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 François-Joseph sur son lit de mort, dans ses appartements privés du palais de Schönbrunn

Palais de Schönbrunn, 21 novembre 1916, 8 heures et demie du soir. François-Joseph, atteint d’une congestion pulmonaire qui l’affaiblit depuis plusieurs jours, rend son âme à Dieu. 86 ans après sa naissance en ces lieux, il s’éteint dans le palais où il a vécu et régné.

Jusqu’au matin du 21 novembre, il s’est levé à 3h30 comme il se l’est imposé depuis le début de la guerre, il est resté toute la journée à son bureau et a reçu le chef de sa maison militaire pour un compte-rendu des opérations militaires.

Vers 10 heures, le chapelain de la cour est pourtant venu lui donner le Saint-Sacrement, prétextant une bénédiction du Saint-Père.

Mais en milieu de journée, il est gagné par la fièvre, n’a plus la force de se lever à l’arrivée de son héritier, l’archiduc Charles et de son épouse Zita. Au prix d’un ultime effort, il parvient à aller jusqu’au bout de ses dossier, à apposer ses dernières signatures au bas des actes soumis à son examen. Mais engourdi par la fatigue et la fièvre, il a fini par s’assoupir.

Lorsque Marie-Valérie lui rend visite après son repas du soir, il lui avoue se sentir très mal. Et c’est avec l’aide de deux laquais qu’il lui faut se coucher.

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Le souverain dans son cercueil, revêtu de l’uniforme d’apparat de Feldmarschall

Malgré cela, il pense toujours au affaires de l’État et à son valet de chambre venu prendre ses ordres, il lui dit, résumant toute une vie de travail : « Demain matin, trois heures et demie ». Ce seront ses dernières paroles. Un premier sommeil, suivi d’une quinte de toux, et le vénérable empereur rend son dernier soupir. Il revient alors à Marie-Valérie d’accomplir le dernier geste de piété filiale en lui fermant les yeux.

L’empereur repose dans un premier temps sur son lit, dans ses appartements privés. Entre ses mains, est glissé un chapelet, symbole de sa profonde foi religieuse. Mais aussi une branche de sapin cueillie dans ses chères forêts d’Ischl où il aimait tant chasser.

Très attentionné et plein de délicatesse, le nouvel empereur Charles fait appeler Katharina Schratt qu’il conduit lui-même auprès de la dépouille mortelle. Dans un dernier geste de tendresse, tandis qu’elle murmure une prière, elle dépose deux roses blanches entre les mains du défunt.

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Mise en bière du souverain dans ses appartements de Schönbrunn

Avant que François-Joseph ne rejoigne sa dernière demeure, neuf jours vont s’écouler. Une chapelle ardente a été dressée dans la chambre de l’empereur où viennent se recueillir dans un premier temps ses filles et ses petits-enfants.

Mais le cérémonial de la Maison d’Autriche régit la mort de ses membres comme il a réglé leur vie. Pour son ultime voyage, le souverain a été revêtu de l’uniforme d’apparat de Feldmarschall, tunique blanche et pantalon rouge à parements d’or. Sur la tunique, a été fixé l’ordre de la Toison d’or. Jusque dans la mort est souligné le lien qui l’unissait à son armée. Plusieurs jours durant, ses sujets peuvent venir le voir reposer dans son cercueil.

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Le cercueil du souverain, posé sur le corbillard impérial, quitte le palais de Schönbrunn

Mais avec le transfert à la Hofburg s’impose le faste des grandes funérailles. La dépouille de François-Joseph est exposée sur un catafalque dans la chapelle du palais au milieu d’une multitude de couronnes de fleurs et de cierges. Durant trois jours, les Viennois peuvent défiler pour un ultime hommage.

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Le cortège funèbre sort de la Hofburg en direction du Burgtor, la porte donnant sur le Ring

Le 30 novembre enfin, les obsèques déroulent une dernière fois toute la pompe habsbourgeoise. Les dernières, en effet, mais on ne le sait pas encore, dans un Empire qui expirera moins de deux ans plus tard.

