A un mois de l’abdication de l’empereur Akihito du Japon, le Premier Ministre a dévoilé le nom de la nouvelle ère impériale qui identifiera le règne de l’empereur Naruhito. Il s’agira de l’ère « Reiwa » (dont l’orthographe est encore à confirmer). « Cela signifie la naissance d’une civilisation où règne une harmonie entre les êtres« , a précisé le Premier ministre Shinzo Abe.
Pierre-Yves
1 avril 2019 @ 08:44
Quand le premier ministre Abe évoque l’harmonie entre les êtres, je me demande ce qu’il a en tête, lui qui ne me parait pas être l’homme le plus paisible, le plus zen, et le plus tempérant qu’on puisse trouver.
Mais Olivier pourra, si nécessaire, nuancer cette impression.
olivier kell
1 avril 2019 @ 16:19
oui les paroles sont belles , les actes …..
Corsica
2 avril 2019 @ 00:49
Pierre-Yves, votre questionnement est tout à fait légitime car la défaite japonaise a bouleversé la situation d’Hirohito et de ses successeurs : l’empereur a perdu à la fois son statut de divinité à forme humaine, son pouvoir politique, son titre de chef de l’état et la loi qui, depuis l’empereur Meji, régissait la Maison impériale. Or c’est dans cette Loi que l’on trouvait les règles concernant les noms d’ère. En effet c’est Meji, celui qui propulsa son pays dans la modernité en mettant fin au shogunat et au système féodal, qui décidât que le nom d’une nouvelle ère devait, selon le principe en vigueur dans la Chine des Qing, être uniquement lié à l’intronisation d’un nouvel empereur. Et c’était lui seul qui le choisissait.
Après la guerre, la nouvelle mouture de la Loi pour la Maison impériale fut intégrée à la Constitution de 1947 mais elle ne spécifiait rien sur les changements d’ères laissant ainsi la place à de nombreux débats qui durèrent 30 ans (certains voulaient revenir aux dispositions de Meji, d’autres voulaient adopter un calendrier unique, celui des Occidentaux). Finalement en 1977, une nouvelle loi régla la question : un nouvel empereur = une nouvelle ère mais le pauvret, qui montait sur le trône en étant juste le Symbole de l’état et de l’unité du peuple, n’avait plus son mot à dire.
Dorénavant, c’était le Premier Ministre qui avait la mainmise sur la question puisque lui seul pouvait choisir les personnes amenées à proposer des noms. Des noms qui devaient obligatoirement avoir un sens en adéquation avec les idéaux de la nation, être composé de deux idéogrammes, être facile à lire, ne pas avoir été utilisé auparavant comme nom d’ère et ne pas être d’usage courant. Puis c’est toujours le Premier ministre, entouré du secrétaire général du Cabinet, du directeur général de son bureau et du directeur général du bureau du cabinet pour la législation qui faisait le choix des quelques propositions élues à présenter au Conseil des ministres après avis des présidents et des vice-présidents des deux Chambres.
Donc ce n’est vraiment pas un hasard que pour la première fois, sous la houlette d’un Premier Ministre très conserveur et nationaliste convaincu, le nom de l’ère du futur empereur n’a pas été extraite de la poésie chinoise mais d’un poème tiré du plus ancien recueil de poèmes japonais appelé Manyoshu. Et comme Shinzō Abe l’a dit dans son allocution, ce choix signifie que « comme le printemps vient après l’hiver sévère » on est au début d’une période qui déborde d’espoir. « C’est la naissance d’une civilisation où règne une harmonie entre les êtres ». Un comble, comme vous l’avez pressenti, pour un Premier Ministre qui tient plus du faucon que de la colombe et souhaite remanier la Constitution pour que les forces Japonaises d’autodéfense, redevienne une armée capable de s’impliquer à l’extérieur…
Gibbs
3 avril 2019 @ 10:38
Pour moi, l’empereur Hirohito est un criminel de guerre qui aurait dû être destitué.
Je vais encore me faire des amis mais je le pense.
Corsica
4 avril 2019 @ 19:53
Gibbs, je le pense aussi mais les négociations et les concessions faites à Mac Arthur ont non seulement permis à Hirohito d’éviter de comparaître pour crimes de guerres devant le tribunal de Tokyo mais elles l’ont blanchi de toute responsabilité dans le conflit … !
Gibbs 😉
6 avril 2019 @ 08:36
Corsica,
Je ne le sais que trop.
Les erreurs de l’Histoire !
Olivier d'Abington
2 avril 2019 @ 07:09
Cher Pierre-Yves,
Vous avez parfaitement raison!
Et cette nouvelle ère en est une malheureuse preuve.
