L’observation de leur place et de leur rayonnement par l’intermédiaire de leur corps – son apparence, naturellement, mais aussi les maladies dont il est atteint, les pratiques quotidiennes imposées et les images qui en sont données – atteste que la fonction ne se limitait pas à l’enfantement mais devenait bel et bien partie prenante du « grand récit », mythique et politique, de la royauté.
La symbolique plurielle de ce corps féminin, à la fois fécond, pacifique et gracieux, constituait le pendant essentiel à l’autorité virile, martiale et chevaleresque du roi.
Cette complémentarité, avec ses crises, ses évolutions et ses surprises, se déploie, du Moyen Âge au xixe siècle, dans une dimension à la fois politique, artistique et culturelle. À partir d’archives et d’images souvent méconnues ou inédites, Stanis Perez nous invite à redécouvrir cette histoire sensible et stratégique d’un pouvoir féminin trop longtemps occulté. » (merci à Anne)
« Le Corps de la reine. Engendrer le prince d’Isabelle de Hainaut à Marie-Amélie de Bourbon-Sicile », Stanis Perez, Perrin, 2019, 472 p.
Menthe
1 février 2020 @ 10:49
Voici une approche intéressante du rôle de ces femmes à travers l’histoire.
Pierre-Yves
1 février 2020 @ 12:00
Les avantages à être reine étaient finalement bien faibles au regard de l’impérieuse obligation où elles étaient d’assurer la continuité dynastique et de faire bonne figure en toute circonstance. Plus généralement, les avantages d’être femme furent, tout au long des siècles passés, minimes, pour ne pas dire inexistants. Ce n’est qu’au XXème siècle que les choses ont commencé à bouger, non sans mal. Ce ne serait, finalement, pas injuste, quand on y songe, que les temps futurs soient ceux des femmes, et que les hommes se conduisent modestement sans chercher à dominer le monde. Du reste, sur N&R, c’est déjà ce qui se produit :)
Pascal
2 février 2020 @ 07:48
C’est curieux en lisant le résumé je comprends presque exactement le contraire de ce que vous avancez là.
Ce qui ne fait du reste que confirmer ce que je pense depuis longtemps .
Je crois que dans ce domaine comme dans d’autres,le passage de la féodalité à l’état moderne n’a pas eu que des avantages et le passage d’une société terrienne à une société capitaliste et industrielle non plus.
Quant à votre souhait je dirais que dans ma naïveté j’espérais que l’arrivée d’un fort contingent de femmes dans le monde du travail apporterait plus de douceur à celui-ci, or j’ai l’impression qu’il n’ en est rien , bien au contraire.
Est-ce, pour employer des termes à la mode , conjoncturel ou structurel ? Je ne saurais le dire.
Pierre-Yves
2 février 2020 @ 18:19
Le monde du travail s’est beaucoup durci, et les femmes subissent comme les hommes (et peut-être davantage) cette évolution délétère.
Robespierre
1 février 2020 @ 12:31
J appelle cela un « digest ». Rien de nouveau sous le soleil. Un titre censé être accrocheur. Merci mais non merci, comme disent nos amis anglais.
Anacharsis
1 février 2020 @ 19:15
Vous vous priveriez, je crois ! Les livres de Stanis Perez sont toujours passionnants.
Je demande pardon pour la « tartine », mais, pour vous donner une idée de la nature générale de ses écrits, je me permets de retranscrire ici les 4e de couverture de 3 de ses ouvrages que je me réjouis de posséder :
Journal de santé de Louis XIV :
« On va trouver dans ces pages la nouvelle édition d’un document exceptionnel, aujourd’hui pratiquement introuvable. Le journal de santé de Louis XIV, rédigé durant cinquante-huit années de la vie du monarque par ses médecins, A. Vallot, A. Daquin et G.-C. Fagon, constitue en effet, aux côtés du journal d’Héroard, un monument d’histoire médicale et culturelle du XVIIe siècle, en même temps qu’un document indispensable à une « bio-histoire » de la monarchie.
