Le duc et la duchesse de Castro ont assisté ce 19 septembre à la fête de San Gennaro. A 10h48, le miracle de la liquéfaction du sang du saint évêque s’est répété dans les mains de l’archevêque de Naples, le cardinal Crescenzio Sepe. Don Augusto Cattaneo dela Volta des princes de San Nicandro était chargé d’en donner l’avis aux fidèles en flottant le traditionnel mouchoir blanc.
Le duc et la duchesse de Castro étaient à côté du maire de Naples, du président de la région Campanie et des membres de la Députation de San Gennaro (presque tous issus de la haute noblesse napolitaine). Ici, une photo de leur fille la princesse Maria Carolina se recueillant devant San Gennaro (Merci à Lorenz – Copyright photo : site de la famille royale de Bourbon-Deux-Siciles)
laure 2
20 septembre 2016 @ 07:59
Il y a eu il y a deux ans une merveilleuse exposition sur le tresor de Naples au musée Maillol ou l’on pouvait admirer de près les bustes des saints invoqués lors des ostentions et processions . http://slash-paris.com/evenements/le-tresor-de-naples-les-joyaux-de-san-gennaro
Zeugma
20 septembre 2016 @ 19:26
Vous avez raison Laure 2, c’était une très belle exposition ; exceptionnelle même.
On pouvait notamment admirer le somptueux cadeau que Joachim Murat (1767-1815) fit au trésor de la cathédrale en qualité de roi, montrant ainsi sa volonté de respecter les traditions et de s’attacher la population.
Le musée Maillol vient de rouvrir. C’est une bonne nouvelle.
J’espère que le restaurant italien du sous-sol va également rouvrir.
adriana
20 septembre 2016 @ 08:01
maria carolina est ravissante
Zeugma
20 septembre 2016 @ 08:05
Saint Janvier (272-305) protège Naples des fureurs du Vésuve si proche et toujours menaçant.
clementine1
20 septembre 2016 @ 08:14
« Dans le miracle il y a suffisamment de clarté pour ceux qui veulent bien croire et suffisamment d’obscurité pour ceux qui ne le veulent pas ». Blaise Pascal.
Muscate-Valeska de Lisabé.
20 septembre 2016 @ 20:31
Très bien pensé. ..à l’aise,Blaise!
Kayleen
20 septembre 2016 @ 08:46
Ces filles ne vont jamais à l’école?
Gérard
20 septembre 2016 @ 12:39
Elles ont des précepteurs.
chiffonnette
20 septembre 2016 @ 12:56
Non elles sont scolarisées a domicile
Baboula
20 septembre 2016 @ 15:26
Non ,voyons ,elles ont des précepteurs .
Marissa
20 septembre 2016 @ 16:14
Non. J’ai lu qu’elles suivaient des cours à la maison avec des professeurs particuliers.
Marie
20 septembre 2016 @ 16:24
C’est vrai ça!
Et les parents travaillent ils???
Philippe Gain d'Enquin
21 septembre 2016 @ 17:00
Ne vous faites pas de mauvais sang…
bernadette
20 septembre 2016 @ 18:28
C’est un jour férié à Naples…
Kalistéa
20 septembre 2016 @ 09:01
Ben , oui! Tout va bien : Pourquoi ne se liquéfierait-il pas ?
Antoine
20 septembre 2016 @ 09:29
Une année où les troupes napoléoniennes occupaient Naples, le sang de San Gennaro refusait obstinément de se liquéfier. Napoléon fit passer un billet doux à l’archevêque à peu près rédigé ainsi : « Si dans dix minutes le miracle n’a pas eu lieu, je fais brûler l’église et vous avec ». Aussitôt, le sang se liquéfia…
Leonor
20 septembre 2016 @ 12:27
:-D !
C’est vrai, ça ?
Quel mec, ce Napoléon, quand même !
Aramis
20 septembre 2016 @ 14:44
Autrement dit, ça ne sert à rien ….ceux qui croient continuent de croire et les incroyants de ne pas croire….et de sourire en se demandant comment on peut bien prendre ceci au sérieux.
Un vrai miracle, au surplus à répétition comme ce phénomène là, devrait avoir pour effet de convertir le monde entier….on en est loin !
