François-Joseph sur son lit de mort, dans ses appartements privés du palais de Schönbrunn
Palais de Schönbrunn, 21 novembre 1916, 8 heures et demie du soir. François-Joseph, atteint d’une congestion pulmonaire qui l’affaiblit depuis plusieurs jours, rend son âme à Dieu. 86 ans après sa naissance en ces lieux, il s’éteint dans le palais où il a vécu et régné.
Jusqu’au matin du 21 novembre, il s’est levé à 3h30 comme il se l’est imposé depuis le début de la guerre, il est resté toute la journée à son bureau et a reçu le chef de sa maison militaire pour un compte-rendu des opérations militaires.
Vers 10 heures, le chapelain de la cour est pourtant venu lui donner le Saint-Sacrement, prétextant une bénédiction du Saint-Père.
Mais en milieu de journée, il est gagné par la fièvre, n’a plus la force de se lever à l’arrivée de son héritier, l’archiduc Charles et de son épouse Zita. Au prix d’un ultime effort, il parvient à aller jusqu’au bout de ses dossier, à apposer ses dernières signatures au bas des actes soumis à son examen. Mais engourdi par la fatigue et la fièvre, il a fini par s’assoupir.
Lorsque Marie-Valérie lui rend visite après son repas du soir, il lui avoue se sentir très mal. Et c’est avec l’aide de deux laquais qu’il lui faut se coucher.
Le souverain dans son cercueil, revêtu de l’uniforme d’apparat de Feldmarschall
Malgré cela, il pense toujours au affaires de l’État et à son valet de chambre venu prendre ses ordres, il lui dit, résumant toute une vie de travail : « Demain matin, trois heures et demie ». Ce seront ses dernières paroles. Un premier sommeil, suivi d’une quinte de toux, et le vénérable empereur rend son dernier soupir. Il revient alors à Marie-Valérie d’accomplir le dernier geste de piété filiale en lui fermant les yeux.
L’empereur repose dans un premier temps sur son lit, dans ses appartements privés. Entre ses mains, est glissé un chapelet, symbole de sa profonde foi religieuse. Mais aussi une branche de sapin cueillie dans ses chères forêts d’Ischl où il aimait tant chasser.
Très attentionné et plein de délicatesse, le nouvel empereur Charles fait appeler Katharina Schratt qu’il conduit lui-même auprès de la dépouille mortelle. Dans un dernier geste de tendresse, tandis qu’elle murmure une prière, elle dépose deux roses blanches entre les mains du défunt.
Mise en bière du souverain dans ses appartements de Schönbrunn
Avant que François-Joseph ne rejoigne sa dernière demeure, neuf jours vont s’écouler. Une chapelle ardente a été dressée dans la chambre de l’empereur où viennent se recueillir dans un premier temps ses filles et ses petits-enfants.
Mais le cérémonial de la Maison d’Autriche régit la mort de ses membres comme il a réglé leur vie. Pour son ultime voyage, le souverain a été revêtu de l’uniforme d’apparat de Feldmarschall, tunique blanche et pantalon rouge à parements d’or. Sur la tunique, a été fixé l’ordre de la Toison d’or. Jusque dans la mort est souligné le lien qui l’unissait à son armée. Plusieurs jours durant, ses sujets peuvent venir le voir reposer dans son cercueil.
Le cercueil du souverain, posé sur le corbillard impérial, quitte le palais de Schönbrunn
Mais avec le transfert à la Hofburg s’impose le faste des grandes funérailles. La dépouille de François-Joseph est exposée sur un catafalque dans la chapelle du palais au milieu d’une multitude de couronnes de fleurs et de cierges. Durant trois jours, les Viennois peuvent défiler pour un ultime hommage.
Le cortège funèbre sort de la Hofburg en direction du Burgtor, la porte donnant sur le Ring
Le 30 novembre enfin, les obsèques déroulent une dernière fois toute la pompe habsbourgeoise. Les dernières, en effet, mais on ne le sait pas encore, dans un Empire qui expirera moins de deux ans plus tard.
