Elles s’appellent Marie-Louise, Joséphine, Élisa, Auguste-Amélie, Stéphanie, Hortense, Louise, Catherine, Élisabeth, l’impératrice Marie-Louise, Marie-Caroline, Caroline.
Certaines l’étaient de famille immémoriale, d’autres le devinrent par la seule volonté de cet homme devant qui tout pliait. Elles connurent le faste des cours, le sommet de la fortune, mais aussi les errances dues aux guerres incessantes, parfois même la prison.
De l’Espagne à la Sicile, de la Toscane à la Russie, mais aussi en Bavière, dans les duchés de Wurtemberg et de Bade, dans le royaume de Prusse et dans le Saint Empire, ces douze souveraines nous permettent de parcourir l’Europe au gré des conquêtes puis des défaites napoléoniennes.
Leurs mariages furent rarement le fait de leur volonté, mais ceux qui furent imposés ne furent pas toujours les plus malheureux. Certaines sont encore très célèbres, d’autres sont inconnues du grand public. Toutes ont vu leur destin bouleversé par la tornade impériale.
Certaines perdirent tout en 1815, d’autres retrouvèrent leur souveraineté à la faveur du congrès de Vienne. Qu’ils soient admiratifs ou sévères, ce sont douze regards qui ont scruté Napoléon.
Nous pouvons retrouver leur jugement souvent respectueux, parfois impitoyable, mais jamais indifférent, à travers une correspondance abondante, toujours en français. Chacune a tenu son rôle, politique ou simplement dynastique, mais aucune n’a laissé Napoléon insensible. » (Merci à Pistounette)
« Napoléon face aux souveraines de son temps », Florence de Baudus, Perrin, 2021, 400p.
Beque
22 octobre 2021 @ 08:47
Napoléon souhaitait tisser des liens entre sa maison et les maisons souveraines d’Allemagne. Après le mariage d’Eugène avec la princesse Auguste de Bavière, il cherche une femme pour l’héritier du trône de Bade, Charles. Il pense à Stéphanie de Beauharnais, fille de Claude de Beauharnais [cousin germain d’Alexandre] et d’Adrienne de Lezay-Marnésia. Née à Paris, le 26 août 1789, orpheline de mère à l’âge de 4 ans et, abandonnée par son père parti en émigration, elle est recueillie par sa marraine, Lady de Bath, qui l’a confiée à deux religieuses Bernardines dans le Sud-Ouest. Joséphine parle de cette jeune nièce à Bonaparte, horrifié à l’idée qu’une Beauharnais soit à la charge d’une Anglaise !
Stéphanie a, alors, 17 ans et vit aux Tuileries. Napoléon envoie ce message au Sénat : « Voulant donner une preuve de l’affection que nous avons pour la princesse Stéphanie de Beauharnais, nièce de notre épouse bien-aimée, nous l’avons fiancée avec le prince Charles, prince héréditaire de Bade et nous avons jugé convenable, dans cette circonstance, d’adopter ladite princesse Stéphanie Napoléon comme notre fille ». Le mariage religieux (témoins, Talleyrand et Ségur) est célébré en grande pompe, le 8 avril 1806, par le cardinal Caprara.
Jean Pierre
22 octobre 2021 @ 11:34
Alors musée du château de Karlsruhe (on écrivait Carlsruhe à l’époque) où j’étais la semaine dernière, un petit chapitre sur Kaspar Hauser. Vous croyez que c’était le fils de Stéphanie ?
Cosmo
22 octobre 2021 @ 12:18
La belle-sœur de la grande-duchesse Stéphanie, la reine de Bavière, semblait en être persuadée. Elle s’est intéressée au cas de Kaspar Hauser de très près.
Jean Pierre
23 octobre 2021 @ 09:32
Et pour cause, le musée de Karlsruhe ne fait pas mystère de l’implication du royaume de Bavière dans cette affaire ou du moins sa révélation, pour semble t-il des litiges territoriaux.
Beque
22 octobre 2021 @ 16:43
Aucune idée, Jean Pierre !
