Il y a 300 ans, le roi Louis XIV, le Roi Soleil, fils de Louis XIII et d’Anne d’Autriche, s’éteignait en son château de Versailles à l’âge de 76 ans au terme de près d’un mois de lente agonie. Enterré dans la Basilique Saint Denis, sa dépouille fut profanée lors de la Révolution et jetée dans une fosse commune.
Lisabé
1 septembre 2015 @ 08:11
Le Roi est mort…Après la mort d’un Roi ou d’un grand homme d’état,beaucoup dans le peuple(ou même la bourgeoisie,ou encore,la noblesse ennemie….)se réjouissaient,espèrant que le prochain serait meilleur…
Un peu comme nous,qui espèrons,à chaque élection,un changement positif qui ne vient pas.
Laurent F
1 septembre 2015 @ 09:38
La description de l’autopsie qui eu lieu le 2 septembre est un grand moment ! Le pauvre monarque était gangréné de toute part et a du souffrir le martyr dans ses derniers instants.
Laurent F
1 septembre 2015 @ 12:54
Le dimanche 1er septembre 1715, le Roi-Soleil jette ses derniers feux. À 8 h 15, après 72 ans de règne, il meurt rongé par la gangrène. Le mal s’était déclaré le 10 août avec des douleurs dans la jambe. Fagon, premier médecin du roi, diagnostique une banale sciatique deux jours plus tard. Les autres médecins n’osent pas le contredire, sinon le premier chirurgien du roi Georges Mareschal qui suggère un mal plus grave. Mais de quoi se mêle ce barbier ? Fagon méprise son avis… Trente-deux ans plus tôt, il a déjà tué la reine Marie-Thérèse pour n’avoir pas su diagnostiquer une tumeur bénigne sous le bras (voir notre éphéméride du 30 juillet 1683).
Malgré la douleur, le roi poursuit ses occupations habituelles sans déroger au protocole. Le 17 août, la souffrance devient telle qu’elle oblige le roi à s’aliter définitivement. Le 19 août, voyant une tache noirâtre apparaître sur la jambe gonflée, Mareschal diagnostique une gangrène. Mais Fagon continue à prescrire des pansements à l’eau-de-vie camphrée. Il fait également prendre au souverain des bains de lait d’ânesse. L’état du malade ne fait qu’empirer, pourtant, le samedi 24 août, il soupe encore en public dans sa chambre à coucher. Le dimanche 25 août, le vieux souverain se sent si mal que le cardinal de Rohan, accompagné de deux autres aumôniers, lui administre le saint sacrement des mourants. Il reçoit l’extrême-onction. Le lendemain, des incisions faites jusqu’à l’os confirment enfin le diagnostic de Mareschal : la gangrène est bel et bien en train de ronger les chairs du souverain. Pas de remède, sinon l’amputation pour éviter que la pourriture ne se répande. Cependant, Louis XIV la refuse, car les carabins sont incapables de lui garantir la guérison. « Si de toute façon je dois mourir, je préfère garder tous mes membres. » Le 26 août, il reçoit le dauphin de 5 ans, le futur Louis XV, pour lui recommander d’éviter autant que possible de faire la guerre : « C’est la ruine des peuples. » Le 27 août, il confie à son épouse Mme de Maintenon : « J’ai toujours ouï dire qu’il est difficile de mourir ; pour moi, qui suis sur le point de ce moment si redoutable aux hommes, je ne trouve pas que cela soit si difficile. »
Le mercredi 28 août, vers 11 heures du matin, un homme se présente à Versailles. Il arrive de Marseille par la poste. Il prétend être capable de guérir le roi, étant en possession d’un remède… souverain contre la gangrène interne. Personne ne s’étonne. La médecine est tellement lamentable à cette époque que les charlatans ont beau jeu de vendre à prix d’or des élixirs prétendument miraculeux. Au mieux, leurs préparations n’ont aucune efficacité. Au pire, elles achèvent les malades. Certains de ces escrocs amassent des fortunes considérables. Du reste, Brun n’est pas le premier de ces prétendus guérisseurs à se présenter à Versailles, mais il parvient à convaincre le duc d’Orléans, neveu du roi et futur régent, de l’efficacité de son élixir dont il ne veut rien dire sinon qu’il est « fait avec le corps d’un animal ». Fagon et ses confrères doivent s’incliner devant la volonté du prince. À midi, ils en font avaler dix gouttes au malade diluées dans trois cuillerées de vin d’Alicante, après avoir tout de même pris la précaution d’en faire absorber à son inventeur. Le remède pue atrocement, mais Louis l’avale sans rechigner. Sans se faire, pour autant, d’illusions : « Je ne le prends ni dans l’espérance ni avec désir de guérir, mais je sais qu’en l’état où je suis je dois obéir aux médecins. » Au bout d’une heure, le roi va mieux, mais au bout de quatre il est pris de faiblesse. Les médecins et les courtisans se disputent pour savoir s’il faut continuer ou non le traitement du sieur Brun. On appelle le duc d’Orléans pour trancher. Celui-ci, voyant qu’il n’y a plus d’espérance de sauver le roi, ordonne de continuer à lui donner l’élixir pour le soutenir quelques heures de plus.