Aramis
20 septembre 2016 @ 14:51
Ce commentaire devait figurer sous la citation de Blaise Pascal.
Antoine
21 septembre 2016 @ 17:50
Aramis, on peut envisager que San Gennaro a voulu éviter aux Napolitains des souffrances supplémentaires alors qu’ils étaient déjà sous le coup d’une invasion…
Kalistéa
20 septembre 2016 @ 15:50
ce n’était pas Napoléon (plus intelligent que cela!)mais Murat qui écrivit que si, à la nuit tombée le sang ne s’était pas liquéfié , il lâchait ses soudards dans la ville!
Corsica
21 septembre 2016 @ 13:03
Merci Kalistéa de remettre les choses à leur place, sans compter que ni Napoléon, ni Murat n’auraient eu la bêtise de brûler l’église où se trouvait le sang de San Gennaro. Ni l’un, ni l’autre ne voulait d’une révolution à Naples.
Kalistéa
21 septembre 2016 @ 15:54
pardon: il lâcherait (.mieux.)
Antoine
21 septembre 2016 @ 17:48
Kalistéa, Vous avez sans doute raison (je n’ai pas remis la main sur le bouquin dans lequel j’avais lu l’anecdote). Qui que ce soit, je trouve que c’était assez intelligent comme moyen de pression sur San Gennaro. Et je me souviens très bien qu’il ne s’agissait pas d’un simple lacher de soudards.
Gérard
21 septembre 2016 @ 21:32
Je ne crois pas que Napoléon soit allé à Naples.
Gérard
22 septembre 2016 @ 19:03
Le 27 janvier 1799 le général Championnet et les membres du gouvernement provisoire voulurent légitimer leur action en assistant à un Te Deum dans la cathédrale de Naples et ce d’autant que trois jours plus tôt le sang du saint s’était exceptionnellement liquéfié, alors que normalement ceci ne se produisait qu’à d’autres dates précises. L’accomplissement du prodige était présenté comme une caution divine apportée à la présence française.
Saint Janvier fut évêque de Bénévent et mourut martyr au temps des persécutions de Dioclétien, vers 305, certainement à Pouzzoles. Selon la légende une femme recueillit son sang avec une éponge et le plaça dans deux ampoules. Celles-ci, ainsi que les reliques de la tête, sont conservées dans la chapelle du trésor de la cathédrale de Naples. Elles sont vénérées trois fois par an, lors d’un rituel en l’honneur du saint : le premier samedi de mai, le 19 septembre jour de sa fête et le 16 décembre. Cette dernière fête fut instituée à la suite de son intercession miraculeuse lors de l’éruption de 1631. La réputation de saint Janvier est liée au miracle, attesté officiellement pour la première fois le 17 août 1389, qui a lieu lors de ce rituel.
Alexandre Dumas nous a laissé une longue description du phénomène auquel il assista dans Le Corricolo qui est la relation de son voyage en 1835 à Rome et à Naples avec le peintre Louis Godefroy Jadin. Il évoque aussi ce qui s’était passé en 1799 mais il se situe la scène au mois de mai (ce qui doit être une erreur car en mai Championnet était incarcéré à Grenoble, et il avait été remplacé à Naples par Macdonald).
Commençons par 1835 :
« […] À quatre heures, il y avait presque émeute : on trépignait, on vociférait, on montrait des poings ; le chanoine de garde (on avait renouvelé les chanoines d’heure en heure) s’approcha de la balustrade et dit :
– Il y a sans doute des hérétiques dans l’assemblée. Que les hérétiques sortent, ou le miracle ne se fera pas.
À ces mots, une clameur épouvantable s’éleva de toutes les parties de la cathédrale, hurlant : – Dehors les hérétiques ! À bas les hérétiques ! À mort les hérétiques !
Une douzaine d’Anglais, qui étaient aux tribunes, descendirent alors de leur échafaudage, au milieu des cris, des huées et des vociférations de la foule. Une escouade de fantassins, conduite par un officier, l’épée nue à la main, les enveloppa, afin qu’ils ne fussent pas mis en pièces par le peuple, et les accompagna hors de l’église, où je ne sais pas ce qu’ils devinrent.
Leur expulsion amena un moment de silence, pendant lequel la foule, émue et soulevée, reprit le mouvement qui la reportait vers l’autel pour baiser la fiole, et s’éloignait de l’autel quand la fiole était baisée.
