Le jeune prince, très faible, subit un bouche à bouche et un bain au vin et dans les minutes qui suivirent fut ondoyé par le cardinal de Belloy.
Jean-Baptiste de Belloy avait été évêque de Glandèves, en Haute Provence, puis il succéda au grand Mgr de Belsunce comme évêque de Marseille et il fut le dernier du fait de la suppression votée de ce diocèse en 1790 (et le diocèse fut supprimé par le Saint-Siège après le concordat en 1801), comme il avait été le dernier évêque de Marseille à disposer des droits et titres féodaux qui étaient attachés à ce diocèse et notamment celui de baron d’Aubagne. Le diocèse fut rétabli sous la Restauration en 1823. Belloy fut nommé archevêque de Paris en 1802 et le demeura jusqu’à sa mort le 10 juin 1808 à l’âge de 98 ans ; il avait été fait comte de Belloy et de l’Empire le 1er mars de la même année.
Le cardinal fit abandon des rentes qu’il touchait sur des viagers considérant que le fait que Dieu l’ait oublié sur terre ne justifiait pas qu’il désespérât les débirentiers.
Le futur Napoléon III, Louis-Napoléon, fut baptisé le 4 novembre 1810 par le cardinal Fesch dans la chapelle de la Trinité du château de Fontainebleau, l’empereur Napoléon étant parrain et l’impératrice Marie-Louise marraine.
« Aujourd’hui, mercredi 20 avril, à une heure du matin, SM la reine de Hollande est heureusement accouchée d’un prince. En conformité de l’article 40 de l’acte des Constitutions, du 28 floréal an XII, SAS Mgr le prince archichancelier de l’Empire a été présent à la naissance. SA a écrit de suite à SM l’Empereur et Roi, à SM l’Impératrice et Reine et à SM le roi de Hollande, pour leur apprendre cette nouvelle. […] À cinq heures du soir, l’acte de naissance a été reçu par SAS le prince archichancelier, assisté de S. Exc. M. Regnault (de Saint-Jean-d’Angély), ministre d’État, et secrétaire de l’état de la famille impériale. Attendu de l’absence de SM l’Empereur et Roi, le prince nouveau-né n’a reçu aucun prénom ; à quoi il sera pourvu par un acte ultérieur, d’après les ordres de SM. Les témoins de l’acte ont été LL. AA. SS. Le prince archi-trésorier, et le prince vice-grand électeur. Ils ont été désignés par le prince archichancelier, en conformité de l’article 19 du statut impérial du 30 mars 1806, attendu l’absence de tous les princes du sang. SAI Madame, mère, SM la reine de Hollande, SAI madame la princesse Caroline, grande-duchesse de Berg ; SAE Mgr le cardinal Fesch, et SE M. l’amiral Verhuel, ambassadeur de SM le roi de Hollande près SM l’Empereur et Roi, ont été présents à l’acte. » (Moniteur du 21 avril 1808)
« S Em Mgr le cardinal Fesch, ayant été averti par un chambellan que SM était accouchée, s’est rendu sur-le-champ au palais de SM, où assisté de l’aumônier de l’Empereur, vicaire général de la grande aumônerie, et du maître des cérémonies de la chapelle impériale, elle a ondoyé le prince nouveau-né […] » (Moniteur 28 avril 1808).
Ce ne serait donc pas le cardinal de Belloy qui aurait ondoyé le prince.
Cependant les historiens citent souvent Belloy.
