Le musée Thyssen-Bornemisza de Madrid accueillera du 21 juin au 18 septembre 2016 l’exposition « Le Caravage et les peintres du Nord ». 53 tableaux seront présentés, rappelant l’œuvre puissante du peintre décédé à l’âge de 38 ans et qui révolutionna la peinture du XVIIème siècle. (Merci à Bertrand Meyer – Copyright photos : Musée Thyssen-Bornemitsza)
j21
29 avril 2016 @ 07:24
Merci pour l’info, je vais essayer de faire une petite virée à Madrid après Aix en Provence et l’expo Turner.
Muscate
29 avril 2016 @ 10:56
Le triomphe de la maîtrise. ..un peintre que j’adore.
Patricia
29 avril 2016 @ 14:28
Quelqu’un pourrait-il m’expliquer d’où vient l’adjonction de « Bornemisza » au nom de ce musée ? est-ce un mécène qui aurait donné son nom ?
framboiz 07
30 avril 2016 @ 17:05
C’est le nom de la mère de Thyssen , qui a ajouté ce nom noble, pour faire oublier que les Thyssen ont financé Hitler …Se méfier devant les noms à rallonge …
Gérard
29 avril 2016 @ 16:19
La première œuvre présentée ici, comme on peut le lire, est : Les Musiciens, ou le Concerto di giovani, qui est une commande du cardinal Francesco Maria Bourbon del Monte (1549-1627), le plus grand commanditaire du Caravage. Il était de la famille des Bourbon del Monte Santa Maria, marquis de Sorbello. Il fut préfet de la Congrégation du Concile et préfet de la Congrégation des rites, vice-doyen puis doyen du Sacré Collège. Il était diplomate et rendit des services à la France (cette famille a toujours été proche de la France du fait de la parenté qu’elle revendique avec les Bourbons) face à l’Espagne, mais surtout il est connu comme grand collectionneur d’art et notamment d’Art antique. Il fut indispensable au Caravage pendant ses jeunes années de peintre.
Le tableau a été peint vers 1595 et les modèles étaient de jeunes musiciens saisis d’après nature en demi-figures. Cette œuvre a été vendue par les neveux du cardinal avec d’autres tableaux et est réapparue en 1894 à Londres dans une vente aux enchères puis en 1947 chez un collectionneur anglais. Elle fut définitivement attribuée au Caravage en 1952 et les années suivantes. Elle a été acquise en 1952 par le Metropolitan Museum of Art de New York via le Fonds Jacob S. Rogers, du nom de l’industriel américain qui a laissé environ 7 millions de dollars au musée.
C’est une des premières toiles dans lesquelles le peintre représente plusieurs personnages. Face au spectateur nous avons donc un joueur de luth qui accorde son instrument et derrière lui un joueur de chalumeau qui pourrait être le Caravage lui-même dont ce serait l’un des premiers autoportraits. À droite et de dos un autre personnage s’aperçoit sur le bord du tableau tandis que le dernier est un Cupidon ailé et tenant une grappe de raisin. On retrouvera souvent ces symboles bachiques dans l’œuvre du peintre et avec le violon et la partition au bord inférieur du tableau nous avons ici une composition allégorique de la musique et de l’amour.
En bas à gauche se voient les restes d’une inscription ancienne : (Mic) HELANG DA CARAVGIO. Après le Caravage des restaurateurs ont supprimé les ailes et le carquois du Cupidon dont ils pensaient qu’il s’agissait d’ajouts ultérieurs. Mais des copies anciennes laissent supposer que ces symboles étaient d’origine. De même le tableau a été coupé d’environ 5 cm à gauche et un peu plus encore en bas.