Une heure à peu près s’écoula dans l’attente, et sans que le miracle se fit. Pendant celle heure, la foule fut assez tranquille ; mais c’était le calme qui précède l’orage. Bientôt les rumeurs recommencèrent, les grondements se firent entendre de nouveau, quelques clameurs sauvages et isolées éclatèrent. Enfin, cris tumultueux, vociférations, grondements, rumeurs, se fondirent dans un rugissement universel dont rien ne peut donner une idée.
Le chanoine demanda une seconde fois s’il y avait des hérétiques dans l’assemblée ; mais cette fois personne ne répondit. Si quelque malheureux Anglais, Russe ou Grec se fût dénoncé en répondant à cet appel, il eût été certainement mis en morceaux, sans qu’aucune force militaire, sans qu’aucune protection humaine eût pu le sauver.
Alors les parentes de saint Janvier se mêlèrent à la partie : c’était quelque chose de hideux que ces vingt ou trente mégères arrachant leur bonnet de rage, menaçant saint Janvier du poing, invectivant leur parent de toute la force de leurs poumons, hurlant les injures les plus grossières, vociférant les menaces les plus terribles, insultant le saint sur son autel, comme une populace ivre eût pu faire d’un parricide sur un échafaud. Au milieu de ce sabbat infernal, tout à coup le prêtre éleva la fiole en l’air, criant : – Gloire à saint Janvier, le miracle est fait !
Aussitôt tout changea.
Chacun se jeta la face contre terre.
Aux injures, aux vociférations, aux cris, aux clameurs, aux rugissements, succédèrent les gémissements, les plaintes, les pleurs, les sanglots. Toute cette populace, folle de joie, se roulait, se relevait, s’embrassait, criant : – Miracle ! Miracle ! et demandait pardon à saint Janvier, en agitant ses mouchoirs trempés de larmes, des excès auxquels elle venait de se porter à son endroit.
Au même instant, les musiciens commencèrent à jouer et les chantres à chanter le Te Deum, tandis qu’un coup de canon tiré au fort Saint-Elme, et dont le bruit vint retentir jusque dans l’église, annonçait à la ville et au monde, urbi et orbi, que le miracle était fait.
En effet, la foule se précipita vers l’autel, nous comme les autres.
Ainsi que la première fois, on nous donna la fiole à baiser ; mais, de parfaitement coagulé qu’il était d’abord, le sang était devenu parfaitement liquide.
C’est, comme nous l’avons dit, dans cette liquéfaction que consiste le miracle.
Et il y avait bien véritablement miracle, car c’était toujours la même fiole ; le prêtre ne l’avait touchée que pour la prendre sur l’autel et la faire baiser aux assistants, et ceux qui venaient de la baiser ne l’avaient pas un instant perdue de vue. La liquéfaction s’était faite au moment où la fiole était posée sur l’autel, et où le prêtre, à dix pas de la fiole à peu près, apostrophait les parentes de saint Janvier.
Maintenant, que le doute dresse sa tête pour nier, que la science élève sa voix pour contredire ; voilà ce qui est, voilà ce qui se fait, ce qui se fait sans mystère, sans supercherie, sans substitution, ce qui se fait à la vue de tous. La philosophie du dix-huitième siècle et la chimie moderne y ont perdu leur latin : Voltaire et Lavoisier ont voulu mordre à cette fiole, et, comme le serpent de la fable, ils y ont usé leurs dents.
Maintenant, est-ce un secret gardé par les chanoines du Trésor et conservé de génération en génération depuis le quatrième siècle jusqu’à nous ?
Cela est possible ; mais alors cette fidélité, on en conviendra, est plus miraculeuse encore que le miracle.
J’aime donc mieux croire tout bonnement au miracle ; et, pour ma part, je déclare que j’y crois.
Le soir, toute la ville était illuminée et l’on dansait dans les rues. […] »
Dumas nous rapporte plus loin ce qui se passa en 1799 :
« Le 23 janvier 1799, après une défense de trois jours, pendant lesquels les lazzaroni, armés de pierres et de bâtons seulement, avaient tenu tête aux meilleures troupes de la république, Naples s’était rendue à Championnet, et, grâce à un discours que le général en chef avait fait aux Napolitains dans leur propre langue, et par lequel il leur avait prouvé que tout ce qui s’était passé était un malentendu, l’armée républicaine avait fait son entrée dans la ville, criant : – Vive saint Janvier ! tandis que de leur côté les lazzaroni criaient : – Vivent les Français !
