Voici une nouvelle carte postale de Porto par Gabriel. « Malheureusement fermé pour rénovation, le Musée romantique de Porto est installé dans le Domaine de Macieirinha, ou Domaine do Sacramento, dans une villa de la fin du XVIII siècle entourée par de terrasses surplombant le Duro, que la municipalité de Porto a acquis en 1972. C’est ici qui mourut en exil le 28 Juillet 1849 Carlos Alberto de Savoie, roi de Sardaigne et prince du Piémont dont le souvenir est évoqué par plusieurs portraits et objets qui lui ont appartenu. »
ml
28 août 2017 @ 05:40
Magnifique !
Porto a plus de charme encore que Lisbonne, je trouve!
ml
JAY
28 août 2017 @ 07:16
J ai eu l occasion de visiter ce musée.. D autant plus romantique que très peu visité et un peu a l écart du circuit touristique habituel…
clémentine1
28 août 2017 @ 08:42
un bonheur de voir tous ces souvenirs de belles visites.
emy
28 août 2017 @ 11:23
Une très jolie photo, qui me donne envie de retourner au Portugal… Merci !
madame de
28 août 2017 @ 13:02
La façade est magnifique.
MARIA EDITE
28 août 2017 @ 18:05
Merci, Gabriel, de publiciter les beautés de mon pays!!!
Leonor
28 août 2017 @ 18:20
J’ai le regret de ne pas connaître le Portugal.
Caroline
28 août 2017 @ 23:48
Gabriel,
Merci pour votre jolie carte postale du Portugal !
Gérard
30 août 2017 @ 03:25
Du temps du roi Charles-Albert c’était la maison d’António Ferreira Pinto Basto (1775-1860), un riche commerçant.
Silvia
16 mars 2018 @ 03:21
Superbe ?
Gérard
30 août 2017 @ 03:39
Après sa mort édifiante dans cette maison de la rue Entre Quintas, le roi fut inhumé dans une chapelle que sa sœur la princesse Élisabeth Carignan de Savoie-Carignan, archiduchesse Rainier d’Autriche, avant d’être transféré en 1849 à la basilique de Supega à Turin où il occupe depuis la place réservée au dernier roi défunt puisque ses successeurs ont été inhumés au Panthéon de Rome.
Gérard
2 septembre 2017 @ 15:36
Peut-être le roi Charles-Albert aurait-il voulu gagner l’Amérique mais à Porto il arriva déjà en mauvaise santé.
Même si chacun connaissait son identité il voyageait sous le titre d’incognito de comte de Barge, qui était un fief de sa maison, les Savoie-Carignan, depuis le XVIIe siècle, et qui est aujourd’hui dans la province de Coni (Cuneo). C’était le nom qui figurait sur son passeport au moment où il quittait le Piémont après la désastreuse défaite contre les Autrichiens à Novarre (Novara) et ainsi que l’ajoute un historien, comme il était pieux et soucieux de ne pas mentir, il pensait que le péché serait moins grave s’il ne mentionnait qu’une partie de la vérité.
À mesure qu’on approchait de la ville il y avait de plus en plus de monde dans les rues à pied ou en équipage mais ce n’était pas seulement la bonne société qui était venue saluer le roi, le peuple était là en grand nombre pour l’assurer de son dévouement et de son affection, plusieurs tombaient à genoux devant lui, d’autres baisaient ses vêtements ou son petit cheval.
Les autorités de la ville de Porto l’attendaient à Carvalhido qui était alors la limite de la cité. C’était le début du chemin portugais de Saint-Jacques-de-Compostelle et le nom de ce quartier vient des bosquets de chênes (carvalho). On y avait placé en 1738 une grande croix. Puis il y eut une chapelle. Il y avait donc là l’évêque, D. Jerónimo Rebelo, le gouverneur civil et le maire, António Joaquim Vieira de Magalhães, baron de Alpendurada, (1822-1903), qui sera ministre plus tard, fils d’António Vieira de Magalhães, premier baron et vicomte de Alpendurada, et qui lui-même fut investi de la baronnie de Magalhães en 1854 par Dom Pedro V et du comté de Magalhães en 1870 par Dom Luís Ier de Portugal. Il en fut d’ailleurs le premier et dernier baron et comte.