Tiré par huit chevaux noirs, l’imposant corbillard noir des empereurs d’Autriche est précédé par des voitures chargées de couronnes de fleurs et de calèches contenant les hauts dignitaires de la Cour. Puis viennent une succession de voitures transportant les membres de la famille impériale et les souverains et princes étrangers venus à Vienne. En grand uniforme, la garde à cheval fait escorte au défunt pour son dernier parcours dans sa capitale.

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La garde à cheval, puis le corbillard impérial, sur le Ring, devant le monument de l’impératrice Marie-Thérèse

Le cortège sort de la Hofburg par le Burgtor, longe le Ring, la grande œuvre urbaine du souverain : une parade funèbre comme un dernier hommage à ses 68 ans de règne.

Il traverse ensuite la vieille ville pour arriver à la cathédrale Saint-Étienne où est célébré le service religieux. A la fin de la cérémonie, après que l’hymne impérial ait retenti une dernière fois en l’honneur du souverain, le cortège se forme à nouveau et parcourt la centaine de mètres qui le sépare de la crypte des Capucins.

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Le nouvel empereur Charles Ier, accompagné de Zita en grand deuil et de son fils Otto

S’avançant à pas lents, le nouveau couple impérial ouvre la marche. L’empereur porte le long manteau des officiers généraux tandis que l’impératrice, en grand deuil, disparaît sous un immense voile noir. Entre eux, marche dignement, du haut de ses quatre ans, l’héritier de l’Empire, celui pour lequel on espère un avenir meilleur, l’archiduc Otto.

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Le cercueil porté sur le corbillard d’apparat pour son dernier voyage vers la crypte des Capucins

Lorsque le corbillard d’apparat s’immobilise devant l’entrée de la chapelle des Capucins, le cercueil est porté par les soldats de la garde impériale. Le grand maître de la Cour et le père abbé des Capucins commencent alors un dialogue rituel qui précède l’entrée des souverains dans leur dernière demeure. Un rituel au cours duquel la puissance temporelle s’incline devant la puissance divine. Trois coups sont frappés sur la porte d’entrée.

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Crypte des Capucins :les tombeaux de Charles VI et son épouse Élisabeth Christine

Le capucin demande : « Qui est là? ».

Au nom du défunt, le grand maître de la Cour répond : « Je suis Sa Majesté l’empereur d’Autriche et roi de Hongrie ».

« Je ne le connais pas » répond le Capucin. « Qui demande à entrer ? » ajoute-t-il.

« Je suis François-Joseph, empereur d’Autriche, roi de Hongrie, roi de Bohême, de Dalmatie, de Croatie, de Slavonie, de Galicie, de Lodomérie et d’Illyrie, roi de Jérusalem, archiduc d’Autriche, grand-duc de Toscane et de Cracovie, duc de Lorraine, de Salzbourg, de Styrie, de Carinthie, de Carniole et de Bukovine, grand-prince de Transylvanie, margrave de Moravie, duc de Haute et de Basse-Silésie, de Modène, Parme, Plaisance et Guastalla, d’Auschwitz et de Zator, de Teschen, Frioul, Raguse et Zara, comte princier de Habsbourg et du Tyrol, de Kybourg, Goritz et Gradisca, prince de Trente et de Bressanone, margrave de Haute et de Basse-Lusace et en Istrie, comte de Hohenembs, de Feldkirch, Bregenz et Sonnenberg, seigneur de Trieste, de Cattaro, grand voïvode du voïvodat de Serbie ».

« Je ne le connais pas » s’obstine le capucin. « Qui demande à entrer ici ? »

« Je suis François-Joseph, un pauvre pêcheur et j’implore la miséricorde de Dieu. » La voix derrière la porte répond : « Alors, tu peux entrer ».

 

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Tandis que s’ouvre la lourde porte, François-Joseph est arrivé au terme de son pèlerinage sur terre. Le cercueil est descendu dans la crypte où il est confié à la garde des frères capucins.

Il prend place au milieu de ses ancêtres, dans une salle qui lui est réservée. Ici l’attendent déjà son épouse adorée, son fils regretté, et c’est sur un piédestal surélevé d’un mètre cinquante que repose le sarcophage de bronze qui abrite sa dépouille mortelle.

