C’est sous le plume de Bertrand Meyer-Stabley et de Lynda Maache que vous pénétrerez dans l’univers de la maison Chanel où planent toujours le souvenir et l’empreinte de Gabrielle Coco Chanel. Gabrielle Chanel qui eut une liaison avec le duc de Westminster puis plus tard avec le grand-duc Dimitri de Russie dont la sœur la grande-duchesse Maria Pavlovna de Russie (mère du comte Lennart Bernadotte af Wisborg) lui inspira des broderies russes sur ses tailleurs.
Ce livre revient bien évidemment sur les pièces emblématique de Chanel : les célèbres tailleurs (Jackie Kennedy était en Chanel le jour de l’attentat de Dallas), la petite robe noire, la veste cardigan mais aussi les sacs matelassés, les parfums, les bijoux et les chaussures dont on reconnaît immédiatement le sceau « Chanel ».
Lors de sa visite en France, la princesse de Galles avait choisi de porter un manteau Chanel ce qui fit écrire à la presse anglaise le titre que « Diana avait traversé le channel en Chanel ». La princesse avait aussi acheté dans la boutique Chanel de Londres un sac à main et une paire de boucles d’oreilles qu’elle porta en de nombreuses occasions. Sa belle-fille la duchesse de Cambridge fit de même lors d’une visite à Paris.
Les bijoux ont toujours eu une grande importance dans le style Chanel. Le duc Fulco di Verdura en créa plusieurs pièces dont ses manchettes.
Parmi les clientes du Gotha, la princesse Caroline de Monaco est probablement la plus fidèle, grande amie qui plus est de Karl Lagerfeld aux manettes de la maison depuis 1983 et qui eut pour muse Ines de la Fressange dans les années 80.
Les deux auteurs de l’ouvrage nous décryptent de façon très fluide la saga de Mademoiselle Chanel et analysent son parcours créatif. Les défilés et les époques s’enchainent joyeusement. De chapitre en chapitre, on plonge dans son travail et son acharnement à inventer la mode. Tout son vestiaire est passé au crible. Enfin un long chapitre nous restitue toute la période Karl Lagerfeld et nous raconte le quotidien d’une maison de couture, côté scène et côté jardin. Un long chapitre est aussi consacré à l’histoire du maquillage revu et corrigé par les équipes de Chanel et à l’histoire de ses parfums, du N°5 au tout récent Gabrielle.
Pour tout savoir des mannequins de la cabine Chanel, de l’ambiance du studio et des ateliers, voici le livre qu’il vous faut. Vous serez immergé rue Cambon, guère surpris des guerres en dentelle qui s’y préparent, de la fièvre qui s’emparent de tous la veille des défilés. Vous apprendrez tout des superstitions propres à ce milieu et des enjeux qui pèsent tous les jours sur ce monument parisien qu’est la maison Chanel, vous partagerez la passion de Coco pour le Ritz, la Riviera, Deauville…
Bref, ce Chanel mode d’emploi vous séduira tout à fait ! Un Chanel sous toutes les coutures qui tombe à pic pour les fêtes de fin d’année.
« Chanel, une allure éternelle », Bertrand Meyer-Stabley et Lynda Maache, Editions Bartillat, 342 p., 23 euros
Cheveyre
20 décembre 2017 @ 05:58
cet article me fait penser que l’année dernière Henri PONCHON s’est aussi intéressé à Coco CHANEL et a fait paraître un livre : L’enfance de Chanel ; livre très intéressant, très sérieux, et, toujours disponible !!! D’après ses recherches, très sérieuses, il a tordu le nez à certaines idées fausses …
m-Lou
20 décembre 2017 @ 06:40
Jackie K et Ines étaient les meilleures faire valoir de la marque!
Caroline a souvent aussi bien porté du Chanel classique…mais j’aime de moins en moins les créations de Karl, qu’elle affectionne pourtant toujours !
Ici ni Diana, ni Kate n’ont l’allure Chanel…comme quoi!
Merci Régine, vite un dernier petit cadeau !
ml
DEB
20 décembre 2017 @ 08:19
Il faut une résolution à toute épreuve pour s’attaquer à ce sujet tellement rabâché.
Ce livre apporte peut être des éclairages nouveaux mais il aura fallu une bonne lampe de poche aux auteurs !
JAusten
20 décembre 2017 @ 10:38
j’aimais beaucoup la robe manteau de Kate.
J’espère que ce n’est pas Chanel qui a fait le chapeau de Diana ; on dirait qu’un cerf essaie de se sortir de là-dessous, seuls ses bois sont presque dehors.
Caroline - Mathilde?
20 décembre 2017 @ 23:45
Merci pour ce formidable éclat de rire.
Je trouve que le choix de la photo n est pas le plus judicieux concernant Diana.
Quant à Kate, superbe !
GUY
20 décembre 2017 @ 11:18
Il n’y a vraiment pas de quoi être en pâmoison devant cette femme dont l’attitude pendant la guerre a été prouvée dans les archives que nous avons pu voir a la tv
Martine
20 décembre 2017 @ 17:00
Je suis tout à fait de votre avis, et elle a échappé grâce à ses amants à toutes les poursuites
Baboula
21 décembre 2017 @ 20:48
Churchill ? Croyez vous, son amant ?
Trianon
20 décembre 2017 @ 20:04
Il faut dissocier , je pense , l’artiste et la personne.
Parce que sî on va par là, un certain nombre d’artistes est quand même » hors des clous »
Je me souviens , dans un autre genre, d’une discussion au moment de la mort de Michael Jackson,au cours de laquelle une personne tenait des propos violents à l’encontre du chanteur, .( on est d’accord il y avait beucoup à condamner ) mais de là à lui retirer son talent, je n’étais pas d’accord.
Caroline
20 décembre 2017 @ 22:18
Cette femme m’a l’air d’une aventurière comparable à Wallis Simpson !
