L’artiste Thérèse Marie Geraldy a réalisé en1948 le portrait de Marguerite Watson, épouse du prince Charles-Philippe d’Orléans, Duc de Nemours, lui même fils du Duc de Vendôme et de la princesse Henriette de Belgique. Thérèse Marie Geraldy, cousine du célèbre sculpteur Maxime Real Del Sarte, s’est rapidement spécialisée dans l’art du portrait mondain. (Copyright photo DR – Merci à Charles)
Damien B.
4 décembre 2015 @ 07:34
Belle découverte ce matin de cette toile représentant la duchesse de Nemours laquelle a réussi à assagir Charles-Philippe « Chappy » même si leur mariage avait initialement été mal accueilli par sa famille.
Caroline
4 décembre 2015 @ 08:28
Avant de lire cet article, j’ai deviné que la duchesse de Nemours est d’origine américaine à cause de sa figure!
C’est intéressant de lire ou de relire le portrait de son mari,le duc de Nemours dans un article daté du 19 Aout 2010 dans le site de notre Régine!
Zeugma
5 décembre 2015 @ 15:51
» j’ai deviné que la duchesse de Nemours est d’origine américaine à cause de sa figure ! »
Bravo !
Mais comment faites-vous ?
MEYER
4 décembre 2015 @ 08:43
Elle avait pratiquement 16 ans de plus que son époux (elle était née en 1889 et le prince en 1905), le couple, qui s’était marié en 1939, n’a pas eu d’enfant.
Le duc de Nemours était le parrain d’une des petites-filles des défunts Comte et Comtesse de Paris : Clotilde d’Orléans, et le frère de cette jeune femme, conjoint de la duchesse de Cadaval, porte le même prénom que le duc.
Mayg
4 décembre 2015 @ 14:23
Elle avait 6 ans de plus que son époux. Marguerite Watson est née en 1899, et le duc de Nemours en 1905.
Charlanges
4 décembre 2015 @ 14:44
La duchesse de Nemours était née en 1899 et non en 1889. Elle n’avait donc que 6 ans de plus que son mari.
Denis
4 décembre 2015 @ 16:37
Comme vous y allez! elle n’avait QUE 6 ans de plus que son mari… c’est bien assez pour n’avoir pas à en ajouter 10 !
Damien B.
4 décembre 2015 @ 19:50
Non Meyer juste 6 ans de plus. Margaret Watson est née à Richmond le 22 février 1899. Ils se sont mariés à Paris le 24 septembre 1928. Son mari est né à Neuilly-sur-Seine le 4 avril 1905.
La belle et sympathique Clothilde Crépy est en effet la filleule de Chappy.
Bien à vous.
monica
4 décembre 2015 @ 19:58
Meyer, Madame Watson était née en 1899 et non 10 ans avant.
MEYER
5 décembre 2015 @ 12:09
Errare humanum est.
J’espère que vous me pardonnez cette coquille.
Bon week-end à tous.
Damien B.
5 décembre 2015 @ 16:15
Evidemment Meyer d’autant plus que vos contributions sont toujours très intéressantes.
Bien à vous
MEYER
6 décembre 2015 @ 12:10
Je vous salue Damien B, je suis touchée et je vous souhaite une bonne semaine.
beji
4 décembre 2015 @ 09:18
le mariage du duc de Nemours avec cette jeune femme ne fût pas du goût de la
duchesse de Vendôme qui par la suite se rapprocha de sa belle-fille;le prince Michel
et la princesse Béatrice d’Orléans étaient proches du couple princier qui,je crois,
furent parmi les rares personnes à assister à leur mariage au Maroc; la princesse
Béatrice souhaitait que son fils,le prince François, soit titré duc de Nemours,ce que le
précédent et l’actuel comtes de Paris ne firent pas.
Valérie Yopla
4 décembre 2015 @ 09:21
Waouh on dirait une photo
Robespierre
4 décembre 2015 @ 10:52
Comme elle n’est pas très belle, ni élégante, on peut supposer qu’elle était riche. Mais Gérard en saura certainement plus que moi à ce sujet.
