Oublié aujourd’hui dans les soubresauts de l’histoire,
Ferdinand-Philippe d’Orléans, héritier du trône français entre 1830 et 1842, jouissait d’un rayonnement considérable en son siècle.
C’est grâce au génie d’Ingres que son élégante silhouette hante encore notre imaginaire non sans un sentiment funeste puisque ce portrait est la dernière effigie pour laquelle le prince a posé avant sa mort dans un accident de calèche.
L’exposition propose de parcourir la vie du prince à travers près de 200 oeuvres depuis sa naissance le 3 septembre 1810 en exil à Palerme, jusqu’à sa mort le 13 juillet 1842 à la porte Maillot à Paris. (merci à Charles)
Exposition du 18 juin 2021 au 24 octobre 2021 – Musée Ingres Bourdelle
19 rue de l’hôtel de Ville – 82000 MONTAUBAN
Dominique
15 juin 2021 @ 07:35
Très belle exposition en perspective pour un prince libéral qui incarnait la jeunesse et l’espoir d’un pays.
Leonor
15 juin 2021 @ 07:54
Si le portrait est fidèle, c’était plutôt un bôgosse, que ce Ferdinand-Philippe !
Pierre-Yves
15 juin 2021 @ 19:54
Un physique un peu modiglianesque, avec ce long nez et ces yeux étroits …
Caroline
15 juin 2021 @ 23:03
Leonor,
Je ne le trouve pas bôgosse …!
Leonor
16 juin 2021 @ 12:55
Pas grave, Caroline. Tous les goûts sont dans la nature. Et heureusement, sinon, … ! ;-)
Bambou
15 juin 2021 @ 10:03
Titré Duc de Chartres ?
Charles
15 juin 2021 @ 11:43
Le Prince Ferdinand-Philippe, d’abord Duc de Chartres a porté les titres de Duc d’Orléans et de Prince Royal à partir de 1830.
Ciboulette
15 juin 2021 @ 17:10
Si ce prince avait vécu , aurait-il été un grand roi . . . ou l’Histoire se serait-elle quand même passée de lui ? Nous ne le saurons jamais . . .
jul
16 juin 2021 @ 04:01
Par Louis XVIII, à sa naissance, en 1810 (durant l’Empire).
Rose
16 juin 2021 @ 07:21
Il me semble qu’il était duc de Chartres jusqu’à l’accession au trône de Louis -Philippe, c’était le titre traditionnel de l’héritier des ducs d’Orleans.
Il avait gardé ce titre dans la famille et ses frères et sœurs continuaient de l’appeler Chartres…les fils étaient appelés par leur titres , Nemours, Joinville, Montpensier, même dans le cercle familial..
Gérard
15 juin 2021 @ 13:02
Avant le règne de son père puis duc d’Orléans et prince royal.
Gérard
15 juin 2021 @ 13:02
Avant le règne de son père puis duc d’Orléans et prince royal. Mais pour sa famille il resta Chartres.
Dubédat
15 juin 2021 @ 13:36
Titré duc d’Orléans lors de l’accession au trône de son père
COLETTE C.
15 juin 2021 @ 14:05
Sa mort a changé le cours de l’histoire.
Beque
15 juin 2021 @ 20:55
Marie-Amélie avait accouché à Palerme, le 23 octobre 1810, d’un garçon tenu sur les fonts baptismaux dès le lendemain par ses grands-parents maternels, et prénommé pour cette raison Ferdinand-Philippe-Louis-Charles-Henri-Rosalin (sainte Rosalie étant la patronne de Palerme). Louis-Philippe écrivait : « Maintenant qu’il est né, il s’agit de savoir quel est le sort qui l’attend. C’est ce qui, je l’avoue, est tellement impossible à prévoir qu’il vaudrait mieux, si on le pouvait, ne jamais y penser ». Ferdinand-Philippe se marie, le 30 mai 1837, avec Hélène de Mecklembourg-Schwerin, au château de Fontainebleau, d’abord civilement devant le chancelier Pasquier dans la salle de bal ; puis religieusement à la chapelle de la Trinité devant Mgr Gallard, évêque de Meaux, puis dans l’actuelle salle des Colonnes devant le pasteur Cuvier. Mécène éclairé, il se passionne pour les peintres de sa génération et possède des œuvres de Delacroix, de Meissonnier, des peintres de l’Ecole de Barbizon. On connaît de lui une douzaine d’eaux-fortes et de lithographies. Il commande son portrait à Ingres en 1840. On connaît sa mort tragique le 13 juillet 1842, à Neuilly.
