Gros plan sur l’Histoire de la famille royale du Burundi, une famille assez méconnue. Le Mwami Mwambutsa IV Bangiricenge est issu de la dynastie des Ganwa, fondatrice de la nation burundaise. La dynastie a été établie par Ntare I Rushatsi Cyambarantama et ses derniers représentants sont Ntare IV Rugamba, Mwezi IV Gisabo et Mutaga IV Mbikije.
Le Mwami Mwambutsa IV Bangiricenge fut l’avant dernier roi de cette monarchie qui dirigea le pays pendant plus de 400 ans. Fils de Mutaga IV Mbikije et de la reine mère Ngezahayo, il accéda au trône en 1915 à l’âge de 3 ans. Orphelin de père et de mère, il connut un destin hors du commun en traversant deux régimes coloniaux : le régime allemand de 1903 à 1918 suivi de la tutelle belge de 1918 à 1962, avant de conduire son pays à l’indépendance le 1 juillet 1962.
A la suite de l’attaque manquée du palais royal en 1965, le Mwami s’exila en Suisse où il mourut des suites d’une longue maladie le 26 avril 1977. Le Mwami marquera l’histoire de son pays par un long règne de 51 ans, avec le grand mérite d’avoir joué un rôle historique dans l’organisation politique, administrative, judiciaire, militaire et sécuritaire du Burundi. Il fut à la fois acteur et spectateur des transformations politiques, économiques et sociales du Burundi contemporain. Il a passé la période coloniale notamment en parcourant et en inspectant son pays, et en rendant justice par l’institution du tribunal indigène.
La justice, le Mwami l’incarna dans toute son ampleur. Il fut d’ailleurs appelé « le Roi juste » et aussi « Sebarundi », c’est-à-dire le père des Burundais. Il apporta sa contribution à la gestion et à la marche du pays par le biais des avis du conseil de régence, du conseil du Mwami ensuite et enfin du conseil supérieur du pays, institué en 1954. Celui-ci se révéla être un véritable instrument d’émancipation politique du Burundi.
Le Mwami Mwambutsa IV Bangiricenge aura été un grand monarque et un grand chef d’Etat, parvenant à allier la tradition et l’entrée du pays dans la modernité. Les Burundais gardent de lui l’image d’un homme de paix attaché à son peuple et qui sut négocier avec habilité l’accession de son pays à la souveraineté nationale, en étroite collaboration avec son fils S.A.R. le Prince Louis Rwagasore, héros national, rendant ainsi leur dignité aux Burundais.
Lors de l’assassinat du Prince le 13 octobre 1961, le Mwami déclara sur les ondes de la radio nationale « Que celui qui veut me consoler ne se venge point ». L’appel fut entendu et le dernier hommage au Prince fut rendu dans le calme et la sérénité. C’est grâce à la sagesse du Mwami que l’indépendance pu avoir lieu dans ce même calme et cette même sérénité.
Le Mwami Mwambutsa IV Bangiricenge eut quatre enfants issu de deux mariages. De son premier mariage avec feue la reine Thérèse Kanyonga décédée en 1986, il eut trois enfants dont feu S.A.R. le Prince Louis Rwagasore assassiné en 1961, S.A.R. la Princesse Rosa Paula Iribagiza et feue S.A.R. la Princesse Régine Kanyange. De son deuxième mariage avec feue la reine Baramparaye, il eut un fils, feu Charles Ndizeye, qui accéda au trône en juillet 1966 sous le nom de Ntare V ; il fut destitué dès novembre 1966 ; il meurt assassiné en 1972.
S.A.R. la Princesse Rosa Paula Iribagiza est ainsi le seul enfant du Mwami Mwambutsa IV Bangiricenge toujours en vie.
Le 28 novembre 1966, la première république du Burundi fut proclamée. Ainsi pris fin le règne d’une monarchie multiséculaire. Une partie de la famille s’exila en Europe.
SAR. La Princesse Rosa Paula Iribagiza, L’Ambassadeur de la Belgique au Burundi, S.E Monsieur Josef Smet, Le Prince Alexandre Bishiga, Le Prince Ciza-Remy Muhirwa
En 2003, le Président burundais Pierre Buyoya plaça la famille royale sur la liste civile du gouvernement. En 2004, S.A.R.la Princesse Rosa Paula Iribagiza rentre dans son pays après plus de 30 ans d’exil, qu’elle passa principalement en Belgique et en Suisse auprès de son père le Mwami Mwambutsa IV Bangiricenge. Elle put ainsi assister le Mwami dans ses derniers jours.
De 2005 à 2010, S.A.R. la Princesse Rosa Paula Iribagiza siégea à l’Assemblée Nationale en qualité de députée de Gitega, sa ville natale. De 2005 à 2007, sous la Présidence du Président Pierre Nkurunziza, la reine mère Baramparaye bénéficia des soins et à son décès, le gouvernement lui réserva des funérailles digne de son rang.
En 2010, à la levée de deuil de la reine mère, la famille présenta S.A.R. la Princesse Rosa Paula Iribagiza comme l’héritière de la Maison Royale, étant le seul enfant en vie du Mwami Mwambutsa IV Bangiricenge. Par la même occasion furent présentés les enfants, les petits enfants et les arrières petits enfants issus de feue S.A.R. la Princesse Régine Kanyane et de S.A.R.la Princesse Rosa Paula Iribagiza.
En 2012, la Représentante de la Maison Royale du Burundi S.A.R.la Princesse Rosa Paula Iribagiza a reçu de la part de du Roi Albert II la décoration de « Commandeur de l’ordre de la couronne », en reconnaissance des services rendus par la famille royale du Burundi. (Merci à Louise – Copyright photos : DR)
JAY
21 novembre 2016 @ 09:13
Passionnant cette article sur cette famille royale.