L’hôtel d’Hortense, entre porche et jardin, avait été construit – alors hôtel Bolliou de Saint-Julien plus tard hôtel de Lannoy – par Pierre-Louis Moreau-Desproux, l’architecte du duc d’Orléans, vers 1772. Les jardins allaient jusqu’à la rue Taitbout. Marie-François David de Saint-Julien, ou de Saint-Jullien, conseiller du roi, trésorier des États de Bourgogne, puis receveur-général des rentes du clergé, était l’époux fortuné d’Anne-Marie Madeleine de la Tour du Pin qui s’amusait beaucoup, fréquentait Voltaire et sacrait vertement et continua de sacrer après son veuvage sans doute jusqu’à sa mort survenue dans sa 90e année en 1820. L’hôtel fut acquis en 1797 par le fournisseur aux armées et financier Marc-Antoine-Joseph de Lannoy qui le fit décorer de 1798 à 1801 de nombreux et magnifiques panneaux commandés à Prud’hon, pour le Salon de la Richesse et le Salon des Saisons, panneaux qui ont été achetés à New York par Eiffage pour le Louvre en 2006. Ils avaient été vendus à Paris en 1992. Le premier salon au rez-de-chaussée comprenait vingt-huit compositions peintes sur bois et sur toile, divisées en trois registres : quatre grandes figures allégoriques (La Richesse, Les Arts, Les Plaisirs et La Philosophie), quatre dessus-de-porte représentant les quatre heures du jour et un ensemble de compositions qui ornaient le bas des murs, soit un lambris de vingt peintures (quatre grandes frises, quatre moyennes et douze mascarons). Le bas-relief feint de La Peinture représentait la figure des Arts entourée de Mnémosyne et d’Apollon. Le second salon qui avait donc pour thème les Saisons était orné d’une frise courant tout autour de la pièce en haut des quatre murs. Ces merveilles qui firent l’admiration des nombreux visiteurs de l’hôtel de la reine Hortense sont donc maintenant dans l’aile Richelieu du Louvre au Département des objets d’art.
L’hôtel voisinait, au 19, avec celui de la princesse de la Moskowa, Albine, épouse de Napoléon Joseph Ney, fille unique des Laffitte qui lui en avaient fait don. Ce dernier hôtel construit pour le financier Jean-Joseph de Laborde dans les années 1770 par Jean-Benoît-Vincent Barré, avait été acheté en 1822 aux époux Meslier par Jacques Laffitte (banquier et un temps président du Conseil) et fut la propriété de sa fille de 1844 à 1866. Il y eut ensuite expropriation partielle pour le percement de la rue La Fayette et destruction en 1867.
À proximité, à la grande époque, on trouvait les hôtels Bonaparte, Murat, Fesch, Colonna Walewska, Berthier… Entre 1792 et 1814 la rue Laffitte s’appelait rue Cerutti et c’était alors le numéro 8. Joseph-Antoine Cérutti, homme de lettres et homme politique, demeurait à l’angle du boulevard des Italiens.
L’hôtel de Saint-Julien dans ce qui était alors le deuxième arrondissement de Paris et où naquit donc le futur Napoléon III, alors prince français, prince de Hollande et altesse impériale, fut acheté par le roi Louis et la reine Hortense le 2 juin 1804.
En 1810 le roi Louis laissa sa maison à son épouse. Napoléon après l’abdication de Louis lui a en effet retiré son hôtel de la rue Cerutti et sa propriété de Saint-Leu et a laissé à Hortense un douaire de deux millions de revenus, l’hôtel de la rue Cerutti et la propriété de Saint-Leu.
Hortense dira : « J’aurai maintenant le plaisir de faire de la musique. Le rôle de reine honoraire a bien son agrément. »
C’est là que le prince de Schwarzenberg installa le 10 juillet 1815 ses quartiers après que la reine avait fui Paris. L’hôtel appartint en 1818 au banquier Hagerman et un peu avant 1835 à Salomon de Rothschild. Il fut ambassade ottomane de 1872 à 1888.
Une fois la rue percée on construisit de part et d’autre deux grands bâtiments identiques.
Notons qu’il existe depuis 1987 une place Napoléon III à Paris dans le 10e arrondissement, l’ancienne place de Roubaix, ouverte en 1845 sur l’emprise de la rue de Dunkerque devant la gare du Nord.
Napoléon-Louis le deuxième fils d’Hortense était né aussi rue Cerutti le 11 octobre 1804. Il fut prince royal de Hollande, grand-duc de Berg et de Clèves le 3 mars 1809 puis Louis II roi de Hollande du 1er au 13 juillet 1810.
