William Shakespeare est mort il y a 400 ans. Une pièce commémorative de 2 EUR lui rend hommage : celle que Saint-Marin mettra en circulation en septembre prochain. Comme beaucoup de personnes sans doute, j’ai vu Hamlet au théâtre ; je connais l’histoire de Roméo et Juliette ; je connais les temps forts d’Othello et de Macbeth grâce à Verdi et la trame du Songe d’une Nuit d’Été grâce à Mendelssohn ; et je sais que La Mégère apprivoisée est une comédie.
Comme beaucoup de personnes aussi sans doute, je dois me documenter pour découvrir ou me souvenir que Henri IV, par exemple, évoque la prise de pouvoir de la Maison de Lancastre sur la Maison d’York et annonce d’autres épisodes de la Guerre des Deux-Roses. Et que d’autres pièces historiques de Shakespeare mettent en scène les vicissitudes des Plantagenêts, des Tudor, des Gloucester ou des Kent, de Jean sans Terre, d’Aliénor d’Aquitaine ou de Richard III (celui qui aurait donné son royaume pour un cheval).
Et comme tout le monde, je sais que Shakespeare parle de pouvoir, d’amour, de mort, de folie, bref, des questions qui restent presque toujours sans réponse. Tout à propos de Shakespeare a été dit, redit, contredit, applaudi, jeté aux oubliettes, réhabilité, revisité… Et bien entendu, ce ne sont pas mes joyeusetés numismatiques bimensuelles qui ajouteront quoi que ce soit à la connaissance du sujet.
Je ne parlerai donc pas de Shakespeare : je me bornerai à faire un état des lieux de sa présence sur les pièces en euros.
D’abord, le Royaume-Uni, patrie de l’auteur, ne fait pas partie de la zone euro. Ensuite, les deux seuls pays anglophones de la zone euro étant l’Irlande et Malte, l’espoir était ténu de voir une pièce en euros célébrer un Anglais, fût-il illustre.
Mais c’était oublier le caractère indépendant de Saint-Marin. Quoique non anglophone, la petite république a frappé une telle pièce, qui figure en ouverture de cet article. Je ne trouve pas que le rendu du visage soit spécialement réussi, mais la pièce a au moins le mérite d’exister. Comme c’est heureusement le cas de quelques autres pièces représentant des grands de la littérature européenne voire mondiale. Je pense à Dante, dont j’ai déjà parlé. À Cervantès (mort la même année et presque le même jour que Shakespeare), qui figure sur les pièces courantes espagnoles de 10 c, 20 c et 50 c. Ou à Platon sur la pièce commémorative que la Grèce a frappée en 2013 à l’occasion du 2400e anniversaire de la fondation de son Académie.
Pour terminer, un hors-sujet parce qu’il ne s’agit pas de pièces en euros. Le Royaume-Uni vient de frapper une série de trois pièces de 2 £ pour honorer la mémoire de Shakespeare : la première pour les tragédies, la deuxième pour les pièces historiques et la troisième pour les comédies. L’effigie de la Reine Elizabeth II figure sur le revers.
Ce sont des réalisations très puissantes en plus d’être intelligentes et esthétiques. Mais ce ne sont pas des pièces en euros. Vraiment dommage ! (Merci à Sedna pour cet article)
Aliénor
13 juin 2016 @ 07:24
Coup d’œil original sur des pièces actuelles.
Un grand merci !
Auberi
13 juin 2016 @ 08:13
Merci pour cet article trop court à mon sens pour l’inconditionnelle de Shakespeare que je suis !
Pauline
13 juin 2016 @ 08:36
Si seulement un de ces € shakespearien pouvait passer entre mes doigts
Mélusine
14 juin 2016 @ 11:15
…et entre les miens aussi, Pauline. Ces pièces commémoratives sont des trésors !
leonor
13 juin 2016 @ 09:42
Merci Sedna. A lire tranquillement dans un moment de quiétude.
» I am but mad north-north-west : when the wind is southerly, I know a hawk from a handsaw . » ( Hamlet, II, 2)
J’aime tellement cette phrase ;-)
Trad° approximative by bibi , nonobstant la difficile traduction de » handsaw » :
Je ne suis fou que par vent de nord-nord-ouest : quand le vent est au sud, je sais distinguer un faucon d’un héron.