Pendant la nuit, on enterra quatre mille morts, victimes de ce malentendu, et tout fut dit.
Cependant, comme on le pensa bien, cette entrée, toute fraternelle qu’elle était, avait amené un changement notable dans les affaires du gouvernement : le parti républicain l’emportait ; il se mit donc à établir une république, laquelle prit le nom de république parthénopéenne.
Le jour où elle fut proclamée, il y eut un grand banquet que le général Championnet donna aux membres du nouveau gouvernement, dans l’ancien palais du roi, devenu palais national.
Ce banquet réjouit beaucoup les lazzaroni, qui virent dîner leurs représentants, et qui s’assurèrent que les libéraux n’étaient point des anthropophages, comme on le leur avait dit.
Le lendemain, le général Championnet, suivi de tout son état-major, se transporta en grande pompe dans la cathédrale de Sainte-Claire, pour rendre grâces à Dieu du rétablissement de la paix, adorer les reliques de saint Janvier, et implorer sa protection pour la ville de Naples, malgré son changement de gouvernement. Cette cérémonie, à laquelle assista autant de peuple que l’église put en contenir, fut fort agréable aux lazzaroni, qui reconnurent, vu le silence du saint et le recueillement du général et de son état-major, que les Français n’étaient point des hérétiques, comme on le leur avait assuré.
Le surlendemain on planta des arbres de la Liberté sur toutes les places de Naples, au son de la musique militaire française et de la musique civile napolitaine.
Cet essai d’horticulture championnienne mit le comble à l’enthousiasme des lazzaroni, qui aiment la musique et qui adorent l’ombre. […] »
On abolit alors divers droits.
« On abolit les droits sur le poisson, et le peuple cria plus fort.
Enfin, on abolit le titre d’excellence, et le peuple se fâcha tout à fait.
Bon et excellent peuple, qui regardait chaque abolition d’impôt comme un outrage fait à ses droits, et qui pourtant ne se révolta réellement que lorsqu’on abolit le titre d’excellence, qui cependant, comme il le disait lui-même, n’avait rien fait au nouveau gouvernement.
Malheureusement, le nouveau gouvernement ne tint aucun compte des réclamations des lazzaroni, et continua ses réformes, fier et fort qu’il était de l’appui de l’armée française.
Mais cet appui, comme on le comprend bien, révéla aux Napolitains qu’il y avait connivence entre l’armée française et le gouvernement qui les opprimait en leur enlevant les uns après les autres leurs impôts les plus anciens et les plus sacrés. Dès lors les Français, d’abord combattus comme des hérétiques, puis accueillis comme des libérateurs, puis fêtés comme des frères, furent regardés comme des ennemis, et le bruit commença à se répandre, du château de l’Œuf à Capo-di-Monte, et du pont de la Maddalena à la grotte de Pouzzoles, que saint Janvier, pour punir la ville de Naples de la confiance qu’elle avait eue en eux, ne ferait point son miracle le premier dimanche du mois de mai, comme c’est son habitude de le faire depuis quatorze siècles au jour sus-indiqué.
Cette désastreuse nouvelle fit grande sensation ; chacun en s’abordant se demandait : – Avez-vous entendu dire que saint Janvier ne fera pas son miracle cette année ? On se répondait : – Je l’ai entendu dire ; et les interlocuteurs, regardant le ciel en soupirant, secouaient la tête et se quittaient en murmurant :
– C’est la faute de ces gueux de Français !
Bientôt on commença, aux heures de l’appel, à remarquer des absences dans les rangs. Le rapport en fut fait au général Championnet, qui ne douta point un seul instant que les absents n’eussent été jetés à la mer.
Quelques jours avant celui où le miracle devait avoir lieu, on trouva trois soldats inanimés : un dans la rue Porta-Capouana, le second dans la rue Saint-Joseph, le troisième sur la place du Marché-Neuf. Un d’eux, avait encore dans la poitrine le couteau qui l’avait tué, et au manche du couteau était attachée celle inscription :
« Meurent ainsi tous ces hérétiques de Français, qui sont cause que saint Janvier ne fera pas son miracle ! »
Le général Championnet vit alors qu’il était fort important pour son salut et pour le salut de l’armée que le miracle se fit.