Tiré par huit chevaux noirs, l’imposant corbillard noir des empereurs d’Autriche est précédé par des voitures chargées de couronnes de fleurs et de calèches contenant les hauts dignitaires de la Cour. Puis viennent une succession de voitures transportant les membres de la famille impériale et les souverains et princes étrangers venus à Vienne. En grand uniforme, la garde à cheval fait escorte au défunt pour son dernier parcours dans sa capitale.
La garde à cheval, puis le corbillard impérial, sur le Ring, devant le monument de l’impératrice Marie-Thérèse
Le cortège sort de la Hofburg par le Burgtor, longe le Ring, la grande œuvre urbaine du souverain : une parade funèbre comme un dernier hommage à ses 68 ans de règne.
Il traverse ensuite la vieille ville pour arriver à la cathédrale Saint-Étienne où est célébré le service religieux. A la fin de la cérémonie, après que l’hymne impérial ait retenti une dernière fois en l’honneur du souverain, le cortège se forme à nouveau et parcourt la centaine de mètres qui le sépare de la crypte des Capucins.
Le nouvel empereur Charles Ier, accompagné de Zita en grand deuil et de son fils Otto
S’avançant à pas lents, le nouveau couple impérial ouvre la marche. L’empereur porte le long manteau des officiers généraux tandis que l’impératrice, en grand deuil, disparaît sous un immense voile noir. Entre eux, marche dignement, du haut de ses quatre ans, l’héritier de l’Empire, celui pour lequel on espère un avenir meilleur, l’archiduc Otto.
Le cercueil porté sur le corbillard d’apparat pour son dernier voyage vers la crypte des Capucins
Lorsque le corbillard d’apparat s’immobilise devant l’entrée de la chapelle des Capucins, le cercueil est porté par les soldats de la garde impériale. Le grand maître de la Cour et le père abbé des Capucins commencent alors un dialogue rituel qui précède l’entrée des souverains dans leur dernière demeure. Un rituel au cours duquel la puissance temporelle s’incline devant la puissance divine. Trois coups sont frappés sur la porte d’entrée.
Crypte des Capucins :les tombeaux de Charles VI et son épouse Élisabeth Christine
Le capucin demande : « Qui est là? ».
Au nom du défunt, le grand maître de la Cour répond : « Je suis Sa Majesté l’empereur d’Autriche et roi de Hongrie ».
« Je ne le connais pas » répond le Capucin. « Qui demande à entrer ? » ajoute-t-il.
« Je suis François-Joseph, empereur d’Autriche, roi de Hongrie, roi de Bohême, de Dalmatie, de Croatie, de Slavonie, de Galicie, de Lodomérie et d’Illyrie, roi de Jérusalem, archiduc d’Autriche, grand-duc de Toscane et de Cracovie, duc de Lorraine, de Salzbourg, de Styrie, de Carinthie, de Carniole et de Bukovine, grand-prince de Transylvanie, margrave de Moravie, duc de Haute et de Basse-Silésie, de Modène, Parme, Plaisance et Guastalla, d’Auschwitz et de Zator, de Teschen, Frioul, Raguse et Zara, comte princier de Habsbourg et du Tyrol, de Kybourg, Goritz et Gradisca, prince de Trente et de Bressanone, margrave de Haute et de Basse-Lusace et en Istrie, comte de Hohenembs, de Feldkirch, Bregenz et Sonnenberg, seigneur de Trieste, de Cattaro, grand voïvode du voïvodat de Serbie ».
« Je ne le connais pas » s’obstine le capucin. « Qui demande à entrer ici ? »
« Je suis François-Joseph, un pauvre pêcheur et j’implore la miséricorde de Dieu. » La voix derrière la porte répond : « Alors, tu peux entrer ».
Tandis que s’ouvre la lourde porte, François-Joseph est arrivé au terme de son pèlerinage sur terre. Le cercueil est descendu dans la crypte où il est confié à la garde des frères capucins.
