Sur ce tableau réalisé en 1791 intitulé « La leçon de harpe« , le peintre Jean-Antoine-Théodore Giroust (1753-1817) a représenté la comtesse de Genlis, gouverneur des enfants du Duc de Chartres, au côté de sa jeune élève la Princesse Adélaïde d’Orléans et de sa fille Paméla Brûlart de Sillery qui tourne les pages des partitions au pupitre.
En plus de pratiquer des méthodes d’éducation très rudes mais aussi très efficaces, la comtesse de Genlis était une virtuose de la harpe. Après la révolution, la comtesse de Genlis emmena avec elle la Princesse Adélaïde en Angleterre afin de lui parfaire son éducation avant de confier la Princesse Adélaïde à son frère Louis-Philippe, Duc d’Orléans. (merci à Charles – photo DR)
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Bambou
28 octobre 2020 @ 06:33
Duc de Chartres. Un des fils de Louis-Philippe ? Dites moi si je me trompe.
Phil de Sarthe
28 octobre 2020 @ 12:32
Le père plutôt, pas encore Duc d’Orleans….😉
Cosmo
28 octobre 2020 @ 07:07
Oh le chapeau pour donner une leçon de harpe…effet d’artiste probablement.
En visite
28 octobre 2020 @ 09:36
Intéressant pour l’article. Mais je suis contente de voir ce tableau : la harpe est mon instrument préféré.
Muscate-Valeska de Lisabé
28 octobre 2020 @ 18:47
Le mien aussi.
Avec le violoncelle.
Leonor
28 octobre 2020 @ 10:01
Aïe, aïe, aïe, enseigner la pratique d’un instrument de musique à un enfant, ça ne s’improvise pas. C’est dur, ardu, répétitif, contraignant. Pour l’enfant et pour l’enseignant.
Jusqu’à ce que, merveille, la mélodie du morceau enfin éclose, aérienne ou grave, une fois que tout est en place, les doigts, l’archer au bon endroit sur la bonne corde et dans la bonne position, sans oublier le point après la blanche , et le dièse, là, tu vois, là, dièse, please, Mam’zelle , tu l’entends, avec le dièse, que là, tu es dans le ton ? Quelle gamme déjà ? Voilààààà .
Bon , allez, ça, c’était pour le violoncelle et pour l’alto.
La harpe , ce n’est pas vraiment ma tasse de thé, sauf la harpe celtique.
Mais bon, parce que c’est vous , et parce que c »est Mozart, voilà votre concert du matin :
https://www.youtube.com/watch?v=4oj_2Lmb23A&ab_channel=JuliaRovinsky
Mozart, Concerto pour flûte et harpe, Dir. Zubin Mehta
ciboulette
28 octobre 2020 @ 18:46
Merci de tout coeur , Léonor , surtout pour l’admirable second mouvement qu’on peut entendre aussi dans le film » Amadeus » .
Les instruments à cordes sont sans doute les plus difficiles pour l’apprentissage .
PATRICIA
30 octobre 2020 @ 11:14
Leonor, on sent le vécu. Vous nous aviez déjà raconté avoir foulé les archives endommagées par l’eau dans les sous-sols des palais vénitiens. Vous devez être une virtuose. J’adore la Harpe. Merci pour le lien. Un grand merci pour cette douceur en ces jours assombris par les évènements extéreiurs. Merci, merci !
Leonor
30 octobre 2020 @ 18:59
Tant mieux, les filles, si mes petits intermèdes musicaux vous font plaisir. J’hésite à en mettre, car je me dis que tout le monde peut aller en chercher sur youtube, et que mes propositions peuvent donc paraître superfératoires.
Mais apparemment non, donc.
Patricia, oh non, je n’ai rien d’une virtuose. Simplement musicienne amateur, de niveau correct, avec une bonne formation, culture et pratique musicale, oui, mais virtuose, non.
Mais votre plaisir est le mien.
