Né en Argentine, Fred Samuel a 12 ans lorsque ses parents font le choix de revenir en France. En 1935, il épouse Thérèse Halphen avec qui il eut deux fils Henri et Jean. Sa petite-fille Valérie est aujourd’hui directrice de la création.
Un an après son mariage, il ouvre sa première boutique rue Royale à Paris. Bien que les temps ne soient pas propices, le succès est au rendez-vous. Lors de la Seconde Guerre mondiale, la boutique est placée sous le contrôle du Commissariat aux questions juives.
Une étoile jaune est apposée sur la façade et le nom ne peut plus être que Fred. Il s’engage dans une unité de volontaires étrangers, il participe avec les Américains à la Libération de Paris.
Fred Samuel est un fin connaisseur des perles. Moins connu de prime abord que Cartier, Chaumet ou Van Cleef & Arpels qui ont une histoire plus ancienne, il parvient en quelques années à se tisser un efficace réseau de renseignements pour aller débusquer les clients. Celui que l’on appelle « Monsieur Fred » cultive un style bien à lui : d’une extrême courtoisie, très disponible, déployant tout son art du savoir-vivre pour conseiller ses clients, Fred Samuel entretient des relations privilégiées avec les concierges des grands hôtels parisiens.
Fin des années 50, le roi Mahendra du Népal (1920-1972) est descendu avec son épouse la reine Ratna au George V. Par l’intermédiaire de la maison de couture Sari qui confectionne des tenues pour la reine, Fred Samuel entre en contact avec le couple royal qui souhaite moderniser certaines des parures de son écrin et possède des pierres précieuses devant être montées.
Il y a trois ans, plus de mille cartons furent retrouvés dans un entrepôt, ce qui mit à jour la correspondance entre Samuel Fred et ses clients parmi lesquels les souverains népalais.
Dans la suite du George V, Samuel Fred est venu avec un dessinateur qui dresse des esquisses de parures. Le roi et la reine sont conquis. En 1962, un diadème en diamants et émeraudes est commandé à la maison Fred. Il s’agit d’une inspiration Art Déco et d’Art bouddhique.
Autre commande importante en 1963, un pendentif composé des neuf gemmes sacrées le grenat hessonite, le chrysobéryl, le rubis, l’émeraude, la topaze, le saphir, le diamant, le corail et la perle.
A la mort du roi en 1972, son fils le roi Birendra et son épouse la reine Aishwarya gardent la même confiance à la maison Fred.
Le 1er juin 2001, comme toutes les semaines, la famille royale du Népal se réunit dans les jardins du palais royal de Narayanhity. Le prince héritier Dipendra est en conflit avec ses parents qui n’acceptent pas sa liaison avec une jeune femme indienne.
Vêtu en treillis militaire, lourdement armé et sous l’emprise de substances et d’alcool, il revient au dîner après que son père lui ait intimé de se retirer dans ses appartements au vu de son état.
Le prince héritier tire sur tout ce qui bouge. Il abat son père, sa mère, sa sœur et son jeune frère, ainsi que deux oncles, une tante et une cousine. Il finit par retourner l’arme contre lui. Il décèdera de ses blessures quatre jours plus tard.
La population ne croit pas à cette version et incrimine le frère du défunt roi, Gyanendra, absent au moment du drame, d’avoir fomenté cette attaque pour accéder au trône. Entre rumeurs, corruption, situation économique difficile et la percée du parti maoïste, la monarchie est abolie en 2008.
L’ancien palais royal à Katmandou se visite. On peut y voir certains regalia, des objets du symbole royal mais le diadème Fred porté en de très nombreuses occasion par les reines n’y figure pas. Qu’est-il devenu ? Mystère. L’exposition présente une photographie du diadème qui permet d’apprécier le savoir-faire du joaillier.
Régine ⋅ Actualité 2022, Expositions, France, Joyaux, Népal 11 Comments
Pelikan du Danube
24 octobre 2022 @ 06:17
Il me semble que Cosmo (?) nous avait parlé de ces Juifs installés en Argentine ?
Je ne sais pas quel pouvoir possédaient les rois du Népal, il devaient être grands ,je pense que la chute de cette monarchie n’a rien arrangé dans cette région ?
Pelikan du Danube
24 octobre 2022 @ 08:29
Il devait être grand !😧😧😧
Leonor
24 octobre 2022 @ 10:08
Je ne savais pas le Népal assez riche pour que ses souverains puissent s’offrir de pareils joyaux.
Menthe
24 octobre 2022 @ 12:44
Question que je me suis posée aussi, Léo.
Domin
24 octobre 2022 @ 17:04
Partout ( comme en France du temps de Louis 14 et suivants ) le train de vie du roi ne correspondait pas au niveau de vie du peuple …
Anne-Cécile
24 octobre 2022 @ 17:25
On vous répondra qu’il faut du lustre à toute monarchie, qu’il en va du prestige du pays et de la renommée de ses artisans. Lorsque l’on veut un roi, on paie et l’on remercie de leurs devoirs de grande et royale charité les princesses en les couvrant de bijoux et de robes à la dernière mode.
Donc les Népalais feront ceinture comme les Portugais en leur temps (les Reines Maria-Pia et Amélie rappelées à l’ordre par un parlement affolé pourtant largement peuplé d’aristocrates).
Parce que leurs princes le valent bien!
Beque
24 octobre 2022 @ 19:15
Leonor, je pense que les souverains népalais disposaient d’une fortune personnelle puisque le père du roi Mahendra était venu se faire soigner en Suisse, où il est mort en 1955.
Le pays lui-même n’est pas riche. J’avais été invitée, à titre personnel, pour le départ du Premier Secrétaire de l’ambassade à Paris et le buffet était relativement modeste.
MartineR
24 octobre 2022 @ 20:53
Les souverains sont souvent plus,riches que le peuple qui lui crève la faim….
Pelikan du Danube
25 octobre 2022 @ 06:23
Je pense qu’il ne faut pas exagérer l’opulence de leurs joyaux ,cependant la couronne royale était intéressante, quelqu’un sait-il avec quoi est fabriqué le plumet qui la surmonte ?
Pour la richesse je répondrai :” flat tax ” ,au sens ancien du terme.
Caroline
24 octobre 2022 @ 22:00
Leonor, 😮
Sachant que le Népal est un pays assez pauvre, je suis surprise de lire ces détails sur les parures en diamants et en pierres précieuses chez les royaux népalais !!!
Zulma
25 octobre 2022 @ 08:24
Le premier diadème est vraiment beau !