Denis
4 décembre 2015 @ 11:18
Délicat portrait d’une personne outrageusement méprisée par la famille de France qui ne lui reprochait guère que d’avoir fait un mariage d’amour avec le Duc de Nemours…
Gérard
5 décembre 2015 @ 17:20
Non elle ne fut pas méprisée.
Charles
4 décembre 2015 @ 11:39
Portrait romantique pour l’épouse du dernier Duc de Nemours
Alain Golliot
4 décembre 2015 @ 12:45
Elle appartenait à la bonne société américaine telle Jackie O, n’était pas milliardaire, un peu frivole, dépensière, sportive, un rayon de soleil ds cette famille, qui hors feue Madame, ne respirait pas la joie de vivre. RIP, Madame. Mrs hommages, Madame
Cosmo
4 décembre 2015 @ 13:17
Pas terrible ! A qui la faute ? Le peintre ou le sujet ?
Jean Pierre
4 décembre 2015 @ 13:38
Une américaine de Biarritz comme Wallis Simpson.
Mary
4 décembre 2015 @ 14:07
J’ai vu un portrait d’elle,jeune femme,et elle était très belle.
Anne-Cécile
4 décembre 2015 @ 18:13
Il semble que ce fut plus qu’un intérêt premier du fait des moyens (loins des fortunes américaines ) de l’épouse, mais une véritable histoire d’amour.
La futilité des Comtes de Paris et de leur famille les fit passés à côté des personnalités attachantes et éloignées de leur esprit de caste soigneusement dissimulé sous des manières publiques simples et bienveillantes à l’égard de tous. Le couple sut s’attacher l’amitié de nombreux princes , dont de sympathiques d’Orléans, moins bardés de certitudes et ouverts à les connaître.
Même le couple Baudoin/Fabiola les appréciait beaucoup.
Discret et non mondain, ils vécurent sans vague et souci de publicté.
Anne-Cécile
4 décembre 2015 @ 18:13
Il semble que ce fut plus qu’un intérêt premier du fait des moyens (loins des fortunes américaines ) de l’épouse, mais une véritable histoire d’amour.
La futilité des Comtes de Paris et de leur famille les fit passer à côté des personnalités attachantes et éloignées de leur esprit de caste soigneusement dissimulé sous des manières publiques simples et bienveillantes à l’égard de tous. Le couple sut s’attacher l’amitié de nombreux princes , dont de sympathiques d’Orléans, moins bardés de certitudes et ouverts à les connaître.
Même le couple Baudoin/Fabiola les appréciait beaucoup.
Discret et non mondain, ils vécurent sans vague et souci de publicté.
Gérard
5 décembre 2015 @ 15:53
Rappelons que les obsèques de la duchesse de Nemours ont été conduites par le duc de Vendôme et le duc d’Angoulême à la chapelle royale Saint-Louis de Dreux.
Gérard
5 décembre 2015 @ 17:27
Lorsque Nemours il fut rappelé qu’il était le premier prince du sang royal de France (il était d’ailleurs le seul) et la qualité de duchesse et d’altesse royale était donnée à son épouse. S’ils avaient eu des fils il est vraisemblable qu’ils auraient été tenus pour dynastes.
Anne-Cécile
7 décembre 2015 @ 07:24
En effet – vernis protocolaire oblige? crainte du qu’en dira t-on?
N’était-ce pas à leurs aînés de se déplacer et non à Vendôme et Angoulème?
Et pourquoi n’avoir pas plus fréquenté de leur vivant ce couple que beaucoup trouvaient sympathique et intéressant ( notamment Baudoin et Fabiola des Belges)
Lady Chatturlante
4 décembre 2015 @ 21:57
Quelle belle robe de mariée.
S.A.R. Mme la Duchesse de Nemours avait l’air encore bien jeune pour 59 ans. Elle connaissait probablement les mêmes secrets de beauté que moi.
Gérard
5 décembre 2015 @ 15:24
Robespierre, merci de me faire crédit.
