Le 14 novembre 1908 à Versailles fut célébré le mariage du prince Pedro d’Orléans-Bragance, fils du prince Gaston, comte d’Eu (petit-fils du roi Louis-Philippe) et de la princesse Isabelle du Brésil avec la comtesse Elisabeth Dobrzensky von Dobrzenicz. Ils sont les parents de la défunte comtesse de Paris.
Retour sur une grande histoire d’amour au sein du Gotha. Comme tout prince de sa génération, le prince Pedro se devait d’avoir une formation militaire mais la loi d’exil l’empêcha de le faire au Brésil. La république française lui interdisait en tant que descendant de monarque français d’intégrer l’armée.
Ce sera finalement l’armée austro-hongroise de l’empereur François-Joseph qui lui ouvrira les portes de son académie militaire : l’arrière-grand-mère du prince Dona Léopoldina étant la cousine de l’empereur.
Cette expérience au sein d’un empire cultivant les paradoxes: mêlant à la fois l’esprit avant-gardiste (Freud, Mahler, Klimt , Kafka) et le plus profond conservatisme, melting-pot de peuples de diverses cultures, coutumes et langues, impacta durablement la personnalité du prince .
L’occasion de voir l’empereur lui-même faire preuve dans la gestion aussi bien des affaires politiques que familiales (et des alliances) du plus parfait arbitraire de monarque absolu : interdisant le mariage de Léopold-Ferdinand avec l‘infante Dona Elvira , jetant son frère Louis-Viktor hors de la cour et qualifiant de morganatique l’union de son héritier François-Ferdinand avec Sophie Chotek von Chotkowa und Wognin issue d’une famille de Bohême remontant au XVe siècle…
A l’académie militaire de Vienne, dom Pedro d’Alcantara se lia d’amitié avec quatre frères, fils de Johann-Wenzel Baron Dobrzensky von Dobrzenicz (1841-1919). Lorsqu’il fut délivré de ses obligations militaires, il était incapable de rentrer tout de suite en France, trop éloignée de l’Empire austro-hongrois aussi accepta-t-il l’invitation à séjourner dans le château de famille des Dobrzensky en Bohême.
C’était une belle propriété située à Chotebor à environ 300 kilomètres de Vienne. C’est ainsi que le prince tomba amoureux de la fille du Baron Dobrzensky von Dobrzenicz.
Maria Elisabeth Adelhaid était née le 7 décembre 1875 au château familial. Elisabeth parlait et écrivait cinq langues : le tchèque, l’anglais, l’allemand, le français et le portugais. Elle était peintre et avait étudié à Chotebor auprès de plusieurs précepteurs. Plus tard elle entra à l’académie de musique et de peinture de Munich.
Cet amour intense et réciproque se heurta à l’opposition du comte et de la comtesse d’Eu, parents du prince, pendant huit années, motivée par la différence de rang des fiancés. Pourtant les Dobrzensky étaient loin d’être de simples roturiers : le comte d’Eu partageait même des ascendances par sa grand-mère maternelle issue des princes hongrois Kohary : leurs ancêtres communs étaient Christof-Leopod Comte von Thurheim (1629-1689), Franz Comte von Trautsmandorff (1677-1753), et Maria Comtesse von Kaunitz (1682-1735).
En 1906, le père d’ Elisabeth devient même comte et en 1912 membre héréditaire de la chambre des lords d’Autriche.
Leur fils dom Pedro confia un jour qu’il pensait que son grand-père le comte d’Eu ne pouvait concevoir un « mariage par amour » et l’idée que sa belle-fille soit issue d’une maison de l’empire austro-hongrois.
De plus il semble que depuis l’enfance, le sort des frères ait été «scellé» par des parents qui pensaient le frère cadet Luis plus à même de défendre la cause monarchique au Brésil. De plus celui-ci était fiancé à une princesse de rang égal (Maria-Pia des Deux Siciles)…
Aussitôt après le mariage de ces derniers le 4 novembre 1908 , les comtes d’Eu autorisèrent enfin Pedro et Elisabeth à convoler à leur tour le 14 novembre …non sans avoir exigé au préalable du prince une renonciation à ses droits…
Le couple eut cinq enfants : Isabelle (qui deviendra la Comtesse de Paris), Françoise (mère du duc de Bragance), Pedro (marié à Espéranza tante du roi Juan Carlos), Jean et Thérèse.
Le 3 septembre 1920, le Président du Brésil mit fin à la loi d’exil interdisant aux membres de la famille impériale de rentrer. En 1922, Elisabeth visita donc le Brésil pour la première fois.
Dom Pedro d’Alcantara mourut à Petropolis, au palais de Grão Pará, le 29 janvier 1940. Jamais remise de la perte de son époux , Elisabeth mourut des suites d’un cancer à Sintra au Portugal, le 11 Juin 1951. (Merci à Caroline VM – Spéciale dédicace à Charles)
Elise
14 novembre 2016 @ 07:14
Grand merci pour cette archive retrouvée , sur l’avant dernière photo on reconnait bien le regard de Madame la Comtesse de Paris ( petite fille sur la banquette prés de sa maman )
clementine1
14 novembre 2016 @ 07:15
Caroline VM : soyez remerciée pour cet article qui éclaire sous un jour nouveau, en ce qui me concerne, l’histoire de ce couple.