Le 29 août, le roi avale ses gouttes toutes les huit heures. Le matin, il entend la messe. Vers 18 heures, il avale deux petits biscuits trempés dans du vin d’Alicante. On le croit sauvé. Ces dames saluent déjà Brun comme une sorte d’ange envoyé du ciel pour guérir le roi » et veulent « qu’on jetât tous les médecins de la cour et de la ville dans la rivière ». D’autres, plus méfiants, répondent qu' »il ne fallait regarder l’effet de l’élixir que comme un peu d’huile qu’on remet dans une lampe qui s’éteint ». Effectivement, lors du changement de pansement à 22 h 30, la jambe apparaît plus gangrénée que jamais. L’os est visible dans la chair crevassée. Le gros orteil s’est même détaché. Désormais, la pourriture a gagné le genou et la cuisse. Ça pue atrocement. Le pseudo-médecin Brun s’éclipse à jamais pour regagner Marseille… Les courtisans et les ambassadeurs parient sur le nombre de jours qu’il reste encore à vivre au roi. Un autre charlatan venu de Calabre propose une poudre de racines et de bulbes censée remettre sur pied le roi qui passe toute la journée du vendredi 30 dans une somnolence comateuse. Son confesseur ne parvient pas à lui tirer un mot. Le soir, la jambe paraît « aussi pourrie que s’il y avait eu six mois qu’il fut mort ». Le lendemain, le souverain sort brièvement de son coma pour se plaindre de sa longue agonie. La gangrène a désormais gagné toute la cuisse. Sa belle-fille, la duchesse du Maine, insiste auprès des médecins pour lui faire avaler un breuvage du médecin Agnan prétendument efficace contre la petite vérole.
Vers 22 heures, les aumôniers disent les prières des agonisants. Le roi les accompagne mécaniquement. Une dernière lueur de lucidité lui fait murmurer : « Ce sont là les dernières grâces de l’Église; » Puis il prononce ses dernières paroles : « Ô, mon Dieu, venez à mon aide, hâtez-Vous de me secourir ! » Le Roi-Soleil retombe dans le coma avant de s’éteindre le lendemain matin, dimanche 1er septembre 1715. Aussitôt, le duc d’Orléans, suivi de tous les courtisans, gagne l’appartement du jeune Louis XV, l’arrière-petit-fils de feu le roi, pour le saluer. Le petit bout de chou de 5 ans fond en larmes. Les funérailles de Louis XIV sont vite expédiées. Sa dépouille reste exposée huit jours dans le salon d’Hercule avant d’être transportée, le 9 septembre, à Saint-Denis. Le Roi-Soleil n’a le droit qu’à un convoi funéraire de nuit, car on craint les railleries du peuple. Triste fin pour le plus grand monarque que la France ait connu.
Lisabé
2 septembre 2015 @ 08:30
Louis XIV n’a pas plus souffert que les Cardinaux de Richelieu,de Mazarin,ou Louis XIII…La liste est longue,mais je n’ai connu les maux détaillés que de ceux-là.
