Impressionnant par sa taille, le château d’Ambleville trouve ses origines dès le XIe siècle. Le château d’Ambleville est construit sur un site millénaire : Jules César y établit un camp il y a deux mille ans.
On a retrouvé des vases anciens, haches et ossements lors de fouilles et travaux à la fin du XIXe siècle.
En 1182, la chapelle Saint Léonard du Vaumion fut donnée par acte avec un vivier, à l’ordre de Malte par Godefroy d’Ambleville. Le chef de la commanderie était à Louvières, qui dépendait d’Omerville. Elle subsista jusqu’en 1315, au moment de l’abolition des ordres de chevaliers prêtres: les templiers d’Ambleville y disaient la messe une fois par an et recevaient pour cela huit boisseaux de blé.
Châtellenie rattachée au comté de la Roche-Guyon, il est aussi à lié l’histoire du château de Villarceaux, situé à quelques kilomètres et dont les souterrains ont longtemps communiqué.
Ce château s’inscrivait jadis dans le système de défense qui s’égrenait le long de la vallée de l’Epte et qui formait la frontière entre Normandie anglaise et royaume de France.
Le château médiéval du XIVe est propriété de la famille de Mornay, par mariage, jusqu’au XVIIIe siècle. C’est Louis de Mornay qui confie à l’architecte Jean Grappin, auteur des sculptures de la Cathédrale de Gisors, la modification du château médiéval par le placage de la façade Renaissance encore visible sur la façade nord. Le château était alors entouré de douves.
Le donjon du château médiéval sera détruit au milieu du XVIIIe, et remplacé par une aile à la fin du XVIIIe .Le château est modernisé et ainsi agrandit. Une admirable frise orne la façade nord ; elle est sculptée de plantes bulbeuses : narcisses et tulipes, ainsi que de roses romaines.
En 1711, la famille de Marolles succède aux Mornay pour la courte période jusqu’en 1737, et la famille Labbé devient propriétaire jusqu’en 1774.
Le dernier propriétaire sous l’Ancien Régime est Grégoire Alexandre Dupuis. Pendant la Révolution, la chapelle Saint Léonard fut vendue comme bien national et achetée par le citoyen Lefèvre. Elle a été démolie au début du XXe siècle. Les deux autels latéraux ont été récupérés et installés dans la salle à manger du château. En 1819, le château est vendu aux enchères.
En 1893, il est racheté par un marchand d’art, Charles Sedelmeyer, qui le sauve de la ruine. Il y fait installer un théâtre. Il orne le jardin de statues italiennes, fait restauré les meneaux des fenêtres, les moulages des corniches et des frises, modifie les tourelles sur lesquelles il fit placer des poivrières comme au Moyen Âge, et surtout remet en place les balcons en fer forgé vénitien du XVIe siècle.
Il ne reste que peu de vestige de la forteresse féodale, les fossés ont été comblés au XIXe siècle. Dans les caves du château, il existe toujours des anneaux et des chaines qui servaient à attacher les prisonniers que l’on devait pendre sur la place du Carcan en face du château, c’est sans aucun doute là qu’on dressait la potence où l’on pendait les malheureux paysans, et dans l’une des tours, on pouvait voir la chambre de justice du seigneur d’Ambleville jusqu’au rachat du château par Charles Sedelmeyer.
Henry Soulange Bodin, spécialiste des châteaux a écrit : « Ce bijou de la Renaissance a le grand mérite de ne pas avoir été déshonoré par des restaurations de mauvais goût ».
En 1928, la marquise de Villefranche acheta le château pour les statues du parc, que Charles Sedelmeyer avait acquises à la vente de la villa d’Este, pour son château de Villarceaux.
Et elle succomba, elle aussi, au charme de cette demeure et restaura d’une façon admirable les jardins. Pour restaurer les jardins de la terrasse supérieure, elle copie la villa Artena, au sud de Rome, d’après un dessin de Paul Bril de 1625.
Pour le « jardin de la lune », elle s’inspire du tableau Minerve chassant les Vices du jardin de la Vertu peint par Mantegna en 1502 et conservé au Louvre. Lui servent aussi de modèle les jardins de la villa Gamberaia à Florence qu’une de ses amies avait fait restaurer dès 1910.
Depuis l’origine, ceux-ci sont juchés sur des terrasses taillées dans une pente assez abrupte, à la manière dont cela s’est pratiqué dès le début de la Renaissance italienne, dans les environs de Florence, sur les collines qui bordent l’Arno.
Sa petite fille Stéphanie de Villefranche, Comtesse Roland Lepic prit le relais jusqu’en 2001 . Les 4 terrasses accueillent des buis taillés, des bassins, des fontaines, un pédiluve du XVIIe siècle.
Sur la terrasse supérieure, le « jardin du soleil », dont les rayons sont taillés dans les buis replantés selon un dessin d’époque Louis XVI. Sur la pelouse, de grands ifs formés en topiaires figurent les pions d’un échiquier géant dont les 64 cases se dessinent dans l’herbe, fin avril, quand fleurissent 40 000 narcisses blancs, ceinturé d’un coté par un immense cadran solaire et de l’autre, par un serpent délimitant le jardin de l’œil.
La deuxième terrasse abrite le « jardin de la lune ». Au fond, un grand hémicycle est fait d’ifs taillés : les niches ménagées dans la végétation sont ornées de huit statues en bronze, peintes façon terre cuite, symbolisant saisons et activités agraires. Devant, aux angles du bassin en demi-lune, deux sphinges en pierre.