Il décida donc que d’une façon ou de l’autre le miracle se ferait.
À mesure que le premier dimanche de mai approchait, les démonstrations devenaient plus hostiles et les menaces plus ouvertes.
La veille du grand jour arriva : la procession eut lieu comme d’habitude ; seulement, au lieu de défiler entre deux lignes de soldats napolitains, elle défila entre une haie de grenadiers français et une haie de troupes indigènes.
Toute la nuit les patrouilles furent faites, moitié par les soldats de la république parthénopéenne, et moitié par les soldats de la république française. Il y avait pour les deux nations un même mot d’ordre franco-italien.
La nuit, quelques cloches isolées sonnèrent ; mais au lieu de ce joyeux carillon qui leur est habituel, elles ne jetèrent dans l’air que de lugubres volées. Ces tintements rappelèrent au général Championnet celui des Vêpres Siciliennes et il promit de ne pas se laisser surprendre comme l’avait fait Charles d’Anjou.
Le matin, chacun s’avança vers l’église de Sainte-Claire morne et silencieux. C’était un trop grand contraste avec le caractère napolitain pour qu’il ne fût pas remarqué. Le général, à l’exception des hommes de service, consigna les soldats dans les casernes, en leur donnant l’ordre de se tenir prêts à marcher au premier appel.
La journée s’écoula sous un aspect sombre et menaçant. Cependant, comme le miracle ne s’accomplit d’ordinaire que de trois à six heures du soir, jusque-là il n’y eut encore trop rien à dire ; mais cette heure arrivée, les vociférations commencèrent ; seulement, cette fois, au lieu de s’adresser au saint, c’était les Français qu’elles attaquaient. Comme le général assistait à la cérémonie avec son état-major et qu’il entendait parfaitement le patois napolitain, il ne perdit pas un mot de toutes les menaces qui lui étaient faites. A six heures, les vociférations se changèrent en hurlements, les bras commencèrent à sortir des manteaux et les couteaux à sortir des poches.
Bras et couteaux se dirigeaient vers le général et vers son état-major, qui demeuraient aussi impassibles que s’ils n’eussent rien compris ou que si la chose ne les eût point regardés.
À huit heures, c’étaient des rugissements à ne plus s’entendre, ceux de la rue répondaient à ceux de l’église ; les grenadiers regardaient le général pour savoir si eux aussi ne tireraient pas la baïonnette. Le général était impassible.
À huit heures et demie, comme le tumulte redoublait, le général se pencha vers un aide-de-camp [Antoine-Alexandre Romieu ?] et lui dit quelques mois à l’oreille.
L’aide-de-camp descendit de l’échafaudage, traversa la double haie de soldats français et napolitains qui conduisait au chœur, se mêla à la foule des fidèles qui se pressaient pour aller baiser la fiole, arriva jusqu’à la balustrade, se mit à genoux et attendit son tour. Au bout de cinq minutes, le chanoine prit sur l’autel la fiole renfermant le sang parfaitement coagulé ; ce qui était, vu l’heure avancée, une grande preuve de la colère de saint Janvier contre les Français ; la leva en l’air, pour que personne ne doutât de l’état dans lequel elle était ; puis il commença à la faire baiser à la ronde.
Lorsqu’il arriva devant l’aide-de-camp, celui-ci, tout en baisant la fiole, lui prit la main. Le chanoine fit un mouvement.
– Un mot, mon père, dit le jeune officier.
– Que me voulez-vous ? demanda le prêtre.
– Je veux vous dire, de la part du général en chef, reprit l’aide-de-camp, que si dans dix minutes le miracle n’est pas fait, dans un quart d’heure vous serez fusillé.
Le chanoine laissa tomber la fiole, que le jeune aide-de-camp rattrapa heureusement avant qu’elle n’eût touché la terre, et qu’il lui rendit aussitôt avec les marques de la plus profonde dévotion ; puis il se leva, et revint prendre sa place près du général.
– Eh bien ? dit Championnet.