PATRICIA
28 octobre 2020 @ 10:25
Au moins, la jeune princesse a été sauvée des barbaries de la révolution !
Robespierre
28 octobre 2020 @ 13:04
Oui, mais à cause de son père, aucun prince de famille importante ou régnante n’a voulu l’épouser. Elle a vécu en très bonne intelligence avec son frère Louis-Philippe quand il fut roi et elle était sa conseillère, vu son haut niveau d’éducation, elle était pour lui le seul interlocuteur valable.
Vitabel
28 octobre 2020 @ 10:36
Ce tableau me donne l’impression d’entendre le son de la harpe…
Jean Pierre
28 octobre 2020 @ 14:58
Et pourquoi pas du Fauré…du coup je baille.
Gérard
28 octobre 2020 @ 15:43
En 1791 Madame de Genlis était en charge des enfants du duc d’Orléans et non plus du duc de Chartres car le duc d’Orléans à l’époque était leur père Philippe, qu’on appellera Égalité, depuis la mort de son propre père Louis-Philippe d’Orléans dit le Gros qui était décédé en son château de Sainte-Assise à Seine-Port le 18 novembre 1785.
Néanmoins il est vrai que la comtesse s’occupa de ses enfants bien avant la Révolution et la mort du duc d’Orléans.
Ce tableau a été acquis par le Dallas Museum of Art en 2015 aux enchères et son titre officiel est Mademoiselle d’Orléans prenant une leçon de harpe. La toile de 250 × 185 cm a été héritée par Louis-Philippe puis par son deuxième fils le duc de Nemours, après quoi elle passa au duc d’Alençon, fils du duc de Nemours, puis au duc de Vendôme son fils qui la conserva à Wimbledon dans le Surrey. Elle fut vendue aux enchères en 1937 et achetée par le baron Robert Gendebien, de Bruxelles, elle passa ensuite aux héritiers de celui-ci avant une vente chez Christies à Monaco le 16 juin 1989. Le nom de l’acquéreur de 1989 n’est pas connu.
Il y a donc trois personnages sur cette toile la troisième étant sans doute la fille naturelle de Madame de Genlis et du duc d’Orléans, qui étudiait avec Adélaïde, Mademoiselle Pamela. Le tableau a dû être peint en vue de l’exposition au Salon de septembre 1791 certainement à des fins de propagande pour le duc d’Orléans deux mois après Varenne.
Antoine Giroust, l’auteur, était membre de l’Académie et de tendance libérale comme David. En 1791 il devant le peintre officiel du duc d’Orléans.
Pamela était Anne Stéphanie Caroline Sims ou Pamela Brûlart de Sillery, elle naquit à Terre-Neuve en 1776 et était qualifiée d’amie des enfants de Madame de Genlis. Elle était réputée être la fille naturelle d’un gentilhomme anglais William de Birxey et de Mary Sims. Le nom de Pamela lui fut donné en France en l’honneur de l’héroïne d’un roman de Richardson alors en vogue, et elle fut élevée avec les enfants de Madame de Genlis et avec les enfants d’Orléans dans un pavillon du couvent des dames de Bellechasse.
La peinture a été exécutée au château de Saint-Leu.
La baronne d’Oberkirsh disait de la comtesse : « Un trait immensément ridicule de cette femme non féminine est sa harpe. Elle est là, elle la porte partout, en parle quand elle est sans, elle la grave sur une croûte de pain et y va avec sa ficelle. »
La chaise de Madame de Genlis est une chaise à l’étrusque et sans doute de la menuiserie de Georges Jacob.
On voit dans cette belle pièce décorée à l’antique une statue de bronze de Minerve pourtant le bonnet phrygien et tenant une pique ce qui est un symbole révolutionnaire.