Il prend place au milieu de ses ancêtres, dans une salle qui lui est réservée. Ici l’attendent déjà son épouse adorée, son fils regretté, et c’est sur un piédestal surélevé d’un mètre cinquante que repose le sarcophage de bronze qui abrite sa dépouille mortelle.
Cette crypte a été réalisée en 1908, à l’occasion des 60 ans de règne du souverain. Il décida en effet d’aménager les caves du cloître des capucins pour les transformer en chapelle et mausolée pour lui-même, son épouse et son fils.
Après l’achèvement de la « crypte François-Joseph » et de la chapelle, les cercueils d’Élisabeth et Rodolphe, primitivement installés dans la « crypte Ferdinand », sont transférés dans cette nouvelle crypte où François-Joseph les rejoint en ce 30 novembre 1916.
La chapelle voisine aménagée à la même époque abrite un buste commémoratif de l’empereur Charles Ier, son successeur qui est inhumé à Madère où il est décédé.
La chapelle sert de crypte à son épouse Zita, la dernière impératrice, inhumée en ces lieux en 1989 selon le même cérémonial utilisé en 1916. Le sarcophage ainsi que ceux de ses enfants, a été réalisé sur le modèle du sarcophage de François-Joseph.
Elle est entourée des cercueils de ses fils, l’archiduc Charles-Louis, inhumé en 2007, et ceux de l’archiduc Otto et de son épouse, Régina, inhumés dans la crypte quelques jours après le décès d’Otto, le 16 juillet 2011. L’archiduc Otto, héritier de la dynastie, y a été conduit après que son cercueil ait suivi le même itinéraire que celui parcouru par son arrière grand-oncle 95 ans plus tôt.
Selon leur souhait, Otto et Régina de Habsbourg-Lorraine ont été inhumés en même temps dans cette crypte. Ils sont les derniers à avoir rejoint la nécropole impériale parmi les cent quarante-neuf défunts de la maison d’Autriche dont douze empereurs et dix-neuf impératrices et reines. 149 Habsbourg qui ont fait l’histoire de l’Autriche et de l’Europe reposent ici pour l’éternité.
Pour de plus amples informations sur la crypte des Capucins, voir l’article sur ce sujet : http://www.noblesseetroyautes.com/la-crypte-des-capucins-necropole-de-la-maison-dautriche/
Sources pour l’ensemble des articles consacrés à François-Joseph et l’Autriche impériale :
Sources bibliographiques :
- Jean-Paul Bled, François-Joseph, Fayard, Paris, 1987.
- Otto Ernst, Le dernier siècle de la Cour de Vienne, François-Joseph intime, Payot, Paris, 1933.
- René Pinon, François-Joseph, Essai d’histoire psychologique, Perrin, Paris, 1917.
- Raymond Recouly, François-Joseph, le crépuscule d’un empire, Éditions de France, Paris, 1936.
- Comte de Saint-Aulaire, François-Joseph, Fayard, 1945.
- Karl Tschuppik, François-Joseph, l’effondrement d’un empire, Armand Colin, Paris, 1933.
- Frédéric Lacombe, François-Joseph, un personnage aux multiples facettes, UPV, Montpellier, 1994.
- Jean des Cars, Élisabeth d’Autriche ou la fatalité, Perrin, Paris, 1983.
- Egon Corti, Élisabeth d’Autriche, Sissi, Payot, 1992.
- Brigitte Hamann, Élisabeth d’Autriche, Fayard, Paris, 1985.
- Joan Haslip, Élisabeth d’Autriche, l’impératrice de la solitude, Hachette, Paris, 1965.
- Jean-Paul Bled, Rodolphe et Mayerling, Fayard, Paris, 1989.
- Les manuscrits du CEDRE, L’Empire d’Autriche, Tomes 1-2-3, Paris, 1992.
- Léopold, archiduc d’Autriche, Souvenirs de la Cour de Vienne, Payot, Paris, 1937.