Depuis toujours, la tradition voulait que le nom de l’ère impériale japonaise soit tirée de la poésie traditionnelle. Autrement dit, d’origine chinoise. Et donnée en idéogrammes chinois.
Cette ère fait figure d’exception. Et pas parce que l’Empereur a abdiqué.
Le gouvernement et l’Agence impériale, alors même qu’ils se réclament de la « tradition » (en fait d’un nationalisme idiot et très mal placé!) ont « pioché » le nom de la nouvelle ère dans le « Manyoshu » une anthologie de poésie publiée à la fin du 7ème, début du 8ème siècle.
C’est donc, déjà, un premier mouvement vers une forme de nationalisme jamais vue auparavant! Même l’ère Showa, pourtant bien militariste en son genre, n’avait pas enfreint cette règle ancestrale.
Mais, le plus grave et le nom « Reiwa » lui-même.
Bizarrement, au Japon, on entend peu les voix de ceux qui critiquent déjà ce nom, pour une excellente raison!
Les Chinois ont été les premiers (et pour cause, puisqu’ils connaissent mieux la racine des idéogrammes utilisés) à signaler que quelque chose cloche.
Oui, on peut interpréter le nom ainsi qu’il est reporté dans cette annonce officielle (bien que la traduction soit à mon sens un peu excessive!).
Mais, en réalité, le sens PREMIER et toujours d’actualité pour ce « Reiwa » est en fait: « Ordre et Paix » ou « La paix obtenue à travers l’ordre » ou encore « La paix au service de l’ordre ».
Ce qui en dit long sur les vues du gouvernement pour les années qui viennent!
Je ne suis pas particulièrement ravi de rentrer de mon voyage de Roumanie sous ces auspices!
Pierre-Yves
2 avril 2019 @ 13:38
Merci à tous les deux (Olivier et Corsica), pour vos explications détaillées, qui me confirment qu’il y a un peu de souci à se faire. Cependant, Abe ne devrait pas passer pas sa vie entière à la tête du gouvernement du Japon.
Karabakh
2 avril 2019 @ 14:35
Dieu ait-il pu vous conduire dans la campagne profonde de Roumanie. Cela vous aura instruit sur la réalité roumaine et nous permettra enfin de respirer lorsqu’il sera question de la famille de Roumanie. L’harmonie entre les êtres.
C’est beau de rêver…
bételgeuse70
1 avril 2019 @ 09:09
Joli programme. Serait-ce une mise en garde ?
Mary
1 avril 2019 @ 11:00
Croisons les doigts…
Harmonie et vérification des centrales atomiques aussi, ce serait bien…
Danielle
1 avril 2019 @ 11:44
Si la naissance de cette civilisation pouvait être bénéfique pour Masako et Aiko !!
Karabakh
2 avril 2019 @ 14:36
Comme l’ouverture d’Olivier sur la réalité roumaine, le bénéfice pour Masako et Aiko est une utopie.
Athenais
1 avril 2019 @ 13:18
Harmonie entre les êtres, c’est une blague ? Surtout au Japon où le bien être des individus n’est pas nécessairement une priorité !
Baboula
1 avril 2019 @ 13:48
Vœu pieux ! C’est merveilleux de décréter ainsi ce que seront les temps à venir. Je ne veux pas le contrarier mais j’ai une vue différente de l’avenir .
Caroline
1 avril 2019 @ 16:05
Suite à l’ annonce de l’ ère « Reiwa », les imprimeurs ont commencé la production de calendriers, pièces de monnaie et gadgets en tout genre à l’ effigie de cette nouvelle époque.
L’ ère » Reiwa » débutera officiellement , le 1er Mai prochain !
daniluc73
1 avril 2019 @ 16:21
Quel sera les titres et statuts de leurs majestés impériales » retraitées « ,
Merci de vos réponses.
Karabakh
2 avril 2019 @ 14:38
Jardiniers du printemps qui chante ?
Je sors…
Corsica
2 avril 2019 @ 14:54
Empereur et impératrice émérites.
Jean Pierre
1 avril 2019 @ 16:36
A t-il pu donner, ne serait-ce qu’un avis le brave Akihito ?
Karabakh
2 avril 2019 @ 14:38
Non.
septentrion
1 avril 2019 @ 16:42
Autrefois, les empereurs choisissaient le nom de l’ère de leur règne, il semble qu’aujourd’hui ce soit le gouvernement qui a choisi. L’empereur Akihito a été informé du nom de la nouvelle ère peu avant qu’elle soit annoncée.
Marc DUPONT
15 avril 2019 @ 16:37
Souhaitons, en tout cas, aux futurs nouveaux souverains un règne heureux …