GUY
21 décembre 2017 @ 16:57
Je l’ai vue en vrai une fois, elle portait la méchanceté sur son visage, aussi laide que Wallis Simpson, un peu la même vie de luxe, riches amants, une a travaillé et a réussi, l’ autre a bien dépensé ! !
monica
23 décembre 2017 @ 20:14
Guy je pense comme vous
merlines
22 décembre 2017 @ 07:17
je pensais exactement la même chose Caroline
Leonor
21 décembre 2017 @ 10:42
Ca, c’est une chose. Son travail en est une autre.
Doit-on s’empêcher de lire Céline, parce qu’il a été antisémite ? Doit-on s’empêcher de suivre Luther ? Doit-on ne pas admirer les oeuvres du Caravage, ou ne pas lire François Villon, parce qu’ils ont été » des mauvais garçons » ?
korobaze
21 décembre 2017 @ 13:27
Tout à fait de votre avis !
Muscate-Valeska de Lisabé
21 décembre 2017 @ 20:30
Ceci dit, chère Léo,pour moi la valeur personnelle d’un artiste,ou d’une célébrité,a son importance. Ça peut influencer mon admiration pour lui (elle) en bien ou en mal.
framboiz 07
22 décembre 2017 @ 00:14
Villon, Caravage ,ça n’a guère de conséquence , Léonor , mais la lecture de propos antisémites reste dangereux :Serge Klarsfeld s’oppose à la publication des écrits de Céline en 2018 .
Trianon
22 décembre 2017 @ 13:09
je suis tout aussi méfiante quand la censure s’installe, sous son apparence de « gardienne » des bonnes valeurs, elle peut facilement orienter ..
Hitler posa, il me semble, une censure sur à peu près tout d’ailleurs
Trianon
22 décembre 2017 @ 10:07
ne doit on plus écouter Lully au prétexte qu’il eut une relation pédophile avec un jeune page?
ne doit on plus lire la grande majorité des écrivains français du XIX parce qu’il étaient pour bon nombre drogués et dépravés?
bianca
20 décembre 2017 @ 13:43
Il me semble que cette femme est arrivée à la notoriété parce qu’elle a eu des appuis masculins issus de la noblesse qui l’ont grandement aidée !
Elle a aussi eu le génie de libérer le corps des femmes plus conforme à la représentation de leur morphologie ! Elle a su « utiliser le jersey » cette matière souple inconnue des maisons de couture alors !
Ce personnage ne me semblait pas sympathique car elle n’a pas fait honneur à son pays à une certaine époque !
Lucile M.
20 décembre 2017 @ 14:17
Coco Chanel fut novatrice après la première guerre mondiale en créant un style qui tranchait nettement sur la mode alors en vogue, tissus, couleurs, coupe, longueur des ourlet … A la fin de sa vie je trouvais son style fort monotone … bis repetita placent.
La tenue de Diana a mal vieilli et son chapeau est une catastrophe à mettre dans les annales.
Muscate-Valeska de Lisabé
20 décembre 2017 @ 16:36
Une allure vieillotte et démodée, surtout. ^^
Mélusine
20 décembre 2017 @ 16:46
Même si Gabrielle Chanel a été controversée, son génie créateur ne peut être mis en doute.
Les livres écrits à son sujet sont intéressants et la description des coulisses de cette maison de haute-couture mythique doit l’être aussi.
Ghislaine-Perrynn
20 décembre 2017 @ 18:59
Effectivement Guy .
Danielle
20 décembre 2017 @ 19:10
Un beau livre à offrir ou se faire offrir.
Michèle Lobre
20 décembre 2017 @ 21:31
La créatrice de mode oui mais la femme non. Comme un certain nombre de personnes: artistes, écrivains …il faut distinguer leur talent et la personne qui a collaboré et couché avec l’occupant nazi.
Leonor
21 décembre 2017 @ 00:09
C’est quand même curieux : Chanel, quand elle est » entrée en Couture », a révolutionné le vêtement des femmes ( enfin, des femmes nanties). Jerseys, lignes fluides, pantalons, vestes non serrées, bijoux fantaisie… Alors que, depuis pas mal de temps déjà, ce qui reste du style Chanel passe pour ringard et bourge. Sic transit gloria mundi.
Claude-Patricia
21 décembre 2017 @ 08:58
J’irai voir ce livre. Je n’ai pas encore senti le nouveau parfum qui est sorti, j’ai vu la publicité avec Kristen Stewart.
Lili.M
26 décembre 2017 @ 13:22
Je suppose que vous parler de Gabrielle : je le porte depuis le mois de septembre mais je ne l’aime pas (pas donné en plus). Je préfère Chance ou Coco Mademoiselle. Cette
fragrance ne convient pas à ma peau : c’est tout; il ne faut pas insister.
Lili.M
26 décembre 2017 @ 13:23
Oups désolée parlez !!
Marcel
21 décembre 2017 @ 18:46
Gabrielle Chasnel, dite « Coco Chanel », est une créatrice de mode, modiste et grande couturière française, née le 19 août 1883 à Saumur et morte le 10 janvier 1971 à l’hôtel Ritz de Paris.
Elle est célèbre pour ses créations de haute couture, ainsi que les parfums portant son nom.
Elle est à l’origine de la maison Chanel, « symbole de l’élégance française ». Certains choix de vie de Chanel sont à l’origine de controverses, en particulier son comportement et ses fréquentations pendant l’Occupation.
Née le 19 août 1883 à l’hospice de Saumur tenu par les sœurs de la Providence, Gabrielle Bonheur Chasnela est issue d’une lignée de marchands forains cévenols, de Ponteils-et-Brésis près d’Alès. Née hors mariage, elle est la seconde fille d’Henri-Albert Chasnel (connu sous le prénom d’Albert), un camelot originaire du Gard et d’Eugénie Jeanne Devolle (connue sous le prénom de Jeanne), couturière originaire de Courpière, tous deux établis à Saumur et qui se marièrent un an après sa naissance, le 17 novembre 1884.
