C’est avec une splendide pièce commémorative de 2 EUR que l’Estonie a célébré en 2020 le 200e anniversaire de la découverte de l’Antarctique. Ou, plus exactement, la participation de l’Estonie à cette découverte.
Trois hommes qui ne se connaissaient pas ont vu pour la première fois l’Antarctique à la même période, vers 1820, et en sont donc définis comme « co-découvreurs » :
- Fabian Gottlieb von Bellingshausen, dont le nom figure in extenso sur la pièce estonienne, noble germano-balte né en 1778, sujet du tsar Alexandre Ier puisque l’Estonie faisait à cette époque partie de l’empire russe ;
- Edward Bransfield, né en 1785, officier de la Royal Navy et sujet du roi George III ;
- Nathaniel Palmer, né en 1799, navigateur américain particulièrement intéressé par les colonies de phoques découvertes dans les îles du Sud.
La description du visuel de la pièce dans le Journal officiel de l’Union européenne se veut consensuelle : « La découverte est liée à l’Estonie parce que l’un des premiers hommes à avoir vu l’Antarctique en 1820 a été Fabian Gottlieb von Bellingshausen, un marin allemand de la Baltique né à Saaremaa, qui a documenté la découverte. »
Il est bien écrit « l’un des premiers hommes » : l’Estonie ne revendique donc pas la paternité de la découverte, c’est tout à son honneur de ne pas rallumer de polémique.
Et il semble en effet que la nombreuse documentation laissée par Bellingshausen ait été une source d’informations exceptionnelle sur la géographie, la faune, la flore et les populations des territoires du Sud.
Le visuel de cette pièce estonienne me remet en mémoire les belles pièces représentant des bateaux, dont j’avais parlé dans mon article de 2015 sur l’empire maritime portugais.
Il y avait celle de 2015 sur les 500 ans du premier contact entre le Portugal et le Timor, ci-dessous, dont j’avais expliqué qu’elle devait avoir un sens particulier pour le duc de Bragance,
et celle de 2011 sur le 500e anniversaire de la naissance du navigateur Fernão Mendes Pinto.
Si on suppose que les trois bateaux sont vus en regardant vers le Nord, on constate que tous les trois font voile vers l’Est.
C’est logique pour la première pièce portugaise, puisque le Timor est effectivement à l’Est du Portugal. Idem pour la seconde pièce portugaise, puisque Fernão Mendes Pinto a beaucoup sévi dans l’Océan Indien puis plus à l’Est.
Pour la pièce estonienne, c’est plus complexe. Fabian Gottlieb von Bellingshausen n’a pas sillonné que l’Antarctique : il a aussi fait deux fois le tour du monde et il a exploré l’Australie et l’Océanie, donc l’Est, ce qui justifie pleinement la direction du bateau sur la pièce.
Ceci dit, strictement parlant, la mer de Bellingshausen qui porte son nom (et qui borde l’île Alexandre Ier, la plus grande île de l’Antarctique, ainsi nommée par lui en référence au tsar), est à l’Ouest par rapport à son Estonie natale, mais ne chipotons pas.
Je n’y connais absolument rien en bateaux. Donc, je ne sais pas si cela tient au type de coque, au nombre ou à la forme des voiles, à la composition ou au décor, mais je trouve que, de ces trois magnifiques pièces, c’est la pièce estonienne qui est la plus belle. Pas nécessairement la plus parlante du point de vue de la symbolique ou de l’histoire, mais la plus belle. Avis personnel, bien entendu…(Merci à Sedna)
Régine ⋅ Actualité 2021, Estonie, Numismatique, Portugal, Russie 4 Comments
HRC
4 octobre 2021 @ 09:01
Jolie surprise ce matin que cet article.
Mary
4 octobre 2021 @ 09:58
Merci Sedna !
Toujours instructif de vous lire !📚
Claudia
4 octobre 2021 @ 13:43
Très intéressant cet article, je ne connaissais rien du tout sur la découverte de l’Antarctique. Je trouve ces trois pièces magnifiques, j’ai une préférence pour celle relative au Timor, sobre et équilibrée. Les deux autres sont un peu trop chargée à mon goût.
cerodo
4 octobre 2021 @ 18:32
Merci Sedna pour cet article. Ravie de vous retrouver avec ce sujet intéressant.