Le Musée de Port-Royal des Champs présentera du 7 avril au 4 juillet 2022 l’exposition « Silvae sacrae. La forêt des solitaires ».
En voici le descriptif : « Le Musée de Port-Royal des Champs est situé à l’emplacement de l’abbaye de Port-Royal des Champs et de l’ancienne ferme des Granges. Il retrace l’histoire de l’abbaye de Port-Royal des Champs, haut lieu du jansénisme au XVIIIème siècle.
En 1639, plusieurs gentilshommes décidèrent de quitter le monde et de se retirer dans une sorte d’ermitage, d’abord aux portes de l’abbaye de Port-Royal de Paris, puis, après une année d’errance, dans les bâtiments abandonnés de l’abbaye de Port-Royal des Champs. En s’installant dans ce qu’ils désignaient comme un désert, ils entendaient renoncer entièrement aux affaires du monde pour ne plus penser qu’à leur salut.
Ceux qu’on appellera plus tard les « Solitaires » de Port-Royal partagèrent leur temps entre l’entretien des forêts, la culture des jardins et des vergers de l’abbaye des Champs et d’importants travaux de recherche et d’écriture.
La forêt de Port-Royal évoquait puissamment les décors que les artistes, depuis plus d’un siècle, avaient choisis pour représenter les déserts d’Égypte, de Syrie et de Palestine dans lesquels les premiers ermites de l’histoire de l’Église s’étaient retirés au IVe siècle.
À travers cette culture visuelle, et la lecture des Vies des Pères des déserts, traduites par Robert Arnauld d’Andilly, frère aîné de la Mère Angélique, les « Solitaires » de Port-Royal pouvaient imaginer qu’ils revivaient pleinement la vie de leurs illustres modèles.
Ce thème des Pères des déserts avait été mis à la mode dès le début du XVIIe siècle et avait été l’objet d’une importante production d’images, produites à la fin du XVIe siècle en Italie du nord autour de Girolamo Muziano puis, les années suivantes, par de Maarten de Vos à Anvers et Abraham Bloemaert à Amsterdam : ils réalisèrent chacun plus de deux cents dessins sur ce thème. Ces nombreuses représentations furent gravées par les frères Sadeler à Munich et à Venise et presque immédiatement copiées par les graveurs flamands installés à Paris.
Le projet d’une grande édition illustrée des Vies des Pères du désert échoua, sans doute avec la dispersion de la communauté des « Solitaires » de Port-Royal en 1656.
À travers un choix d’une cinquantaine de dessins et gravures, provenant des collections de l’Albertina de Vienne, de la collection Frits Lugt conservée à la Fondation Custodia (Paris), ou du département des Arts graphiques du Louvre, l’exposition Sylvae Sacrae – La forêt des Solitaires propose au visiteur un voyage à travers les déserts rêvés du XVIIe siècle : sombres forêts, lieu de ressourcement intérieur ou jardin de Paradis. » (merci à Guizmo)
jul
3 mars 2022 @ 05:27
Port-Royal-des-Champs ne m’a jamais fasciné et me fait plutôt mauvaise impression.
Mouvement d’entre-soi avec un côté élitiste dont il est l’expression, comme déjà le catharisme bien avant, et d’autres mouvements bien après et aujourd’hui avec le communautarisme accompagnant divers visions de nouveaux saluts à la mode , je me dis qu’on n’invente vraiment pas souvent quelquechose dans le domaine social.
Je comprends le besoin de retraite, mais son intérieur est déjà bien suffisant.
J’ai bien plus d’admiration pour les prêtres des couvents des villes qui eux ne se coupaient pas de leur familles, de la société, aimaient les gens plus faibles quoique cet adjectif peut être appliqué à tous, notamment à ces jansénistes qui se croyaient forts.
Cosmo
8 mars 2022 @ 07:38
Tout ce qui peut attenter à la majesté royale ne peut que susciter la réprobation chez vous. J’imagine que vous préférez aussi le clergé à prébendes dont l’humilité et la charité étaient bien connues.
Quant aux Protestants qui ont été victimes de la révocation de l’ Édit de Nantes, vous devez penser que c’est une punition justifiée. Eux aussi n’étaient pas en adoration devant la majesté divine et royale de Louis XIV.