Comme dans le Joueur de luth (Musée de l’Hermitage, Saint-Pétersbourg, vers 1595) qui est contemporain on souligne une atmosphère érotique et le modèle du Joueur de luth et du personnage central des Musiciens, comme dans le Bacchus (Galerie des Offices, Florence, entre 1593 et 1602 ?) ou dans le Garçon mordu par un lézard (dont nous allons dire un mot) est manifestement le même. Quant à Cupidon c’est probablement Mario Minniti, modèle habituel et assistant de Caravage, qui a pu également poser pour le Garçon pelant un fruit (l’original peint vers 1592 ou 1593-1594 est probablement perdu et ne reste que des copies) et pour l’ange qui soutient saint François dans L’Extase (Wadsworth Atheneum, Hartford, Connecticut).
Le Garçon mordu par un lézard est un tableau peint à l’huile dont il existe deux versions pratiquement identiques. La première version a été peinte sur une toile de 65,8 × 52,3 cm entre 1593 et 1594. Conservée par la Fondazione Longhi à Florence, elle est sûrement du Caravage. La seconde version a été peinte sur une toile de 66,0 × 49,5 cm, à une date postérieure, entre 1595 et 1600 et elle est conservée à la National Gallery de Londres, cette œuvre a été achetée par le musée par l’intermédiaire de la fondation J. Paul Getty Jr. en 1986. Jusqu’en 1925, cette version était attribuée à Murillo.
Un garçon est surpris par la morsure à son doigt d’un lézard qui sort d’un bouquet où il était caché, sur la droite de la toile. Le garçon est présenté de près, à mi-corps, dans une lumière donnant une image contrastée.
Le lézard sort d’une nature morte composée de feuilles, de fleurs et de fruits et d’un vase où l’on distingue le reflet d’une pièce avec une fenêtre. Le tout est très réaliste comme l’expression de l’enfant qui crie, le biographe du Caravage, Giovanni Baglione écrivant que le peintre « essaya de se tirer d’affaire tout seul en faisant quelques petits tableaux. Il se prenait lui-même comme modèle à l’aide d’un miroir. […] Il fit également un Jeune garçon mordu par un grand lézard vert surgissant d’un amas de fleurs et de fruits. La tête de ce garçon semblait vraiment crier […] ».
Les commentateurs considèrent que Michelangelo Merisi da Caravaggio a voulu montrer la proximité du plaisir et de la douleur, la douleur qui peut être celle des peines d’amour. Et les natures mortes sont des allégories, contenant parfois des allusions érotiques. Ici c’est un jeune modèle androgyne avec une rose dans les cheveux et l’épaule droite dévêtue, dont le regard, de plus, est porté vers le spectateur.
Il semble que l’auteur se soit inspiré d’un dessin de Sofonisba Anguissola (ca 1532 -1625, épouse de Fabrizio Moncada Pignatelli, des princes de Paterno, dame d’honneur d’Élisabeth de France, reine d’Espagne) de vers 1554 (musée de Capodimonte, Naples) dont il avait reçu une ébauche du père de cette artiste talentueuse, Amilcare Anguissola. Le dessin qui avait plu aussi à Michel-Ange était Garçon ou Hasdrubal mordu par un crabe, ou Hasdrubal mordu par une écrevisse, sachant qu’Hasdrubal ou Asdrubale était le frère de l’auteur, né en 1551, et non un célèbre carthaginois.
Le modèle pourrait encore avoir été l’ami de Caravage le jeune sicilien Mario Minniti (1577-1640).
Les historiens hésitent sur la date de l’œuvre et pour certains elle aurait été peinte quand Caravage était encore dans la maison de Mgr Pandolfo Pucci, riche prélat amateur d’art et de jeunes garçons, pour d’autres c’est au moment où il a quitté l’atelier du Cavalier d’Arpin pour être indépendant et avant qu’il n’entre dans l’entourage du cardinal Francesco Maria del Monte et il a pu s’inspirer du travail de Léonard de Vinci sur la souffrance.
Cette peinture et ses origines ont suscité une abondante littérature.
JAusten
29 avril 2016 @ 17:39
je pense à cette famille qui a trouvé un Caravage dans son grenier !
marielouise
30 avril 2016 @ 16:53
Caravage …des détours tout le temps, partout, pour les admirer!!!
ml