Le maire était connu notamment pour ses tournures populaires dans les discours. La presse humoristique lui avait conseillé d’en éviter certaines pour accueillir un roi.
Celui-ci arriva avec deux serviteurs, Gamalero et Valleti. Il venait de Vigo en Galice où il avait accosté et depuis avait chevauché de simples poneys. Lorsque le petit cortège royal arriva au Carvalhido, ce 19 avril vers deux heures de l’après-midi, les autorités s’avancèrent, le gouverneur souhaita la bienvenue au roi qui le remercia de son hospitalité. Le roi n’avait pas fini de remercier que le maire entreprit de parler et Charles-Albert l’interrompit en s’excusant et en expliquant qu’après cette route le plus urgent pour lui était de se reposer dans une auberge. Le roi, on ne le sut que plus tard, souffrait depuis deux jours d’une crise hémorroïdaire que la chevauchée n’avait certes pas améliorée.
« À l’auberge, protesta évêque, mais non pas ça ! » et il mit à la disposition du souverain son palais, mais le roi répondit qu’il avait abandonné toute idée de grandeur et d’apparat en abandonnant le trône et qu’il préférait aller à l’auberge. On s’inclina donc et on le conduisit à la place des Ferradores, c’est-à-dire des maréchaux-ferrants, dans une belle demeure du XVIIIe siècle qui avait été construite pour être la résidence des vicomtes de Balsemão mais qui en 1849 était un l’hôtel renommé, l’auberge du Poisson plus exactement en portugais l’hôtel do Peixe, car c’était le nom de son propriétaire António Bernardo Peixe. Ce fut ensuite la demeure du comte de Trindade (https://en.wikipedia.org/wiki/Palacette_of_the_Visconts_of_Balsem%C3%A3o).
Le roi était vraiment malade et ses serviteurs durent le porter pour qu’il arrive jusqu’à sa chambre et il déjeuna avant de s’allonger. Neuf jours plus tard il put aller dans une villa de l’actuelle rue Manuel II, alors rua dos Quartéis (casernes) près du palais qui avait été celui de Dom Pedro IV. Son état se dégradait toujours. Et puis cette petite maison n’avait que trois pièces et un bout de jardin. Il ne loua que deux semaines. Et le 14 mai il accepta donc l’hospitalité d’Antonio Ferreira Pinto.
La maison (http://www.linternaute.com/voyage/portugal/porto/musee/musee-romantique/, le sous-sol abrite maintenant l’Institut du vin de Porto) construite au XVIIIe siècle avait été réaménagée par un Anglais quelques années auparavant, elle était située au fond d’un charmant jardin et offrait de belles perspectives sur le Douro, la province de Beira et l’océan.
Malheureusement si les jours précédents le roi pouvait encore sortir à cheval, rendre visite aux autorités, aller à la messe ou à la promenade, dans cette villa il était tellement victime d’infirmités qu’il ne put bientôt plus mettre les pieds dans le jardin.
Dans une lettre du 16 mai le roi écrit : « En arrivant ici, je manquais presque de tout. En attendant, je me suis acheté deux couverts d’argent ; vous voyez quel luxe ! Je fus assez heureux, dans les premiers jours, pour trouver un Anglais qui s’en retournait chez lui, et qui me céda une petite maison qu’il louait 800 francs par an, mais qui, aussi n’avait dans ses deux étages que trois chambres, outre celles des gens. Il me vendit tous ses meubles, qui sont simples, mais jolis, et tous les accessoires possibles d’un service de table et de cuisine, et, en outre il me laissa sa cuisinière et sa servante. Ma dépense de premier établissement ne s’est montée qu’à 4 500 francs. Je suis maintenant établi dans une jolie petite campagne, aux portes de la ville, qui possède un jardin et de très beaux arbres, et a la vue sur le fleuve et sur la mer. J’attends de voir les choses que vous m’envoyez ; mais, dans le cas que vous n’y ayez point compris les portraits de famille que j’avais dans ma chambre à coucher, vous m’obligeriez beaucoup de me les expédier. Je désirerais que vous fassiez mettre dans les cadres les portraits de mes enfants […] »
