Ce 11 novembre, le roi des Belges était au Soldat Inconnu à Bruxelles pour commémorer l’Armistice mais aussi rendre hommage aux victimes des deux guerres mondiales et lors d’opérations militaires. (Copyright photos : Palais royal)
J’aime bien qu’on rende hommage » aux victimes des deux guerres mondiales », sans distinction de nationalité, si tel est bien le cas.
Car bien rares sont les hommes qui ont pu choisir leur camp.
Quand un gouvernement déclare la guerre, que la mobilisation est décrétée, il y a obligation pour les hommes de se présenter sous les drapeaux, sous peine d’être déclaré déserteur, donc potentiellement en route pour la Cour martiale et le poteau d’exécution.
On l’oublie trop souvent.
Mes deux grands-pères ont été ainsi contraints de faire la Grande Guerre sous l’uniforme de l’Empire allemand.
L’un a combattu sur le front russe – j’ai son carnet de guerre -. L’autre est mort sur le Chemin des Dames, 3e édition, printemps 1918. En face, exactement en face de là où commandait ( un peu !) au même moment , le grand-père de mon mari .
Le télégramme de décès de l’un , aux armes impériales, et les carnets de guerre français de l’autre en témoignent.
On voudra bien comprendre, dès lors, à quel point notre famille est pro-européenne ….
PS : Tiens, si jamais il y a parmi vous, amis internautes, un(e) spécialiste du droit de la nationalité, le cas de l’un de ces deux hommes est intéressant.
Je l’ai récemment soumis à un jeune ami , très éminent juriste, qui a déclaré forfait ….
Avis aux amateurs : ?
Soumettez moi votre cas Leonor, les arcanes relatives à la nationalité en Alsace (mais aussi à l’indigénat d’avant l’empire de 1871 dans les états allemands), je connais.
Trois frères de mon père, de 18 à 24 ans, sont morts pour l’empereur d’Allemagne, et cela me fait très mal d’entendre parler d’eux comme des ennemis.
Je vous comprends donc très bien et je suis une ardente européenne moi aussi.
Edwige, le Monument aux Morts de Strasbourg est à cet égard exemplaire :
La sculpture qui le surmonte est une sorte de Pièta . Elle représente une mère, assise, en pleurs, les corps de deux fils morts sur ses genoux, un fils sur chaque genou. Sans uniforme. Juste des hommes morts.
Et sur le socle est écrit, sobrement : « A nos morts »
Documentation : https://www.francebleu.fr/emissions/lieux-de-memoire/le-monument-aux-morts-de-strasbourg
Oui, Edwige, la construction européenne est encore bien imparfaite. Mais on aurait tort d’oublier que, hormis en Yougoslavie, l’Europe est en paix maintenant depuis 70 ans .
C’est énorme .
Nous frontaliers, Edwige, le savons mieux que personne , au regard de ce que nos familles ont dû traverser pendant 3 guerres.
Il reste beaucoup à faire, mais ce résultat-là est si fantastique qu’il permet de garder espoir , et de tenir bon pour la suite.
Merci pour cette réponse Léonor, il y a très peu de personnes qui comprennent, même dans ma famille maternelle belge j’entends parfois des remarques pénibles.
Le seul qui m’ai jamais dit une parole humaine à ce sujet est un ami malheureusement décédé. Il m’a dit: le 11 novembre pense que la commémoration est pour eux aussi !
Le dernier de mes oncle est mort en octobre 1918 soit 3 semaines avant l’armistice
Jean Pierre, puisque vous êtes volontaire pour vous creuser la cervelle … Mais il y faudra aussi des connaissances en droit de la nationalité française, par définition.
Voici.
Ce grand-père-là, prénommé Emil, a donc, été mobilisé dans les armées du Kaiser en 1914, et y a laissé la vie, en juin 1918.
Avant sa mobilisation en 1914, il s’était marié à Strasbourg et y vivait, ses deux enfant y étaient nés.