Non la duchesse de Nemours n’était pas riche mais Peggy, ainsi qu’on appelait Marguerite, avait paraît-il envoûté Chappy, c’est-à-dire Charles-Philippe, duc de Nemours, le seul fils du duc et de la duchesse de Vendôme, et ils étaient très inquiets car ils savaient Chappy influençable.
Il avait fait des études moyennes, avait un grand désir de voyages et de liberté mais surtout il manquait de tempérance vis-à-vis de la boisson.
Où se rencontrèrent-ils ? En janvier 1926 à New York ou selon une tradition orale dans un bar de Tanger ? Le comte de Paris disait : « Il était tellement ivre quand il a rencontré Péguy qu’il s’est effondré et comme elle ne pouvait pas le porter, elle a dû le ramener chez lui dans une brouette qu’elle a trouvée à proximité ». Par la suite le comte de Paris, comme tout le monde, aimera bien Peggy, il dira :
« Elle était un peu piquée, mais lui il l’était complètement. Et ça marchait très bien entre eux. »
Jusqu’à sa mort la duchesse de Nemours resta une personne charmante et un peu ou de plus en plus excentrique.
Mais en ce temps-là Henriette, la duchesse de Vendôme, disait de celle qu’elle ne connaîtrait que bien plus tard qu’elle était « une fleur empoisonnée de bars et de casinos ». Le duc de Vendôme était furieux de l’aventure et il ne voulut jamais rencontrer celle qui allait devenir sa belle-fille bien malgré lui, il n’en n’eut d’ailleurs pas l’occasion longtemps. Des États-Unis Nemours écrivit à sa mère qu’il avait résolu de l’épouser en Amérique sans le consentement de ses parents puisque sa mère lui avait dit qu’ils n’accepteraient pas qu’il épouse quelqu’un d’autre qu’une princesse. Il projetait donc de l’épouser en Amérique en se déclarant sans domicile pour ne pas être soumis à la législation française qui imposait alors puisqu’il n’avait pas 25 ans le consentement de ses parents. Les Vendôme firent faire une enquête, elle serait née à Louisville dans le Kentucky, elle aurait épousé un Canadien dont elle aurait eu un enfant (tout cela semble faux) puis elle aurait vécu à New York où elle aurait été liée à un homme fort riche Eric Wainwright, qui l’aurait couchée sur son testament avant de mourir mais elle n’aurait finalement pas pu hériter après une action en justice des héritiers légaux. Tout cela n’était pas très rassurant.
D’après l’état civil Margaret était née six ans avant son futur mari le 22 février 1899 à Richmond, Virginie, fille de Garrett Fitzgerald Watson, alors promoteur constructeur puis sans profession, et d’Anne von Ketteler-Wendenburg ; elle avait été à l’école à Washington puis avec sa famille s’était installée à Newport, Rhode Island, où ils n’étaient pas considérés comme de la haute société mais où ils la fréquentait. On disait et c’est ce que rapportait Charles-Philippe à sa mère que le père était rentier et que la mère était née von Kettier, de noblesse autrichienne. La grand-mère maternelle en fait aurait été une baronne Marie von Ketteler, de Stuttgart, dont l’arrière-grand-père aurait combattu dans la Grande armée et aurait reçu la Légion d’honneur, et l’arrière-grand-mère maternelle aurait été une comtesse von Schwerin.
Peggy fréquentait des hommes riches et l’on disait qu’elle cherchait à en épouser un et on l’appela parfois Golden Peggy.
Mais Chappy, furieux de l’enquête, écrivait à sa mère que Peggy avait été calomniée, qu’en réalité elle était bonne, pieuse, désireuse de l’épouser et de se convertir au catholicisme, que tous les dimanches elle insistait pour qu’ils aillent ensemble à la messe catholique et que grâce à elle il ne buvait plus.
Ils se marièrent d’abord civilement à Londres au Registrar de l’Henrietta Street le 14 avril 1928 et ce mariage ne fut pas transcrit en France. Les parents de Peggy eux-mêmes furent avisés après la cérémonie.