La rue Laffitte a été particulièrement saccagée avec la destruction de l’hôtel construit en 1836 au 19 sur l’emplacement de celui commandé par un banquier le marquis de Laborde guillotiné en 1794 qui fut ensuite l’hôtel de Fouché qui s’en enfuit en 1815 par le jardin voisin de la reine Hortense.
Au retour de l’île d’Elbe Bourrienne, le condisciple et ami de Bonaparte fut en effet nommé le 14 mars 1815 préfet de police. Il ordonna d’arrêter des suspects dont Fouché, par Foudras, inspecteur général. Foudras alla voir le duc qui demanda à faire vérifier l’ordre d’arrestation chez lui et ils partirent pour son hôtel avec Foudras et ses argousins. Fouché arrivé là demanda à s’isoler pour satisfaire un besoin naturel et d’une fenêtre sauta dans le jardin et courut jusqu’au mur de la reine Hortense qu’il franchit.
Foudras était-il complice ? En tout cas renommé peu après, le 20 mars, ministre de la police par l’empereur, Fouché confirma Foudras inspecteur général.
L’hôtel d’Otrante appartint au banquier Jacques Laffitte puis notamment au banquier James de Rothschild qui le fit remanier par l’architecte Maingot. Il était alors voisin de Salomon de Rothschild. Cet hôtel de James de Rothschild orné côté jardin d’une terrasse à balustres de pierre à double panse, avec son salon en rotonde et aux putti, fut détruit par la banque qui voulait un ensemble « ouvert sur la vie » en 1967, avec ses décors intérieurs. L’hôtel au 21 allant jusqu’au 25 fut aussi détruit. Le tout fut remplacé par un vilain immeuble pompidolien en perpendiculaire construit par Pierre Dufau qui devint le siège de la Barclay’s Bank et qui devait apporter au quartier « une bouffée d’air et de verdure » ! http://autourduperetanguy.blogspirit.com/archive/2007/06/18/une-rue-avec-vue-la-rue-laffitte.html
L’hôtel allant du 21 au 25 fut entre autres l’Hotel de France ou se réunissèrent dès 1836 les grands romantiques du 19ème comme Liszt, d’Agoult, Sand, Sue, Vigny, Chopin etc… c’est d’ailleurs à priori l’endroit ou se sont rencontrés Sand et Chopin. Je cherche d’ailleurs des photos ou peintures de cet hotel en vain !!! Quelque saurait ou je peux trouver celà !? un grand merci à vous
Danielle
10 septembre 2015 @ 09:54
J’ai travaillé tout près et n’ai même pas remarqué cet immeuble !
Caroline
10 septembre 2015 @ 11:46
Danielle,
Lol,comme vous,je n’ai meme pas remarqué cet immeuble,étant crevée avec mes sacs de shopping!
Tessa
10 septembre 2015 @ 11:57
Entrée d’immeuble colossalement remarquable .
Gibbs
10 septembre 2015 @ 12:25
Danielle,
J’ai eu l’occasion de me promener longuement boulevard Haussmann, j’ai visité les galeries Lafayette mais je n’ai pas remarqué cette demeure.
Amitiés
bianca
10 septembre 2015 @ 12:39
Cette porte a dû m’interpeller lorsque je passais dans ce quartier tout près de mon travail…
Denis
10 septembre 2015 @ 15:19
L’hôtel de la reine Hortense où naquit l’empereur a été démoli en 1899 . la rue Pillet-Will passe sur son emplacement. Le bâtiment actuel doit dater du début du XXe siècle.
Gérard
11 septembre 2015 @ 16:18
Le futur Napoléon III naquit donc le mercredi 20 avril 1808, à 1 heure du matin, en l’hôtel ou palais de la reine Hortense, 17 rue Laffitte, anciennement rue d’Artois (jusqu’à l’émigration du comte d’Artois et la rue retrouva son nom d’Artois sous la Restauration), hôtel qui fut détruit aux alentours du 10 octobre 1899 pour le percement de la rue Pillet-Will, ce qui fait qu’on a des photographies, par Eugène Atget, de sa destruction (https://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%B4tel_de_la_reine_Hortense#/media/File:Hotelreinehortense.tiff).