Beque
22 octobre 2021 @ 21:08
La cour de Carlsruhe étant hostile à la France, Napoléon avait décidé que le jeune ménage s’installerait à Mannheim. Malgré des relations plus que distantes, Charles et Stéphanie de Bade auront cinq enfants mais leurs deux fils mourront, l’un à moins de 2 ans, l’autre mystérieusement . Quand ils ne seront pas à Mannheim, Charles séjournera surtout à Carlsruhe tandis que son épouse appréciera les saisons brillantes de Bade.
Voici ce qu’on peut lire sur Kaspar Hauser :
Le 26 mai 1828, sur le marché au suif de Nuremberg, un bourgeois rencontre un jeune homme de 16 à 17 ans qui récite une ou deux phrases de bas-allemand, dont les pieds n’ont jamais marché, dont les yeux n’ont jamais pu voir la lumière du soleil, qui a dû être séquestré. Stéphanie, la première, calcule, raisonne, rapproche les dates : elle arrive à être convaincue que le mystérieux inconnu de Nuremberg, celui auquel on a donné le nom de Gaspar Hauser, est son fils auquel on a substitué un enfant mort et qui, victime de la haine de la margravine Amélie, a expié le crime d’avoir pour mère une Napoléonide. Il sera assassiné. Elle attestera jusqu’à sa mort que son fils n’était pas mort en 1812 mais qu’il lui avait été enlevé.
GILLAN
22 octobre 2021 @ 18:58
Cher Jean-Pierre,
Kaspar Hauser est une énigme éternelle, comme Louis XVII, Anastasia Romanov, Jean 1er etc…
kalistéa
23 octobre 2021 @ 20:02
Pour Anastasia l’énigme est résolue : renseignez vous Gillan . MMe Anderson n’était pas Anastasia .Celle – ci est bien morte assassinée avec toute sa famille . Il y avait buien le nombre exact de cadavres dans le charnier qu’on a ouvert il n’y a pas si longtemps et il en a été bien parlé!
LPJ
22 octobre 2021 @ 13:21
On peut citer également le mariage de Berthier, un des maréchaux de Napoléon avec également une Princesse de Bavière.
Et n’oublions pas que Napoléon fit épouser à Jérôme, son plus jeune frère, la Princesse Catherine de Wurtemberg. De cette union descendent les seuls Bonaparte dynastes et donc les seuls à pouvoir prétendre à la succession impériale : le Prince Napoléon (Jean-Christophe) et son oncle le Prince Jérôme. Et cette branche a su jusqu’à nos jours tisser des liens étroits avec les familles du gotha européen et a donc ainsi répondu au souhait du fondateur.
Beque
23 octobre 2021 @ 08:48
Louis-Alexandre Berthier est né le 20 novembre 1753 au château de Versailles. Son père était le géographe de Louis XV et sa mère la femme de chambre de Monsieur, frère du Roi Louis XVI. ll était choyé par Madame Adélaïde et Madame Victoire dont il protégera la fuite au moment de la Révolution.
Dans la berline impériale, il dormait assis sur un strapontin alors que Napoléon était étendu sur un lit de camp (Napoléon l’avait réveillé, une fois, dix-sept fois dans une nuit). Il possèdait plusieurs propriétés dont le château de Chambord (offert par Bonaparte sous la Révolution alors qu’il était à l’abandon) et le château de Grosbois. Il était considéré comme le « nabab » du Premier Empire. Napoléon le marie, en 1808, à Marie-Elisabeth princesse en Bavière dans le but de lui faire renoncer à sa maîtresse, la marquise de Visconti, mais il la gardera et elle s’entendra bien avec sa femme. Il soigna la marquise dans le foyer familial à la suite de son attaque de paralysie.