Rentrés en France ils firent faire par huissier les sommations respectueuses à leurs parents et après l’écoulement des délais légaux ils se marièrent à la mairie du VIIIème arrondissement le 24 septembre et le lendemain en l’église Saint-Pierre de Neuilly. Le même jour Marguerite avait été baptisée sous condition dans la chapelle de la mission anglaise du diocèse de Paris. Un contrat de mariage avait été signé à Paris le 20 septembre.
Par la suite le duc de Guise, chef de la maison de France, se conforma aux souhaits du duc de Vendôme et fit savoir le 17 juillet 1929 que le mariage n’avait pas reçu son consentement et que la postérité ne serait pas dynaste. Le duc de Vendôme lui ne revit plus son fils jusqu’en 1930. Les relations si affectueuses autrefois entre la branche aînée et la branche cadette de la maison de France devaient souffrir par la suite de la rupture du comte de Paris avec l’Action française (la duchesse était très Action française) et aussi après la mort du duc de Vendôme du refus persistant du duc de Guise et de son fils de reconnaître le mariage. Toutefois aucun des deux ne contesta à Nemours ses titres de prince, de duc et d’altesse royale.
Henriette dans les premiers temps du mariage reprochait à sa belle-fille, qu’elle ne connaissait pas, de ne pas avoir cherché à la contacter. Peu après alors qu’elle n’avait pas encore atteint ses 30 ans la princesse Sophie fille d’Henriette mourut subitement d’un problème de myocarde. Le duc de Vendôme était malade et ne put aller aux obsèques mais il autorisa son fils à s’y rendre.
La duchesse de Vendôme aida financièrement son fils et notamment pour un élevage qu’il comptait monter au Maroc. Le duc de Vendôme mourut. La duchesse fit parvenir à son fils et à sa belle-fille quelques-uns des magnifiques services d’argenterie des Nemours.
En 1933 au Maroc Chappy fut pris d’un malaise et son entreprise périclitait. À cette occasion Peggy très inquiète écrivit à sa belle-mère et celle-ci lui répondit. Les problèmes financiers avaient conduit le duc à boire à nouveau et Peggy était désespérée. La souffrance de ces deux femmes qui aimaient Charles-Philippe les rapprocha et elles essayèrent ensemble de trouver des solutions. Henriette reçut Peggy chez elle quelques jours dans son château de Tourronde sur les bords du lac Léman et à l’issue de ce séjour elle reconnut qu’elle était droite, dévouée et intelligente. Rentrés du Maroc les Nemours s’installèrent définitivement 11 rue Chateaubriand à Paris.
Pendant la guerre Henriette créa une Fondation des œuvres de guerre de la duchesse de Vendôme auquel contribua très efficacement sa belle-fille. Il y eut encore une rechute de Chappy qui inquiéta les deux femmes. Henriette fit à son fils de vifs reproches lui rappelant combien son épouse était fragile et dévouée et il cessa de boire.
Il y eut aussi des inquiétudes lorsque Chappy en 1943 fut arrêté par les Allemands. Peggy était au trente-sixième dessous et Henriette s’inquiétait pour tous les deux.
Peggy proposa un jour à Henriette de rendre à Chappy sa liberté pour qu’il puisse après le divorce se remarier et avoir un enfant. Henriette naturellement lui dit que que c’était impensable, même si le geste était noble et témoignait de son amour, que dans une telle hypothèse d’ailleurs il ne pourrait se remarier que personne ne voudrait épouser un divorcé, que de plus il n’était pas certain que l’absence d’enfant soit du fait de Peggy.
Une seule fois il y eut un désaccord réel entre les deux femmes quand Peggy souhaita enterrer son chien dans le parc du domaine royal de Dreux et Henriette trouva tout à fait inconvenant de mettre un chien à côté des tombeaux de la famille. Cependant le duc de Nemours put constater sur place que des chiens de la famille y reposaient et il enterra leur compagnon.
