Le père du prince Alexandre, le roi Pierre de Yougoslavie s’est éteint aux Etats-Unis en 1970. Le ramener un jour au pays, était une promesse que le prince a finalement pu tenir. Après le retour des dépouilles du prince régent Paul, de son épouse la princesse Olga et de leur fils le prince Nicolas en 2012, ce fut au tour du roi Pierre, de son épouse la reine Alexandra, de sa mère la reine Marie et de son frère le prince Andrej d’être inhumés en mai 2013 au mausolée royal d’Oplenac.
On perçoit immédiatement cet amour filial du prince pour son père. On trouve plusieurs tableaux de ce jeune souverain (monté sur le trône à l’âge de 11 ans suite à l’assassinat de son père le roi Alexandre à Marseille en 1934) au Palais royal ainsi que sur de nombreuses photos de famille.
« Ce pays manquait terriblement à mon père. Malgré son jeune âge lorsqu’il dut quitter sa patrie, il avait acquis beaucoup d’expérience. Il parlait sans cesse de ses voyages, de ses activités lorsqu’il était en Yougoslavie. Il espérait au fond de lui une solution de semaine en semaine, qui finalement ne vint pas de son vivant » nous explique le prince Alexandre.
Il a gardé cette blessure du départ jusqu’à sa mort au plus profond de lui. On sent toute l’émotion qui envahit le prince Alexandre en évoquant le souvenir de son père. La princesse explique : « Mon mari se répétait sans cesse qu’il fallait qu’il ramène son père à Oplenac. Mon beau-père voulait revenir dans son pays même mort. »
Le roi Pierre a été inhumé jusqu’à son transfert au mausolée d’Oplenac dans l’Illinois aux Etats-Unis. « J’avais envisagé de l’enterrer auprès de sa mère la reine Marie de Yougoslavie, née princesse de Roumanie et arrière-petite-fille de la reine Victoria, à Frogmore où sont inhumés les membres de la famille royale britannique mais pour des raisons diplomatiques à l’époque et malgré des entretiens que j’avais eus avec ma marraine la reine Elizabeth, cela n’a pas pu se faire ». Ici, la reine Marie de Yougoslavie avec sa mère la reine Marie de Roumanie.
Sa mère la reine Alexandra décédée en 1993 dans le Sussex, reposait au cimetière royal de Tatoi près d’Athènes. Elle y était enterrée auprès de sa mère la princesse Aspasie et non loin de son père le roi Alexandre. Le prince qui est proche de ses cousins de la famille royale de Grèce, se rend régulièrement à Tatoi pour assister aux cérémonies du souvenir comme les 50 ans du décès du roi Paul de Grèce.
Ses parents le roi Pierre et la reine Alexandra de Yougoslavie ont tous deux vécu à leur manière la tristesse de l’exil. Le prince Alexandre a pu compter sur la grande affection de sa grand-mère paternelle la reine Marie de Yougoslavie (fille du roi Ferdinand et de la reine Marie de Roumanie).
Mais une femme qui a occupé aussi une grande place dans sa vie et dans son éducation, c’est incontestablement sa grand-mère maternelle la princesse Aspasie de Grèce. Roturière, elle avait contacté en 1919 un mariage morganatique avec le roi Alexandre de Grèce qui mourut des suites d’une morsure de singe avant que leur fille Alexandra ne voit le jour. La princesse Aspasie (1896-1972) vivait à Venise dans le quartier de la Giudecca. « Je l’adorais, c’était une seconde mère pour moi. Je la retrouvais lors de mes congés scolaires à Venise et j’aimais tant jouer dans son beau jardin ». Cliquez ici pour (re)lire le portrait consacré par Noblesse et Royautés à la princesse Aspasie.
A quel moment le prince Alexandre (ici enfant avec sa grand-mère paternelle la reine Marie) a-t-il perçu l’importance de l’héritage dynastique qui pesait sur ses épaules ? Il répond très spontanément : « Je pense que j’ai réellement réalisé cela lorsque je devais avoir atteint l’âge de 9 ans ».
« Après de longues négociations, nous sommes arrivés à un accord pour le retour de mes parents et de membres de la famille royale. Mon père a eu droit à des funérailles d’Etat, c’était symboliquement et historiquement très important. Le gouvernement serbe a tout pris en charge et tout organisé et je lui en suis reconnaissant. »
Demain : Entretien avec le prince Alexandre et la princesse Katherine de Serbie : dans l’intimé des princes (dernier article)
24 mai 2015 @ 07:47
La photo 8 semble avoir été prise hier…très touchant !
