C’est en juin 2020 que le chantier de réaménagement des jardins du château de Maisons a commencé.
Profondément remanié au cours de l’histoire et réduit en raison de l’urbanisation de Maisons-Laffitte, le parc du château a beaucoup perdu de sa valeur.
Ainsi, son état actuel ne représente 2% de la surface d’origine de 500 hectares qui s’étendait alors jusqu’à la forêt de Saint-Germain-en-Laye avec des vergers, des jardins fleuris, des promenades, des bassins, des vignes…
Le jardin actuel ne fait plus que 10 hectares, Il ne comporte que très peu de matière historique, à l’exception du bassin et du tracé de la terrasse sud.
Selon les textes et gravures anciens, deux parterres de plans carrés composés de rectangles plantés autour d’un bassin central, encadraient le château côté Seine et côté cour d’honneur. Ainsi, la perspective s’étendait jusqu’aux caves du nord, à la lisière de la forêt de Saint-Germain-en-Laye, et la cour d’honneur se prolongeait jusqu’à l’actuel rond-point à l’angle de l’avenue Eglé et de l’avenue du Général Leclerc.
Après avoir restauré la cour d’honneur, le portail, les grilles et la façade sur cour, les travaux se poursuivent pour un an dans le jardin et pour cinq ans sur la terrasse côté Seine. Il s’agit de redonner à ces espaces l’allure la plus proche possible de celle imaginée par François Mansart.
Les deux parterres centraux, allongés à leurs extrémités, sont traités en « prairie fleurie » et bordés d’une rangée supplémentaire d’arbres. L’allée centrale sera, quant à elle, engazonnée et tondue à ras.
Parallèlement, «la terrasse côté Seine avec sa balustrade va être entièrement rénovée. Elle sera agrémentée par l’évocation de bac d’orangers, sous forme de caisses végétales. Les grottes, situées aux deux extrémités du mur de soutènement, seront restituées et ses salles de fraîcheur mises en lumière.
Concernant les essences d’arbres retenues dans l’avant cour, les chênes verts sont privilégiés, car ils possèdent un feuillage persistant, permettant de résister à l’hiver. Les arbres de forme conique qui caractérisent actuellement ce jardin seront conservés, mais déplacés à d’autres endroits duc parc.
En avril 1651, René de Longueil reçoit pour l’inauguration du château le jeune Louis XIV et sa mère Anne d’Autriche lors d’une fête somptueuse qui marquera l’esprit du jeune monarque.
Considéré comme l’une des plus belles demeures de son temps, le domaine de Maisons reste la propriété des Longueil et de leurs descendants, Belleforière et Soyécourt jusqu’en 1777 date à laquelle il est racheté par le comte d’Artois, frère de Louis XVI.
Devenu bien national à la Révolution le mobilier et les oeuvres d’art sont dispersés. Jean Lanchères de La Glandière, fournisseur aux armées, s’en rendit acquéreur et le revendit à Jean Lannes en 1804. Lannes entreprit d’importants travaux dans l’aile droite, remodelant entièrement l’appartement dit « de la Reine ». Il y fit de fréquents séjours entre deux campagnes, y installant sa femme Louise et ses cinq enfants. Il mourut prématurément à Essling en 1809.
Sa veuve, qui fut successivement dame d’honneur de Joséphine, puis de Marie-Louise, garda le domaine jusqu’en 1818, le revendant au banquier Jacques Laffitte.
Jacques Laffitte, banquier qui joua un rôle central lors de la Révolution de Juillet procède à des travaux d’envergure dans le parc de Maisons qu’il transforme en partie en lotissement dans une opération immobilière sans précédents et démolit les écuries. En 1850, Thomas de Colmar rachète le Château et ce qui reste du parc et en 1877, Tilman Grommé, peintre russe, devient propriétaire, lotit le Petit Parc et installe la grille d’honneur, qui vient d’un autre château.
Au début du XXe siècle, le château est menacé de destruction par son dernier propriétaire qui souhaite étendre le lotissement. L’Etat sauve le château de la destruction en se portant acquéreur en 1905 et le château est ouvert pour la première fois au public sept ans plus tard, le château de Maisons est classé monument historique, affecté à la Caisse Nationale des Monuments Historiques et des Sites et devient essentiellement un espace de réception.
Le château, privé de son parc et de ses dépendances au XIXe siècle, reste cependant l’un des meilleurs exemples de la naissance de l’art classique français. Construit en pierre blonde de Chantilly, il est composé d’un corps de logis central et de deux grands pavillons, précédés, côté cour, de deux pavillons bas en terrasse, et côté jardin de deux minces portiques. Sur la façade, François Mansart établit une harmonie verticale marquée par des lignes perpendiculaires et des décors sculptés.
La décoration sculptée de la façade, côté cour d’honneur, a été réalisée à l’époque de la construction, sous la direction de Jacques Sarrazin, artiste français qui dirigea également la décoration du Louvre.
Premier grand château « ouvert » avec son vestibule central et son escalier à jour, le château de Maisons, présente les traits novateurs du château moderne dans lequel se conjuguent les esthétiques classique et baroque.
Charles Perrault était tombé sous le charme du château de maison : « D’une beauté si singulière qu’il n’est point d’étranger qui ne l’aille voir comme l’une des plus belles choses que nous ayons en France. » .
Des scènes de « La fille de d’Artagnan » et de « La Reine Margot » y ont été tournées et une copie commandée par un milliardaire chinois existe à quelques kilomètres de Pékin. Pour plus d’informations sur les travaux en cours : http://www.chateau-maisons.fr/Actualites/Les-jardins-du-chateau-en-chantier (Merci à Guizmo)
Pistounette
23 février 2021 @ 01:03
Beau reportage, merci Guizmo
Phil de Sarthe
23 février 2021 @ 08:40
L’intérieur est magnifique! Et dire que l’appétit des promoteurs a failli tout faire disparaitre….