Au salon un critique républicain écrivait : « Parmi les portraits, j’ai remarqué celui de Mademoiselle d’Orléans. Elle est représentée au premier plan du tableau en jouant de la harpe. Mademoiselle Pamela, habillée comme une jeune fille grecque, ouvre les cahiers. Madame Sillery l’accompagne […] Lorsque les trois arrivèrent devant le tableau, le portrait était abandonné et les gens n’avaient d’yeux que pour les sujets eux-mêmes. Ils portaient des bonnets Liberté qui viennent même sur la tête des ennemis de nos libertés. »
Ces trois dames émigrèrent en 1792 et dès cette année-là à Tournai. Paméla épousa un célèbre patriote irlandais lord Edward FitzGerald (1763-1798) fils cadet du duc de Leinster qui lui donnera trois enfants. Il fut condamné à mort pour rébellion à Dublin et mourut de ses blessures avant le supplice le 4 juin 1798. Sa veuve se remaria avec le consul américain à Hambourg Monsieur Pitcairn mais ils se séparèrent après la naissance d’un enfant.
En 1812 elle rentra en France et vécut d’une rente fournie par Louis-Philippe.
En 1842 Louis-Philippe commanda à Jean-Baptiste Mauzaisse (1784-1844) une copie du tableau pour la galerie historique de Versailles et cette copie semble être aujourd’hui au musée de la Musique à Paris.
Antoine Giroust avait également peint Sainte Félicité exhortant son dernier fils au martyre, de 1791 également. Ce portrait était destiné à décorer la chapelle du château de Saint-Leu qui était aux Orléans. Il s’agit d’une réinterprétation du Second Livre des Macchabées. Giroust était libéral mais attaché cependant à ses privilèges et chrétien convaincu. Mais il devait se suicider en 1817 après des revers politiques et avait le sentiment d’être abandonné par ses mécènes et ses confrères.
On a plus de détails dans le site Forum de Marie Antoinette.
Robespierre
29 octobre 2020 @ 16:54
Madame de Genlis n’a jamais dit que Pamela était sa fille et celle du duc d’Orleans. Mais son origine anglaise est très floue et les dates pourraient « coller » avec la liaison . Dans ses mémoires, où elle jouait les dames vertueuses (mais on était au 19e S) elle ne pouvait avouer cette parenté. Elle était très belle, Pamela, et je crois que c’est à Spa que le lord irlandais tomba amoureux d’elle. On a dû lui donner le fin mot de l’histoire, sinon l’aurait-il épousée ? La rente de Louis-Philippe est assez révélatrice. Lui savait à quoi s’en tenir.
Gérard
31 octobre 2020 @ 13:57
Cher Robespierre, on a dit que Madame de Genlis aurait eu deux enfants du duc d’Orléans Pamela et une Hermione qui épousa J. Collard.
Pamela se maria en premières noces avec Lord Edward Fitzgerald dont elle eu trois enfants, et en deuxièmes noces avec Joseph Pitcairn et mourut à Paris le 7 novembre 1831.
Il y a beaucoup de mystère dans les origines de Pamela et il me semble que le dernier auteur qui se soit penché sérieusement sur la question de l’origine de Paméla est Laura Mather dans son ouvrage de 2017 The the Life and Networks of Pamela Fitzgerald, 1773-1831, Departement of History, Mary Immaculata College à Limerick.
Elle estime que la mystérieuse Paméla n’était pas la fille de Philippe et de Madame de Genlis.
Robespierre
1 novembre 2020 @ 11:44
Possible.
Pour l’autre fille, qui s’appelait Hermine, pas Hermione, c’est plus flou. Elle fut l’aïeule d’une célèbre empoisonneuse dont j’ai oublié le nom. Madame… ? Et il n’est même pas sûr qu’elle empoisonna son époux. Ma mémoire n’est plus ce qu’elle était.
Vous verrez sans doute de qui je veux parler.
Teresa2424
28 octobre 2020 @ 20:57
Leonor sabía por tus comentarios que amas la música,gracias por Mozart tenemos una pasión común