Jeanne Devolle eut cinq autres enfants : Julia-Berthe (1882-1912) qui, en se suicidant, aurait laissé un fils, André Palasse, dont Gabrielle s’occupera, à moins qu’il ne s’agisse du propre fils de la couturière, Antoinette (1887-1920), Alphonse (1885-1953), Lucien (1889-1941) et Augustin (mort en bas âge)8. Très peu d’éléments sont connus sur l’enfance de Chanel, dont elle a très peu parlé, si ce n’est qu’elle se mura dans la solitude et ne se sentit pas aimée par son père aigri, qui reprochait à son épouse chétive et à ses enfants de l’avoir empêché de mener la vie de succès dont il rêvait. Cela n’empêcha pas Gabrielle de vouer une véritable adoration à ce père bourru, volage et souvent absent.
La mère de Chanel mourut le 16 février 1895 à l’âge de 32 ans, épuisée par des grossesses successives, la tuberculose et le travail qu’elle effectuait sur les marchés de Paris dans le froid1. La jeune fille n’a alors que douze ans.
Son père l’aurait alors placée, ainsi que ses deux sœurs, dans l’orphelinat de l’abbaye cistercienne d’Aubazine en Corrèze ce serait de cet abandon et pour faire taire les réflexions de ses camarades que « prend racine la véritable mythomanie de Gabrielle », qui s’inventa un père aventurier, négociant en vins, parti faire fortune à New York et lui faisant de somptueux cadeaux et il aurait confié Alphonse et Lucien à l’Assistance publique, qui les aurait placés comme garçons à tout faire dans des familles de cultivateurs.
À l’orphelinat, elle aurait appris la couture et mené une vie austère et rigoureuse pendant les six années qu’elle y aurait passées, qui auraient marqué profondément le style de la future styliste. Elle se serait inspirée du lieu pour créer des vêtements aux lignes épurées harmonieuses (à l’instar de l’architecture sobre et géométrique de l’abbaye), aux couleurs neutres (noir et blanc comme l’habit des sœurs et des pensionnaires qui leur permettait de se mouvoir librement, comme la tenue qu’elle portait elle-même, sombre, avec col blanc et lavallière), et beige (comme la couleur des murs), ou pour créer son logo (voir les pavements anciens des sols et les « C » entrelacés des vitraux de l’abbatiale).
Ce séjour de Coco Chanel à Aubazine n’est toutefois pas établi, et aucune preuve matérielle n’en existe. Dans un ouvrage récent, paru en juin 2016 (Éditions Bleu Autour) L’Enfance de Chanel, Enquête et Découvertes d’Henri Ponchon, l’auteur montre, à l’aide des recensements, qu’au printemps 1896, Gabrielle Chanel vivait à Thiers, rue Durolle, chez Anaïs Clouvel, cousine germaine de sa mère. Gabrielle Chanel, alors âgée de douze ans, y est « bonne d’enfants et domestique » c. Tout cela est conforme à ce qu’elle avait confié à Paul Morand, Louise de Vilmorin, Marcel Haedrich… « Ma mère vient de mourir… Moi, la plus raisonnable, je suis confiée à ces tantes à la mode de Bretagne, cousines germaines de ma mère ». Ces faits sont confirmés par les descendants actuels d’Anaïs Clouvel. La légende d’Aubazine aurait été créée par Edmonde Charles-Roux dans son livre L’Irrégulière et reprise par la suite par tous les biographes. Il est vrai qu’à Aubazine a bien séjourné une Chanel, Adrienne Chanel, tante et meilleure amie de Coco Chanel, et aussi future baronne de Nexon, mais seul le nom d’Adrienne Chanel figure sur les recensements de 1896 d’Aubazine.
Sans pour autant aspirer au noviciat, à 18 ans, la future Coco Chanel se rend chez sa tante Louise à Moulins et s’inscrit chez les dames chanoinesses de l’institut Notre-Dame, où elle se perfectionne dans le métier de couseuse. N’ayant pas les moyens de payer les frais de scolarité, elle y est admise avec le statut de pupille et y est traitée différemment des élèves plus riches. Elle retrouve dans cette pension de jeunes filles sa tante Adrienne, qui a presque le même âge qu’elle et, surtout, la même ambition de sortir de sa condition. En 1903, devenues habiles à manier le fil et l’aiguille, elles sont placées par les dames chanoinesses, en qualité de couseuses, à la maison Grampayre, atelier de couture spécialisé en trousseaux et layettes. Ce séjour à Moulins reste également très controversé. Pas plus qu’elle n’aurait été à Aubazine, elle n’aurait séjourné à l’institut Notre-Dame, selon Henri Ponchon. Coco Chanel n’aimait pas évoquer ce séjour à Moulins.
Vers 1907-1908, très courtisée, Chanel ne veut pas partager le sort anonyme des « cousettes », et recherche un avenir meilleur. Elle fréquente alors le Grand café, lieu chic de la vie moulinoise où elle croise des officiers du 10e régiment de chasseurs à cheval stationné dans la capitale bourbonnaise. Aujourd’hui l’ancienne caserne abrite le Centre national du costume de scène. Elle les suivra dans un autre café-concert de la ville, la Rotonde. Bientôt, elle ose pousser la chansonnette et se met à rêver de music-hall. Âgée de vingt-quatre ans, elle se produit en spectacle devant les officiers qui la surnomment « Coco », parce qu’elle a pour habitude de chanter Qui qu’a vu Coco dans l’Trocadéro ? (paroles Félix Baumaine et Charles Blondelet, musique Édouard Deransart).