Annmaule
14 novembre 2016 @ 08:49
La mariee est ravissante et gracieuse dans sa gestuelle…elle parait tres « actuelle » sur une photo ancienne..etonnant
Charles
14 novembre 2016 @ 08:58
Caroline VM
Un très grand merci pour votre « spéciale dédicace » qui me va droit au coeur. Ce sujet, très bien documenté, a été pour moi une belle surprise.
Bien à vous,
Charles
Sylvie-Laure
14 novembre 2016 @ 09:39
Magnifique travail de recherches, et de documents privés. Un grand merci Caroline VM, pour cet article très intéressant. Les membres de la famille d’Isabelle Comtesse de Paris vont être ravis. peut être aussi des commentaires qui vont s’enchainer.
Sur la dernière photo d’Elisabeth présentée ici, la ressemblance de la mère et de sa fille Thérèse est très vive.
Je pose une question à Charles, le frère de Madame Isabelle, Jean ici nommé était -il le bel homme, qui était pilote de ligne, et qui lui aussi épousa l’élue de son coeur ?
Charles
14 novembre 2016 @ 12:40
Oui Sylvie-Laure
Sylvie-Laure
14 novembre 2016 @ 16:12
merci beaucoup Charles.
Laure-Marie Sabre
14 novembre 2016 @ 21:45
J’ai eu exactement la même réaction en voyant la photo de Marie-Elisabeth âgée : le portrait craché de sa fille cadette, Thérèse.
Caroline
14 novembre 2016 @ 11:01
C’était heureusement un beau mariage d’amour entre nobles! Qu’ étaient devenus Jean et Thérèse ?
Véronick
14 novembre 2016 @ 13:21
Caroline VM,
Merci pour ce travail de recherches et pour les photos.
Un mariage d’amour, à cette époque et dans ce milieu, cela fait rêver …..!!!!!!
La mariée est très belle……!
Sa ressemblance avec sa fille Isabelle, future Comtesse de Paris est frappante !
Avec leurs cinq enfants, ils forment une charmante famille.
Cordialement
Véronick
j21
14 novembre 2016 @ 13:47
Très beau couple qui en plus fut heureux. Les mariés nés en 1875 avait donc 33 ans quand ils purent se marier, ce qui me fait dire que les mariage tardifs sont souvent des mariages heureux.
Mayg
14 novembre 2016 @ 14:53
Sur la dernière photo, on voit la ressemblance entre la comtesse de Paris et sa mère.
Le mariage entre ce prince royal et même impérial avec la fille d’un baron devenu comte est tout de même inégal, surtout pour l’époque. Heureusement, ce mariage d’amour a pu avoir lieu.
Mary
14 novembre 2016 @ 15:10
Aujourd’hui,des royaux en exercice pleureraient de joie si leur fils leur ramenait une belle comtesse !
Pierre-Yves
14 novembre 2016 @ 17:24
Ce n’est pas certain du tout. Les usages et les codes sociaux ont changé et les attentes des Royaux ont, bon gré mal gré, fini par suivre le mouvement.
A titre d’exemple, je ne pense pas que Beatrix des Pays-Bas aurait pleuré de joie si un de ses fils avait épousé une aristocrate. Ca ne s’est pas trouvé ainsi et elle a toujours paru sincèrement ravie du choix de ses fils (je parle sous le contrôle de Caroline VM – que je remercie pour ce bel article-, spécialiste de la famille d’Orange).
JAY
14 novembre 2016 @ 18:09
Drôle de constater que les princes et princesses d’Orleans actuels sont le resultat d’une mésalliance !
Actarus
14 novembre 2016 @ 18:13
Tiens, il n’aurait donc pas renoncé à ses droits brésiliens ? ;-)
hmm hmm…
Actarus
15 novembre 2016 @ 14:16
J’ai mal lu. Préparez mon cercueil… ;-(
casimira
14 novembre 2016 @ 18:23
la 1ère photo à la sortie de l’église est éloquente : alors que l’énorme majorité des mariés aristocrates de l’époque tiraient une tête d’enterrement sur les clichés, voici un jeune couple radieux, complice et qui …. rit !
COLETTE C.
14 novembre 2016 @ 18:46
Merci pour ce reportage très intéressant, qui m’a beaucoup appris sur l’ascendance de la comtesse de Paris.
Quelle ressemblance entre la mère et la fille (dernière photo) !
Yom
14 novembre 2016 @ 22:02
Très beau couple,la mariée est merveilleuse,belle et une classe folle
Heureusement que les mentalités ont changé,c’était complètement fou.
beji
14 novembre 2016 @ 22:38
Merci Caroline VM,j’aime ces articles d’archives qui nous font découvrir des princes autres que les têtes d’affiche habituelles.
framboiz 07
15 novembre 2016 @ 01:49
Y -a-t-il encore des frères & sœurs de la comtesse de Paris ?
JAusten
15 novembre 2016 @ 19:32
la dernière de la fratrie Thérèse ou « Tété » est décédée en 2007