« Le roi, de page en page, est purgé et chanté » c’est ainsi que Michelet en résume le contenu dans sa célèbre Histoire de France. Et c’est bien en effet un dévoilement du simple corps du roi auquel on assiste au fil du texte, celui des « incommodités » et des misères physiques, bien loin des postures hiératiques de la légende monarchique: fièvres, migraines, embarras digestifs, selles, vents, cicatrices, cauchemars, mauvaise haleine, taenia, une gourmandise maladive, une goutte qui finira par se transformer en gangrène, et bien sûr la fameuse opération de cette fistule venue saper le fondement même de l’incarnation monarchique.
Et l’on réalise alors à quel prix ce prince, « si travaillé de l’intérieur » comme dit Sainte-Beuve, sut faire d’un idéal stoïcien de maîtrise de soi un programme de gouvernement, afin de conserver à la majesté le double corps de son apparence. »
La santé de Louis XIV : Une biohistoire du Roi-Soleil
« Excellent danseur, chasseur infatigable, gourmand presque glouton, brillant chef de guerre, amant actif, Louis XIV a joui de la réputation d’une santé exceptionnelle. Cependant, la lecture du Journal de santé tenu par ses médecins révèle que son règne de soixante-dix ans, le plus long de la monarchie française, est aussi l’un des plus marqués par les maladies. La santé du roi subit de nombreuses pathologies (gale, blennorragie, dysenterie…) sur fond constant d’indigestions, migraines, maux de dents et attaques de goutte. Entre vie publique et vie privée s’installe un équilibre précaire, surveillé par la Cour et les trônes étrangers. Chaque guérison est brillamment célébrée, de façon à faire taire les rumeurs, et mise au service d’une propagande glorifiant un monarque que rien ne peut atteindre. La santé du Roi-Soleil est ainsi rendue à sa dimension médicale, mais aussi sociale et politique, et apparaît comme un élément déterminant dans la mise en scène du pouvoir tout au long du règne. »
La mort des rois
» Le Soleil, ni la Mort ne se peuvent regarder fixement » prétend le moraliste. Pourtant, lorsqu’il s’agit des derniers jours d’un roi, les courtisans accourent, les ambitieux trépignent et les cabales vont bon train autour d’un agonisant que chacun surveille du coin de l’œil. Aussi, nombreux sont les témoins directs ou indirects a avoir laissé des textes relatant ces faits trop importants pour ne pas être censurés par les conventions et la « propagande » officielle. Souvent tombées dans l’oubli, quelques-unes de ces archives ont été sélectionnées et, pour certaines, traduites et publiées pour la première fois. Elles décrivent, de Charles Quint à Louis XV, le trépas de monarques français et espagnols, les cas de régicides ayant été exclus.
Faisant œuvre de thuriféraires, de curieux ou de détracteurs, les médecins, les clercs et les courtisans à l’origine de ces pages édifiantes ont souhaité léguer à la postérité un ultime portrait de leur souverain. Parce qu’elles pointent du doigt le drame universel de la mort, ces vanités baroques s’attardent sur des corps que la souffrance réduit à leur plus simple humanité. Si, dans bien des cas, l’obscénité des descriptions est rachetée par le miracle d’une sainteté naissante, il arrive aussi que la comédie du dernier soupir achève un travail de désenchantement sans retour.
Variés de par leur nature, leur origine et leur date, tous ces documents jettent un dernier regard sur le crépuscule de personnages tentés par l’immortalité. Ainsi, malgré les mythologies chargées d’exorciser la royale mélancolie et de garantir la continuité de l’État, les rois finissent tous par mourir sur la scène politique qui les a vu naître et grandir. Une leçon pour tous les temps…
Historien du corps, membre de la Société internationale d’histoire de la médecine, Stanis Perez est spécialiste du Grand Siècle. Il a notamment publié une nouvelle édition dit journal de santé de Louis XIV (dans la même collection, 2004). »
aggie
3 février 2020 @ 04:10
Très intéressant et bien sur ça confirme ce que l’on savait déjà, Louis XIV avant une constitution robuste mais aucune hygiène alimentaire, problème à la source de nombre de ses maux, tout ça associé à une médecine pas très performante. Il a vécu longtemps pour l’époque mais que de souffrances endurées.
