Voici la carte postale de la citadelle de Belfort par Guizmo. « La première implantation de la ville, à la Préhistoire, se trouve sur la colline de la Roche.
En 1226 apparaît la 1ère mention d’un château qui change d’apparence à partir des grands travaux qui seront entrepris au cours du XVIe siècle.
Le comte de la Suze, seigneur de Belfort, fait construire une couronne protégeant le château à l’Est ; mais il se rallie à la Fronde et Louis XIV fait reprendre la ville par ses troupes. Il attribue les anciennes terres autrichiennes au cardinal de Mazarin qui devient à son tour comte de Belfort. Désormais, les héritiers du cardinal sont les seigneurs de la ville jusqu’en 1789.
Malgré la fortification de 1648, Belfort n’est qu’un bourg modeste, à nouveau assiégé en 1674.
Aussi, le Maréchal de Vauban, commissaire aux fortifications, propose dès 1675 à l’issue d’une première visite à Belfort, des améliorations du système défensif. C’est clairement avec Sébastien de Prestre, plus connu sous le nom du marquis de Vauban, que Belfort prend une autre dimension.
L’acquisition de la Franche-Comté en 1678 accroît encore l’importance de la Trouée. Les travaux acceptés par le roi débutent en 1687 et font de Belfort une véritable place de guerre : la surface de la ville est doublée, elle est entourée d’une enceinte pentagonale bastionnée, dotée de plusieurs casernes.
Vauban invente un système défensif original afin de pouvoir stopper une attaque ennemie depuis les collines qui encerclent la ville et la mettent en position de faiblesse. Les doubles remparts, d’abord, qui entourent la ville. Aux angles de cet hexagone fortifié, des tours servent de postes de tirs pour les canons.
Il met au point le principe des tours bastionnées. Assez ramassées, elles comportent deux étages de feu, le premier au rez-de-chaussée pour un tir rapproché et le second au premier étage pour un engagement plus éloigné. À l’avant, la contre-garde est conçue pour apporter une protection supplémentaire.
Et bien sûr, il conçoit la citadelle, élément culminant de la ville, que Vauban, ingénieur et architecte de guerre, a reproduit dans d’autres villes comme Besançon ou La Rochelle.
Ces murs situés en hauteur permettaient de protéger la ville en cas de siège, afin de résister le temps de l’arrivée des renforts. Et pour tenir encore plus longtemps, Vauban n’a pas hésité à détourner la Savoureuse, en construisant un canal, de façon à ne pas manquer d’eau. Le marquis fait également raser toute végétation alentours, pour éviter que l’ennemi ne s’y cache. De cette ville qu’il estimait « indéfendable », Vauban a fait une ville imprenable.
Le général Haxo et Denfert-Rochereau apportèrent chacun leurs modifications à la citadelle de Vauban, respectivement en 1820 et 1870. Ils firent de celle-ci une forteresse moderne.
Lors de la guerre de Prusse, Belfort est la seule ville française, avec Bitche (57), à résister. Le dispositif de défense était tellement efficace qu’il a pu résister pendant plus de cent jours de siège pendant la guerre de 1870.
À partir du 3 novembre 1870, la place de Belfort est investie par un corps d’armée prussien sous le commandement du général Udo Von Tresckow (1808 – 1885). Aristide Denfert-Rochereau (1823 – 1878) refuse la sommation de capitulation que lui propose l’ennemi le 4 novembre. et va tenir jusqu’à fin janvier de l’année suivante.
La Porte de Brisach est aujourd’hui le dernier témoignage existant des accès d’origine à la citadelle de Belfort. La porte de Brisach était en fait une des deux entrées permettant d’accéder à l’intérieur des fortifications de la citadelle et d’atteindre la vieille ville, autrefois protégée par de hautes murailles. L’autre porte, nommée la « Porte de France » a été détruite en 1892.
Cet ouvrage militaire a été construit en grès rose, en même temps que le fort, soit dès 1687, et bien que sa vocation ait été défensive, il s’agit d’une remarquable construction, dotée de riches sculptures ornementales, symbolisant la grandeur et la puissance de la ville et du royaume de France . La porte de Brisach, était sous la protection d’un poste de guet de forme semi-circulaire, qui était positionné en surplomb du fossé.
D’architecture colossale, la porte est magnifiquement ornée de sculptures en hommage à la grandeur du roi Soleil, de plusieurs fleurs de Lys, d’une couronne, de drapeaux et emblèmes. Le fronton triangulaire positionné au dessus de la porte est quant à lui paré d’une représentation du soleil et de la devise du roi Louis XIV.
La porte de Brisach est classée, tout comme la Citadelle, au titre des Monuments Historiques depuis 1907.
Le patrimoine fortifié de Belfort est bien conservé puisqu’environ 75% des fortifications sont toujours debout, ce qui en fait une sorte d’exception si l’on pense à toutes les villes qui, aux XIXe et XXe siècles, ont abattu leurs remparts pour gagner de l’espace. Les trois tours bastionnées (tour 27, tour 41 et tour 46) sont conservées. Seule la partie ouest a été détruite, pour s’ouvrir sur la porte de France et l’ancienne voie royale qui mène à Paris.