Les affaires Nemours furent meilleures après la guerre et l’obligèrent à voyager beaucoup et sa femme l’accompagna, dès lors elle se rendait alors moins chez Henriette qui était souvent en difficulté financière, et elle préférait être à Biarritz, en Espagne ou au Maroc. Elle était très amie de la comtesse de Barcelone et des royaux qu’on rencontrait là-bas. Sa belle-mère lui avait donné des conseils sur ceux qu’on pouvait fréquenter et sur ceux qu’il valait mieux éviter.
Et puis Peggy ne s’entendaient pas avec ses belles-sœurs et surtout avec Geneviève de Chaponay. Il faut dire que la succession du duc de Vendôme n’était toujours pas réglée.
Mais c’est avec son fils et sa belle-fille qu’en octobre 1947 la duchesse de Vendôme fut reçue au Vatican par le pape Pie XII.
J’ai bien entendu utilisé ici l’ouvrage de Dominique Paoli, Henriette, Duchesse de Vendôme (Racine 2000) ainsi que notamment http://theesotericcuriosa.blogspot.fr/2009/12/franco-american-duchess-marguerite.html?m=1.
Pierre-Yves
6 décembre 2015 @ 12:02
Merci Gérard de vous être donné la peine de nous éclairer sur ces deux couples, Vendôme et Nemours.
Le rapprochement entre la belle-mère et la belle-fille est une preuve de plus qu’on ne gagne jamais rien à rester enfermé dans ses préjugés, et qu’il faut, au contraire, toujours essayer de les dépasser, d’aller vers les gens, essayer de les connaître un peu, afin d’avoir accès à leurs qualités.
Robespierre
6 décembre 2015 @ 10:38
Merci Gérard, c’était intéressant. C’était donc un mariage d’inclination et pas d’intérêt.
Charles
6 décembre 2015 @ 12:11
Merci Gerard pour votre résumé parfait.
Néanmoins il reste quelques interrogations sur le passé de Marguerite Watson qui a emporté ses secrets avec elle. Une chose est sûre le Duc et la Duchesse de Nemours se sont aimés malgré des orages et des crises. Le Duc de Nemours était un prince rebelle et bon vivant mais aussi influençable et souvent excessif.
Le Duc et la Duchesse de Nemours reposent aujourd’hui dans l’ancien caveau du Comte et de la Comtesse d’Eu situé dans la crypte de la chapelle Royale Saint Louis de Dreux.
Damien B.
6 décembre 2015 @ 17:46
En effet Charles, je lis d’ailleurs cet après-midi « Lilian et le Roi » l’excellente biographie d’Olivier Defrance. I
Une lettre de la duchesse de Vendôme à Lilian montre – nous sommes en 1946 – que « Peggy » appartient à un monde différent.
En ce qui concerne Chappy j’ai eu entre les mains plusieurs lettres du roi Albert I (écrites dans les années 1920-34) lequel fustigeait le comportement inconséquent de son neveu.
Bien à vous,
Damien
Corentine
6 décembre 2015 @ 12:54
Passionnnant, merci beaucoup Gérard
MEYER
6 décembre 2015 @ 19:53
Merci infiniment Gérard.
Gérard
7 décembre 2015 @ 17:06
Vous êtes tous très gentils.
Quand j’étais jeune la mort du duc de Nemours en cette année 1970 où presque toutes les familles furent frappées par au moins un deuil – et où mon merveilleux père mourut le mois suivant en quelques minutes – m’avait intrigué car je dois avouer qu’à l’époque je n’avais jamais entendu parler de lui bien que je fusse tombé tout petit dans le royalisme et d’une manière pratiquement atavique. Mais la presse locale, le Figaro et le Monde lui-même avait rapporté la mort prématurée du duc de Nemours, premier prince du sang de France, et après avoir terminé mes examens je passai beaucoup de temps à l’étudier et mes notes doivent se retrouver quelque part dans mes archives.