Il était à l’évidence réputé allemand puisque mobilisé comme tel, l’Alsace étant alors allemande depuis la défaite française de 1870.
Or, Emil P. était né à PARIS, en 1884, de père inconnu (*) , et d’une mère ( L.) certes alsacienne, mais née , elle, avant 1870, très probablement en Alsace ( **) , alors que l’Alsace était encore française. Donc, née … française.
(**) je n’ai pas encore trouvé son lieu de naissance exact, mais que ce soit en Alsace, c’est certain.
(*) on sait que la mère, L., était bonne ou cuisinière, personnel de maison à Paris, comme de nombreuses Alsaciennes.
Je me suis dit un jour que la nationalité de cet homme , né à Paris et d’une mère elle-même née française – mais sans doute redevenue allemande du fait de la défaite française de 1870), que sa nationalité donc, n’était pas une évidence !
Droit du sol et droit du sang s’y confondent.
Mon jeune ami éminent juriste s’est gratté la tête … ! Récemment » nommé à de hautes fonctions » , il n’a pas eu le temps , depuis notre récente conversation, de poursuivre ces recherches-là.
C’est ici, pour qui ignore le fait alsacien, juste un exemple entre mille autres de la complexité alsacienne.
Remarquez, ce pauvre grand-père aurait sans doute de toute façon laissé sa vie dans cette conflagration, qu’il ait été identifié comme allemand ou comme français. Pour lui, cela ne changera plus rien…
Pour mon cher papa défunt et sa soeurette non plus, qui se sont retrouvés orphelins de guerre tout petits.
Mais la question demeure, ne serait-ce que par cusiosité intellectuelle.
Si cela vous tente, donc, Jean Pierre ….
Vous n’avez bien entendu aucune obligation de résultat !
Cordialement
Leonor
12 novembre 2016 @ 10:55
J’aime bien qu’on rende hommage » aux victimes des deux guerres mondiales », sans distinction de nationalité, si tel est bien le cas.
Car bien rares sont les hommes qui ont pu choisir leur camp.
Quand un gouvernement déclare la guerre, que la mobilisation est décrétée, il y a obligation pour les hommes de se présenter sous les drapeaux, sous peine d’être déclaré déserteur, donc potentiellement en route pour la Cour martiale et le poteau d’exécution.
On l’oublie trop souvent.
Mes deux grands-pères ont été ainsi contraints de faire la Grande Guerre sous l’uniforme de l’Empire allemand.
L’un a combattu sur le front russe – j’ai son carnet de guerre -. L’autre est mort sur le Chemin des Dames, 3e édition, printemps 1918. En face, exactement en face de là où commandait ( un peu !) au même moment , le grand-père de mon mari .
Le télégramme de décès de l’un , aux armes impériales, et les carnets de guerre français de l’autre en témoignent.
On voudra bien comprendre, dès lors, à quel point notre famille est pro-européenne ….
PS : Tiens, si jamais il y a parmi vous, amis internautes, un(e) spécialiste du droit de la nationalité, le cas de l’un de ces deux hommes est intéressant.
Je l’ai récemment soumis à un jeune ami , très éminent juriste, qui a déclaré forfait ….
Avis aux amateurs : ?
Jean Pierre
12 novembre 2016 @ 12:46
Soumettez moi votre cas Leonor, les arcanes relatives à la nationalité en Alsace (mais aussi à l’indigénat d’avant l’empire de 1871 dans les états allemands), je connais.
Edwige
12 novembre 2016 @ 12:55
Trois frères de mon père, de 18 à 24 ans, sont morts pour l’empereur d’Allemagne, et cela me fait très mal d’entendre parler d’eux comme des ennemis.
Je vous comprends donc très bien et je suis une ardente européenne moi aussi.
Jean Pierre
13 novembre 2016 @ 17:10
L’empereur allemand, il n’y avait pas d’empereur d’Allemagne, ni d’empire d’Allemagne !