Bref : je suis fou quand je veux, et seulement quand je veux. Le reste du temps, je vois clair et j’ai même un oeil d’aigle.
Hé, hé …..Hamlet et moi, on s’entend bien. Des frères ( et soeurs) . Et zut… pas de mot en français pour dire siblings. Plus macho que le français, comme langue, faut trouver.
Gibbs
13 juin 2016 @ 12:12
« Je suis fou mais au nord-nord-ouest mais quand le vent est au sud… »
« But » est reporté et fou car c’est un homme qui écrit.
Si « mes » deux spécialistes de la langue anglaise peuvent confirmer je les en remercie (W et BW !).
Gibbs
13 juin 2016 @ 12:13
Le « mais » me semble de trop… s’il y a les deux points.
Gibbs
14 juin 2016 @ 07:17
Après confirmation de ma supposition et conseil pris auprès d’un « native », il est clair qu’un tel texte (tout comme bien d’autres) ne demande pas de traduction.
Handsaw étant une scie égoïne.
Thanks to my friend !
leonor
18 juin 2016 @ 18:40
Gibbs, » handsaw » est une scie , égoïne, je sais.
Mais cela ne s’applique pas ici.
Une partie des recherches philologiques sur Shakespeare indiquent que » handsaw », ici, est fort probablement une déformation de » heronsaw », « hernsaw », à savoir » héron »,dans plusieurs dialectes anglais.
Le grand William aimait jouer avec les mots, c’est le moins qu’on puisse dire.
framboiz07
14 juin 2016 @ 00:03
Fratrie , non ?
Mélusine
14 juin 2016 @ 11:14
Un « fou lucide », Shakespeare ? Comme Molière, en somme ! ;)
leonor
18 juin 2016 @ 18:42
Il me semble, Mélusine. Et j’aime à le penser.
N’est-on pas, de toute façon, quelque peu fou, réellement ou considéré comme tel, quand on a le malheur d’être lucide ?
Etre lucide n’est pas un cadeau dans la vie….
Il faut parvenir à en rire, même jaune.
Gibbs
13 juin 2016 @ 10:50
Pour info et HS
« Le Soir » du 13 juin 2016
http://www.lesoir.be/1237482/article/actualite/belgique/2016-06-13/attentats-bruxelles-douze-personnes-sont-toujours-hospitalisees-en-belgique
Une pensée pour eux et leurs familles.
Merci Régine de me laisser poster
Albane
13 juin 2016 @ 19:24
De tout cœur, comme vous, Gibbs, avec les victimes et leurs familles.
Albane
13 juin 2016 @ 19:27
Et une prière pour les 49 victimes de la fusillade d’Orlando en Floride.
La paix est un besoin indéniable; là où elle existe encore, il faut la conserver.
framboiz07
14 juin 2016 @ 00:45
Gibbs , Vous m’apprenez, par ce journal, une fusillade , près de Couvin , au camping à Bruly de Pesche, la frontière à Cul des Sarts & c’est la première fois que ce genre de choses arrive par chez moi , dans nos Ardennes &ça secoue…
Vous êtes un grand cœur, Gibbs , vous pensez à ceux qu’on peut oublier .Vous avez raison .
Je voulais avoir un mot , pour les victimes d’Orlando ,la FiFa a refusé de faire une minute de silence ,sous prétexte qu’il y a dans le monde des victimes trop souvent ! Ce sont vraiment des gens de commerce , un porte-monnaie à la place du cœur …
Mélusine
14 juin 2016 @ 11:08
Merci, Gibbs.
Nous ne les oublions pas et nos voeux les accompagnent.
Gibbs
14 juin 2016 @ 12:59
Lu hier pour Brûly-de-Pesche.
Idem pour Orlando : une tuerie ignoble et ce matin à Paris, un couple de policiers massacré par un « fou de Dieu ! » devant un enfant de 3 ans.
Je ne supporte pas ce monde de cinglés.
Alors, si nous pouvions avoir le droit sur ce site de garder nos préférences et nos aversions pour telle ou telle sans nous quereller bêtement, ne pensez-vous pas que tout le monde en sortirait grandi ?
Nous sommes si peu de chose.
leonor
18 juin 2016 @ 18:45
Oui, Gibbs, pour » garder nos préférences et nos aversions », éventuellement.