Convoitée par de nombreux jeunes garçons fortunés ou titrés, elle séduit le riche Étienne Balsan, officier, homme du monde qui vient de quitter l’armée pour se consacrer à l’élevage de chevaux et aux courses. Il lui fait découvrir la vie de château au domaine de Royallieu près de Compiègne, resté célèbre pour son histoire pendant la Seconde Guerre mondiale — si Balsan fut peut-être son amant, il fut toujours son ami.
Pendant près d’un an elle apprend les codes et les usages de la haute société, mais l’idylle ne dure que quelques mois : elle se rend compte qu’elle ne l’aime plus, elle s’ennuie et pleure. Elle a vingt-cinq ans et nulle part où aller. Sa première révolution vestimentaire, elle l’invente avec les tenues équestres qu’elle porte à cheval, non pas en robe amazone mais en jodhpursd de peau, cravate et bandeau dans les cheveux.
Chanel dansant avec Boy Capel par Sem.
La fréquentation des relations de Balsan lui font cependant rencontrer, l’Anglais Arthur Capel, surnommé « Boy » ; elle devient sa maîtresse en 1909 et le suit à Paris, où il lui offre sa première boutique. Capel est un homme d’affaires qui fait ensuite fortune dans les frets charbonniers durant la Grande Guerre, et un homme de cheval possédant une écurie de polo. Cela va être un amour irrégulier (il épouse malgré tout une Anglaise) et sincère qui dure dix ans, jusqu’à un accident de voiture en 1919 auquel il ne survit pas.
Une modiste à contre-courant
Gabrielle Chanel ne reste cependant pas inactive. Mettant à profit les rudiments, enseignés à Moulins, du maniement du fil et de l’aiguille et de l’initiation prodiguée par Lucienne Rabaté, célèbre modiste du moment, elle se confectionne de petits chapeaux originaux qu’elle pose très bas sur son front. Pour assister aux mondaines courses de chevaux, elle n’arbore pas les robes des grands couturiers mais ses propres réalisations. Jeune femme charmante mais au style décalé, tantôt écolière en tenue sage noire et blanche, tantôt garçonne n’hésitant pas à porter polo, cardigan, jodhpurs et pantalons, elle invente déjà un nouveau style, une nouvelle allure. Ses créations avant-gardistes, très sobres, contrastent avec celles que portent les élégantes de l’époque.
En 1909, sur les conseils de Boy Capel, son artisanat débute boulevard Malesherbes, dans la garçonnière parisienne de son protecteur Étienne Balsan. Les chapeaux qu’elle propose à ses clientes sont des déclinaisons de ceux qu’elle fabrique pour elle-même et qui, au château de Royallieu, près de Compiègne, ont séduit ses amies, des demi-mondaines qui fréquentaient le lieu. Balsan ne croit pas à un succès commercial.
Caricature de Sem.
N’ayant pas de formation technique, ni d’outils de fabrication, dans un premier temps Chanel achète ses formes de chapeaux dans les grands magasins puis les garnit elle-même, avant de les revendre. La nouveauté et l’élégance de son style font que, très vite, elle doit faire appel à sa cousine Adrienne et à sa sœur Antoinette pour la seconder. Ses créations de chapeaux, débarrassées des grandes plumes d’autruches ou autres froufrous volumineux, commencent à être appréciées pour leur simplicité et leur sophistication.
Devenue la compagne de Boy Capel, Coco Chanel développe ses activités grâce à son aide. En 1910, son amant britannique lui prête les fonds nécessaires à l’achat d’une patente et à l’ouverture d’un salon de modiste au 21, rue Cambon à Paris, sous le nom de « CHANEL MODES ». À l’été 1913, alors que le couple séjourne à Deauville, Boy Capel loue une boutique pendant deux étés consécutifs (qui ne vend d’abord que des chapeaux, puis des vestes ou encore des jupes) entre le casino et l’hôtel Normandy (rue Gontaut-Biron, de nos jours 11, rue Lucien-Barrière). Comme à Paris, elle est modiste mais l’enseigne est changée en mentionnant son nom complet : « GABRIELLE CHANEL la boutique connaît un succès certain. En 1915 à Biarritz, elle ouvre sa troisième boutique et première vraie maison de couture. Suivant son inspiration, elle raccourcit les jupes et supprime la taille. À l’instar de Paul Poiret qui supprima le corset en 1906, elle veut libérer le corps de la femme. Ses boutiques bénéficient de la clientèle de la société fortunée qui s’est repliée pendant la guerre dans ces deux stations balnéaires.
Naissance d’un style : « la reine du genre pauvre »
Dès 1915, l’étoffe manquant, elle taille des robes de sport à partir des maillots de garçons-d’écurie en jersey, ces tricots de corps pour les soldats, qu’elle a depuis longtemps adoptés. Libérant le corps, abandonnant la taille, Chanel annonce cette « silhouette neuve » qui lui vaudra sa réputation. Pour s’y conformer, les femmes s’efforcent d’être « maigres comme Coco », qui devient une des premières femmes aux cheveux courts à créer des vêtements simples et pratiques, s’inspirant d’une vie dynamique et sportive et jouant avec les codes féminins/masculins.
En 1916, elle utilise Adrienne comme mannequin à Deauville, qui est alors un lieu de villégiature à la mode. Elle-même s’y promène, testant ainsi sous les yeux d’aristocrates européennes, couvertes d’apparat et maintenues dans des corsets rigides, ses nouvelles tenues qui contrastent par leur simplicité et leur confort. La pénurie de tissus due à la Première Guerre mondiale, ainsi que le manque relatif de main-d’œuvre domestique ont créé de nouveaux besoins pour les femmes de ce milieu, et Chanel perçoit ces besoins. Elle achète à Rodier des pièces entières d’un jersey utilisé à l’époque uniquement pour les sous-vêtements masculins, et lance la marinière.