Je ne savais pas que le Gouvernement reconnaissait et les aidé officiellement.
Lars de Winter
21 novembre 2016 @ 09:54
Bonjour. Merci bien pour faire connu a nous l’histoire de la famille royale de Bururndi.
Leonor
21 novembre 2016 @ 11:35
Fort intéressant article, au vu d’une première lecture en survol. Merci, Louise, cela change des royautés » classiques ».
Mais, mais …
Ces régions d’Afrique ne vont pas bien, et le Burundi pas bien du tout. Pas vraiment le moment d’aller y faire un tour.
Pierre-Yves
21 novembre 2016 @ 12:04
Là, on sort des sentiers battus !
Il va me falloir une lecture très attentive pour me repérer dans les protagonistes de cette histoire et de cette famille, mon cerveau européen peinant à enregistrer les patronymes africains. Suis-je le seul ?
AnneLise
21 novembre 2016 @ 21:16
Non, mais on va s’appliquer.
aubert
21 novembre 2016 @ 23:44
N&R le refuge des dynasties perdues.
Olivier d'Abington
21 novembre 2016 @ 15:52
Merci beaucoup de mettre en lumière cette famille royale!
Dommage qu’on n’en parle pas suffisamment dans d’autres médias. Cela permettrait de rappeler à certains ignares que l’Afrique est entrée dans l’Histoire depuis bien longtemps!
Par ailleurs, cette synthèse très claire donne très envie d’en savoir davantage (par exemple sur l’origine du blason royale, qui suit fidèlement les principes de l’héraldique européenne… De quand date-t-il?)
Gérard
22 novembre 2016 @ 14:08
Les armoiries actuelles du Burundi sont les mêmes que celles du royaume en ce qui concerne l’écu. Les armoiries du royaume ont été adoptées en 1962. Elles sont surmontées du tambour royal (karyenda) entouré de deux branches de laurier. Au départ comme on le voit sur les monnaies il n’y avait qu’une branche à dextre. Quatre lances sont passées sous l’écu en sautoir. La devise en kirundi « Ganza Sabwa » signifie à peu près « Règne et Reçois [les hommages dus au roi]» qui se voulait une devise d’harmonie et de constance. Aujourd’hui nous avons toujours un écu de gueules à la tête de lion d’or, le tout liséré du même. Mais depuis 1966 l’écu est entouré de trois lances et la devise est : « Unité, Travail, Progrès ».
On observera que le lion de la république a l’air beaucoup plus en colère que celui du mwami. Mais dans les armoiries qui furent utilisées sous le mandat belge au Rouanda-Uurundi, le lion avait cet air sévère déjà et était placé dans la partie inférieure d’un écu en forme de bouclier de gueules (rouge) dont la partie supérieure était occupée par une grue couronnée (balearica pavonica) d’azur, dont la naturelle couronne et les pattes étaient d’or. On trouve des grues couronnées dans ce pays.
Voir : http://herald-dick-magazine.blogspot.fr/2013/07/fete-nationale-du-rwanda-et-du-burundi.html
Le premier drapeau utilisé en 1961 était composé de trois bandes verticales rouge, blanche et verte avec un tambour royal jaune sur la bande blanche. Le rouge symbolisait le sang versé pour l’indépendance, le vert l’espoir et le blanc la paix. Puis on utilisa du 1er juillet 1962 au 28 novembre 1966 sous la monarchie un drapeau composé d’une croix de saint André blanche formant donc entre ces branches quatre triangles, ceux d’en haut et d’en bas rouges et les latéraux verts. Au centre un cercle blanc portait un tambour royal jaune ou parfois noir et on ajouta au-dessous de ce tambour royal dans le même disque une plante de sorgho rouge tigée et feuillée de vert. On devait remplacer les symboles centraux ensuite sous la république par trois étoiles rouges lisérées de vert qui symbolisent, comme les lances derrière les armoiries actuelles, les trois groupes ethniques principaux : Tutsi, Hutu et Twa.
Un blogueur intellectuel burundais, Apollinaire Nkurunziza, écrivait en juin dernier une chronique qui se terminait ainsi à propos des discussions sans fin sur la Constitution de la république : « Par contre, excédé de cette lecture différente, erronée et biaisée de la Constitution, je me fais l’idée du Burundi ancien, sous le Mwami, sans la Constitution, ni l’alphabet. Le Burundi avait la paix, le pain, la joie. Et je me demande de quoi la république a de mieux que la monarchie ? »
Gérard
22 novembre 2016 @ 14:14
Je ne connaissais pas cette deuxième devise que nous trouvons sur l’illustration de cette chronique : Imama, Umwami, Uburundi, qui signifie Dieu, le Roi, le Burundi. Les Burundais affirment être monothéistes depuis 15 000 ans.
Corsica
22 novembre 2016 @ 18:06
Il ne faisait pas bon être fils du Mwami. Ses deux seuls fils ont été assassinés, l’un en 1961 et l’autre en 1972.
Pascal
22 novembre 2016 @ 18:43
Merci pour cet article .
Il y avait tant de rois , de « fons » …en Afrique .
Sans oublier la monarchie la plus prestigieuse à mes yeux : celle d’Ethiopie .
Il y a matière à de nombreux articles !
joseph
22 novembre 2016 @ 23:26
Super ecusson ( !? ) avec un lion ,des flèches …et la couleur rouge et or .
KAZE Fidélité
20 juillet 2021 @ 15:44
courrage je me sents bien de lire votre livre .continuons pour d’autres livres