- L’Illustration, 1848-1916
Sources internet :
Sources iconographiques :
- Palais du Belvédère, « François-Joseph empereur »
- Château de Schönbrunn, Exposition « Homme et souverain »
- Musée des Carrosses impériaux, Exposition « Représentation et simplicité »
- Musée du château d’Artstetten
- Kaiservilla de Bad Ischl
- Musée d’histoire de Bad Ischl
- Documents personnels
Noblesse et Royautés remercie Francky pour toute cette série d’articles consacrés à l’empereur François-Joseph en cette année où l’on commémore les 100 ans de son décès.
Damien B.
30 novembre 2016 @ 06:40
En effet, on ne peut que féliciter et remercier Francky pour ses articles érudits et richement illustrés qui donnent à mieux connaître l’empereur François-Joseph.
DEB
30 novembre 2016 @ 07:53
Vos articles étaient parfaits Francky.
Je les ai lus avec intérêt et appris des détails, qui m’étaient inconnus, sur sa vie.
Je connaissais son sens de l’état mais vous avez très bien souligné à quel point il avait poussé son dévouement à son pays.
À l’article de la mort, il donnait encore rendez-vous à son valet de chambre pour se remettre au travail à 3h1/2 du matin.
C’est impressionnant !
AnneLise
30 novembre 2016 @ 08:39
Extraordinaire ! rien à ajouter si ce n’est que tous ces articles richement documentés méritent d’être enregistrés, lus et relus
Merci encore Francky
Dominique d'amico
30 novembre 2016 @ 19:09
Je suis tout a fait de cet avis
neoclassique
30 novembre 2016 @ 08:43
je vous salue chapeau bas, Francky, à nouveau
quel article passionnant!
on a l ‘impression en vous lisant de vivre l’évènement sous votre plume
superbe iconographie et en plus vous citez votre large biographie qui en dit long sur votre passion et votre érudition
Lars de Winter
30 novembre 2016 @ 11:02
Les articles sur Francois-Joseph de l’ Autriche-Hongrie sont vraiment superbes. Mes felicitations pour cette serie extraordinaire et emouvante.
Augustine
30 novembre 2016 @ 11:11
Merci pour ce reportage plus qu’intéressant
beji
30 novembre 2016 @ 12:14
Merci Francky,vos articles agrémentés de photos que je ne connaissais pas m’ont
beaucoup intéressée.
Jean Pierre
30 novembre 2016 @ 12:46
Même la guerre dans laquelle allait s’ensabler l’Autriche et la Hongrie n’a pas modifié le cérémonial.
Myriam
30 novembre 2016 @ 13:36
Quel beau reportage sur François-Joseph.
Merci à vous Madame Régine.
LALO71
30 novembre 2016 @ 13:39
Très intéressant et bien illustré, merci !
COLETTE C.
30 novembre 2016 @ 15:20
Merci pour ces rares photos.
Pierre-Yves
30 novembre 2016 @ 17:11
Passionnante série d’articles, en effet. Je remercie une fois de plus Francky de ce magnifique travail, qui fait la boucle avec le très beau récit que Cosmo nous avait offert il y a un an ou deux sur la tentative de restauration de la monarchie, tentative qui faillit replacer Charles et Zita sur leur trône.
Me vient tout de même une question pragmatique et de bon sens: Le protocole n’a jamais songé à une version écourtée du dialogue à l’entrée de la crypte des Capucins ? Dans la mesure où on connaît la formule permettant l’entrée, pourquoi ne pas la prononcer directement, sans passer par les »fausses » réponses ?
Kaiserin
30 novembre 2016 @ 20:02
Tout simplement pour faire la démonstration que les titres ne sont RIEN face à la mort
AnneLise
30 novembre 2016 @ 21:18
Vanitas vanitatum ! certainement parce que dans le contexte religieux il est nécessaire de montrer que le passage sur terre avec ses attributs n’est que vanité et que dans l’au delà l’égalité règne.
Ce n’est qu’un point de vue qui peut bien sur être sujet à caution. Mais il y a un certain symbolisme à montrer que puissant ou misérable l’issue reste la même.