En 1918, immédiatement après la guerre, elle commence à édifier peu à peu l’une des maisons de couture les plus importantes de l’époque, qui emploie plus de 300 ouvrières, et rembourse enfin Boy Capel, refusant le statut de femme entretenue. La guerre terminée, Boy doit prendre femme, selon les règles de l’aristocratie anglaise, et Chanel en éprouve une insupportable humiliation. Mais, comme sa mère, elle acceptera cette situation et continuera d’aimer Boy. La nuit du 22 décembre 1919, elle apprend qu’il s’est tué la veille au volant de son automobile. « En perdant Capel, je perdais tout. » avouera-t-elle 50 ans plus tard.
Alors que la guerre ne l’a guère émue, la mort de son amant l’affecte profondément, et, pour ne pas sombrer dans le chagrin, Chanel se raccroche à son travail. Cette attitude sera payante, car le succès de ses modèles va grandissant et l’incite à développer encore sa maison.
Après avoir habité sur les hauteurs de Garches une villa au « crépi beige et aux volets noirs », couleurs qui auraient scandalisé ses voisins et qui devinrent ses couleurs fétiches en décoration, elle déménage et se rapproche de la rue Cambon. Chanel loue, vers 1919, l’immense Hôtel de Rohan-Montbazon, 29, rue du Faubourg-Saint-Honoré, édifié par Lassurance en 1719 pour la duchesse de Rohan-Montbazon, où elle installe un piano et quelques chaises. Trouvant les boiseries d’un vert passé « couleur pois cassé » — que le bail lui interdit de toucher — elle les fait recouvrir de grandes glaces. Le peintre et décorateur José Maria Sert et Misia, « sa polonaise d’un désordre admirable », l’aident à meubler et décorer les pièces dans un genre baroque qu’elle adoptera dans ses résidences successives : miroirs, paravents en laque de Coromandel, canapés en bois doré, lampes faites de boules inégales de cristal de Bohême, lustres à pampilles, potiches chinoises, reliures anciennes, girandoles et torses antiques sur les cheminées.
Misia Sert et Picasso y ont leur chambre, Stravinsky compose sur le piano du salon les danses andalouses Cuadro flamenco, et Diaghilev fait répéter Garrotin, une naine danseuse venue de Séville, dans la salle à manger.
Dès 1921 à Paris, à côté de la luxueuse place Vendôme, Coco Chanel annexe, en quelques années, les numéros 27, 29 et enfin le 31 de la rue Cambon. Une adresse où se trouve aujourd’hui encore la célèbre maison de couture qui porte son nom. Elle dispose en outre de ses propres fabriques de tissus en Normandie et s’associe avec les propriétaires de la marque Bourjois — les frères Wertheimer — afin de diffuser commercialement ses parfums.
Ses liaisons masculines lui donnent souvent des motifs d’inspiration, c’est ainsi qu’elle crée des robes à motifs slaves lorsqu’elle a une liaison amoureuse avec le Grand-duc Dimitri Pavlovitch de Russie, cousin du dernier tsar de Russie en exil qui lui aurait inspiré la forme du flacon de son célèbre No 5 (flasque de vodka des troupes russes). Elle est aussi la maîtresse du poète Pierre Reverdy, qui édite des aphorismes et citations de la couturière, avant que celui-ci de plus en plus mystique ne se retire à l’abbaye de Solesmes. Son amant Paul Iribe travaille pour elle en tant que créateur de meubles tandis que son ami François Hugo, arrière-petit-fils de Victor Hugo, lui dessine des faux bijoux (notamment des boutons en métal).
Elle héberge Igor Stravinsky et les siens pendant deux ans à Garches.
Plus tard, elle emprunte à son nouvel amant, le duc de Westminster
À l’autonome 1924, Coco Chanel devient une intime de Hughes Richard Arthur Grosvenor, IIe duc de Westminster, réputé l’homme le plus riche d’Angleterre. Elle lui emprunte des éléments de costume masculin, comme le chandail, la pelisse, le béret de marin ou la veste en tweed. Elle les adapte ensuite à la panoplie vestimentaire féminine, qu’elle souhaite moderne et dynamique, alliant le confort à l’élégance. Pendant cette période, elle devient une visiteuse privilégiée du château Woolsack, sur les bords du lac d’Aureilhan, où elle fait des séjours jusqu’en 1930 pour se ressourcer. Pendant ses séjours à Mimizan, elle offre à ses cousettes et mannequins quelques jours de vacances dans la colonie du Pylône, quelques années avant l’instauration des premiers congés payés.
Elle est l’une des premières à lancer la mode des cheveux courts, et s’oppose résolument à la sophistication prônée par Paul Poiret (qui accusait Chanel de transformer les femmes en « petites télégraphistes sous-alimentées »). D’après la mini-série Coco Chanel, elle aurait répliqué en disant qu’elle ne voulait pas de femmes ayant l’air d’« esclaves échappées de leur harem », en se référant à la mode orientaliste de l’époque. Chanel privilégie une simplicité très étudiée, des tenues pratiques, comme le pyjama, à porter sur la plage comme en soirée ; les premiers pantalons, la jupe plissée courte, le tailleur orné de poches. Une mode qui s’inspire du vêtement de sport des lieux balnéaires (golf, tennis, plage, nautisme). Elle propose des cardigans en maille jersey sur des jupes courtes, le tout surmonté d’un chapeau cloche. De même, les robes de soirée taille basse s’arrêtant au-dessus du genou, que l’on peut associer aux danses charleston populaires entre 1925 et 1935.
En 1926, est créée la célèbre petite robe noire (couleur jusqu’alors exclusivement réservée au deuil) ; un fourreau droit sans col à manches 3/4, tube noir en crêpe de Chine, correspondent parfaitement à la mode « garçonne » effaçant les formes du corps féminin. Maintes fois copiée, cette « Ford signée Chanel » faisant référence à la populaire voiture américaine, ainsi que devait la qualifier le magazine Vogue, deviendra un classique de la garde-robe féminine des années 1920 et 30.