Parmi les habitants qui mirent leurs villas à la disposition du roi se trouvait le commandeur Joseph-Jacques Forrester, un anglais qui avait eu l’honneur de faire au roi et, sur le conseil de celui-ci, également au roi Victor-Emmanuel son fils, de deux cartes admirablement relevées par lui du cours du Douro et de la région vinifère du haut Douro. Or cet Anglais reçut l’avis qu’il venait d’être nommé chevalier de l’Ordre des Saints-Maurice-et-Lazare. En attendant de recevoir sa décoration il se rendit chez le roi Charles-Albert pour le remercier. Le roi lui demanda s’il avait déjà la croix. M. Forrester ayant répondu que non, le roi reprit : « Je vous en donnerai une des miennes. Je suis fâché qu’elle ne soit pas neuve mais je l’ai portée sur le champ de bataille » et ainsi fit-il. L’Anglais se jeta aux genoux journaux du roi et les embrassa, les larmes aux yeux, tout ému de la bonté et de la délicatesse royale. Sa croix a été conservée comme une précieuse relique dans sa famille (comte Louis Cibrario, ministre d’État, sénateur du royaume d’Italie, La vie et la mort du roi Charles-Albert, initiateur et martyr de l’indépendance italienne, traduction de Charles de La Varenne, Paris, E. Uentu, 1862). Joseph James Forrester (1809-1861), commerçant et armateur, avait rejoint en 1831 son oncle James Forrester à Porto, il aima beaucoup ce pays, il en dressa cette carte demeurée célèbre, il fit un travail considérable pour le développement de la vigne qui fut profitable à toute la population. Le 12 mai 1861 son bateau descendait le Douro lorsqu’il fut pris dans les rapides et coula, le corps de Forrester ne fut jamais retrouvé. Il est resté connu comme le « Protecteur du Douro ». Il laissa six enfants. Le roi Ferdinand II de Portugal l’avait fait baron de Forrester en 1855.
Le roi Charles-Albert ne resta pas longtemps hélas à Porto, mais sa présence et sa simplicité furent appréciés par tous et l’on s’apitoyait sur son sort. Il gagna le cœur du peuple et fut vraiment pleuré ; pendant tout le deuxième semestre de cette année 1849 après sa mort le 28 juillet après-midi, d’après les registres de Porto beaucoup de garçons furent baptisés Carlos Alberto. En avril 1850, suivant délibération du Conseil municipal, la place des Ferradores ou Feira das Caixas (car on y fabriquait les boîtes de transport pour les voyages au Brésil) prit le nom du roi Carlos Alberto.
Aujourd’hui l’auberge du Poisson abrite les services culturels de la Chambre de commerce de Porto.
C’était sur cette place autrefois que l’on préparait les chevaux pour les longs périples et elle était entourée d’écuries.
Le roi avait donc accepté l’invitation à aller dans cette demeure privée avec vue sur l’océan, objet aujourd’hui de cette carte postale, cette maison qui de nos jours est tout près des magnifiques jardins de Crystal Palace, notre Quinta da Macieirinha.
Il avait reçu dès le 3 mai Giacinto Ottavio Enrico comte Provana di Collegna, soldat, patriote et homme politique italien et l’historien, magistrat et homme politique Luigi comte Cibrario, envoyés du Sénat.
Il regrettait leur dit-il de n’avoir pu trouver la mort au combat.
Sa santé se dégradait toujours avec beaucoup de toux, des abcès, deux crises cardiaques et surtout un problème au foie qui inquiétait les médecins. Il continuait à jeûner le vendredi.