Alors on décline les titres et on arrive au simple humain.
Cosmo
30 novembre 2016 @ 21:57
Pierre-Yves,
Le conservatisme de la Cour interdisait que l’on touche au protocole même d’un iota…Si le pratique et le bon sens avaient prévalu à la Cour de Vienne, cela se serait su depuis longtemps.
Aujourd’hui, c’est une formule qui relève du folklore historique.
Amicalement
Cosmo
Francky
30 novembre 2016 @ 22:12
Pierre-Yves
Ce cérémonial d’entrée dans la crypte était l’occasion de rappeler une dernière fois tous les titres portés par le défunt, résumé de son pouvoir temporel sur les régions de l’Empire… Une procédure simplifiée aurait ramené l’entrée aux Capucins à celle d’un simple archiduc !
Quoique, pour les obsèques d’Otto de Habsbourg, prince héritier certes, ses enfants ont voulu renouveler le même cérémonial que pour l’empereur, ultime réminiscence d’un Empire défunt.
Un cérémonial qui contrastait avec la simplicité de l’archiduc…
Gauthier
1 décembre 2016 @ 14:46
Le même cérémonial a également été suivi lors des obsèques de l’archiduc Karl-Ludwig en janvier 2008. Les spécialistes de la Maison d’Autriche me corrigeront, mais il me semble que l’archiduc n’avais jamais renoncé à ses droits au trône, et que donc l’utilisation du cérémonial était logique. Pourtant le défunt n’était qu’un simple archiduc…
Il me semble également avoir lu que le cérémonial sera encore utilisé (une dernière fois?) lors des funérailles de la veuve de l’archiduc Karl-Ludwig, l’archiduchesse Yolande, dont le sarcophage est par ailleurs déjà en attente auprès de son mari, sa belle-mère et ses beau-frère et belle-soeur.
Francky
2 décembre 2016 @ 09:29
Gauthier
Vous avez raison: il y a déjà un support de marbre placé à côté du sarcophage de l’archiduc Charles-Louis et à destination de son épouse. Mais le sarcophage de l’archiduchesse, même s’il est prêt, n’est pas encore installé.
Un peu de tact tout de même chez les Habsbourg !
Pascal
1 décembre 2016 @ 22:36
On peut suivre ce moment des obsèques de l’archiduc Otto en video sur internet , ainsi que quelques autres…
C’est très bien filmé car on voit ce qui se passe des deux cotés de la porte .
J’aime beaucoup la symbolique de ce cérémonial et j’ai apprécié de le voir répéter sans doute pour la dernière fois .
Baboula
30 novembre 2016 @ 18:19
Beau reportage qui satisfait mais donne aussi envie d’aller visiter.Merci Francky ,en attente de votre prochain article.
Stéphane C
30 novembre 2016 @ 20:18
Un bel et émouvant hommage à l’empereur François-Joseph et, indirectement, à son petit-neveu, l’archiduc Otto ! Merci à Francky pour sa traduction, ce dernier article et sa recherche iconographique ! Tout cela suscite l’envie d’un retour dans la capitale des Habsbourg …
lorraine 1
30 novembre 2016 @ 20:54
Le dialogue n’a pas été écourté, ni pour l’Impératrice Zita, ni pour l’Archiduc Otto. J’ai suivi les deux obsèques à la télévision et je peux en témoigner.
Sila
30 novembre 2016 @ 21:54
Comme toujours avec Francky les reportages sont très intéressants et peaufinés. Merci.
Pourrais-je vous demander, vous qui connaissez si bien cette dynastie, pourquoi l’empereur Charles ne peut t’il pas rejoindre son épouse Zita dans la crypte ?
Après autant d’années d' »exil ». Son épouse, son fils y sont. Pourquoi pas lui.
J’aimerais vraiment avoir une réponse, cela m’intrigue et me révolte aussi.
Merci
Francky
1 décembre 2016 @ 09:54
Sila,
Le dernier empereur est mort à Madère et y est l’objet d’une dévotion populaire pour le souvenir, certes ponctuel, qu’il y a laissé, et surtout depuis que Jean-Paul II l’a béatifié.