Récusant le qualificatif de « genre pauvre » souvent accolé à ses créations, Chanel veut distinguer la sobriété du dépouillement : si la toilette féminine doit être simple, elle doit en revanche être agrémentée d’accessoires. Chanel recourt, par exemple, à de faux bijoux mêlant pierres semi-précieuses, strass et fausses perles, ainsi qu’à des bracelets ornés d’un motif « croix de Malte », ou encore à des broches d’inspiration byzantine ou à motifs d’animaux, de fleurs ou de coquillages. Étienne de Beaumont, Paul Iribe et surtout, entre 1929 et 1937, Fulco di Verdura, ont donné à ces faux bijoux une identité reconnaissable.
En 1927, Gabrielle Chanel fait construire à Roquebrune-Cap-Martin une maison appelée La Pausa. Elle demande à l’architecte Robert Streitz de la dessiner en intégrant quelques éléments, l’escalier et le cloître, rappelant son enfance à l’orphelinat d’Aubazines. Elle la meuble essentiellement de mobilier anglais et espagnol des XVIe et XVIIe siècles. Elle y accueille le duc de Westminster (qui a financé la construction), Jean Cocteau, Pierre Reverdy, Paul Iribe, Salvador Dalí, Luchino Visconti ; une partie de la maison a été recréée au Dallas Museum of Art lors de la donation de la collection Reves. Son mobilier est désormais conservé au Dallas Museum of Art.
Misia Sert, rencontrée en 1919 chez son amie Cécile Sorel, sera la meilleure amie de Chanel pendant l’entre-deux-guerres. Misia tenait un salon où elle recevait l’élite culturelle et artistique de Paris ; elle a introduit Chanel dans ce milieu.
Égérie de nombreux peintres et musiciens du début du XXe siècle (Toulouse-Lautrec, Pierre Bonnard, Odilon Redon et Auguste Renoir), Misia Sert se fait connaître dans le milieu artistique parisien par ses talents de pianiste (elle était élève de Fauré) et par sa beauté. Elle fréquente Stéphane Mallarmé et Marcel Proust, puis Erik Satie, Colette, elle se lie avec Serge Diaghilev, Picasso, Cocteau et Serge Lifar et avec le secrétaire général du Quai d’Orsay Philippe Berthelot. Les journalistes la surnomment la « Reine de Paris ».
La proximité de Chanel avec les artistes a été constante. En 1924, elle réalise les costumes du Train Bleu, ballet de Bronislava Nijinska sur un livret de Cocteau et une partition de Darius Milhaud, créé par les Ballets russes de Serge Diaghilev. Elle était une personnalité du Tout-Paris, amie de Cocteau, pour lequel elle créera des costumes de scène : Œdipe roi (1937) et Antigone (1943). Elle soutint financièrement Serge Diaghilev dans le besoin et régla ses funérailles à l’île San Michele de Venise. Jeanne Toussaint est sa fidèle amie qui a toujours été là quand elle avait besoin.
Elle réalise également des costumes pour le cinéma, notamment, en 1939, pour La Règle du jeu de Jean Renoir. On lui prête, en suivant Misia Sert, une liaison amoureuse avec le poète Pierre Reverdy à la fin des années 1930.
Parallèlement, Chanel est la première couturière à lancer ses propres parfums. Avec l’aide de son parfumeur Ernest Beaux qui conçoit : No 5 (1921), qui connaîtra une célébrité mondiale, mais aussi No 22 (1922), Gardénia (1925), Bois des Îles (1926) et Cuir de Russie (1926). Pour diffuser internationalement son produit, Chanel fait appel à l’expérience commerciale des frères Pierre et Paul Wertheimer qui dès 1924 possèdent 70 % des parfums Chanel. Leurs descendants Alain et Gérard Wertheimer possèdent l’intégralité de la maison Chanel aujourd’hui.
De 1927 à 1944, Chanel séjourne régulièrement au château de Corbère-Abères dans le Béarn pour poursuivre son travail à l’aide de ses cousettes. Elle s’adapte aux mutations des années 1930, au cours desquelles elle doit affronter à la fois les revendications sociales de ses ouvrières et l’étoile montante de la Haute Couture parisienne qu’est Elsa Schiaparelli. Privilégiant alors une silhouette plus épurée, Chanel présente notamment des robes du soir légères et transparentes en mousseline de soie, en tulle ou en laize de dentelle, le plus souvent dans des couleurs faussement neutres (blanc, noir ou beige), parfois brodées de perles ou de strass. Comportant une combinaison cousue à l’intérieur, la coupe très simple de ces robes permet à la femme du monde de s’habiller sans l’assistance d’une domestique. Un peu plus tard, elle crée les premières robes à balconnet, puis en 1937, le style « gitane ».
Chanel ne se déplace jamais sans ses perles, et a un goût très prononcé pour les bijoux. Dès 1924, elle ouvre un atelier de bijoux fantaisie. Étienne de Beaumont puis le duc Fulco de Verdura contribuent au développement des bijoux de la maison.
Mais c’est en 1932 que Gabrielle Chanel défraie à nouveau la chronique. À la demande de la Guilde internationale du diamant, Chanel crée « Bijoux de Diamants », sa première collection de haute joaillerie. Les diamants sont montés sur platine, une extravagance après le krach de 1929. Les joaillers historiques de la place Vendôme s’insurgent, reprochant à une « couturière de son état » de s’improviser joaillère. En 2011, la maison Chanel retrouve par hasard un film de 1932 montrant cette collection. Il faut cependant attendre 1993 pour que Chanel créé un département joaillerie.
En 1939, elle est alors à la tête d’une entreprise de 4 000 ouvrières qui fournissent 28 000 commandes par an.