La plaque commémorative de la naissance a été posée sur le 15 bis rue Laffitte comme nous l’évoquions ici il y a quelques mois.
Ni l’empereur qui était à Bayonne pour négocier le traité avec l’Espagne, ni le père qui était à Amsterdam, n’assistèrent à la naissance de l’enfant qui était prématuré. La reine avait dans la journée accompagné son fils Napoléon-Louis à une fête pour les enfants donnée par Caroline Murat. Elle dira dans ses Mémoires que les exercices périlleux d’un danseur de corde l’impressionnèrent tant qu’elle dut rentrer chez elle précipitamment sous l’effet des contractions.
L’archichancelier Cambacérès s’il n’assista pas à la naissance, arriva quelques minutes après pour couper le cordon ombilical. Le prince étant successible l’archichancelier devait être présent. Le jeune prince, très faible, subit un bouche à bouche et un bain au vin et dans les minutes qui suivirent fut ondoyé par le cardinal de Belloy.
Jean-Baptiste de Belloy avait été évêque de Glandèves, en Haute Provence, puis il succéda au grand Mgr de Belsunce comme évêque de Marseille et il fut le dernier du fait de la suppression votée de ce diocèse en 1790 (et le diocèse fut supprimé par le Saint-Siège après le concordat en 1801), comme il avait été le dernier évêque de Marseille à disposer des droits et titres féodaux qui étaient attachés à ce diocèse et notamment celui de baron d’Aubagne. Le diocèse fut rétabli sous la Restauration en 1823. Belloy fut nommé archevêque de Paris en 1802 et le demeura jusqu’à sa mort le 10 juin 1808 à l’âge de 98 ans ; il avait été fait comte de Belloy et de l’Empire le 1er mars de la même année.
Le cardinal fit abandon des rentes qu’il touchait sur des viagers considérant que le fait que Dieu l’ait oublié sur terre ne justifiait pas qu’il désespérât les débirentiers.
Le futur Napoléon III, Louis-Napoléon, fut baptisé le 4 novembre 1810 par le cardinal Fesch dans la chapelle de la Trinité du château de Fontainebleau, l’empereur Napoléon étant parrain et l’impératrice Marie-Louise marraine.
« Aujourd’hui, mercredi 20 avril, à une heure du matin, SM la reine de Hollande est heureusement accouchée d’un prince. En conformité de l’article 40 de l’acte des Constitutions, du 28 floréal an XII, SAS Mgr le prince archichancelier de l’Empire a été présent à la naissance. SA a écrit de suite à SM l’Empereur et Roi, à SM l’Impératrice et Reine et à SM le roi de Hollande, pour leur apprendre cette nouvelle. […] À cinq heures du soir, l’acte de naissance a été reçu par SAS le prince archichancelier, assisté de S. Exc. M. Regnault (de Saint-Jean-d’Angély), ministre d’État, et secrétaire de l’état de la famille impériale. Attendu de l’absence de SM l’Empereur et Roi, le prince nouveau-né n’a reçu aucun prénom ; à quoi il sera pourvu par un acte ultérieur, d’après les ordres de SM. Les témoins de l’acte ont été LL. AA. SS. Le prince archi-trésorier, et le prince vice-grand électeur. Ils ont été désignés par le prince archichancelier, en conformité de l’article 19 du statut impérial du 30 mars 1806, attendu l’absence de tous les princes du sang. SAI Madame, mère, SM la reine de Hollande, SAI madame la princesse Caroline, grande-duchesse de Berg ; SAE Mgr le cardinal Fesch, et SE M. l’amiral Verhuel, ambassadeur de SM le roi de Hollande près SM l’Empereur et Roi, ont été présents à l’acte. » (Moniteur du 21 avril 1808)
« S Em Mgr le cardinal Fesch, ayant été averti par un chambellan que SM était accouchée, s’est rendu sur-le-champ au palais de SM, où assisté de l’aumônier de l’Empereur, vicaire général de la grande aumônerie, et du maître des cérémonies de la chapelle impériale, elle a ondoyé le prince nouveau-né […] » (Moniteur 28 avril 1808).