L’impératrice Zita et son fils Otto ont toujours manifesté le souhait que sa dépouille demeure dans l’église de Monte où il repose. Zita, en quittant Madère, en avait confié la garde à l’évêque de Funchal qui en prit l’engagement pour lui et pour ses successeurs. Mais en partant, elle emporta son cœur dans une urne pour qu’il soit déposé dans la crypte de l’abbaye de Muri en Suisse. A sa mort, le cœur de l’impératrice a été prélevé pour être déposé à côté de celui de Charles et que leurs deux cœurs soient à nouveau réunis.
Votre question est néanmoins très légitime, d’autant que les autorité de Madère ont laissé la demeure où est mort le dernier empereur dans un relatif délabrement, que les incendies de l’été dernier ont balayé et réduit en cendres. Les lieux où vécut et mourut le dernier empereur sont ainsi parti en fumé, à ma grande consternation.
Je vous transmets le lien vers une série de 4 articles réalisés en 2011 sur l’exil et la mort de Charles Ier à Madère.
http://www.noblesseetroyautes.com/charles-ier-dautriche-132-jours-dexil-a-madere-premiere-partie-arrivee-de-lempereur-charles-et-de-limperatrice-zita/
Bonne lecture !
Francky
1 décembre 2016 @ 09:56
My God… Excusez-moi pour les fautes d’orthographe que je viens de relever après relecture !
Sila
2 décembre 2016 @ 17:26
Un grand grand merci Francky. Cette réponse me réconforte. En effet, puisque la famille était d’accord pour laisser la dépouille à Madère. Ce n’est donc pas comme je le pensais un « interdit » quelconque.
ciboulette
1 décembre 2016 @ 01:39
Merci , Francky , vos articles m’ont passionnée .
LAMBERT Micheline
1 décembre 2016 @ 09:46
Bonjour, merci en effet à Francky, ses articles sont très intéressants, si bien documentés.
Bonne journée et à bientôt surtout pour de nouveaux articles aussi bien faits.
Ghislaine
1 décembre 2016 @ 09:54
Un superbe moment , émouvant , impressionnant
Otto était habillé bien légèrement .
Zeugma
1 décembre 2016 @ 11:53
Le dithyrambe ne doit tout de même pas faire oublier que c’est l’Autriche qui a déclenché la première guerre mondiale.
L’empereur est fautif car il avait malheureusement laissé la bride sur le cou au chef d’état major Hötzendorf qui entraîna l’empire dans une politique belliqueuse dont les conséquence furent dramatiques pour l’Europe entière.
Francky
2 décembre 2016 @ 09:38
Zeugma,
Il ne vous aura pas échappé que l’Autriche à déclaré la guerre uniquement à la Serbie en 1914. C’est l’Allemagne, par sa volonté d’hégémonie, qui a déclaré la guerre à la Russie et à la France, puis envahi la Belgique provoquant l’entrée en guerre du Royaume-Uni… etc…
Une guerre qui somme toute arrangeait bien tout le monde, à commencer par nous, Français, qui attendions la première occasion pour prendre notre revanche sur les Allemands et récupérer l’Alsace-Lorraine.
Une guerre qui fut une erreur, et qui devint une horreur !
Zeugma
2 décembre 2016 @ 19:03
C’est bien l’Autriche qui a mis le feu aux poudres sans que l’empereur ait tenté quoi que ce soit pour empêcher l’enchaînement qui a conduit à la première guerre mondiale.
Son successeur – l’empereur Charles tenta bien de négocier une paix séparée mais il était trop tard.
L’Autriche nous inquiète par ailleurs beaucoup en ce moment.
Vous avez certainement compris que je veux évoquer le « troisième tour » de l’élection présidentielle qui va opposer dimanche prochain – 4 décembre 2016 – MM. Alexander Van der Bellen et Norbert Hofer.