kalistéa
24 octobre 2021 @ 11:41
merci chère Beque de ces détails . Voici l’occasion pour moi de vous parler des « deux mariages à trois »de Berthier que vous m’aviez demandé ; Berthier était comme vous dites le collaborateur n° 1 de Napoléon . Il lui était indispensable . C’était un travailleur infatigable et un organisateur hors pair. Napoléon savait récompenser ses compagnons et il en fit un homme richissime et couvert d’honneurs. Or cet homme n’eut dans sa vie qu’un amour passionné , vraiment « une folie d’amour » que pour une belle femme rencontrée lors de la campagne d’italie : La marquise Visconti . Elle était mariée à un obscur diplomate désargenté qui prétendant descendre des grands Visconti de Milan (tout comme un cinéaste bien connu de notre époque!)Pour ne pas quitter cette femme il refusa d’accompagner Bonaparte en Egypte ce que celui-ci n’accepta pas et il fut forcé de l’accompagner la mort dans l’âme. Il avait emporté un portrait de la belle et il se livra des l’embarquement à des extravagances qui continuèrent une fois installé en Egypte. Il avait installé dans sa tente une espèce d’autel où trônait le portrait de la Visconti et celle-ci était véritablement » idolâtrée », Berthier faisant brùler de l’encens devant l’image de la bien -aimée et se prosternant devant elle… au grand scandale et amusement de l’armée… l’apprenant Bonaparte entra dans une violente colère , accusant Berthier de ridiculiser les Français … et il lui intima l’ordre de cesser ces « folies ».Berthier n’en continua pas moins à écrire des lettres d’une terrible obcènité amoureuse à sa belle. Celles-ci furent interceptées par les Anglais qui les firent copier et en répandirent les copies au grand amusement des ennemis;( mémoires de Bourrienne et de Beausset)
kalistéa
24 octobre 2021 @ 12:23
de retour à Paris , Berthier fit venir les époux Visconti , usa de son influence pour faire donner un poste de choix au mari et fit le projet de faire divorcer sa belle afin de l’épouser.. cependant le marquis qui était peu génant et fort accommodant , n’était pas disposé à divorcer.Il appréciait trop d’être aussi lié à un homme si important du régime et fort riche.Le trio vivait pratiquement ensemble. Berthier avait logé ses amis dans un immeuble qui faisait face au sien et fit construire une passerelle couverte enjambant la rue afin de rejoindre sa bien aimée sans qu’on le sache trop. Voilà pour le premier « ménage à trois » dans la vie du prince de Wagram chère Bèque . Pour le deuxième vous l’avez bien décrit. La princesse de Bavière, heureuse d’être devenue si riche , maitresse de trois châteaux, d’attelages multiples et d’un personnel abondant , d’être l’épouse d’un des plus importants personnage de l’Empire , trouva plus simple de considérer la grosse et vieillissante flamme de son mari , comme une amie et de vivre dans l’intimité avec elle. Ce fut le deuxième « ménage à trois » vde Berthier mais à l’envers…
Beque
25 octobre 2021 @ 08:55
Merci de tous ces détails, chère Kalistea. Lors d’une visite de Grosbois le guide nous avait dit qu’après que Berthier fut fait Prince de Wagram, en 1809, toute la Cour s’était transportée dans sa campagne. Lors d’un souper, furent servis 567 pièces de gibiers et 171 foies gras… C’était la dernière sortie de l’Impératrice Joséphine dont le divorce sera prononcé un mois plus tard.
MlleGiuliana
22 octobre 2021 @ 08:59
« de famille immémoriale »
Je ne connaissais pas cette tournure. Noblesse immémoriale oui mais pas famille. Une famille sort rarement de la mémoire.
Le livre doit quand même être très intéressant, riche d’enseignements.
kalistéa
25 octobre 2021 @ 20:13
J’ai bien évidemment visité moi aussi le château de Grosbois en compagnie du comte Berthier qui descendait d’un fr_ère du prince de Wagram: Joli château où fut tourné le film « nez de cuir » tiré du roman éponyme de Jean de la Varende.(un fantôme y est vu , dit-on , régulièrement dans la bibliothèque .)
Beque
22 octobre 2021 @ 09:23
En ce qui concerne Joséphine, je ne sais pas si Florence de Baudus parle de l’Impératrice Joséphine ou de la reine Joséphine de Suède.
Joséphine de Leuchtenberg (1807-1876) était la fille aînée d’Eugène de Beauharnais et de la princesse Auguste Amalia de Bavière, fille du roi Maximilien Ier de Bavière. Elle naquit en mars 1807 à Milan, alors capitale du royaume d’Italie, et grandit à la Cour de son grand-père.