Ce ne serait donc pas le cardinal de Belloy qui aurait ondoyé le prince.
Cependant les historiens citent souvent Belloy.
L’hôtel d’Hortense, entre porche et jardin, avait été construit – alors hôtel Bolliou de Saint-Julien plus tard hôtel de Lannoy – par Pierre-Louis Moreau-Desproux, l’architecte du duc d’Orléans, vers 1772. Les jardins allaient jusqu’à la rue Taitbout. Marie-François David de Saint-Julien, ou de Saint-Jullien, conseiller du roi, trésorier des États de Bourgogne, puis receveur-général des rentes du clergé, était l’époux fortuné d’Anne-Marie Madeleine de la Tour du Pin qui s’amusait beaucoup, fréquentait Voltaire et sacrait vertement et continua de sacrer après son veuvage sans doute jusqu’à sa mort survenue dans sa 90e année en 1820. L’hôtel fut acquis en 1797 par le fournisseur aux armées et financier Marc-Antoine-Joseph de Lannoy qui le fit décorer de 1798 à 1801 de nombreux et magnifiques panneaux commandés à Prud’hon, pour le Salon de la Richesse et le Salon des Saisons, panneaux qui ont été achetés à New York par Eiffage pour le Louvre en 2006. Ils avaient été vendus à Paris en 1992. Le premier salon au rez-de-chaussée comprenait vingt-huit compositions peintes sur bois et sur toile, divisées en trois registres : quatre grandes figures allégoriques (La Richesse, Les Arts, Les Plaisirs et La Philosophie), quatre dessus-de-porte représentant les quatre heures du jour et un ensemble de compositions qui ornaient le bas des murs, soit un lambris de vingt peintures (quatre grandes frises, quatre moyennes et douze mascarons). Le bas-relief feint de La Peinture représentait la figure des Arts entourée de Mnémosyne et d’Apollon. Le second salon qui avait donc pour thème les Saisons était orné d’une frise courant tout autour de la pièce en haut des quatre murs. Ces merveilles qui firent l’admiration des nombreux visiteurs de l’hôtel de la reine Hortense sont donc maintenant dans l’aile Richelieu du Louvre au Département des objets d’art.
L’hôtel voisinait, au 19, avec celui de la princesse de la Moskowa, Albine, épouse de Napoléon Joseph Ney, fille unique des Laffitte qui lui en avaient fait don. Ce dernier hôtel construit pour le financier Jean-Joseph de Laborde dans les années 1770 par Jean-Benoît-Vincent Barré, avait été acheté en 1822 aux époux Meslier par Jacques Laffitte (banquier et un temps président du Conseil) et fut la propriété de sa fille de 1844 à 1866. Il y eut ensuite expropriation partielle pour le percement de la rue La Fayette et destruction en 1867.
À proximité, à la grande époque, on trouvait les hôtels Bonaparte, Murat, Fesch, Colonna Walewska, Berthier… Entre 1792 et 1814 la rue Laffitte s’appelait rue Cerutti et c’était alors le numéro 8. Joseph-Antoine Cérutti, homme de lettres et homme politique, demeurait à l’angle du boulevard des Italiens.
L’hôtel de Saint-Julien dans ce qui était alors le deuxième arrondissement de Paris et où naquit donc le futur Napoléon III, alors prince français, prince de Hollande et altesse impériale, fut acheté par le roi Louis et la reine Hortense le 2 juin 1804.
En 1810 le roi Louis laissa sa maison à son épouse. Napoléon après l’abdication de Louis lui a en effet retiré son hôtel de la rue Cerutti et sa propriété de Saint-Leu et a laissé à Hortense un douaire de deux millions de revenus, l’hôtel de la rue Cerutti et la propriété de Saint-Leu.
