Un homme va pourtant se dresser en travers des réformes de la reine : son beau-père, le Daewongun. En cherchant à moderniser son pays, la reine a encouragé la venue de conseillers japonais, dont la présence est durement ressentie par la société coréenne conservatrice.
Plusieurs émeutes anti-étrangers sont provoquées par des patriotes coréens mécontents, qui estiment que la reine et son entourage sont « vendus » aux intérêts japonais. L’ancien régent, qui n’est jamais bien loin, encourage discrètement ces manoeuvres de déstabilisation.
En 1882 a lieu l’incident d’Imo, au cours duquel la légation japonaise est attaquée. A l’origine de l’émeute, une sombre affaire de trafic de riz orchestrée par le neveu de la reine : il n’en faut pas plus pour que le Palais royal soit lui-même la cible des révoltés. Ja-yeong échappe de justesse à la mort et s’enfuit, déguisée en dame de cour. C’est le coup d’Etat de Gapsin.
Profitant du chaos, le Daewongun reprend le pouvoir et réaffirme sa politique d’isolationnisme en expulsant tous les conseillers étrangers. Il ordonne également le massacre des soutiens de la reine, ainsi que le pillage de leurs maisons.
Malheureusement pour lui, il se heurte à la réponse combinée des chinois et des japonais qui envoient des troupes sur le sol coréen. Le régent est arrêté par un détachement militaire chinois et passera les trois prochaines années détenu en Chine.
Gojong et son épouse tirent la leçon du coup d’Etat de Gapsin et tentent de réduire l’influence japonaise sur le royaume. La signature contrainte du traité de Hanseong, qui favorise le Japon et lui accorde des réparations, encourage le roi à renforcer le lien avec le suzerain historique chinois. Moonseong favorise alors le commerce avec la Chine et implante secrètement une présence militaire chinoise sur le sol de Joseon.
Une fois son pouvoir restauré, la reine se lance dans une série de réformes modernisatrices qui ne se limitent pas qu’à la politique étrangère. En 1885, elle crée une école destinée aux enfants de l’aristocratie et en 1886, la première école réservée aux femmes, Ewha (l’Université d’Ewha, toujours réservée aux femmes, est l’une des meilleures universités du pays). Signe de sa volonté modernisatrice, l’enseignement se fait en anglais et des professeurs américains et britanniques y enseignent.
Son action s’étend également à la presse puisque c’est sous son patronage que naît le premier journal écrit en coréen. Jusqu’alors la presse était écrite en caractères chinois et donc réservée à l’élite. Ce journal, né en 1886, disparaîtra en 1888 sous la pression des envoyés chinois et il faudra attendre 1894 pour que renaisse cette presse coréenne.
Les années 1880 voient enfin la modernisation de la médecine – la première clinique de médecine occidentale ouvre en 1885 – et la liberté de religion garantie. La reine encourage les missionnaires à venir s’installer en Corée. Elle va même jusqu’à commander la traduction en coréen d’un hymne chrétien et à soutenir, bien que restant bouddhiste, la diffusion de la musique chrétienne dans le pays. (Merci à Raphaelle)
Auberi
30 janvier 2022 @ 07:55
Quel dommage qu’il n’y ait pas encore la couleur sur ces clichés mais on peut les imaginer 🤩
Merci Raphaëlle 😊
Erato deux
30 janvier 2022 @ 07:58
Saga époustouflante d’une reine de caractère.
Vie digne d’un roman.
Merci beaucoup, j ai énormément appris de votre récit passionnant.
Aldona
30 janvier 2022 @ 08:52
Mais quelle vie mouvementée ! quel destin ! merci pour ces récits qui nous dépaysent totalement
Kardaillac
30 janvier 2022 @ 11:15
Infiniment merci à Raphaelle.
Presque haletant. Je découvre.
Trianon
30 janvier 2022 @ 11:42
Passionnâtes ! Quelle femme moderne et visionnaire !
Trianon
30 janvier 2022 @ 11:42
Passionnant !
Ciboulette
30 janvier 2022 @ 16:15
Je découvre avec les autres lecteurs la vie passionnante de cette reine et l’élan qu’elle a donné à son pays .
Baboula
30 janvier 2022 @ 12:39
Merci ! Merci ! Merci !
Alice
30 janvier 2022 @ 15:56
Merci Raphaëlle pour cette histoire passionnante
Guizmo
30 janvier 2022 @ 19:12
Merci beaucoup pour ce récit intéressant et passionnant.
Laurent
30 janvier 2022 @ 19:24
Bravo
Passionnant
Merci
Carolibri
30 janvier 2022 @ 22:30
Passionnant récit . Merci
Singh
30 janvier 2022 @ 22:54
Merci Raphaëlle pour ce reportage, lu avec très grand plaisir.
Merci également à Beque dont j’ai lu les commentaires avec grand intérêt, c’était très instructif.
Caroline
31 janvier 2022 @ 00:03
Très intéressant !
C’ est incroyable qu’ on apprenne l’histoire en Corée !