Le mariage du prince royal Oscar, fils de Charles XIV Jean de Suède né Jean-Baptiste Bernadotte et de Désirée Clary, constituait un acte important qui devait légitimer la nouvelle dynastie Bernadotte.
Le mariage catholique de Joséphine, âgée de seize ans, eut lieu par procuration, à Eichstädt, siège de la cour de Leuchtenberg, le 22 mai 1823. Il fut célébré par l’archevêque de Munich qui ne fit pas de discours, le prince Eugène étant très diminué [il mourra l’année suivante]. La cérémonie officielle du mariage protestant avait été prévue à Stockholm le 19 juin. Joséphine partit pour la Suède le 24 mai. « Je la conduisis d’abord à son père, confia la princesse Auguste, afin que ces adieux que je redoutais tant ne fussent pas trop prolongés. Ce fut court, mais terrible ». Désirée avait quitté Stockholm, en juin 1811, officiellement pour faire une cure en France à Aix-les-Bains mais y resta… douze ans. Et c’est le mariage de son fils qui la ramena en Suède.
Cecicela
23 octobre 2021 @ 10:51
Joséphine de Leuchtenberg devint reine en 1844 alors que Napoléon était mort depuis plus de vingt ans (1821) donc, pour ce qui est « des souveraines de son temps », on repassera! Cela devrait répondre à votre question.
Beque
25 octobre 2021 @ 08:09
Bien sûr, Cecicela. Distraction de ma part.
DENIS
22 octobre 2021 @ 09:36
Bras et genou sont ceux de l’Impératrice Joséphine, peinte par Gérard, portrait que les lecteurs auraient gagné à voir en entier .
Cet irrespect courant des maquettistes actuels pour les oeuvres du passé me révulse.
Bambou
22 octobre 2021 @ 11:53
Peut être que Joséphine figure en entier sur la couverture….!!!! Juste rétrécie pour cet article !!!!!
Alors pas de quoi être « revulsé »….!!!
Laurent F
22 octobre 2021 @ 13:12
La voilà en grand format
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/6a/Baron_Fran%C3%A7ois_G%C3%A9rard_-_Jos%C3%A9phine_in_coronation_costume_-_Google_Art_Project.jpg
Opaline
22 octobre 2021 @ 17:21
Je n’avais jamais remarqué toutes ces abeilles brodées sur la robe..
Beque
22 octobre 2021 @ 18:19
Après la Campagne d’Italie Bonaparte s’installe, en mai 1797, au château de Mombello, demeure des Crivelli avec vue sur les Alpes. L’aristocratie milanaise y arrive ainsi que les ministres d’Autriche, de Naples, de Sardaigne, des républiques de Gênes et de Venise, de Parme et les représentants du Pape et des cantons suisses. Madame Laetitia s’y rend pour obtenir le consentement au mariage de sa fille aînée Maria Anna, appelée désormais Elisa. Bonaparte s’y était opposé formellement mais on lui fit croire que sa lettre de refus était arrivée trop tard et le mariage civil fut célébré dans l’intimité à Marseille, le 1er mai 1797. Mais il fallait obtenir une dot pour Elisa. Bonaparte fait bénir à Mombello le mariage de sa sœur avec Félix Bacchiocchi et elle reçoit devant notaire à Milan une dot de ses frères Joseph, Napoléon et Louis
Napoléon la nomme princesse héréditaire de Piombino par le décret du 28 mars 1805. L’année suivante, les Baciocchi recevaient la principauté de Lucques. En mars 1815, Elisa, qui avait tenté de rejoindre son frère à l’île d’Elbe, est exilée à Brünn puis reçoit l’autorisation de s’installer à Trieste. Des cinq enfants qu’elle avait mis au monde, trois étaient morts en bas âge ; seuls survivaient Napoléone (1806-1869), future comtesse Camerata, et Frédéric-Napoléon (1814-1833), qui mourut à Rome d’une chute de cheval. Elle s’éteignit le 7 août 1820 à Trieste. Elle est inhumée dans la basilique Saint Petrone de Bologne, auprès de son mari.