Le Musée Jacquemart-André célèbre le génie créatif de Sandro Botticelli (1445-1510) et l’activité de son atelier, en exposant une quarantaine des oeuvres de ce peintre raffiné ainsi que quelques-unes de ses contemporains florentins sur lesquels il eut une influence particulière.
Plus connu sous le nom de Sandro Botticelli, Alessandro Filipepi est aujourd’hui l’un des artistes les plus illustres de la Renaissance italienne.
Célébré pour son extraordinaire puissance de création, il développa une manière toute personnelle, aussi harmonieuse qu’audacieuse, qui rencontra un vif succès dans la Florence de la fin du XVème siècle.
De l’atelier de Filippo Lippi à l’indépendance
Comme le rapporte l’écrivain Giorgio Vasari dans la biographie qu’il lui consacre près d’un demi-siècle après sa mort, Botticelli s’est certainement formé tout d’abord chez un orfèvre, auprès de qui il apprend le dessin avant d’intégrer vers 1459-1460 l’atelier de Filippo Lippi (vers 1406-1469), l’un des grands représentants de la peinture du Quattrocento
Elève prodige, à ses côtés, le jeune Sandro acquiert la technique de la peinture de chevalet mais également celle de la fresque. L’oeuvre de Filippo est largement dominée par les thèmes religieux et c’est donc en peignant des sujets de dévotion, et plus particulièrement des Vierges à l’Enfant, que Botticelli débute sa carrière.
Vierge à L’Enfant, « La Lippina »- Filippo Lippi – environ 1465
Vierge à l’enfant, hommage à « La Lippina » – Sandro Botticelli – 1465-1467
Quand Filippo Lippi part pour Spolete, Botticelli ne le suit pas et c’est sans doute à cette date, vers 1467, qu’il ouvre son atelier à Florence, au rez-de-chaussée de la demeure paternelle. Il élabore alors son style si caractéristique et donne une nouvelle inflexion à un sujet dont on saisit toute la portée dans la Madone du Livre, l’un de ses chefs-d’oeuvre des années 1480.
La Madone du Livre – Sandro Botticelli – 1480-1481
Peintre d’histoires
Une grande partie de la production de l’atelier de Botticelli est également constituée de « peintures d’histoire » qui ornent traditionnellement les demeures patriciennes des Florentins..
Leur mode d’exécution reflète la répartition des tâches entre le capobottega (chef d’atelier), qui conçoit la composition des scènes, et ses collaborateurs à qui il délègue l’application des couches sur le support, mais aussi parfois le report de son dessin préparatoire.
Le plus célèbre et le plus doué d’entre eux est Filippino Lippi (1457-1504), le fils de son ancien maître, qu’il recueille après la mort de ce dernier. Ils réalisent ensemble les panneaux de cassone illustrant l’histoire d’Esther.
Esther choisie par Assuérus – Sandro Botticelli et Filippino Lippi – vers 1475
L’atelier polyvalent
Depuis le début des années 1470 et jusqu’à la fin du siècle, Botticelli déploie également ses talents dans le domaine des arts appliqués, témoin de son intérêt pour une expression artistique variée dans tous ses aspects.
S’il ne réalise pas lui-même les broderies, tapisseries et autres marqueteries dont il conçoit les modèles, il supervise parfois l’exécution qu’en font les artisans spécialisés.
Porte marquetée du Palazzo Ducale d’Urbino
Botticelli et les Médicis
Entrepreneur audacieux, Botticelli se distingue dès le début des années 1470 sur la scène artistique très compétitive de Florence. Son style très personnel et sa manière inégalable lui attirent rapidement les faveurs des Médicis, riche famille de banquiers dont la puissance connaît son apogée sous le gouvernement de Laurent le Magnifique (1469-1495).
L’activité de portraitiste de Botticelli nous est connue à travers une petite dizaine de tableaux, les belles « têtes » peintes sur les murs de la chapelle Sixtine (1481-1482) et quelques rares effigies sur des panneaux à sujet sacré. Le plus célèbre est sans doute le portrait de Julien de Médicis, commémorant l’assassinat du jeune homme en 1476.
Julien de Médicis – Sandro Botticelli – 1478
Vénus, le mythe humaniste
A partir de 1470, Botticelli inaugure une période de création intense qui s’étendra sur plus d’une vingtaine d’années et fera de lui l’un des plus illustres représentants du renouveau artistique promu par les Médicis et leur entourage.
Les grandes scènes mythologiques comme la Naissance de Vénus incarnent cette synthèse remarquable entre le mythe antique et la philosophie poétique des humanistes florentins
La naissance de Vénus – Sandro Botticelli – 1484-1485
L’exposition se poursuit jusqu’au 22 janvier 2022. A ne pas manquer… aussi pour visiter le magnifique hôtel particulier des époux Nélie Jacquemart et Edouard André, aux grands salons décorés de peintures françaises du XVIIIè siècle (Fragonard, Vigée Le Brun, Nattier), hollandaises et flamandes du XVIIè (Van Dyck, Rembrandt), anglaises du XVIIIè (Reynolds, Hoppner) et de sculptures et peintures italiennes du XVè (Ucello, Mantegna et Bellini). (merci à Pistounette)
Régine ⋅ Actualité 2021, Expositions, France, Italie 4 Comments
Baboula
7 octobre 2021 @ 07:32
Le restaurant avec sa terrasse sur jardin est un havre de paix ,et de gourmandise .
Botticelli a donné son nom à une raffinée salade d’écrevisses . 😋
PATRICIA
7 octobre 2021 @ 08:57
Ces oeuvres sont magnifiques. Le Musée Fesh d’Ajaccio en compte quelques unes de Botticelli dans les immenses salles destinées aux différentes écoles de peinture jusqu’au XVIII avant la présentation de l’époque napoléonienne. Musée d’une grande qualité pour une ville provinciale. Deuxième musée de France après le Louvre. A voir absolument…
Trianon
7 octobre 2021 @ 10:34
J’irai la voir , car la délicatesse de Botticelli m’a toujours enthousiasmée
Caroline
7 octobre 2021 @ 10:43
Ma- gni- fique !
Je connais trop bien la seconde photo parce qu’ elle faisait partie de la couverture de mon livre d’ étude de textes au collège. J’ ai oublié le nom de ce livre, pourriez- vous me rafraîchir la mémoire ? Merci d’ avance !