HRC
15 juin 2021 @ 22:24
Je place ici un mot destiné à Robespierre. Qui écrit court ou peu en ce moment.
A la fin de son dernier message de son hacker, notre Robespierre a écrit : « je meurs de soif auprès d’une fontaine. »
J’étais incapable de trouver l’auteur de cette image connue, Villon envisagé mais d’autres aussi. J’ai donc honteusement googlelisé la phrase, et suis tombée sur le texte entier.
Je ne l’avais jamais lu avant. Et en partie heureusement pour moi, parce qu’en période de mal-être, je m’y serais tellement vue que je suis incapable de dire comment je l’aurais ressenti.
Bref, revenez Robespierre.
Kalistéa
16 juin 2021 @ 10:05
Si Chartres ne s’était pas tué dans cet accident de voiture (déjà, comme d’ailleurs mon arrière grand- père qui eut exactement le même sous le second Empire et mourut d’une fracture du crane en laissant cinq enfants), la monarchie « de Juillet » ne fut peut-être pas tombée car il était brillant, généreux, et fort aimé et apprécié des Français.
Patrick JACQUES
16 juin 2021 @ 12:28
Alfred de MUSSET:
»
LE TREIZE JUILLET
I
La joie est ici-bas toujours jeune et nouvelle,
Mais le chagrin n’est vrai qu’autant qu’il a vieilli.
À peine si le prince, hier enseveli,
Commence à s’endormir dans la nuit éternelle ;
L’ange qui l’emporta n’a pas fermé son aile ;
Peut-être est-ce bien vite oser parler de lui.
II
Ce fut un triste jour, quand, sur une civière,
Cette mort sans raison vint nous épouvanter.
Ce fut un triste aspect, quand la nef séculaire
Se para de son deuil comme pour le fêter.
Ce fut un triste bruit, quand, au glas funéraire,
Les faiseurs de romans se mirent à chanter.
III
Nous nous tûmes alors, nous, ses amis d’enfance.
Tandis qu’il cheminait vers le sombre caveau.
Nous suivions le cercueil en pensant au berceau ;
Nos pleurs, que nous cachions, n’avaient pas d’éloquence,
Et son ombre peut-être entendit le silence
Qui se fit dans nos cœurs autour de son tombeau.
IV
Maintenant qu’elle vient, plus vieille d’une année,
Réveiller nos regrets et nous frapper au cœur,
Il faut la saluer, la sinistre journée
Où ce jeune homme est mort dans sa force et sa fleur,
Préservé du néant par l’excès du malheur,
Par sa jeunesse même et par sa destinée.
V
À qui donc, juste Dieu ! peut-on dire : À demain ?
L’Espérance et la Mort se sont donné la main,
Et traversent ainsi la terre désolée.
L’une marche à pas lents, toujours calme et voilée ;
Sur ses genoux tremblants l’autre tombe en chemin,
Et se traîne en pleurant, meurtrie et mutilée.
VI
Ô Mort ! tes pas sont lents, mais ils sont bien comptés.
Qui donc t’a jamais crue aveugle, inexorable ?
Qui donc a jamais dit que ton spectre implacable
Errait, ivre de sang, frappant de tous côtés,
Balayant au hasard, comme des grains de sable,
Les temples, les déserts, les champs et les cités ?
VII
Non, non, tu sais choisir. Par instants, sur la terre
Tu peux sembler commettre, il est vrai, quelque erreur :
Ta main n’est pas toujours bien sûre, et ta colère
Ménage obscurément ceux qui savent te plaire,
Épargne l’insensé, respecte l’imposteur,
Laisse blanchir le vice et languir le malheur.