– Eh bien ! dit l’aide-de-camp, soyez tranquille, général, dans dix minutes le miracle sera fait.
L’aide-de-camp avait dit la vérité : seulement il s’était trompé de cinq minutes. Au bout de cinq minutes, le chanoine leva la fiole en criant : – Il miracolo e fatto. Le sang était en pleine liquéfaction.
Mais au lieu de cris de joie et de transports d’allégresse qui accueillaient ordinairement cette heure solennelle, toute cette foule, déçue dans son espoir, s’écouta dans un morne silence : la promesse faite au nom de saint Janvier n’avait pas été tenue ; malgré la présence des Français, le miracle s’était accompli. Saint Janvier ne les regardait donc pas comme des ennemis ; c’était à n’y plus rien comprendre ; et comme ni le chanoine ni le général ne révélèrent pour le moment la petite conversation qu’ils avaient eue ensemble par l’organe du jeune aide-de-camp, personne en effet n’y comprit rien.
Il en résulta que de mauvais soupçons planèrent sur saint Janvier : on l’accusa tout bas de s’être laissé séduire par de belles paroles, et de tourner tout doucement au républicanisme.
Ce bruit fut la première atteinte portée au pouvoir spirituel et temporel de saint Janvier.
Nous avons dit ailleurs comment les choses suivirent un autre cours que celui auquel on s’attendait. Les Français, battus dans l’Italie occidentale, rappelèrent les troupes qui occupaient Naples : le général Macdonald, qui avait remplacé le général Championnet, évacua la capitale, laissant la république parthénopéenne à elle-même. Trois mois après, la pauvre république n’existait plus. »
Le miracle n’eut d’ailleurs pas lieu en 1849 malgré la présence du pape Pie IX.
Il n’eut pas lieu non plus en 1973, date d’une épidémie de choléra, début septembre en effet le choléra tua à Naples 24 personnes tandis que les 2400 autres furent atteintes. Le miracle n’eut pas lieu non plus en 1980 avant le violent tremblement de terre qui frappa le 23 novembre l’Irpinia et une grande partie de la Campanie notamment et fit 2 735 morts et 8 850 blessés.
Les reliques de saint Janvier sont conservées dans une niche qui située derrière le maître-autel de la chapelle séparée en deux par une cloison de marbre : une demi-niche contient les ossements du saint, l’autre un ostensoir en argent offert par Robert d’Anjou, roi de Naples et présentant les deux ampoules. Cette niche est fermée par deux portes d’argent massif sculptées aux armes de Charles II d’Espagne.
Une des fioles est remplie aux 3/4, tandis que l’autre est à moitié vide depuis que la partie supérieure de son contenu a été volée par le roi Charles VI de Naples devenant Charles III d’Espagne.
Dumas semble confondre dans sa relation la basilique Santa Chiara, où reposent les rois de Naples, avec la cathédrale de Naples, Notre-Dame de l’Assomption, qu’on appelle généralement le Duomo San Gennaro.
LPJ
20 septembre 2016 @ 16:23
Anecdote charmante.
Notre empereur savait utiliser les bons arguments !
clementine1
21 septembre 2016 @ 07:29
Antoine j’adore cette anecdote !
Philippe Gain d'Enquin
21 septembre 2016 @ 17:09
Sans compter que pour l’avoir vénéré, j’ai beaucoup apprécié l’odeur suave (genre vieux caramel) s’en dégageant. Après libre à chacun d’y croire ou pas, à titre personnel je ne me suis jamais posé la question la trouvant inutile, la piété populaire souvent pleine de bon sens suffisant à lui conférer sa sainteté, et le scepticisme des rationalistes d’être objet de débat…
Antoine
22 septembre 2016 @ 10:17
Très juste, PGE. Cela me rappelle cette remarque d’un de nos papes (j’ai oublié lequel) : « là où il n’y a plus de piété populaire, il n’y a plus de piété du tout ».
Blanc Rita
20 septembre 2016 @ 09:47
comme à Fatima Garabandal etc les larmes de la Vierge qui coulent !
Aramis
20 septembre 2016 @ 14:49
Sans oublier les hosties sanglantes et celles dont la composition serait celle d’un muscle du myocarde, voire serait animée d’un même mouvement que le cœur ….comme si cela pouvait aider à convertir plus qu’à dégoûter…et pourtant certains le brandissent comme preuve de la transsubstantiation !
