Le prince Dimitri Amilakvari est né à Bazorkino le 31 octobre 1906, aujourd’hui Tchermen situe en Ossétie du Nord, au sud de la Russie. Dès sa naissance, sa vie est déjà marquée par l’exil : sa famille, les Sadguinidzé, dont la noblesse remonte avant les Croisades, a dû quitter son domaine ancestral de Gori en Géorgie à l’occasion de la révolution russe de 1905.
Chapelle du château des Amilakvari
L’histoire des Saguinidzé est intimement liée à la grandeur et aux soubresauts tourmentés de l’histoire géorgienne. Au XVe siècle, l’ancêtre de Dimitri, Joatham, sauva la vie du Roi Georges VIII, avant de succomber à ses blessures. En remerciements, le souverain accorda à titre héréditaire les dignités et fonctions de commandant de la cavalerie royale du Caucase (en géorgien « Amilakhvari »), ainsi que de nombreux fiefs dont Gori.
Roi George VIII de Géorgie. C’est le dernier monarque du royaume géorgien unifié, qui disparait officiellement en 1490 et est morcelé en 3 royaumes. Il perd son trône et est emprisonné en 1465, Libéré en 1466, il s’empare de la Kakhétie (région est de la Géorgie actuelle) et proclame l’indépendance de ce royaume, qu’il gouverne pacifiquement jusqu’à sa mort en 1476, en le dotant de ses premières institutions.
Entre 1801 et 1867, la Russie annexe par vagues successives les territoires de l’ancien royaume géorgien, disparu depuis le XVe siècle. La famille Amilakvari est reçue dans la noblesse russe, avec le titre slave de kniaz, qui équivaut à celui de prince.
En 1920, l’Union soviétique accorde l’indépendance à la Géorgie lors du traité de Moscou. Mais l’année suivante, en violation flagrante de cet accord, l’armée rouge envahit la Géorgie. Pour les Princes Amilakvari, la dictature communiste sur leur pays anéantit leurs espoirs d’y retourner. En 1921, la famille prend le chemin de l’exil. D’abord Constantinople, puis Paris.
Dimitri, alors âgé de 16 ans, connaitra le sort des beaucoup de ses compatriotes exilés : déracinement, espoir de retour et difficultés financières. Toute sa vie, il gardera l’espoir de retourner dans sa patrie et de combattre, pour la libérer du joug communiste.
Pour aider sa famille, il occupera différents emplois manuels, comme laveur de carreaux ou ouvrier chez Citroën.
Héritier d’une lignée d’officiers de haut rang et de noblesse d’épée, c’est tout naturellement que Dimitri choisit la carrière des armes. En 1924, il intègre la prestigieuse école de Saint Cyr,
Dimitri Amilakvari, photographié en 1924 lors de son entrée à Saint Cyr
C’est un élève studieux qui sort parmi les premiers de sa promotion. Cependant, de nationalité étrangère, il n’a d’autre choix que d’intégrer la Légion. Nommé sous-lieutenant, il intègre le 1er régiment étranger à Sidi Bel Abbès, en Algérie, sous les ordres du Colonel Paul Frédéric Rollet, figure légendaire, surnommé « le père de la Légion ».
Alors qu’il n’est âgé que de 20 ans, Amilakvari se voit confier la mission d’encadrement et d’instruction des légionnaires. Il s’y illustre déjà par ses qualités de meneur d’hommes, exigeant, parfois jusqu’à la dureté, mais toujours soucieux de ses hommes.
Amilakvari à Sidi bel Abbes. Créée par décret du Roi Louis Philippe le 10 mai 1831, la Légion permettait d’incorporer des recrues étrangères à l’armée française. Son quartier général était situé à Sidi bel Abbès (Algérie). En 1962, il fut transféré à Aubagne.
Sur le plan personnel, sa vie prend également un nouveau tournant : il épouse en 1927 la Princesse Irène Dadiani, descendante des Rois de Mingrélie, un des royaumes nés de l’éclatement de la Géorgie en 1490.
Palais des Princes Dadiani, belle-famille de Dimitri Amilakvari. Situé en Géorgie dans la ville de Zugdidi, il est considéré comme l’un des palais les plus importants du Caucase. C’est aujourd’hui un musée.