24 mai 2015 @ 10:25
J’ai un peu de mal avec ce tourisme funéraire.
Je comprends bien les raisons politiques (ou autres) mais je persiste à penser qu’il faut laisser reposer les morts et eviter de les instrumentaliser.
Je remarque qu’il n’existe peu de photos d’Alexandre adolescent ou adulte avec son père. Étaient-ils brouillés ?
24 mai 2015 @ 10:49
Non, ils n’étaient pas en froid mais le prince a suivi sa scolarité en Europe puis dans l’armée tandis que son père vivait aux Etats-Unis
24 mai 2015 @ 11:09
Je suis de votre avis Jean Pierre; je suis toujours mal à l’aise lorsqu’on exhume un corps et qu’on le transporte d’un endroit à un autre. Je peux comprendre si c’était la volonté de la personne décédée mais… le malaise est tout de même présent. FdC
24 mai 2015 @ 11:34
Jean Pierre,
Dans la mesure où cela répond au souhait exprimé par le défunt, pourquoi pas ? Beaucoup de gens sont sensibles au fait de reposer dans la terre de leurs ancêtres.
Je ne crois pas qu’il faille y voir une instrumentalisation mais plutôt l’expression d’une nostalgie.
Cordialement
Cosmo
24 mai 2015 @ 21:10
Le principe général est de respecter les dernières volontés du défunt quand on les connaît et pour les personnages historiques les problèmes se compliquent. Là le roi Pierre avait fait connaître sa volonté. La reine Alexandra est maintenant séparée de sa mère mais près de son mari qu’elle a tant aimé malgré les déchirures. Cependant je songe à ce que disait le prince Georges de Grèce à sa femme Marie Bonaparte qui lui demandait s’il ne voudrait pas plutôt reposer à Roskilde, auprès de son cher oncle Valdemar de Danemark, qu’à Tatoï : rien ne pourra empêcher nos âmes de se retrouver au Ciel.
Mais il vaut mieux éviter les procès comme celui, interminable, en Suisse au sujet de la dépouille du roi Mwambutsa IV du Burundi mort en exil, et que sa compagne avait fait inhumer à Meyrin près Genève, et que sa fille la princesse Rosa Paula Iribagiza, pour des motifs de réconciliation nationale, et le gouvernement, pour les mêmes raisons et pour des raisons électoralistes, voulaient rapatrier pour l’enterrer près de son fils le dernier roi Ntare V qui fut assassiné (mais dont le corps n’a pas encore pu être retrouvé). La princesse Esther Kamatari sa nièce, adversaire politique, s’y opposa, forte du dernier codicille testamentaire et notarié du roi – du 10 février 1977 – qui mourut le 26 avril. Le corps exhumé est depuis de longs mois dans un établissement funéraire de Genève. Le roi disait ne jamais vouloir être enterré au Burundi. De même on connaît les dernières volontés du comte de Chambord de ne pas être rapatrié. On a vu aussi le récent rapatriement du grand-duc et de la grande-duchesse Nicolas sans leurs frère et sœur et sans volonté écrite.
25 mai 2015 @ 19:41
On songe aussi à Geneviève de Gaulle Anthonioz dont l’entrée au Panthéon comme de plus en plus souvent, symbolique car elle ne voulait pas être séparée de son mari. On fait en somme des reliquaires laïques. Sans parler des victimes de la Terreur dont les restes ne peuvent être identifiés.
24 mai 2015 @ 10:31
Des différents reportages sur le couple princier serbe que l’on a eus jusqu’ici, celui-là est le plus touchant, je trouve. Je découvre à cette occasion des photos de ses parents que je ne connaissais pas.
Il me semble qu’un des fils d’Alexandre, le prince Pierre peut-être, ressemble à son grand-père.
24 mai 2015 @ 10:48
En effet, le prince Pierre ressemble beaucoup à son grand-père
24 mai 2015 @ 10:57
La 1ère photo est impressionnante.
Merci Régine.
24 mai 2015 @ 11:42
Le roi Petar était mort à Denver suite à un rejet de greffe.
24 mai 2015 @ 14:31
Merci Régine (et merci au prince) pour ces photos inédites; et très touchantes
24 mai 2015 @ 16:13
Merci pour ces reportages, qui m’ont permis de me faire une idée plus précise de la personnalité du prince et de son épouse.
24 mai 2015 @ 17:26
Je comprends un peu mieux la généalogie du prince Alexandre . Bien que je ne sois pas trop favorable »a priori » au transfert des dépouilles, je crois que c’était vraiment important pour le prince de respecter la volonté de son père , et de rapprocher ses parents .