Ah Calvin avait bien raison quand il écrivait sur les reliques….
LPJ
20 septembre 2016 @ 10:23
Etait également presente la Princesse Béatrice de Bourbon Siciles, sœur ainee du Duc de Castro. La Princesse, tres impliquée dans les Ordres familiaux, se rend régulièrement dans l’ancien royaume des Deux Siciles en représentation de son frère.
Pierre-Yves
20 septembre 2016 @ 10:58
Dos bien droit, mains impeccablement jointes, prière fermement prononcée, que voilà chez cette jeune fille une admirable dévotion !
aubert
20 septembre 2016 @ 12:48
pourvou que ça doure
MILENA
20 septembre 2016 @ 13:51
Et oui Pierre-Yves on lui a appris à se tenir comme il faut, et à prier comme il faut. On est chrétien ou on ne l’est pas et de nos jours, il vaut mieux se raccrocher à nos racines chrétiennes car les mauvais jours arrivent… et sont déjà là !!!
Muscate-Valeska de Lisabé.
20 septembre 2016 @ 20:34
…Et Toute naturelle, en plus…;-))
Dire que cette jeune fille s’habillera peut-être un jour comme sa Maman. ..la photo fait parodie,dans cette robe gris souris à col Claudine.
Si Flabemont8 était là, elle nous parlerait d’image d’Epinal…
Marnie
22 septembre 2016 @ 12:37
Hé hé hé, moi j’ai pensé en voyant cette image « et dire que dans peu d’années elle sera peut-être une « it-girl » à la moue boudeuse comme Olympia de Grèce » qui était mignonne étant enfant…. je n’en sais rien, qui vivra verra !
Muscate-Valeska de Lisabé
22 septembre 2016 @ 18:50
Bien vu,Marnie! ;-))
Philippe Gain d'Enquin
20 septembre 2016 @ 12:21
Sainte N… priez pour nous…
Mayg
21 septembre 2016 @ 15:34
lol
Anne-Cécile
22 septembre 2016 @ 04:44
Excellent comme toujours Philippe!
Philippe Gain d'Enquin
22 septembre 2016 @ 18:18
Anne-Cécile et Mayg, serviteur !
marielouise
20 septembre 2016 @ 12:29
Oui et encore….
clementine1, merci pour cette citation!
ml
Esquiline
20 septembre 2016 @ 12:31
Son éminence Crescenzio Sepe a essayé, avec la complicité du ministre de l’intérieur, de soustraire San Gennaro et son trésor, à la propriété du peuple napolitain pour le mettre sous l’autorité de l’église.
Vaine tentative, Naples étant liée à son saint comme à son équipe de foot, le second vénéré étant Maradona.
Il y a des limites à la lucrative manipulation du peuple!
Cette fois le sang était déjà liquide dans la sainte ampoule avant les manipulations du grand sorcier.
Signe néfaste ou simple avertissement?
beji
20 septembre 2016 @ 12:52
Est-ce elle l’héritière récemment proclaméé par son père?
CAROLINE VM
20 septembre 2016 @ 13:47
La tenue fait plutôt « tarte » , excusez moi pour l’expression mais c’est ce que cela m’inspire… Jolie brin de fille pourtant mais ses robes « Bonpoint » ou « Dior » font trop « cucul la praline » comme on dit par chez nous…
clement
20 septembre 2016 @ 13:59
Antoine ,cette réflexion est bien du « Napoléon premier » !
J’ose espérer que les deux petites filles ne deviendront pas comme Maria-Olympia de Grèce ,vu le style ça en prend bien le chemin !
ciboulette
20 septembre 2016 @ 14:26
Il n’empêche que , lorsque le sang ne se liquéfie pas , de terribles catastrophes s’abattent sur Naples .
Aramis
21 septembre 2016 @ 12:27
Des preuves ? Des faits tangibles ? Des dates ?
Marnie
22 septembre 2016 @ 12:39
Bon, j’espère bien parce que je pars en vacances à Naples le 1er octobre !
jo de st vic
20 septembre 2016 @ 14:56
une trés jolie petite jeune fille, robe simple , coiffure ravissante…
Kalistéa
20 septembre 2016 @ 15:51
Une belle éducation qui se perd , P-Y !