À l’annonce de la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, elle présente une collection « bleu-blanc-rouge » patriote puis ferme subitement sa maison de couture et licencie l’intégralité du personnel (4 000 ouvrières qui confectionnaient annuellement 25 000 modèles), les mettant toutes à la porte. Ainsi, cette annonce de la guerre donne à Chanel l’opportunité de représailles envers ses ouvrières qui, revendiquant de meilleurs salaires et conditions de travail, avaient osé arrêter le travail lors des grèves de 193640.
Chanel se consacre alors uniquement à son activité dans le domaine des parfums dont la boutique reste ouverte. Profitant de la confusion et des lois antisémites, elle tente de récupérer la marque de parfum No 5, car la célèbre fragrance dont elle ne détient les droits qu’à hauteur de 10 % est en fait la propriété d’une famille juive, les Wertheimer.
Le 5 mai 1941, elle réclame aux autorités allemandes la propriété des Parfums Chanel, assurant qu’« ils sont toujours la propriété de Juifs », et qu’ils ont été légalement « abandonnés » par leurs propriétaires (les Wertheimer étant alors réfugiés aux États-Unis). Elle fait valoir un « droit indiscutable de priorité », et demande « réparation pour les préjudices subis pendant ces dix-sept années ».
Cependant cette demande n’aboutit pas, Chanel ignorant que les Wertheimer, anticipant les lois nazies, ont fait passer légalement le contrôle des Parfums Chanel entre les mains de leur ami Félix Amiot, qui leur rendra après la guerre.
Ayant séjourné dans l’hôtel Ritz dès les années 1920, elle y loue une suite au troisième étage, en 1937. Bien que l’hôtel réquisitionné soit devenu le quartier général de la Luftwaffe en 1940, elle dispose néanmoins d’une suite où elle vit durant la Seconde Guerre mondiale de 1941 à 1944 avec Hans Günther von Dincklage, le baron Spatz. Cet ancien attaché d’ambassade allemand appartient au renseignement militaire allemand, l’Abwehr, selon plusieurs sources, Edmonde Charles-Roux voyant plus en lui un agent d’influence mondain à Paris chargé de favoriser la collaboration. Ils ont une longue liaison amoureuse, qui se poursuivra après la fin de la guerre.
La biographie du journaliste Hal Vaughan (en), s’appuyant notamment sur des archives allemandes et du MI6 déclassifiées, révèle qu’elle fut recrutée comme espionne de l’Abwehr, devenant l’agent F-7124 sous le nom de code « Westminster » (en référence à son ancien amant le duc de Westminster), ce que confirme une fiche récemment déclassifiée des archives de la préfecture de police de Paris, concernant Gabrielle Chanel et portant le même numéro d’agent et le même nom de code. Chanel a été recrutée par le lieutenant Hermann Niebuhr qui l’a mise en relation avec le baron Louis de Vaufreland, ancien agent français de la Gestapo au Maroc et recruteur d’espions allemands, et l’a envoyée en mission en Espagne dès 1941.
En 1943, les Nazis tablant sur sa relation passée avec le duc de Westminster et son amitié avec Churchill, Chanel est chargée d’œuvrer en faveur de la conclusion d’une paix séparée entre l’Allemagne nazie et la Grande-Bretagne. Par l’intermédiaire de Walter Schellenberg, SS-Brigadeführer chef de la section espionnage du RSHA (qu’elle rencontre à Berlin en avril 1943 et qu’elle aidera financièrement après son emprisonnement)43, et d’une amie membre de la famille Windsor, Vera Bate Lombardi (en), elle doit faire parvenir à Churchill une lettre qu’elle lui a rédigée, via l’ambassade de Grande-Bretagne à Madrid. L’opération baptisée « Modellhut » (« Chapeau de couture » en allemand) échoue, car Lombardi dès son arrivée à Londres dénonce Chanel et d’autres complices comme étant des espions nazis.
Hal Vaughan soutient également que Coco Chanel a été d’un antisémitisme féroce : « mariée », dit-il (bien que Chanel ne l’ait pas épousé, il fut son amant vraisemblablement entre 1933 et 1935), à Paul Iribe, elle distinguait les « Israélites » comme les Rothschild qu’elle fréquentait et les « youpins ». Un ancien proche déclare à ce propos : « Juif ou pas, elle s’en foutait. C’était une égocentrique qui n’avait aucune empathie pour le genre humain, qui méprisait les Allemands autant que les résistants et de Gaulle ». Le groupe Chanel dément l’accusation d’antisémitisme, tout en reconnaissant « une part de mystère » chez sa fondatrice au sujet des révélations sur son passé.
En septembre 1944, à la Libération, Coco Chanel est brièvement interrogée par un comité d’épuration des Forces françaises de l’intérieur (FFI) mais relâchée deux heures après ; Winston Churchill, qu’elle connut en 1927 lors de sa liaison avec le duc de Westminster, serait intervenu en sa faveur. La réalité de ce point fait toujours débat, notamment sur le fait que Churchill aurait pu vouloir protéger certains hauts responsables britanniques, membres de l’élite ou de la famille royale, contre des témoignages de leurs sympathies et agissements pro-nazis lors d’un éventuel procès. Néanmoins, on peut souligner que les membres du comité d’épuration ne disposaient alors d’aucune des pièces ni des éléments concernant la collaboration de Chanel tels qu’ils sont connus aujourd’hui, ce qui peut expliquer leur décision.
Elle s’installe alors en Suisse, sur les hauts de Lausanne, au bord du léman, où elle reste pendant dix ans, tout en séjournant encore occasionnellement à Paris. Elle se fait soigner à la clinique Valmont, et l’on peut souvent la rencontrer au salon de thé Steffen, sur les hauts de Montreux, lieu de rencontre de nombreuses célébrités.