Charlotte (de Brie)
3 mars 2022 @ 08:45
Merci Guizmo pour cette information et comment ne pas évoquer Jean Racine lorsque l’on parle de Port Royal ?
Jean Racine est né le décembre 1639 à La Ferté Milon dans l’Aisne mais vraiment à la limite de la Seine et Marne, orphelin à l’âge de 4 ans il est élevé par ses grands-parents et devient élève des « Solitaires de Port Royal » pendant 10 ans de 1649 à 1658.
Il est donc formé à la doctrine janséniste (du nom de l’évêque d’Ypres Jansenius). Le Jansénisme est un mouvement proposant le retour aux idées de Saint Augustin sur la grâce divine qui permet de sauver l’âme des pêcheurs.
Les Jansénistes s’opposent aux Jésuites qu’ils accusent d’être trop indulgents avec les pêcheurs;
Racine est fortement imprégné par les idées jansénistes, mais lorsqu’il devient auteur et connait un certain succès, il se laisse attirer par les « plaisirs » de cette vie de cour et sa » frivolité » ou considérée comme telle l’éloigne de Port Royal.
En 1677, « Phèdre » sera considérée comme la pièce de la réconciliation avec Port Royal.
A la fin de sa vie, Racine aura renoué avec le mouvement janséniste.
Il est d’ailleurs inhumé à Port Royal en 1699, mais après la destruction de l’Abbaye sur l’ordre de Louis XIV, ses restes sont transférés à l’Eglise Saint Etienne du Mont à Paris, sur la Montagne Sainte Geneviève.
Il y retrouve Blaise Pascal, inhumé là car c’était là qu’il était mort en 1662
Pascal était adepte du Jansénisme et c’est à Port Royal qu’il rédigea « les Provinciales » en 1655
Saint Etienne du Mont était une paroisse fortement teintée de Jansénisme.
NB Frédéric Ozanam est également inhumé dans cette église.
Charlotte (de Brie)
3 mars 2022 @ 13:31
Un petit moyen mnémotechnique qui permet de se souvenir d’auteurs du XVIIè , ce n’est pas de moi, et beaucoup doivent s’en souvenir : » sur une racine de bruyère, une corneille boit l’eau de la fontaine molière »
Je m’en suis souvent servi avec mes élèves.
Beque
3 mars 2022 @ 18:42
Charlotte, une autre église de Paris était proche des jansénistes.
En 1633, l’église Saint Jacques du Haut-Pas, rue Saint-Jacques, devient paroisse par arrêt du Parlement. Port-Royal-des-Champs est tout près. Les liens entre le monastère et l’église sont étroits. Saint-Jacques devient l’un des centres du jansénisme. En 1643, l’abbé de Saint-Cyran, maître spirituel de Port-Royal est enterré dans le chœur de Saint-Jacques.
La vie de la paroisse sera marquée par la présence de Jean-Denis Cochin, curé pendant près de vingt-cinq ans (1756-1780). Dévoué aux pauvres, il fonde en 1780 un hospice dans le faubourg Saint-Jacques, en face de l’Observatoire. Le bâtiment prend le nom d’hôpital Saint-Jacques-Saint-Philippe-du-Haut-Pas. Le curé s’éteint 1783. Après la Révolution, il devient l’hôpital Cochin, son nom actuel. Quelques années plus tard, des paroissiens offrirent un maître-autel en marbre et des tableaux de maîtres pour décorer la chapelle Saint-Pierre.
HRC
3 mars 2022 @ 20:40
Sur une racine de la bruyère.. 😊
Charlotte (de Brie)
4 mars 2022 @ 17:16
Mais oui HRC, c’est bien sûr ! Merci de m’avoir redonné le « la »
Bon week-end !
Charlotte 78
3 mars 2022 @ 21:35
Merci Charlotte de Brie ; je ne connaissais pas ce moyen mnémotechnique :)
Cosmo
8 mars 2022 @ 17:24
Ne comprenant rien à la subtilité de la distinction entre la Grâce et la Prédestination, je n’en ai pas moins admiré la rigueur morale et intellectuelle des religieuses et des Messieurs de Port-Royal, parmi lesquels Pascal et Racine sont les plus célèbres.
Et je dois avouer préférer l’attitude de la grande-bourgeoisie à celle de la noblesse au XVIIe. Le roi de France aussi, en appelant plus de bourgeois que de nobles en ses conseils !