La monarchie roumaine célèbre ce 10 mai ses 150 ans. Il y a en effet 150, le prince Karl de Hohenzollern-Sigmaringen prêtait serment comme prince Carol I de Roumanie avant de devenir plus tard roi de Roumanie. Il était marié à la princesse Elisabethde Wied connue comme Carmen Sylva sous son nom de plume. Sans postérité, il fut fait appel au prince Ferdinand de Hohenzollern-Sigmaringen, neveu du roi Carol.
La continuité dynastique fut assurée avec Carol II, fils du roi Ferdinand et de la reine Marie, petite-fille de la reine Victoria. Carol II qui de son union malheureuse avec la princesse Hélène de Grèce, eut un fils unique le roi Michel de Roumanie.
Actarus
10 mai 2016 @ 04:11
Il ne faudra pas oublier son 69e anniversaire de décès le 30 décembre prochain.
RIP.
Damien B.
10 mai 2016 @ 05:37
Rappelons que c’est suite au refus de Philippe de Belgique, comte de Flandre, de devenir prince régnant des principautés roumaines que le choix s’est porté sur le prince Charles de Hohenzollern.
L’année suivante, en 1867, le comte de Flandre épousait Marie de Hohenzollern, la sœur de Charles. Cette union a naturellement créé des liens familiaux entre les souverains belges (Albert I) et roumains (Ferdinand), lesquels étaient cousins germains.
Le premier roi de Roumanie était un souverain de qualité qui a accepté la difficile mission de régner sur des provinces sans cesse convoitées par leurs voisins turcs et en proie à des insurrections paysannes internes. C’est le Traité de Berlin qui en 1878 a permis à la Roumanie moderne de devenir indépendante.
aurelian
10 mai 2016 @ 07:44
J’espere que ,au futur, le prince Karl Friedrich de Hohezollern-Sigmaringen ( l’actuel chef de la Maison princiere de Hohenzollern) ou l’un de ses proches vienne en Roumanie pour assurer la continuite dinastique.
aubert
10 mai 2016 @ 12:46
Pourquoi faire ?
Caroline
10 mai 2016 @ 11:08
Votre article m’a poussé à apprendre des détails intéressants avant les débuts de la monarchie roumaine! Merci!
Zorro
10 mai 2016 @ 11:25
Carol avait épousé la princesse Elisabeth de Wied, pas Marie de Wied.
*Gustave de Montréal
10 mai 2016 @ 15:34
Curieux choix quand même ce principicule allemand pour régner sur les roumains. Il existait alors de nombreuses maisons nobles en Roumanie qui auraient été aptes à régner.
Damien B.
11 mai 2016 @ 06:32
En 1866, la condition pour devenir prince régnant de Roumanie était justement de ne pas être … roumain. Le choix du prince de Hohenzollern s’est vite avéré excellent.
Zorro
11 mai 2016 @ 10:38
Entre 1859 et 1866, les principautés de Moldavie et de Valachie (le noyau de la future Roumanie), alors vassales de l’Empire Ottoman, fut dirigée par un prince autochtone : Alexandru Ioan Cuza (un boyard moldave) qui avait élu par les nobles des deux principautés (la première forme de monarchie roumaine était donc élective, pas héréditaire comme en Europe).
Alexandru Ioan Cuza sera déposé en 1866 pour de multiples raisons :
Au niveau extérieur, le prince Alexandru Ioan Cuza n’était soutenu ni par la Russie, ni par l’Autriche (les deux puissances tutélaires à l’époque des Balkans). Quant au sultan, il n’avait accepté l’élection du prince du bout des lèvres. Il n’y avait finalement que Napoléon III qui le soutenait. Depuis lors la France a toujours entretenu un rapport privilégié avec la Roumanie.
Au niveau intérieur, le prince Alexandru Ion Cuza (libéral, franc maçon et imprégné des principes des Lumières) a entreprit des réformes maladroites et mécontenté le clergé et les boyards conservateurs (en voulant imposer une réforme agraire au détriment des nobles et du clergé) qui finalement le déposèrent et l’envoyèrent en exil.
L’Assemblée roumaine, échaudée par l’expérience de cette forme particulière de gouvernement très instable, choisi d’instauré un système monarchique héréditaire et exogène pour se coller au modèle occidental. L’Assemblée cherchait un Prince occidental qui serait soutenu par les grandes puissances (notamment la Russie et l’Autriche). Ils proposèrent effectivement le trône au prince Philippe de Belgique, qui le refusa (Cf. Commentaire de Damien B.). Le choix se porta sur le Prince Karl von Hohenzollern (branche cadette et catholique de la prestigieuse famille Hohenzollern, dont la branche des rois de Prusse constituait la branche aînée).
On pourra dire tout ce que l’on voudra sur le prince Karl de Hohenzollern et la famille royale roumaine, mais sous leur règne, ils ont quand même fait passer leur pays qui était dans un état pitoyable et arriéré à un pays stable, développée et qui allait constituer après la Grande guerre la Grande Roumanie qui allait connaître un niveau de développement comparable à celui des pays occidentaux en 1947.
Damien B.
11 mai 2016 @ 12:03
Zorro, je partage sans réserves votre appréciation favorable au sujet des premiers rois de Roumanie.