Hortense dira : « J’aurai maintenant le plaisir de faire de la musique. Le rôle de reine honoraire a bien son agrément. »
C’est là que le prince de Schwarzenberg installa le 10 juillet 1815 ses quartiers après que la reine avait fui Paris. L’hôtel appartint en 1818 au banquier Hagerman et un peu avant 1835 à Salomon de Rothschild. Il fut ambassade ottomane de 1872 à 1888.
Une fois la rue percée on construisit de part et d’autre deux grands bâtiments identiques.
Notons qu’il existe depuis 1987 une place Napoléon III à Paris dans le 10e arrondissement, l’ancienne place de Roubaix, ouverte en 1845 sur l’emprise de la rue de Dunkerque devant la gare du Nord.
Francine du Canada
13 septembre 2015 @ 01:21
Gérard, votre commentaire est tellement intéressant… comment vous remercier? FdC
Gérard
14 septembre 2015 @ 10:37
C’est moi qui vous remercie.
Gérard
12 septembre 2015 @ 22:31
Napoléon-Louis le deuxième fils d’Hortense était né aussi rue Cerutti le 11 octobre 1804. Il fut prince royal de Hollande, grand-duc de Berg et de Clèves le 3 mars 1809 puis Louis II roi de Hollande du 1er au 13 juillet 1810.
La rue Laffitte a été particulièrement saccagée avec la destruction de l’hôtel construit en 1836 au 19 sur l’emplacement de celui commandé par un banquier le marquis de Laborde guillotiné en 1794 qui fut ensuite l’hôtel de Fouché qui s’en enfuit en 1815 par le jardin voisin de la reine Hortense.
Au retour de l’île d’Elbe Bourrienne, le condisciple et ami de Bonaparte fut en effet nommé le 14 mars 1815 préfet de police. Il ordonna d’arrêter des suspects dont Fouché, par Foudras, inspecteur général. Foudras alla voir le duc qui demanda à faire vérifier l’ordre d’arrestation chez lui et ils partirent pour son hôtel avec Foudras et ses argousins. Fouché arrivé là demanda à s’isoler pour satisfaire un besoin naturel et d’une fenêtre sauta dans le jardin et courut jusqu’au mur de la reine Hortense qu’il franchit.
Foudras était-il complice ? En tout cas renommé peu après, le 20 mars, ministre de la police par l’empereur, Fouché confirma Foudras inspecteur général.
L’hôtel d’Otrante appartint au banquier Jacques Laffitte puis notamment au banquier James de Rothschild qui le fit remanier par l’architecte Maingot. Il était alors voisin de Salomon de Rothschild. Cet hôtel de James de Rothschild orné côté jardin d’une terrasse à balustres de pierre à double panse, avec son salon en rotonde et aux putti, fut détruit par la banque qui voulait un ensemble « ouvert sur la vie » en 1967, avec ses décors intérieurs. L’hôtel au 21 allant jusqu’au 25 fut aussi détruit. Le tout fut remplacé par un vilain immeuble pompidolien en perpendiculaire construit par Pierre Dufau qui devint le siège de la Barclay’s Bank et qui devait apporter au quartier « une bouffée d’air et de verdure » !
http://autourduperetanguy.blogspirit.com/archive/2007/06/18/une-rue-avec-vue-la-rue-laffitte.html
Denis
25 août 2017 @ 13:39
L’hôtel allant du 21 au 25 fut entre autres l’Hotel de France ou se réunissèrent dès 1836 les grands romantiques du 19ème comme Liszt, d’Agoult, Sand, Sue, Vigny, Chopin etc… c’est d’ailleurs à priori l’endroit ou se sont rencontrés Sand et Chopin. Je cherche d’ailleurs des photos ou peintures de cet hotel en vain !!! Quelque saurait ou je peux trouver celà !? un grand merci à vous
michel payart
26 juillet 2019 @ 10:13
Très intéressant et documenté, merci!