VIII
Mais, quand la noble enfant d’une race royale,
Fuyant des lourds palais l’antique oisiveté,
S’en va dans l’atelier chercher la vérité,
Et là, créant en rêve une forme idéale,
Entr’ouvre un marbre pur de sa main virginale,
Pour en faire sortir la vie et la beauté ;
IX
Quand cet esprit charmant, quand ce naïf génie
Qui courait à sa mère au doux nom de Marie,
Sur son œuvre chéri penche son front rêveur,
Et, pour nous peindre Jeanne interrogeant son cœur,
À la fille des champs qui sauva la patrie
Prête sa piété, sa grâce et sa pudeur ;
X
Alors ces nobles mains, qui, du travail lassées,
Ne prenaient de repos que le temps de prier,
Ces mains riches d’aumône et pleines de pensées
Ces mains où tant de pleurs sont venus s’essuyer,
Frissonnent tout à coup et retombent glacées.
Le cercueil est à Pise ; on va nous l’envoyer.
XI
Et lui, mort l’an passé, qu’avait-il fait, son frère ?
À quoi bon le tuer ? Pourquoi, sur ce brancard,
Ce jeune homme expirant suivi par un vieillard ?
Quel cœur fut assez froid, sur notre froide terre,
Ou pour ne pas frémir, ou pour ne pas se taire,
Devant ce meurtre affreux commis par le hasard ?
XII
Qu’avait-il fait que naître et suivre sa fortune,
Sur les bancs avec nous venir étudier,
Avec nous réfléchir, avec nous travailler,
Prendre au soleil son rang sur la place commune,
De grandeur, hors du cœur, n’en connaissant aucune,
Et, puisqu’il était prince, apprendre son métier ?
XIII
Qu’avait-il fait qu’aimer, chercher, voir par lui-même
Ce que Dieu fit de bon dans sa bonté suprême,
Ce qui pâlit déjà dans ce monde ennuyé ?
Patrie, honneur, vieux mots dont on rit et qu’on aime,
Il vous savait, donnait au pauvre aide et pitié,
Au plus sincère estime, au plus brave amitié.
XIV
Qu’avait-il fait, enfin, que ce qu’il pouvait faire ?
Quand le canon grondait, marcher sous la bannière ;
Quand la France dormait, s’exercer dans les camps.
Il s’en fût souvenu peut-être avec le temps ;
Car parfois sa pensée était sur la frontière,
Pendant qu’il écoutait les tambours battre aux champs.
XV
Que lui reprocherait même la calomnie ?
Jamais coup plus cruel fut-il moins mérité ?
À défaut de regret, qui ne l’a respecté ?
Faites parler la foule, et la haine, et l’envie :
Ni tache sur son front, ni faute dans sa vie.
Nul n’a laissé plus pur le nom qu’il a porté.
XVI
Qu’importe tel parti qui triomphe ou succombe ?
Quel ennemi du père ose haïr le fils ?
Qui pourrait insulter une pareille tombe ?
On dit que, dans un bal, du temps de Charles Dix,
Sur les marches du trône il s’arrêta jadis.
Qu’il y dorme en repos, du moins, puisqu’il y tombe !
XVII
Hélas ! mourir ainsi, pauvre prince, à trente ans !
Sans un mot de sa femme, un regard de sa mère,
Sans avoir rien pressé dans ses bras palpitants !
Pas même une agonie, une douleur dernière !
Dieu seul lut dans son cœur l’ineffable prière
Que les anges muets apprennent aux mourants.
XVIII
Que ce Dieu, qui m’entend, me garde d’un blasphème !
Mais je ne comprends rien à ce lâche destin
Qui va sur un pavé briser un diadème,
Parce qu’un postillon n’a pas sa guide en main.
Ô vous qui passerez sur ce fatal chemin,
Regardez à vos pas, songez à qui vous aime !
XIX
Il aimait nos plaisirs, nos maux l’ont attristé.
Dans ce livre éternel où le temps est compté,
Sa main avec la nôtre avait tourné la page.
Il vivait avec nous, il était de notre âge.
Sa pensée était jeune, avec l’ancien courage ;
Si l’on peut être roi de France, il l’eût été.