Il était en effet atypique, je pense qu’il ne fréquentait pas les familles royales à l’exception de la maison de Belgique. Pourtant il ne détestait pas le monde comme le prouvent son inscription au Jockey-Club, son inscription au Golf club de Saint-Cloud, les deux constituant à l’époque le fin du fin de la vie parisienne, ses adresses rue Chateaubriand à Paris, Biarritz et la villa Magdalena à Tanger, et dans une certaine mesure sa grand-croix de l’Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, sa cravate de bailli grand-croix d’honneur et dévotion de l’Ordre de Malte, celle de bailli grand-croix de justice de l’Ordre Constantinien de Saint-Georges et sa grand-croix de l’Ordre de Saint-Lazare plus discuté, tandis que son cousin le comte de Paris s’obstinait à refuser toute décoration.
Après sa mort on avait interrogé la duchesse sur le titre de duc de Nemours et son attribution éventuelle à l’un des petits-fils du comte de Paris et elle avait répondu que c’était un beau titre et qu’il serait bon en effet qu’il soit à nouveau porté une fois qu’ell ne serait plus là, mais j’imagine qu’il y avait une certaine nostalgie pour elle qui n’avait pas eu d’enfant à donner cette belle réponse.On peut aussi considérer que depuis 1970 le titre de duc de Vendôme était retourné à la disposition du chef de la maison de France comme celui de duc d’Alençon sous lequel fut également désigné le père de Charles-Philippe à son décès. On sait que le titre de duc de Vendôme avait été relevé par le comte de Paris pour son petit-fils et héritier en souvenir de deux princes qui avaient su rassembler les Français en des temps difficiles et qui avaient porté ce titre, Henri IV et Louis XVIII.
Gérard
7 décembre 2015 @ 20:49
Comme il a été dit ce portrait est dû à Thérèse-Marie-Rosine Géraldy (1884-1965), fille de Louis Paul Géraldy et d’Anne-Elizabeth DelSarte, elle-même fille de François Delsarte et nièce de Magdeleine Real del Sarte, la mère de Maxime Real del Sarte. On se souvient que celui-ci était un grand sculpteur et aussi un grand monarchiste qui a fondé les Camelots du roi. C’était un grand patriote, mutilé de guerre, qui a contribué par de nombreuses œuvres à raviver le souvenir de Jeanne d’Arc ; on lui connaît aussi bien sûr la statue du roi Pierre Ier de Serbie à Paris et le gisant de son ami Philippe VIII, duc d’Orléans, à Dreux. Ce portrait qui date de 1948 et qui a été vendu dans la succession Nemours s’intitule La Duchesse de Nemours née Marguerite Carington Watson.
Magdeleine Real del Sarte était également peintre et fille du musicien François Delsarte et cousine de Georges Bizet.
On connaît un autre portrait de la duchesse : Son Altesse Royale Madame la Duchesse de Nemours et son chien Teenie, il est signé d’Agustín Segura Iglesias (né en 1900 à Tarifa dans la province de Cadix et mort en 1988 à Madrid) ; ce portrait date de 1958 et été vendu le 12 décembre 1999 dans la succession de la duchesse. Il est aujourd’hui dans une collection privée. (http://www.artnet.com/artists/agustin-segura/sar-madame-la-duchesse-de-nemours-et-son-chien-7e8xtUxHHDlZU3buSAYOfw2).
Segura était connu comme portraitiste et on lui doit aussi par exemple un portrait de la princesse Marie-Christine de Belgique, fille du roi Léopold III et de la princesse Liliane, représentée jeune fille avec son chien également. Ce portrait a été vendu en 2003 à Amsterdam. On connaît aussi de lui un portrait de la reine Jeanne de Bulgarie.
Gérard
11 décembre 2015 @ 16:11
Oui Charles je ne trouve pas grand-chose sur les origines de Margaret Watson, du 1821 Q Street, NW, Washington D.C.
Le 28 mars 1928 la rumeur d’un mariage secret curait et fut démentie par la duchesse de Vendôme, catégoriquement, selon l’Associated Press.
Le 8 avril un représentant du duc de Vendôme déclarait à la même agence n’avoir jamais entendu parler d’un tel projet de mariage et que le duc prolongeait son séjour en Angleterre à cause d’une course d’avions à Cardiff, Pays de Galles, avant de retourner à Paris en fin de semaine puis de partir en Afrique centrale pour une recherche scientifique.