Il lisait les lettres et les journaux qui lui provenaient l’Italie, il écrivait de temps à autre à son épouse et plus souvent à la comtesse de Robilant pour laquelle il avait de tendres sentiments et qui était la mère de Carlo Felice Nicolis, comte de Robilant (1826-1888) qui fut son aide de camp et plus tard un homme d’État et un diplomate. Le roi Charles-Albert à Porto interdisait les visites de sa mère, Maria Cristina Albertina de Saxe-Courlande, princesse de Carignan, de sa femme Marie-Thérèse d’Autriche-Toscane ou de ses enfants Victor-Emmanuel et Ferdinand, duc de Gênes. En juin on n’eut plus guère d’espoir. Son fils le roi Victor-Emmanuel II lui envoya de Turin le professeur Alessandro Riberi, grand médecin et homme politique, qui avait toujours eu l’amitié du roi. Celui-ci le reçut le 3 juillet mais Charles-Albert ne pouvait plus se lever et souffrait beaucoup de ses crises de toux. Néanmoins celui qui était officiellement son altesse royale le prince de Savoie-Carignan put lui dire :
« Combien est grand Riberi l’art médical ; c’est non seulement l’exercice d’un art bénéfique, mais c’est le plus haut ligne degré de la vertu, une preuve continuelle de la plus suave amitié ! ». Le roi passa la nuit du 27 au 28 juillet dans une grande agitation. Au matin il se sentait mieux mais il fut victime d’une troisième crise cardiaque. Un prêtre portugais dom Antônio Peixoto vint le réconforter et lui donna les derniers sacrements. Le roi murmura en latin : « En manus tuas, Domine, commendo spiritum meum » c’est-à-dire « Entre tes mains, Seigneur, je remets mon esprit ». Il s’endormit avec le crucifix sur la poitrine. Il mourut ce 28 juillet 1849 à trois heures et demi de l’après-midi, il avait un peu moins de 51 ans.
Son corps embaumé fut exposé dans la cathédrale de Porto. Le 3 septembre arrivèrent les navires Monzabano et Goito sous le commandement d’Eugène de Savoie-Villefranche-Soissons (1816-1888), troisième comte de Villefranche et prince de Carignan, cousin du défunt.
Le 19, le corps fut transporté à bord du Monzambano qui prit la mer le soir même pour Gênes qu’il atteignit le 4 octobre. Les funérailles réunirent une foule immense le 13 octobre à la cathédrale de Turin. L’archevêque de Chambéry monseigneur Alexis Billiet, futur cardinal, présidait entouré de cinq évêques piémontais. Le lendemain le corps fut transporté solennellement dans la crypte de la basilique de Superga dans un tombeau de marbre magnifique, blanc, noir et jaune, surmonté d’une grande couronne et sur lequel pleurent des chérubins. Quatre figures allégoriques entourent ce monument et représentant l’Immortalité, le Temps, la Mort, et la Piété qui renvoie à l’inscription :
« Regi Karolo Alberto/præmia, virtutis et meritorum/æterna quotidianis precibus/a Deo flagitamus », c’est-à-dire : Pour le roi Charles Albert nous demandons à Dieu par nos prières quotidiennes le prix éternel de la vertu et des mérites.
La chapelle que sa sœur avait fait construire à sa mémoire est toujours là, discrète au bout de l’avenue de Lindens dans les jardins du Palais de Cristal. Augusta de Montléart qui avait donc voulu visiter la ville où son frère avait passé ses derniers mois, était née du deuxième mariage de la princesse Maria Cristina de Saxe, seule fille du prince Charles de Saxe, duc de Courlande, lui-même fils du roi Auguste III de Pologne, après la mort de son mari la princesse s’était remariée en 1810 à Paris avec Julius Maximilian de Montléart, sixième marquis de Rumont et premier prince de Montléart (1787-1865), elle en eut cinq enfants dont Frédérique Auguste de Montléart, née en 1814 et qui devait se suicider en 1885. Elle a été inhumée le 1er avril en Pologne au cimetière de Siepraw puis en 1937 à Krzyszkowice. Elle était divorcée vers 1861 de Kurt Karl Maria, baron von Wernitz, seigneur de Wernitz et de Ganshorn près Hohenstein, duc de Saint-Simon et marquis de Montbleru – titres sardes qui furent reconnus en Prusse par résolution ministérielle du 10 janvier 1833 – (1810-1871, mariage en 1832), dont postérité.
Gérard
2 septembre 2017 @ 15:56
Forrester mourut noyé dans le Cachao da Valeira à São João da Pesqueira, sur ce fleuve qu’il connaissait si bien, qu’il avait tant étudié et sur lequel il avait tant navigué, vraisemblablement parce qu’il portait une ceinture d’argent dans laquelle il conservait ses pièces d’or et qu’elle a dû l’empêcher de remonter à la surface du fleuve quand le navire a chaviré. Sa compagne de voyage Dª Antónia Ferreira, elle, fut sauvée par ses jupes ballons à la mode qui se gonflèrent et lui permirent de remonter. Antonia Adelaide Ferreira (1811-1896) dite Ferreirinha, était une célèbre et riche femme d’affaires qui fut associée pour les vignobles de sa famille avec Forrester.