Leonor
13 novembre 2016 @ 19:30
Edwige, le Monument aux Morts de Strasbourg est à cet égard exemplaire :
La sculpture qui le surmonte est une sorte de Pièta . Elle représente une mère, assise, en pleurs, les corps de deux fils morts sur ses genoux, un fils sur chaque genou. Sans uniforme. Juste des hommes morts.
Et sur le socle est écrit, sobrement : « A nos morts »
Documentation : https://www.francebleu.fr/emissions/lieux-de-memoire/le-monument-aux-morts-de-strasbourg
Oui, Edwige, la construction européenne est encore bien imparfaite. Mais on aurait tort d’oublier que, hormis en Yougoslavie, l’Europe est en paix maintenant depuis 70 ans .
C’est énorme .
Nous frontaliers, Edwige, le savons mieux que personne , au regard de ce que nos familles ont dû traverser pendant 3 guerres.
Il reste beaucoup à faire, mais ce résultat-là est si fantastique qu’il permet de garder espoir , et de tenir bon pour la suite.
Edwige
14 novembre 2016 @ 13:15
Merci pour cette réponse Léonor, il y a très peu de personnes qui comprennent, même dans ma famille maternelle belge j’entends parfois des remarques pénibles.
Le seul qui m’ai jamais dit une parole humaine à ce sujet est un ami malheureusement décédé. Il m’a dit: le 11 novembre pense que la commémoration est pour eux aussi !
Le dernier de mes oncle est mort en octobre 1918 soit 3 semaines avant l’armistice
Leonor
13 novembre 2016 @ 19:20
Merci de votre écho, Edwige et Jean Pierre.
Jean Pierre, puisque vous êtes volontaire pour vous creuser la cervelle … Mais il y faudra aussi des connaissances en droit de la nationalité française, par définition.
Voici.
Ce grand-père-là, prénommé Emil, a donc, été mobilisé dans les armées du Kaiser en 1914, et y a laissé la vie, en juin 1918.
Avant sa mobilisation en 1914, il s’était marié à Strasbourg et y vivait, ses deux enfant y étaient nés.
Il était à l’évidence réputé allemand puisque mobilisé comme tel, l’Alsace étant alors allemande depuis la défaite française de 1870.
Or, Emil P. était né à PARIS, en 1884, de père inconnu (*) , et d’une mère ( L.) certes alsacienne, mais née , elle, avant 1870, très probablement en Alsace ( **) , alors que l’Alsace était encore française. Donc, née … française.
(**) je n’ai pas encore trouvé son lieu de naissance exact, mais que ce soit en Alsace, c’est certain.
(*) on sait que la mère, L., était bonne ou cuisinière, personnel de maison à Paris, comme de nombreuses Alsaciennes.
Je me suis dit un jour que la nationalité de cet homme , né à Paris et d’une mère elle-même née française – mais sans doute redevenue allemande du fait de la défaite française de 1870), que sa nationalité donc, n’était pas une évidence !
Droit du sol et droit du sang s’y confondent.
Mon jeune ami éminent juriste s’est gratté la tête … ! Récemment » nommé à de hautes fonctions » , il n’a pas eu le temps , depuis notre récente conversation, de poursuivre ces recherches-là.
C’est ici, pour qui ignore le fait alsacien, juste un exemple entre mille autres de la complexité alsacienne.
Remarquez, ce pauvre grand-père aurait sans doute de toute façon laissé sa vie dans cette conflagration, qu’il ait été identifié comme allemand ou comme français. Pour lui, cela ne changera plus rien…
Pour mon cher papa défunt et sa soeurette non plus, qui se sont retrouvés orphelins de guerre tout petits.
Mais la question demeure, ne serait-ce que par cusiosité intellectuelle.
Si cela vous tente, donc, Jean Pierre ….
Vous n’avez bien entendu aucune obligation de résultat !
Cordialement