Pendant ce temps, à Paris, le « New Look » de Christian Dior fait fureur : taille de guêpe et seins « pigeonnants » obtenus par la pose d’un corset ou d’une guêpière. Elle est effondrée, tout son travail de libération du corps de la femme semblant alors réduit à néant. Le retour à Paris, le triomphe du tailleur en tweed gansé
Pourtant, en 1954, âgée de 71 ans, Chanel accepte de rouvrir sa maison sur l’insistance de ses commanditaires, les frères Wertheimer — qu’elle tenta de déposséder pendant l’Occupation — qui comptent sur sa présence pour relancer la vente des parfums. Elle renoue avec la création mais sa première collection est mal accueillie, car elle s’inscrit à contre-courant du style de Christian Dior. Face aux balconnets et aux formes bouffantes qui font le succès de ce style après-guerre, Chanel veut imposer de nouveau des robes près du corps et une silhouette androgyne.
Le tailleur de tweed, complété par une blouse de soie, des chaussures bicolores et un sac matelassé à chaîne dorée — le 2.55 —, composent le nouveau style Chanel qui deviendra un classique, souvent copié.
Boutique Chanel Joaillerie, en face de l’hôtel Ritz, place Vendôme, à deux pas de la rue Cambon.
Les vêtements Chanel sont portés par les actrices du moment, notamment Romy Schneider ou Jeanne Moreau dans Les Amants (1958) de Louis Malle, et Delphine Seyrig dans L’Année dernière à Marienbad (1961) d’Alain Resnais. Jackie Kennedy portait un tailleur Chanel rose lors de l’assassinat de son mari John F. Kennedy.
En 1957, elle reçoit à Dallas un « Oscar de la mode ». Marilyn Monroe contribue à cette consécration en affirmant qu’elle ne porte, la nuit, que « quelques gouttes de No 5 ».
À partir de 1954, la création de bijoux est confiée à Robert Goossens. Parallèlement, de nouveaux parfums sont créés sous l’impulsion d’Henri Robert, nouveau « nez » de la maison, qui lance Pour Monsieur (1955), No 19 (1970) et Cristalle (1974).
Chanel reçoit ses connaissances et clients dans l’appartement de deux pièces situé au deuxième étage de sa maison de couture, mais réside dans une suite de l’hôtel Ritz, situé à côté de la maison Chanel.
Les années 1960 voient apparaître la mode de la minijupe, popularisée par Mary Quant et André Courrèges, mais Chanel s’y opposera et ne relèvera pas la jupe au-dessus du genou, car elle pense que les genoux sont laids. Elle ne touchera pas à son classique tailleur avec des jupes sous le genou, et restera insensible à la mode de l’époque et aux influences anglo-saxonnes véhiculées par la musique pop.
Les défilés de haute couture se déroulent dans les salons du 1er étage du 31, rue Cambon, où Chanel les suit assise sur les marches de l’escalier qui mène à l’étage supérieur, d’où elle observe les réactions de ses clientes par le biais des miroirs qui tapissent les parois de l’escalier.
Avec les événements de mai 1968, la vague hippie change la donne de la mode. Chanel affirmait que les modes n’étaient bonnes que lorsqu’elles descendaient dans la rue, et pas quand elles en venaient. Chanel devient tyrannique, s’enferme dans son monde fait d’essayages, de défilés, de mannequins et de courtisanes. Edmonde Charles-Roux écrit Jamais Chanel n’aima avouer que son art de vivre était fait de recettes empruntées à Sert. La violence qu’elle apportait à le nier la dénonçait. À 80 ans passés, l’âge où sa rage d’imposture s’était développée jusqu’au délire. ». Sèche et acariâtre, elle est très seule, accompagnée dans ses dernières années parfois par Jacques Chazot et surtout par sa confidente de longue date, Lilou Marquand. Elle déteste la jeunesse en minijupe ou en blue-jean, crache sur le féminismee. Elle souffre de blessures intimes jamais cicatrisées que masque mal sa réputation de « femme de fer » ne montrant pas son désespoir. Aimée de Heeren était une amie fidèle, avec laquelle elle partageait de bons souvenirs du duc Hugh Grosvenor
Le 10 janvier 1971, à l’âge de 87 ans, elle meurt de vieillesse dans sa suite de l’hôtel Ritz au 15 place Vendôme à Paris. Elle est enterrée au cimetière du Bois-de-Vaux, section 9, concession 129-130-131, à Lausanne en Suisse, dans une tombe qu’elle a elle-même dessinéef, réalisée par Jacques Labrunie, mari de sa petite-nièce Gabrielle Palasse-Labrunie, sa seule descendante directe. Dans son testament rédigé le 11 octobre 1965, Chanel lègue sa fortune (estimée par la presse à 10 millions de dollars de l’époque) à la fondation Coga (initiales de Coco et Gabrielle) administrée par Gabrielle Palasse-Labrunie et des avocats suisses, chargée de verser des rentes à ses proches, ses employés ou des artistes.
Dans la boutique Chanel, 31 rue Cambon, un escalier Art déco (escalier célèbre tapissé de centaine de miroirs et aux marches en moquette couleur beige-sable, gansées de cuir blancg) mène à son appartement trois-pièces situé au second étage. Ce lieu se visite si l’on est bonne cliente ou journaliste. Resté tel qu’elle l’avait décoré, il est marqué par son opulence (huit paravents de Coromandel (en) sur pieds ou cloués au mur, tentures de soie recouvertes d’or, sofa en suède aux coussins matelassés et surpiqués préfigurant peut-être le sac 2.de Chanel, chaise de nourrice sur laquelle elle travailla toute sa vie, lustres aux pampilles en cristal de roche, quartz et améthyste, nombreux bibelots).
Ghislaine-Perrynn
23 décembre 2017 @ 10:20
MERCI beaucoup Marcel .
Bon Noël