La troisième terrasse est meublée d’un verger et d’une fontaine.
La quatrième terrasse dite de l’escalier d’eau, les canalisations ont été refaites et les marches en pierre replacées, l’eau est revenue.
La restauration du potager et du verger est en cours. La visite s’achève par les jardins devant la façade sud du château, après avoir emprunté une allée de tilleuls datant de la fin du XVIIIe siècle et menant au “bassin de l’œil”, réservoir d’eau des jardins.
En 2003, les Coutau-Bégari qui acquièrent le château d’une surface de 2300 m2 avec près de 100 portes et fenêtres et six escaliers le remeublent petit à petit.
Le château recèle des objets magnifiques : une collection de cabinets d’ébène du XVIIe siècle, le portrait de Louis XVIII, peint par le baron Gérard, le mur de la salle à manger où on peut admirer un cabinet sculpté tapissé de cuir décoré et surtout la grande galerie recouverte de tapisseries d’Audenarde superbes que la guide nous a commentées.
Le château est inscrit aux monuments historiques le 4 juin 1926 et classé le 20 juin 1945. Les jardins murs d’enceinte et communs ont été inscrits à l’inventaire des Monuments historique depuis.
En 2007, le château a bénéficié du Prix Villandry de la Demeure Historique. Le grand prix européen EBTS a été décerné en 2014. Les jardins d’Ambleville sont inscrits aux monuments historiques. (merci à Guizmo)
Château d’Ambleville. 1, rue de la Mairie, Ambleville (95). Tél.: 01 34 67 98 45.
Pascal 🍄
12 avril 2022 @ 05:27
Voilà de beaux jardins pour un château.
Coutau- Bégari c’est une étude de commissaire priseur il me semble ?
Pascal 🍄
12 avril 2022 @ 07:24
C’est aussi un beau château, espérons que ses propriétaires pourront continuer à l’entretenir et à l’embellir .
Les souterrains excitent ma curiosité !
J’observe aussi que les jardins ont bénéficié de transformations successives qui ont gardé l’esprit renaissance.
Très intéressant ce château, merci Guizmo.
Dagobert 1er
12 avril 2022 @ 13:49
Oui
Bételgeuse70
12 avril 2022 @ 23:05
Je vous confirme l’activité. Ils apparaissent souvent dans la Gazette Drouot pour des ventes d’objets russes. Je suppose qu’ils n’ont pas eu de mal à recréer un décor intérieur digne d’un tel écrin.
Baboula
12 avril 2022 @ 05:30
Ce château est il une perle ? Oui mais la plus belle perle c’est Guizmo qui nous fait découvrir ces merveilles inconnues .
celia72
12 avril 2022 @ 06:24
Merci Dame Régine et Guizmo pour ce passionnant reportage sur ce très beau chateau que je ne connaissais pas.
Jean Pierre
12 avril 2022 @ 12:35
La même chose.
La preuve qu’il existe des trésors cachés.
Bambou
12 avril 2022 @ 06:25
Je cherchais dans quel département se situe ce beau château singulier….
J’ai la réponse avec son adresse….
Aldona
12 avril 2022 @ 08:22
Merci Guizmo pour cette belle visite, les tapisseries sont magnifique et j’ai aimé les ifs taillés, quel travail aux jardiniers pour les entretenir !
Caroline
12 avril 2022 @ 11:17
Merci à Guizmo pour son article culturel et historique à la fois ! Très intéressant à lire 👏!!!
tristan
12 avril 2022 @ 12:20
Superbe article, quel luxe pour un expatrié de voyager ainsi en France. Merci Guizmo et Régine.
Lorenzo
12 avril 2022 @ 12:48
Un reportage passionnant comme à chaque fois
Merci beaucoup Guizmo de nous faire partager votre passion du patrimoine
Danielle
12 avril 2022 @ 12:52
Félicitations aux propriétaires pour la rénovation et de château et merci à Guizmo de nous le faire connaître par sa belle plume.
La façade me rappelle un peu celui de Blois.
aubert
12 avril 2022 @ 13:32
intérieurs cauchemardesques
Hervé J. VOLTO
18 avril 2022 @ 15:12
Le Château d’Ambleville fut construit au XVIe siècle par l’architecte Jean Grappin sur les bases d’une forteresse féodale érigée à l’origine contre les invasions anglo-normandes fût bâti pour les Mornay, puissante famille du Vexin, héritière des Essarts et seigneurs de Villarceaux.
Classé Monument historique depuis 1945, le domaine d’Ambleville est également distingué par le label « Jardin remarquable », car chef d’œuvre de l’architecture Renaissance se distingue par ses remarquables jardins d’inspiration italienne en terrasses. Accolé à l’église du village, le château et ses jardins dominent la vallée de l’Aubette de Meulan.
A voir : Chambre du Mis de Mornay, Grand escalier début XVIIIème, Salon des cuirs, Galerie des tapisseries, Cabinets d’ébène, Salle à manger Directoire, jardins à l’italienne en terrasses, théâtre de verdure, bassins et escalier d’eau, monumental jeu d’échecs (fleuri en avril), tilleuls tri-centenaires…
Adresse : 1 place de la mairie, 95710, Ambleville.
Téléphone : 06.25.64.75.73
info@chateauxetjardins.com