Le 9 avril le duc de Nemours déclare à l’agence qu’il va épouser Peggy et qu’il a eu la bénédiction de son oncle le roi Albert des Belges. Sa mère avait informé le roi du mariage dont il n’avait jamais entendu parler auparavant. Le roi avait pensé que Charles-Philippe était en âge de se marier mais la duchesse pensait qu’il était trop jeune et le prince ajoutait qu’il était peut-être trop jeune quand ils s’étaient rencontrés pour la première fois à Paris quatre ans auparavant mais qu’aujourd’hui il savait ce qu’il voulait et qu’on ne pourrait pas, malgré le fait que la famille tenait les cordons de la bourse, l’empêcher d’épouser la fille de son choix. Il avait déjà rendu visite à la famille Watson dans le Rhodes Island, à Newport, et les Watson n’ont pas, disait-il, une grande fortune. Miss Watson, ajoutait-il, aime la vie au grand air et s’établirait volontiers en Afrique du Sud mais il pensait aussi au Canada, en tout cas il projetait d’aller en Afrique du Sud pour le voyage de noces. Et il terminait en disant qu’il s’agissait d’un mariage d’amour et pas du mariage d’un jeune homme titré avec la fille d’un millionnaire américain, les Watson, disait-il, vivent confortablement « bien que je ne sache rien de leurs finances ». Le prince ajoutait devoir partir le lendemain pour Paris rencontrer ses parents et avoir une conversation en tête à tête avec sa mère au sujet du mariage.
C’est le New York Times du 15 avril 1928 qui écrivait que la grand-mère maternelle de Margaret était la baronne Marie von Ketteler, de Stuttgart, une vieille famille catholique, et le père de celle-ci aurait donc combattu en Russie dans la Grande armée et aurait donc épousé une comtesse von Schwerin, d’une très grande et vieille famille, et la baronne cousinait avec baron Clemens August von Ketteler (1853-1900), ministre d’Allemagne en Chine, tué dans une fusillade qui marqua le début de la révolte des Boxers, et dont le père était cousin issu de germain du père du maréchal Franchet d’Espèrey (le grand-père de Christian, secrétaire du duc de Vendôme) – le futur maréchal prit part à l’expédition de Chine.
Un autre cousin, baron von Meyer, aurait épousé une princesse de Lippe-Detmold. Du côté de son père on trouverait des familles illustres, Carrington, Cabell et Lyons qui s’établirent en Virginie durant l’époque coloniale.
Le père de la mariée était décédé au moment du mariage, Garrett Fitzgerald Watson.
En outre notre amie Marlene Koenig a fourni aussi un certain nombre d’autres indications dans sa chronique toujours passionnante. En ce qui concerne le 14 avril 1928 à Londres et la première cérémonie civile dans la plus stricte intimité, n’étaient présents auprès des mariés comme témoins que le vice-consul américain et Toby Charlton, le gendre du comte de Carrick, et selon le Chicago Tribune un ami du prince, Claude Marcel. La famille du duc avait essayé d’arrêter le mariage religieux pour défaut de dispense de l’Église catholique du fait de ce qu’il s’agissait d’un mariage mixte, et celui-ci avait donc décidé de ne conclure à Londres qu’une cérémonie civile.
La mariée arriva à midi avec son fiancé portant une robe bleu marine avec un long manteau bleu marine bordé de renard et un chapeau cloche assorti. Elle relevait d’une très récente appendicectomie qui avait entraîné le report du mariage. Elle était mince et pâle. La mère de la mariée à New York avait reçu un câble la veille lui annonçant ce mariage.
Pendant les semaines qui précédèrent le mariage Margaret avait rendu visite à la sœur de son fiancé la princesse Marie-Louise qui vivait à Londres. Divorcée du prince Gaëtan de Bourbon-Siciles celle-ci devait épouser le 12 décembre de la même année 1928 à Chichester, Sussex, Walter Kingsland (l’année fut rude pour les Vendôme…). Après la cérémonie la mariée prit seule un vieux taxi londonien tandis que le prince et ses amis suivaient dans un autre.
