La maison d’édition Hodder & Stoughton a dévoilé la couverture ainsi que de nouveaux extraits du livre « Philip : The Final Portrait » à paraître le 27 avril prochain en Grande-Bretagne et déjà évoqué ici.
Fort de sa proximité avec le duc d’Édimbourg, l’auteur Gyles Brandreth (ci-dessus avec le prince), biographe et néanmoins ami du prince Philip, a recueilli depuis plus de 40 ans bon nombre de confidences de sa part ainsi que de ses proches. Le prince, avec qui il dit avoir communiqué jusqu’à ses derniers jours, aurait lu les deux premiers brouillons du livre et corrigé certains détails factuels, se gardant bien néanmoins de commenter les opinions émises dans l’ouvrage.
La cousine du prince, Lady Patricia Mountbatten, a notamment révélé qu’il était très amoureux de la princesse Elizabeth à qui il faisait une cour effrénée dans les années précédant leur mariage.
Si Philip a pu avoir des doutes – il aurait demandé à Lady Patricia quelques heures avant la cérémonie « Est-ce du courage ou de la folie ? (que d’épouser la future reine) – c’était uniquement à cause des conséquences lourdes qu’une telle union pourrait avoir sur lui et sur sa carrière, mais il adorait Elizabeth et voulait réellement passer sa vie avec elle.
Ci-dessus le jeune couple princier regarde ses photos de mariage durant sa lune de miel à Broadlands, propriété des Mountbatten dans le Hampshire.
Le prince Philip a quant à lui contredit l’idée reçue selon laquelle il aurait rencontré pour la première fois la jeune princesse Elizabeth en 1939 lors d’une visite de la famille royale à l’académie navale de Dartmouth dans le Devon (ci-dessus), où il était alors élève-officier, arguant qu’il l’avait naturellement déjà croisée plusieurs fois auparavant lors de réunions de famille.
Malgré leurs liens ancestraux – ils descendent tous les deux de la reine Victoria du Royaume-Uni (1819-1901) et du roi Christian IX de Danemark (1818-1906), la famille d’Elizabeth et l’establishment britannique voyaient d’un très mauvais œil cet étranger, prince de naissance certes, mais exilé et qui n’avait pas été coulé dans le moule du parfait gentleman anglais
Des intimes de la reine mère ont notamment rapporté qu’elle surnommait son future gendre « le Hun » en privé, révélant un certain mépris antiallemand lié au souvenir douloureux des deux guerres mondiales.
Le prince lui-même s’est trouvé obligé de rappeler que sa propre mère, Alice de Battenberg (1885-1969), était née au château de Windsor lorsqu’un courtier un peu trop zélé se proposait d’un air hautain de lui raconter l’histoire des lieux.
La princesse Elizabeth n’avait pas toujours conscience des difficultés rencontrées par son mari, d’une part car le prince Philip n’était pas d’un caractère à se plaindre et d’autre part car elle a grandi dans un cocon royal, choyée et protégée, à l’abri de l’instabilité et des incertitudes auxquelles le prince a été confronté depuis son enfance.
Durant les premières années du mariage, sa vieille nourrice Margaret MacDonald, dite Bobo, continuait de s’occuper de la princesse, et lui faisait même couler ses bains, prenant bien garde que son mari ne puisse pas s’en approcher. Ce genre de petites contrariétés avaient le don d’exaspérer Philip, tandis qu’Elizabeth préférait faire semblant de ne rien voir pour ne blesser personne.
Le livre évoque aussi le caractère jovial de Philip, toujours le prince de la fête et de la petite blague, et comment il a aidé la princesse puis la reine à se montrer plus ouverte et détendue. Mais le prince pouvait aussi se montrer brusque, colérique et adepte d’un certain esprit de contradiction, c’est alors la reine dotée d’un calme olympien, ferme mais (presque) jamais emportée, qui parvenait toujours à désamorcer la situation avec douceur et patience.
L’ancien secrétaire privé de la souveraine, Martin Charteris, a notamment raconté à Gyles Brandreth comment lors d’une dispute à bord du Britannia, la reine aurait refusé de sortir de sa chambre tant que Philip ne se serait pas calmé, préférant le laisser mariner plutôt que de rentrer dans son jeu.
Au final, la trajectoire du couple est moins celle d’un conte de fée que d’un partenariat bien compris, la reine s’occupant des affaires d’état et le prince consort des affaires de famille et de la gestion des palais. Même si leurs devoirs et centres d’intérêt respectifs ont pu parfois les éloigner l’un de l’autre, ils ont toujours été de bons compagnons, qui n’ont jamais cessé de discuter et de rire ensemble, et encore moins de s’aimer. (Merci à Aristocrate)
« Philip : The Final Portrait », Gyles Brandreth, éditions Hodder & Stoughton, collection Coronet, 2021, £25
Pascal
16 avril 2021 @ 05:22
Au fil des commentaires et des anecdotes relatés sur N&R il s’est tissé un portrait assez contrasté du prince Philippe pour qu’il soit proche de la réalité, ce livre pourrait en être le point d’orgue.
Danielle
16 avril 2021 @ 12:58
Les personnalités de ces deux êtres se complétaient, c’était une bonne chose.
Le prince Philip a été tenace dès le début de sa rencontre avec Elisabeth.
Elisabeth-Louise
16 avril 2021 @ 14:34
Gyles Brandreth, je le « connais » par les livres de la série « Oscar Wilde and the murder of », agréables à lire et prenant comme situation de départ le célèbre écrivain, mêlé à une affaire policière ( impliquant souvent une autre célébrité), affaire qu’il résout à sa manière;
Et justement, les façons, le caractère d’Oscar Wilde sont évoqués, mimés avec finesse, drôlerie, empathie…..
On aime ou pas…..
Peut-être bien Gyles Brandreth a-t-il su avec habileté réussir un portrait de Philip d’Edimburgh qui soit à la fois moins convenu, conventionnel et plus finement proche de son sujet ?