Mélusine
20 septembre 2016 @ 16:12
Mise en scène très soignée. On dirait Bernadette Soubirou ! ;)
jul
20 septembre 2016 @ 17:05
Puisse le Duc de Castro revenir à l’accord trouvé avec le Duc de Calabre.
LPJ
21 septembre 2016 @ 16:04
Il y a méprise. En effet l’accord ne concernait en rien la primauté dynastique de telle ou telle branche ! C’était un accord de réconciliation uniquement familiale, reconnaissant les titres de noblesse de chacun et essayant de trouver un modus vivendi pour un développement des œuvres caritatives.
A ce dernier sujet, on peut constater que c’est surtout les œuvres du Duc de Castro qui sont les plus actives.
Gérard
21 septembre 2016 @ 20:54
Oui mais au-delà de ce qui était convenu il y avait un esprit consensuel qui a été rompu par la récente décision du duc de Castro que son cousin attribue à certains de ses conseillers.
Danielle
20 septembre 2016 @ 18:40
Une jeune fille en pleine dévotion qui a dû recevoir des recommandations parentales.
Pour le miracle, il faut y croire…
Limaya
21 septembre 2016 @ 07:04
Peut être Pierre -Yves mais si peu naturelle aussi .
Muscate-Valeska de Lisabé
21 septembre 2016 @ 14:16
Topez-là, Limaya!
Pierre-Yves
21 septembre 2016 @ 20:49
Qu’est-ce que vous dîtes ! Elle surjoue la piété, cette petiote ?
Kalistéa
21 septembre 2016 @ 16:00
Danielle: les miracles sont quotidiens.Ils existent par milliers.Notre venue au monde n’est-elle pas un miracle? mais jamais un miracle constaté n’a « obligé » un incroyant à croire.
Alexandre Dumas disait que si supercherie il y avait , à Naples , le plus grand miracle était que pendant un millénaire le secret de cette liquéfaction tous les 6 mois, n’ait jamais encore été percé !
Gérard
21 septembre 2016 @ 20:54
C’est en effet un mystère.
Esquiline
23 septembre 2016 @ 12:15
Absolument pas, n’importe quel laboratoire de chimie est à même de reproduire le phénomène et même de la « casalinga de Voghera » quand elle prépare ses gelées de framboises!
Simple application des propriétés des sol-gels, solutions qui se trouvent dans un état métastable entre l’état liquide et l’état solide gélatineux.
Kalistéa
24 septembre 2016 @ 08:57
Esquiline ce que vous affirmez péremptoirement se saurait si c’était si simple!
marielouise
25 septembre 2016 @ 19:29
En effet Esquiline…mais les superstitions ont encore, malheureusement, des adeptes…à notre époque, pourtant!!!
ml
Ellen
21 septembre 2016 @ 19:19
Habitation dans une autre aile que les parents, précepteurs à domicile, ces gamines sont déconnectées de la réalité……….
marielouise
25 septembre 2016 @ 19:29
Complètement, oui, Ellen!
ml
jo de st vic
21 septembre 2016 @ 20:21
ah bon je les ai vu plusieurs fois en vacances en corse ou a monaco, elles se baignaient avec d’autres…
beji
22 septembre 2016 @ 10:34
cette famille me semble aussi futile que celle de Paul de Grèce.
marielouise
22 septembre 2016 @ 12:12
Ces adorables petites filles qui ne vont même pas dans les meilleures écoles-même privées-sont , à notre époque, une hérésie…
Pauvres petites, déjà hors réalités et bassinées par des superstitions d’un autre âge…
Les enfants de Grèce, d’Espagne et de toutes les cours d’Europe ne sont pas autant en marge de la société!!!!
Quelle éducation élitiste d’un autre temps!!!!Mais maman Barbie est ou se croit au-dessus de tout!!!!
ml
laure 2
22 septembre 2016 @ 14:42
parcequ’elle est croyante ? Votre commentaire est étonnant .
Gérard
24 septembre 2016 @ 04:21
Marie-Louise mélange tout.
marielouise
24 septembre 2016 @ 14:02
Développez Gérard, développez!
Merci!
ml
jo de st vic
23 septembre 2016 @ 12:17
vous devez trés bien les connaitre pour porter de tels jugements