À propos de ces amis, en 1928 le gendre du comte de Carrick était John Sills Charlton depuis 1923 (il divorcera en 1934) pour avoir épousé lady June Beatrice Butler, fille du 7e comte, dont il avait eu un fils Michael Tobias Peter Charlton.
À la suite de la chronique de Marlene du 14 avril 2010 et du troisième mariage du duc, Marlene Eilers Koenig reçut un message de la princesse Béatrice de Savoie qui remarquait que dans certains articles il était écrit que Margaret venait d’une famille modeste et dans d’autres d’une famille d’importance et la princesse faisait observer que de toute façon cette famille ne pouvait pas soutenir la comparaison avec la famille de son mari. Évidemment la princesse parlait d’or à propos du cousin germain de sa mère et songeait peut-être elle-même à son propre mariage.
Le 16 avril 1928 l’Associated Press précisait que l’épouse de Charles-Philippe était bien duchesse de Nemours. Le duc de Guise, chef de la famille royale, avait eu le dernier mot : « Je vous bénis mes enfants » (Marlene Eilers Koenig, Royal Musings, 16 avril 2014).
Gérard
14 décembre 2015 @ 18:16
Je ne trouve pas notamment dans L’Allemagne dynastique
(Michel Huberty, Alain Giraud et François et Bruno Magdelaine, L’Allemagne dynastique, tome II : Anhalt-Lippe-Wurtemberg, Le Perreux, chez l’un des auteurs, Alain Giraud, 1979) qui recense les familles souveraines de l’ancienne Allemagne depuis les Temps modernes, d’alliance entre les Lippe et une famille von Meyer. Observons seulement que de nos jours la princesse douairière de Lippe, veuve du prince Armin, née Marie Elisabeth Traute Becker est fille de Gustav Becker et de Charlotte Meyer et que par ailleurs dans les années 50 et suivantes Carl von Meier a écrit sur la maison de Lippe avec en particulier Lippischer Kalender et Geschichte der Stadt Lemgo.
Charles
15 décembre 2015 @ 22:34
Gerard
Merci pour toutes ces informations.
Neanmoins, tout ne semble pas correspondre à la réalité. Beaucoup de mystère entoure encore la vie de Marguerite Watson avant son mariage avec le Duc de Nemours.
Un membre de la famille m’a dit récemment « Nous savions qui elle était » avec un sous-entendu évident.
LARRE
16 septembre 2021 @ 15:21
j ai eu la chance de connaître la Duchesse de NEMOURS lorsque je travaillais à l’Agence BENQUET de BIARRITZ. Elle habitait à l’époque dans un très bel immeuble face au Jardin Public, rue Ernest Fourneau. Je crois qu’avec son époux ils résidaient dans un autre immeuble face au Jardin Public où comme voisins, il y avait le Cte et la Ctesse Bernard de MONTESQUIOU FEZENSAC. C ‘était dans les années 70. Le Couple Ducal était convié à l’Hôtel Miramar (Biarritz) en septembre 1967 pour le Bal des Débutantes, présidé par S.A.R. L ‘Infante Pilar d’Espagne. La Duchesse de NEMOURS, les dernières années, de mémoire, résidait une bonne partie de l’année à Biarritz. Je la saluais à la Plage de la Côte des Basques, munie de son bonnet de bains, souvent accompagnée de sa femme de chambre (disait elle). Je me souviens qu’au Casino Municipal de BIARRITZ (toujours) elle s était rendue aux Ballets d’Antonio GADES avec la Marquise de SAN CARLOS (mère de Micaela, Comtesse de PARIS) et Madame de SORIANO qui faisaient partie de ses amies sur la Côte Basque. Elle m’a toujours impressionné par sa douceur, sa délicatesse, et simple, l’abordant facilement. J’aimais cette personne et je devinais la souffrance vis à vis du reste de la famille d’ORLEANS.