Francky
3 décembre 2016 @ 10:27
Zeugma
Le nationalisme exacerbé est une mauvaise chose pour un état. A la fin de son règne, FJ était confronté à la volonté croissante de la population allemande de son Empire de se rapprocher de la grande Allemagne toute nouvelle sur la scène internationale.
Je suis d’accord avec vous lorsque vous dites que Hötzendorf et certains cadres de l’armée, de l’administration et même du gouvernement (et même de sa famille) poussaient à une alliance plus étroite avec l’Allemagne. Mais il devait sans cesse temporiser afin que les autres minorités nationales ne soient pas exclues de cette politique. Charles Ier sera confronté quelques mois plus tard au même problème lorsqu’il voudra mettre un terme à ce massacre et sera trahit sans vergogne par ses propres ministres !
Lors des guerres balkaniques qui ont précédé, beaucoup de responsables politiques et militaires voulaient une intervention militaire de l’Autriche-Hongrie, ce qu’il a toujours refusé. Il était parfaitement lucide sur le danger allemand: en 1913, il a même félicité l’ambassadeur français en lui disant que son gouvernement (le nôtre) avait très bien fait de rallonger la durée du service militaire car « avec les Allemands, on ne sait jamais ce dont ils sont capables »…
Néanmoins, les tentatives de déstabilisation menées par les Serbes contre son Empire étaient dangereuses pour l’équilibre précaire de cette mosaïque de peuples. L’assassinat de son héritier (même s’il ne l’appréciait guère) fut l’acte de trop et il a surtout voulu mettre un terme aux attaques de l’organisation terroriste « la main noire », plus ou moins soutenue par le gouvernement serbe.
Avec un siècle de recul, on se rend bien compte que ce n’était pas la solution la plus appropriée mais je vous assure que s’il n’y avait pas eu Sarajevo, la guerre aurait explosé pour une autre raison à un autre moment. Les tensions et les enjeux étaient tels en 1914 que les puissance européennes n’attendaient qu’une chose: une occasion légitime d’entrer en guerre.
Sylvie-Laure
2 décembre 2016 @ 07:17
Toute cette magnifique reconstitution historique de la vie de l’Empereur se termine avec ce dernier article, son décès et ses obsèques plus de nationales.
Un homme dévoué depuis son plus jeune âge à la tâche qui l’attendait. Formé et instruit civilement et religieusement pour ces fonctions suprêmes, qui exigeaient de faire passer la Nation, avant tout autre sentiment (et marital et paternel).
Qui voudrait de nos jours, un pareil conditionnement mental, et une astreinte de tous les instants ? on ne se bouscule pas au portillon (comme on dit de nos jours)
Au décès de l’impératrice en Suisse, quand on lui apporta la dépêche de cette nouvelle, l’empereur aurait murmuré « Rien ne m’aura été épargné », en effet.
Je remercie Francky, pour cet immense travail, textes, photos, réponses aux comms, et il a apporté au grand personnage de l’Empereur, un éclat très particulier, soulignant ses journées, ses heures passées à l’équilibre de cet Empire si fragile, et soumis en permanence, à des « bouillonnements de jeunesse, militaires, et nationalistes ».
Cette série sur l’Empire et la vie de son Empereur mérite toutes mes félicitations.
Sylvie-Laure
2 décembre 2016 @ 07:17
obsèques plus que nationales,
Corsica
2 décembre 2016 @ 23:19
Franky, merci pour la grande qualité, notamment iconographique, de tous vos passionnants articles. C’est toujours un plaisir de vous lire.
Yom
3 décembre 2016 @ 00:38
Il aimait certainement Sissi,n’empêche que quelques mois à peine,plus tard il demandait en mariage une jeune princesse française qui l’a repoussé,jeune princesse très connue chez nous.
Francky
3 décembre 2016 @ 10:05
Yom
De quelle demande en mariage parlez-vous ? Et de quelle princesse ?
J’avoue ne pas connaître cette anecdote…
jade
6 janvier 2017 @ 22:13
merci Francky j’adore lire tous vous articles qui me passionne