A condition d’accepter en retour que d’autres ne les partagent pas, et donc les discutent.
Si la discussion reste courtoise, et ne s’attaque pas à la personne, bien entendu.
Ogier le Danois
13 juin 2016 @ 11:33
Pour nous non-anglophones natifs, c’est évident que le génie linguistique de Shakespeare vient en part de sa parfaite maîtrise et combinaison des éléments germaniques (solides, durs mais brefs) et romans (élégants, longues, mais volatils) de la langue anglaise. Pour ceux qui lisent l’anglais, voici un article qui l’explique très bien:
http://www.vqronline.org/essay/shakespeare-and-norman-conquest-english-elizabethan-theatre
leonor
13 juin 2016 @ 11:44
Oooops, c’est long, ça, enfin, un peu. Mais très intéressant pour fadas de langues en effet, après première lecture en diagonale.
Merci Ogier.
Vais me préparer ça à lire en détail pour les quelques heures de voyage en train qui m’attendent.
Gibbs
13 juin 2016 @ 12:22
Merci Ogier.
J’ai commencé cette lecture fort intéressante et je vais persévérer.
Excellent exercice pour entretenir mon anglais car il s’agit d’un excellent anglais.
Albane
14 juin 2016 @ 20:49
Je pense la même chose. Excellente occasion pour réviser mon anglais – j’ai compris globalement le texte, mais certains passages sont obscurs donc je vais relire patiemment cet article – tout en abordant un sujet très intéressant et qu’il faut connaître si l’on souhaite étudier plus profondément cette langue et la mettre en lien avec d’autres langues européennes.
Merci Ogier le Danois, pour le lien internet !
Sedna
13 juin 2016 @ 18:05
Extrêmement intéressant, cet article, merci Ogier.On y apprend beaucoup de choses sur les différences entre les mots d’origines romane et germanique.
Pendant mes études, nous avions l’habitude de dire et d’entendre que le français était la plus germanique des langues romanes, alors que l’anglais était la plus romane des langues germaniques.
framboiz07
14 juin 2016 @ 13:46
Vous êtes , Ogier , notre Grèvisse , Larousse, Furetière , Gaffiot ou Bailly !Merci, ça fait du bien aux neurones enrhumés !
Ogier le Danois
15 juin 2016 @ 00:10
De rien, mesdames :-)
Jean Pierre
13 juin 2016 @ 12:18
Au moins les pièces de monnaie sont moins ennuyeuses que les pièces de Shakespeare. C’est souvent interminable et incompréhensible. Pourtant j’ai bien essayé.
« Much ado about nothing » reste pour moi un grand trou noir.
Laurent Terzieff en Richard II cela passait encore, mais comme toujours c’était plutôt Richard II interprétant Laurent Terzief.
Quant à Macbeth, il vaut mieux être bien assis, pour piquer son roupillon.
Albane
14 juin 2016 @ 20:58
Bonsoir Jean-Pierre,
Je ne suis pas professeur d’anglais ou de lettres, mais lire avec attention le texte d’une pièce et chercher des informations complémentaires pour situer les enjeux de l’œuvre avant d’aller voir la représentation au théâtre m’aident souvent à tenir pendant toute la durée de la pièce.
Dans Macbeth, il y a les dialogues entre lui-même et son épouse lorsqu’il hésite à tuer le roi d’Ecosse et aussi des monologues (si je me souviens bien) : c’est sans doute cela qui vous ennuie.
En tout cas, j’espère que vous saurez un jour vous faire plaisir avec une pièce de théâtre de Shakespeare ! C’est possible pour tout le monde, et quand c’est le cas, c’est un pur régal !
Amicalement,
Albane
ciboulette
13 juin 2016 @ 15:46
Pièces magnifiques , surtout les anglaises ( brrrr…la pièce consacrée aux tragédies ! ) .La pièce en euros a , comme vous le dites , le mérite d’exister .
Albane
13 juin 2016 @ 20:42
Article très éclairant. Merci beaucoup !
septentrion
14 juin 2016 @ 07:25
Bonjour,
Merci Régine et Sedna, je conserve vos articles toujours intéressants.
Cdt,
Mélusine
14 juin 2016 @ 11:16
Merci Sedna, pour cette info et ce très bel article.
Gibbs
14 juin 2016 @ 13:03
MERCI pour vos sympathiques réponses.