Gérard
11 mai 2016 @ 21:16
Merci Zorro pour cette mise au point.
COLETTE C.
10 mai 2016 @ 16:22
Oui, Damien B. je lis avec intérêt votre commentaire, car j’ai acheté récemment le livre de Damien Bilteryst : « Philippe Comte de Flandre, frère de Léopold II », chez Racine, où il est question de tout cela.
Damien B.
11 mai 2016 @ 06:34
En effet Colette C., les développements de cette candidature belge en Roumanie sont surprenants et peu connus.
Cordialement,
Zorro
11 mai 2016 @ 14:16
Encore plus inconnu fut la volonté de Elefthérios Venizélos de proposer le trône de Grèce au prince Charles de Belgique en 1922, en remplacement de la dynastie Schleswig-Holstein-Sonderburg-Glücksburg. Le roi Albert refusa la proposition au nom de son fils cadet.
Zorro
11 mai 2016 @ 14:52
Rectification : ce n’était pas en 1922 mais en 1917 déjà (en pleine guerre mondiale). Le roi Albert refusa sous prétexte que son fils était trop jeune (14/15 ans à l’époque) et que la Grèce était un pays ingouvernable.
Gérard
12 mai 2016 @ 11:16
Ajoutons que Napoléon III (qui avait soutenu Cuza) avait une vieille amie, Hortense Cornu (1809-1875), une amie d’enfance qui se dévouait beaucoup pour ceux qui lui étaient chers. Son salon 22 rue Rousselet était célèbre à Paris. Elle était amie en particulier avec les Hohenzollern-Sigmaringen et elle passait souvent ses vacances chez son amie de toujours Stéphanie de Bade née Beauharnais, qui était la belle-sœur par alliance du prince Antoine de Hohenzollern. Elle connaissait donc les deux jeunes princes fils d’Antoine, Charles lieutenant au deuxième régiment de la garde prussienne, qui avait 27 ans, et Léopold qui en avait 29. Leur père avait beaucoup d’ambitions pour eux et par Stéphanie il fit intervenir Hortense. Pour Charles elle suggéra à l’empereur un mariage avec la princesse Anna Murat. Les Murat refusèrent, Anna épousa Antoine de Noailles, 9e prince de Poix, 6e duc espagnol de Mouchy et 5e duc français de Mouchy et duc de Poix. Mais sur ces entrefaites les boyards convainquirent Alexandre Cuza d’abdiquer, lui reprochant son insouciance et sa vie privée (il était marié et n’avait pas d’enfant de son épouse, mais il avait deux fils de sa maîtresse) mais aussi et surtout son libéralisme envers les paysans. Hortense pensa alors à la couronne roumaine pour Charles et quand arriva à Paris Ion (Jean) Bratianu, grand et riche seigneur roumain, homme politique, pour parler à l’empereur des affaires roumaines, elle suggéra la candidature Hohenzollern. Napoléon appuya son jeune cousin. Bratianu rendit visite à Antoine à Düsseldorf et il lui demanda de consulter son fils. À Berlin Bismarck approuva et comme le tsar et le sultan hésitaient Bismarck demanda au jeune prince de forcer le destin en allant à Bucarest.
Le roi Guillaume de Prusse n’était pas favorable à cette candidature car l’idée qu’un Hohenzollern puisse être vassal du sultan le heurtait mais Bismarck et Napoléon III firent preuve de volonté et finalement Guillaume Ier déclara : « Un Hohenzollern aux sources du Danube et un autre à son embouchure, en effet, ce n’est pas mal. »
En avril 1866 le plébiscite choisit Charles.
Hortense, elle, choisit encore le secrétaire français du prince, Émile Picot (1844–1918), juriste et spécialiste des langues orientales.
Les débuts cependant du règne de Charles Ier de Roumanie furent un peu difficiles car la fidélité à Couza était encore importante notamment dans l’armée et chez les paysans.
Hortense était née Lacroix, elle était très intelligente. C’était la fille d’une femme de chambre et d’un valet basque du roi Louis, père de l’empereur, et elle avait été la protégée de la reine Hortense sa marraine. Elle l’avait suivie dans son exil, l’avait aidée pour ses Mémoires et elle avait pour son fils une fidélité amicale ou amoureuse sans faille. Elle habitait avec sa mère qui, veuve, était devenue gouvernante du palais Ruspoli à Rome, via della Fontanella di Borghese, le palais propriété de la reine Hortense, palais où elles vivaient. Elle épousa en 1831 un élève d’Ingres, Sébastien Cornu, qui fit d’elle un beau portrait qui est au château de Compiègne, et qui décora notamment la chapelle de l’Élysée.
Elle fut d’un grand secours pour le jeune Louis-Napoléon pour que dans son exil il devienne parfaitement français alors que jusqu’alors il pensait et écrivait en allemand. Son frère Joseph-Eugène Lacroix fut architecte de l’empereur.
Napoléon III et les principautés roumaines ont fait l’objet d’une exposition commémorative en 2009 au château de Compiègne.
Damien B.
14 mai 2016 @ 07:18
Je reviens ici et découvre ce matin votre commentaire très érudit Gérard. Vous êtes de ceux qui font vivre intelligemment ce site et vous lire est un plaisir.
Cordialement,