AnneD75
1 février 2020 @ 13:01
C’est un excellent conférencier, j’ai suivi à la rentrée un cycle de conférences sur « le corps de la femme », très intéressant, il a beaucoup d’humour et c’est un plaisir de l’entendre ! Je prévois de reprendre un cycle avec lui dès que le programme sera édité en juin !
Jean Pierre
1 février 2020 @ 13:02
Je connaissais les « Deux corps du roi » de Kantorowicz voilà donc le corps de la reine.
Pascal
2 février 2020 @ 07:54
Je pense que ce livre doit être un complément ou un développement à l’ouvrage fondamental que vous citez .
Quand à ce dernier je ne l’ai pas encore lu je l’avoue mais je pense que je devrais faire !
Sa thèse principale semble très bien définir ma propre vision de la monarchie .
Tous les avis de lectures seront les bienvenus.
Robespierre
2 février 2020 @ 11:12
encore une tête coupée sur une couverture de livre. Je ne compte plus les biographies et livres d’histoire où l’on voit un corps de femme vêtu somptueusement avec les atours d’autrefois et pas de tête.
Cosmo
2 février 2020 @ 11:48
Dear Rob,
Il est bien connu que les femmes n’ont pas de tête. c’est donc une illustration de cette vérité millénaire…
Bon dimanche
Cosmo
Brigitte - Anne
2 février 2020 @ 21:32
Rhoooo Cosmo , j’aime bien cet humour du second degré ! Et pourtant notre tête est souvent chavirée par vous messieurs ainsi que notre coeur . Bonne semaine
aubert
3 février 2020 @ 10:12
Le meilleur: chavirer à deux.
Gérard
6 février 2020 @ 21:06
Le portrait dont nous voyons un détail est une huile sur toile de 180 x 140 cm, et c’est un portrait de Marie-Thérèse d’Autriche, reine de France, qui a été peint vers 1660–1661 et qui est conservé au château de Versailles.
Il a toujours été dans les collections royales, il est entré à Versailles sous Louis-Philippe, a été placé dans le salon de Diane à l’emplacement du Sacrifice d’Iphigénie de Charles de La Fosse, puis il a été exposé à Trianon avant de retourner à Versailles dans la salle du Maroc au premier étage de l’aile du Nord en 1963, l’année suivante il fut placé dans les salles du XVIIe siècle au rez-de-jardin de l’aile du Nord puis dans la salle de la Smala en 1969 avant d’être dans les réserves en 1972 puis d’être exposé dans les salles du XVIIe siècle à nouveau en 1985 d’abord dans la salle 11 puis dans la salle 9 au rez-de-jardin en 1998.
Le tableau est attribué à Charles Beaubrun né en 1604 à Amboise et mort à Paris en 1692 qui l’aurait peint avec son cousin Henri Beaubrun dit le Jeune né à Amboise en 1603 et mort à Paris en 1677. On leur connaît surtout des portraits des reines de France sur commande de Louis XIII et de Louis XIV. Ils étaient les neveux du peintre Louis Bobrun chez lequel ils débutèrent. Henri fut valet de garde-robe de Louis XIII après son père puis porte-arquebuse du roi qui s’aperçut qu’il avait une grande disposition au dessin. Les deux cousins furent membres fondateurs de l’Académie royale de peinture et de sculpture. On connaît d’eux également un portrait assez semblable de la jeune reine Marie-Thérèse. Dans une pose à peu près semblable on a également une toile de Jean Nocret.
La reine porte une robe en soie brodée de brocards d’argent et de fleurs de lis d’or et elle tient dans sa main droite une branche de fleurs d’oranger. La robe fait écho au brocart qui recouvre la table où elle a posé sa main. Les dentelles, le collier de perles, les rubans rouges dans sa chevelure ajoutent des nuances bordeaux, rouges, blanches et grises. Ces rubans bleus ou rouges sont le symbole du sang royal.