Robespierre
27 février 2021 @ 20:45
oh oui, et la douceur des couleurs. L’intérieur dépasse en beauté largement l’extérieur.
Marnie
23 février 2021 @ 08:44
La proposition de la dernière photo montre une vision très contemporaine et soi-disant « écolo » du jardin, ces prairies fleuries, qui n’ont rien d’historique, sont très à la mode… rien du jardin à la française malheureusement, mais on peut imaginer qu’il s’agit là d’occasionner le moins de frais possible. Quant aux chênes verts… ils n’ont rien à faire en Ile-de-France… A moins d’anticiper le réchauffement climatique ;-)
Heureusement, les standards qui ont présidé à la reconstitution du jardin de Chambord sont beaucoup plus hauts me semble-t-il.
septentrion 🍀 🍀 🍀
23 février 2021 @ 10:17
Merci Guizmo, c’est un bel endroit, la décoration est admirable, les cheminées monumentales ont été bien conservées. J’aime l’escalier.
Quelqu’un peut-il en dire plus sur ce que sont les salles de fraîcheur ? Merci d’avance.
Kaiserin
23 février 2021 @ 11:40
Thomas de Colmar était tout simplement Monsieur Thomas, né à Colmar. Inventeur de l’arithmomètre, créateur de plusieurs compagnies d’assurance. Membre éloigné de la famille debmon mari. Il descend d’une famille de tonneliers de Guebwiller.
Leonor
23 février 2021 @ 11:48
Magnifique. Guizmo est irremplaçable.
Tout à fait autre chose : je n’ai jamais compris ( enfin, façon de parler ) , comment, en pays communistes, il pouvait y avoir des milliardaires.
C’était bien la peine de faire des dizaines de millions de morts pour les lendemains qui chantent.
Muscate-Valeska de Lisabé
23 février 2021 @ 12:19
Merci cher Guizmo!!
Ohh,je le connais très bien,ce château.
Il y a aussi un joli buste du Cardinal de Richelieu sur une des cheminées du rez-de-chaussée.
ciboulette
23 février 2021 @ 17:36
J’étais certaine , Muscate , que tu allais nous parler de ton cher Cardinal !
Le château est beau , avec son parc il devait être splendide , mais l’appât du gain , les banquiers . . .
Baboula
23 février 2021 @ 17:44
J’ai cru lire il y avait , je suis sûre que vous avez hésité . 😜
Hervé J. VOLTO
23 février 2021 @ 17:11
Un très beau logis, qui appartenu entre autre au Comte d’Artois, futur Charles X.
Danielle
23 février 2021 @ 18:37
Quel bel intérieur ! ces photos sont superbes, merci infiniment Guizmo pour l’histoire de ce château.
Caroline
23 février 2021 @ 19:54
Merci à Guizmo pour son article sur ce beau château !
L’ intérieur est trés beau, fort heureusement pour la sauvegarde de ce château au nom de notre patrimoine français !
Carolibri
23 février 2021 @ 21:06
Merci pouce t’es beau reportage
Carolibri
25 février 2021 @ 00:05
Pardon merci pour ce très beau reportage . Le correcteur est usant…
Bretonnig
24 février 2021 @ 09:12
Dans Les Thibault de Roger Martin du Gard, la campagne de Maisons jour un grand rôle. C’était le havre de paix des familles des personnages décrits dans le roman.
Hervé J. VOLTO
24 février 2021 @ 12:39
Un fleuron de l’architecture Française ! Maison-Lafitte, avec Pierrefond, Vaux le Vicomte, Chantilly, sont après Versailles parmi les plus baeux châtraiux d’Ile de France.
Gérard
24 février 2021 @ 12:54
En 1877 le nouveau propriétaire qui était le peintre Tilman Grommé fit venir le portail en fer forgé du château de Mailly-Raineval dans la Somme. Ce portail avait été commandé selon le cahier des charges d’Augustin- Joseph de Mailly, seigneur du comté de Mailly, créé comte de Raineval en 1744 et qu’on appela ensuite le comte de Mailly-Raineval. Il fut maréchal de France et vécut de 1713 à 1795, il avait presque 87 ans lorsqu’il fut guillotiné et avant de monter sur l’échafaud il cria « Vive le Roi ! Je le dis comme mes ancêtres. »
Sur le portail de Maisons-Laffitte on peut voir que les armoiries n’ont pas été terminées.
L’État a acheté le domaine en 1905.
Robespierre
27 février 2021 @ 20:47
l’Etat a drôlement bien fait.
Gérard
24 février 2021 @ 12:56
En 1877 le nouveau propriétaire qui était le peintre Tilman Grommé fit venir le portail en fer forgé du château de Mailly-Raineval dans la Somme. Ce portail avait été commandé selon le cahier des charges d’Augustin-Joseph de Mailly, seigneur du comté de Mailly, créé comte de Raineval en 1744 et qu’on appela ensuite le comte de Mailly-Raineval. Il fut maréchal de France et vécut de 1713 à 1795, il avait presque 87 ans lorsqu’il fut guillotiné et avant de monter sur l’échafaud il cria « Vive le Roi ! Je le dis comme mes ancêtres. »
Sur le portail de Maisons-Laffitte on peut voir que les armoiries n’ont pas été terminées.
L’État a acheté le domaine en 1905.
DEB
24 février 2021 @ 12:57
Digression.
Sur la photo de Highclere, Caroline demandait qui était les 3 dames.
Voyez-vous aussi Oscar Wilde entre les deux dames ?