Il est aujourd’hui possible de visiter ces fortifications et ses installations. On commence par la Cour d’Honneur en gravissant le tunnel pavé et la porte pont-levis. on poursuit la visite en direction de la terrasse panoramique : Belfort 360° ! Une vue à couper le souffle sur l’ensemble de la forteresse, de la ville, des paysages et des forts alentours.
On emprunte alors le Grand Souterrain. Au départ le grand souterrain est un fossé à ciel ouvert, qui correspond au fossé du château médiéval. Vauban le recouvre d’une toiture afin de le rendre à l’épreuve des bombes au XVIIe siècle. Au XIXe siècle, le général Haxo le modifie entièrement avec l’utilisation de pierre et d’un manteau de terre afin de le camoufler. Un plancher de poutres est aménagé et repose sur des corbeaux en saillie, toujours visibles.
L’entresol sert de stockage pour des munitions et des vivres. Ce souterrain qui pouvait abriter plus de 1 000 hommes lors des grandes batailles. Ce lieu était chauffé à l’aide de 6 grandes cheminées.
A l’est on découvre le Char Martin, réplique du char d’assaut « Le Cornouailles » où le Lieutenant Martin y a trouvé la mort le 21 novembre 1944 lors de la libération de Belfort.
L’ensemble de la Citadelle s’étend aujourd’hui sur 14 hectares. Ce patrimoine, longtemps aux mains de l’armée, n’appartient à la ville de Belfort que depuis 1962.
Le Musée d’Histoire a été créé dans la Citadelle en 1968 par des vétérans du premier conflit mondial, grâce à la donation exceptionnelle effectuée à la même période par Pierre Boigeol, érudit, collectionneur passionné d’histoire militaire locale.
Cette visite de la Citadelle est proposée par l’Office de tourisme de Belfort. Prévoir une lampe de poche et des chaussures confortables. »
gisèle T
22 juillet 2022 @ 03:51
Magnifique, je l’ai visité il y a quelques années
Caroline
22 juillet 2022 @ 09:21
Gisèle T.,
Quelle chance pour vous ! J’ aurais beaucoup aimé visiter la ville de Belfort , quand même éloignée de Strasbourg ( environ 1h 45 en voiture).
Guizmo, un grand merci pour votre article historique très bien documenté !
Mimine
22 juillet 2022 @ 15:57
Guizmo votre carte postale est très intéressante, merci!
Pistounette
22 juillet 2022 @ 06:50
Souvenirs d’enfance où j’y suis allée 2 fois en vacances, un oncle militaire y étant en poste : la rivière « La Savoureuse », le mess des officiers… et bien sur le fameux Lion de Belfort de Bartholdi.
Avec mes parents, j’avais visité Les Vosges… dont je confirme que c’est une très belle région… les fameux « Ballons », les nombreux lacs… dont un souvenir au lac de Gérardmer : 15° à la mi-août ! 😲😕😏
Merci Guizmo
Leonor
22 juillet 2022 @ 09:20
Paradoxalement, malgré la proximité avec ma région natale, je ne connais pas vraiment Belfort.
Donc, doublement merci, Guizmo.
Ciboulette
22 juillet 2022 @ 13:16
Merci , Pistounette . Je vais dire comme Leonor que je connais mieux Besançon .
Danielle
22 juillet 2022 @ 14:56
Merci Guizmo pour cette carte postale car je ne connais que le lion.
Pistounette, les Vosges sont en effet une belle région et j’aime beaucoup Gérardmer dont la fête des jonquilles est célèbre.
Beque
24 juillet 2022 @ 22:05
François-Nicolas-Benoît, baron Haxo, pair de France (1774-1838), était le neveu du général républicain Nicolas Haxo, qui combattit Charette et mourut au combat de la Roche-sur-Yon en 1794. Elève sous-lieutenant à l’école d’artillerie de Châlons-sur-Marne, il est capitaine du génie en 1794. Après le siège de Mannheim et le blocus de Mayence, il suit les cours de l’Ecole polytechnique. En 1807, le commandant Haxo aide le sultan Selim à fortifier Constantinople et le détroit des Dardanelles. En 1811, commandant du génie de l’armée d’Allemagne sous les ordres du maréchal Davout, il est chargé d’inspecter l’état des forteresses que la France occupait dans la Poméranie, la Prusse, la Silésie et la Pologne. Blessé à Kulm, il est emmené en captivité en Hongrie et revient en France en 1814 où le gouvernement de la Restauration lui fait bon accueil. Lors du retour de Napoléon, il commande le génie dans l’armée que le duc de Berry essaye d’organiser près de Paris mais, après le départ du prince, le général Haxo se met à la disposition de l’empereur et participe à la bataille de Waterloo. Il offre ses services au gouvernement de Louis XVIII et est nommé inspecteur général des fortifications. Il fait réédifier les places fortes de France : Belfort, Grenoble, Besançon, Dunkerque, Saint-Omer, Sedan, le fort de l’Ecluse et fait réparer plus de soixante forteresses. Sous Louis-Philippe, le général Haxo conduit le siège de la citadelle d’Anvers : après vingt-quatre jours de tranchée et de travaux l’ennemi capitule le 23 novembre 1832.