C’était l’époque des médecins-ignorants ou charlatans et des saignées à tout va qui affaiblissaient encore davantage les malades…Roi ou pas.
De savants ignorants,nous en avons encore beaucoup…Des charlatans chez Hippocrate,beaucoup moins,la Loi y veillant…
landeau
2 septembre 2015 @ 10:00
merci pour vos précisions ,elles sont vraiment très intéressantes
Corsica
2 septembre 2015 @ 22:48
Laurent F, il me semblait que le responsable de la mort de Marie Thérèse d’Autriche était Daquin et non Fagon . En effet, si Fagon était bien le premier médecin de la Reine, Daquin était celui du roi et à ce titre, le supérieur hiérarchique de tous les médecins, chirurgiens et archidiatres (reine et princes) de la Cour . D’après mes souvenirs, lors de l’abcès sous axillaire de la reine, Fagon et Dionis (respectivement premier médecin et premier chirurgien de cette dernière) ont préconisé l’incision mais Daquin -en position de supériorité- s’y est obstinément opposé, favorisant ainsi la mort de la reine par septicémie . Bonne soirée .
Corsica
2 septembre 2015 @ 23:14
Veuillez m’excuser, il fallait lire archiATRe et non archidiatre !
Corsica
2 septembre 2015 @ 23:38
On se gausse des médecins du roi mais il faut bien reconnaître qu’au XVII siècle la médecine était plutôt impuissante et si Louis XIV a vécu jusqu’à un âge aussi avancé, c’est avant tout grâce à sa formidable constitution qui lui a permis de passer à travers la variole, le typhus et autres joyeusetés et peut-être grâce à son refus des saignées .
Dans ses 72 ans de vie, le roi a eu 5 premiers médecins dont Antoine Vallot, Antoine Daquin (protégé de madame de Montespan), et Guy-Crescent Fagon (protégé de madame de Maintenon). La charge (non achetable) de premier médecin du roi est un formidable moyen d’ascension sociale et une façon certaine d’assurer ses vieux jours . L’archiatre a les mêmes privilèges et honneurs que les Grands Officiers, ils portent le titre transmissible de comte et -d’après le mémoire de Ellen Jorum- ils gagnent plus de 40 000 livres par an ( 3000 livres de base + 2000 de frais de bouche + 16 000 de frais d’entretien + 3000 de frais de carrosse, 6000 en qualité de conseiller d’état, 6000 comme surintendant du jardin royal etc.) . Cela ne comprend pas les remerciements sonnants et trébuchants pour services rendus exceptionnels . C’est ainsi que Daquin a reçu 100 000 livres en partage d’honoraires après la guérison de la royale fistule anale alors que c’est quand même Charles-François-Félix Tassy, premier chirurgien du roi qui a fait tout le travail et ce, avec l’aide des 85 fistuleux de Paris sur lesquels il s’est fait la main ! Dans » Les Mémoires d’un curé de Versailles François Girard » on apprend aussi que Louvois, pour faire tester les traitements médicaux, faisait rassembler tous les fistuleux de Paris afin qu’ils servent de cobayes …
La Maison Médicale du roi était une grosse structure puisque elle comprenait 137 personnes allant de l’archiatre aux apothicaires en passant par le médecin ordinaire, les médecins servant par rotation de 3 mois, les botanistes et anatomistes … Ce n’est qu’après 1698 que cette maison médicale, distincte de la chirurgicale, se réduira à 35 officiers .
Corsica
2 septembre 2015 @ 23:40
Désolée, la fatigue se fait sentir . Il fallait lire « ses 72 ans de règne » .
Dame Tartine
6 septembre 2015 @ 21:16
merci Corsica pour toutes ces précisions. J’ignorais que la mort stupide de la Reine pour un abcès sous le bras aurait pu être évité si Daquin n’avait eu la préséance sur Fagon et Dionis. Je sais que Louis XIV a beaucoup souffert et s’est montré courageux dans sa longue agonie.
Danielle
1 septembre 2015 @ 10:00
Une émission à ne pas manquer ce soir.