XX
Je le pense et le dis à qui voudra m’en croire,
Non pas en courtisan qui flatte la douleur,
Mais je crois qu’une place est vide dans l’histoire.
Tout un siècle était là, tout un siècle de gloire,
Dans ce hardi jeune homme appuyé sur sa sœur,
Dans cette aimable tête, et dans ce brave cœur.
XXI
Certes, c’eût été beau, le jour où son épée,
Dans le sang étranger lavée et retrempée,
Eût au pays natal ramené la fierté ;
Pendant que de son art l’enfant préoccupée,
Sur le seuil entr’ouvert laissant la Charité,
Eût fait, avec la Muse, entrer la Liberté.
XXII
À moi, Nemours ! à moi, d’Aumale ! à moi, Joinville !
Certes, c’eût été beau, ce cri dans notre ville,
Par le peuple entendu, par les murs répété ;
Pendant qu’à l’oratoire, attentive et tranquille,
Pâle, et les yeux brillants d’une douce clarté,
La sœur eût invoqué l’éternelle Bonté.
XXIII
Certes, c’eût été beau, la jeunesse et la vie,
Ce qui fut tant aimé, si longtemps attendu,
Se réveillant ainsi dans la mère patrie.
J’en parle par hasard pour l’avoir entrevu ;
Quelqu’un peut en pleurer pour l’avoir mieux connu ;
C’est sa veuve, c’était sa femme et son amie.
XXIV
Pauvre Prince ! quel rêve à ses derniers instants !
Une heure (qu’est-ce donc qu’une heure pour le Temps ?)
Une heure a détourné tout un siècle. Ô misère !
Il partait, il allait au camp, presque à la guerre.
Une heure lui restait, il était fils et père :
Il voulut embrasser sa mère et ses enfants.
XXV
C’était là que la Mort attendait sa victime ;
Il en fut épargné dans les déserts brûlants
Où l’Arabe fuyard, qui recule à pas lents,
Autour de nos soldats que la fièvre décime,
Rampe, le sabre au poing, sous les buissons sanglants.
Mais il voulut revoir Neuilly ; ce fut son crime.
XXVI
Neuilly ! charmant séjour, triste et doux souvenir !
Illusions d’enfants, à jamais envolées !
Lorsqu’au seuil du palais, dans les vertes allées,
La reine, en souriant, nous regardait courir,
Qui nous eût dit qu’un jour il faudrait revenir
Pour y trouver la mort et des têtes voilées !
XXVII
Quels projets nous faisions à cet âge ingénu
Où toute chose parle, où le cœur est à nu !
Quand, avec tant de force, eut-on tant d’espérance ?
Innocente bravoure, audace de l’enfance !
Nous croyions l’heure prête et le moment venu ;
Nous étions fiers et fous, mais nous avions la France.
XXVIII
Songe étrange ! il est mort, et tout s’est endormi.
Comment une espérance et si juste et si belle
Peut-elle devenir inutile et cruelle ?
Il est mort l’an dernier, et son deuil est fini,
La sanglante masure est changée en chapelle.
Qui nous dira le reste, et quel âge a l’oubli ?
XXIX
Il n’est pas tombé seul en allant à Neuilly.
Sur neuf que nous étions, marchant en compagnie,
Combien sont morts ! — Albert, son jeune et brave ami,
Et Montemart, et toi, pauvre Laborderie,
Qui te hâtais d’aimer pour jouir de la vie,
Le meilleur de nous tous et le premier parti !
XXX
Si le regret vivait, vos noms seraient célèbres,
Amis ! — Que cette sombre et triste déité
Qui prête à notre temps sa tremblante clarté
Vous éclaire en passant de ses torches funèbres,
Et nous, enfants perdus d’un siècle de ténèbres,
Tenons-nous bien la main dans cette obscurité !
XXXI
Car la France, hier encor la maîtresse du monde,
A reçu, quoi qu’on dise, une atteinte profonde,
Et, comme Juliette, au fond des noirs arceaux,
À demi réveillée, à demi moribonde,
Trébuchant dans les plis de sa pourpre en lambeaux,
Elle marche au hasard, errant sur des tombeaux. »