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Cette crypte a été réalisée en 1908, à l’occasion des 60 ans de règne du souverain. Il décida en effet d’aménager les caves du cloître des capucins pour les transformer en chapelle et mausolée pour lui-même, son épouse et son fils.

Après l’achèvement de la « crypte François-Joseph » et de la chapelle, les cercueils d’Élisabeth et Rodolphe, primitivement installés dans la « crypte Ferdinand », sont transférés dans cette nouvelle crypte où François-Joseph les rejoint en ce 30 novembre 1916.

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La chapelle voisine aménagée à la même époque abrite un buste commémoratif de l’empereur Charles Ier, son successeur qui est inhumé à Madère où il est décédé.

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La chapelle sert de crypte à son épouse Zita, la dernière impératrice, inhumée en ces lieux en 1989 selon le même cérémonial utilisé en 1916. Le sarcophage ainsi que ceux de ses enfants, a été réalisé sur le modèle du sarcophage de François-Joseph.

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Elle est entourée des cercueils de ses fils, l’archiduc Charles-Louis, inhumé en 2007, et ceux de l’archiduc Otto et de son épouse, Régina, inhumés dans la crypte quelques jours après le décès d’Otto, le 16 juillet 2011. L’archiduc Otto, héritier de la dynastie, y a été conduit après que son cercueil ait suivi le même itinéraire que celui parcouru par son arrière grand-oncle 95 ans plus tôt.

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Selon leur souhait, Otto et Régina de Habsbourg-Lorraine ont été inhumés en même temps dans cette crypte. Ils sont les derniers à avoir rejoint la nécropole impériale parmi les cent quarante-neuf défunts de la maison d’Autriche dont douze empereurs et dix-neuf impératrices et reines. 149 Habsbourg qui ont fait l’histoire de l’Autriche et de l’Europe reposent ici pour l’éternité.

Pour de plus amples informations sur la crypte des Capucins, voir l’article sur ce sujet : http://www.noblesseetroyautes.com/la-crypte-des-capucins-necropole-de-la-maison-dautriche/

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Sources pour l’ensemble des articles consacrés à François-Joseph et l’Autriche impériale :

Sources bibliographiques :

  • Jean-Paul Bled, François-Joseph, Fayard, Paris, 1987.
  • Otto Ernst, Le dernier siècle de la Cour de Vienne, François-Joseph intime, Payot, Paris, 1933.
  • René Pinon, François-Joseph, Essai d’histoire psychologique, Perrin, Paris, 1917.
  • Raymond Recouly, François-Joseph, le crépuscule d’un empire, Éditions de France, Paris, 1936.
  • Comte de Saint-Aulaire, François-Joseph, Fayard, 1945.
  • Karl Tschuppik, François-Joseph, l’effondrement d’un empire, Armand Colin, Paris, 1933.
  • Frédéric Lacombe, François-Joseph, un personnage aux multiples facettes, UPV, Montpellier, 1994.
  • Jean des Cars, Élisabeth d’Autriche ou la fatalité, Perrin, Paris, 1983.
  • Egon Corti, Élisabeth d’Autriche, Sissi, Payot, 1992.
  • Brigitte Hamann, Élisabeth d’Autriche, Fayard, Paris, 1985.
  • Joan Haslip, Élisabeth d’Autriche, l’impératrice de la solitude, Hachette, Paris, 1965.
  • Jean-Paul Bled, Rodolphe et Mayerling, Fayard, Paris, 1989.
  • Les manuscrits du CEDRE, L’Empire d’Autriche, Tomes 1-2-3, Paris, 1992.
  • Léopold, archiduc d’Autriche, Souvenirs de la Cour de Vienne, Payot, Paris, 1937.
  • L’Illustration, 1848-1916

Sources internet :

Sources iconographiques :

  • Palais du Belvédère, « François-Joseph empereur »
  • Château de Schönbrunn, Exposition « Homme et souverain »
  • Musée des Carrosses impériaux, Exposition « Représentation et simplicité »
  • Musée du château d’Artstetten
  • Kaiservilla de Bad Ischl
  • Musée d’histoire de Bad Ischl
  • Documents personnels

Noblesse et Royautés remercie Francky pour toute cette série d’articles consacrés à l’empereur François-Joseph en cette année où l’on commémore les 100 ans de son décès.