Jean Pierre
1 septembre 2015 @ 11:06
Je m’en souviens comme si c’était hier.
Et chacun peut dire ce qu’il faisait et où il était le de cette funeste journée.
Augustine
1 septembre 2015 @ 11:36
JP, peut-être souvenez vous où il est enterré désormais ; l’a-t-on récupéré dans la fosse commune ! question peu « commune » je veux bien mais c’est un roi qui a marqué notre histoire
Marnie
1 septembre 2015 @ 11:39
Excellent, Jean-Pierre ! malgré tout le respect que j’ai pour Louis le Grand ;)
En tout cas, moi je me souviens du moment où j’ai appris le décès de notre dernier monarque, F. Mitterand…
Xantya
1 septembre 2015 @ 12:06
Ironie, quand tu nous tiens !
Gustave de Montréal
1 septembre 2015 @ 12:14
ah! ah! ah! Au moins le Canada en 1715 était toujours la Nouvelle-France.
Actarus
1 septembre 2015 @ 12:39
Comme pour Diana !
Nathetvoila
2 septembre 2015 @ 07:23
Hihi hihi Jean-Pierre !
clement
1 septembre 2015 @ 13:57
à l’époque tout était noté ,époque qui n’est finalement pas si lointaine ! ce n’est pas étonnant si nous savons beaucoup de choses sur les derniers moments du roi qui a subi une affreuse agonie dans la dignité !
FRANCE
1 septembre 2015 @ 14:28
18 OCTOBRE 1685 : la deuxième grande erreur de la royauté française :-(
Anne-Cécile
1 septembre 2015 @ 15:55
Qui a hérité de la perruque?
flabemont8
1 septembre 2015 @ 16:49
Sic transit gloria mundi !
Mélusine
1 septembre 2015 @ 17:17
Ténébreuse fin pour le Roi Soleil !
Aramis
1 septembre 2015 @ 18:24
Si peu de commentaires pour l’anniversaire de la mort du « plus grand roi du monde »… Par rapport à la masse de contributions relatives au moindre article sur l’aîné tant de ses descendants que des descendants de son frère…! Repose en paix grand monarque… Tes dépouilles dynastiques seules sont désormais jetées en pâture à la multitude…
Naucratis
2 septembre 2015 @ 06:49
Je partage votre commentaire Aramis.
Il est vrai aussi que souvent de nombreux commentaires accablent le Grand Roi, pétris de tous les clichés contre lesquels les historiens (les vrais) luttent pourtant.
Sigismond
2 septembre 2015 @ 12:08
Très juste et magistrale analyse, comme toujours, du baron Pinoteau, sur le site Vexilla Galliae : « Louis XIV fut certes un grand roi et on le nomma Louis le Grand de son vivant. Il fut le souverain du royaume le plus peuplé d’Europe. Roi fastueux, modèle de ses « frères » en souveraineté, mais, trop longtemps il mena une vie guère chaste et contraire à la tradition catholique ; il viola aussi plus d’une fois les Lois fondamentales du royaume (affaires de la Lorraine, la légitimation de ses bâtards, expulsion de la dynastie française de Philippe V d’Espagne…). Il assura lui-même l’ordre dans les affaires religieuses de l’Etat. La révocation de l’édit de Nantes et ce qui s’en suivit donna plus d’unité au royaume tout en créant des situations pénibles à beaucoup de Français. »
On pourrait ajouter son attitude envers les Courtenay…
Gérard
2 septembre 2015 @ 15:11
Il était roi et chrétien mais héritier d’une tradition gallicane comme la concevaient nos souverains. Il vécut comme il vécut mais dans la crainte de Dieu et mourut comme tous nos rois très chrétiennement.
Du point de vue politique là aussi dans la tradition capétienne il ne se voulait prisonnier de rien et aussi par souci de maintenir ou ramener la paix.
Mais la révocation de l’édit de Nantes fut hélas surtout une perte lourde pour la France par les exils qu’elle entraîna. Là le roi se laissa unfluencer par un courant populaire fort répandu et hostile aux Protestants.