Dimitri et Irène, peu de temps avant leur mariage. Le jeune couple ne sera pas épargné par les épreuves : mort de leur fils ainé Georges âgé de quelques mois en 1929, décès prématuré de Dimitri tombé au champ d’honneur à 35 ans et décès dans un accident de voiture de la princesse Irène le 24 décembre 1944, laissant deux orphelins Othar, âgé de 13 ans et sa petite sœur Thamar, 9 ans.
Mariage à l’église russe de Paris
Dimitri Amilakvari et son fils Othar, né le 26 novembre 1931 à Agadir
Thamar, née le 29 juillet 1935, dernière enfant de Dimitri et Irène. Elle épousera le Prince tchèque Radislav Kinsky, apparenté à la famille princière du Liechtenstein. Radislav Kinsky, généticien de profession, obtiendra des autorités tchécoslovaques en 1958 l’autorisation de se rendra à Paris pour un congrès professionnel. Il décida de ne pas rentrer dans son pays. Il ne put y retourner qu’à la chute du communisme en 1989.
Requiem en hommage à Thamar, décédée le 17 avril 2019.
Muté en 1929 au 4ème Etranger, il sert sous les ordres du Colonel Catroux et participe en 1932 aux opérations de pacification du Maroc, dans le Haut-Atlas. Son courage au feu lui vaudra trois citations, dont deux collectives. Il a su s’imposer à ses hommes, ses camarades, ses chefs par son prestige, sa droiture, son idéal. Aimé de tous, il est devenu une figure du régiment.
Amilakvari et le général Catroux (au centre).
En 1939, la légion étrangère est sollicitée pour défiler sur les champs Élysées. C’est la première fois qu’elle défile depuis la parade de la victoire de 1918. Et c’est aussi la première fois que les légionnaires abordent leur fameux « képi blanc » Dimitri Amilakvari fait partie des heureux élus.
Il était sans doute loin d’imaginer qu’an an plus tard, c’est à Londres qu’il défilerait, accompagné d’une poignée de légionnaires, représentant un pays vaincu, qui ont suivi un général proscrit.
Le capitaine Amilakvari défilant sur les champs Élysées en 1939 à la tête de sa compagnie d’instruction de mitrailleuses
Le 30 novembre 1939, la Russie soviétique attaque la Finlande. La « guerre d’hiver » commence. Cette invasion indigne la communauté internationale, qui exclut l’URSS de la Société des nations dès le 4 décembre. La France et la Grande-Bretagne préparent l’envoi d’un corps de soutien à la Finlande.
Cette opération est confiée au Général Antoine Béthoire, chasseur alpin et ancien conseiller militaire en Finlande. Le plan consistait en l’envoi d’une force devant débarquer à Narvik au nord de la Norvège, puis traverser la Suède jusqu’à la Finlande.
Ce plan permettait également d’occuper les gisements de fer suédois, indispensable à la bonne marche du complexe militaro-industriel allemand.
Le minerai de fer est extrait à Kiruna et Malmberget, transporté par rail aux ports de Luleå et Narvik
Dans le cadre du corps expéditionnaire franco-britannique, est créé le 1er mars 1940 la 13e demi-brigade de marche des volontaires de la Légion étrangère (13e DBMLE), commandée par le lieutenant-colonel Raoul Magrin-Vernerey (futur général de Corps d’armée FFL sous pseudonyme Ralph Monclar). Dimitri Amilakvari se porte aussitôt volontaire.
La résistance acharnée des Finlandais, qui se battent à 1 contre 4 contre l’armée rouge dure jusqu’au 13 mars 1940, date à laquelle le traité de Moscou met fin aux hostilités, rendant du même coup caduc l’expédition franco-britannique.
Avec la guerre qui commence, Amilakvari, qui n’avait pas souhaité devenir français jusque-là par fidélité à son pays d’origine, se fait naturaliser.
De Narvik au levant
Cependant, moins d’un mois plus tard le 9 avril 1940, le déclenchement de l’opération Weserübung – l’invasion du Danemark et de la Norvège par l’Allemagne – détourne l’attention mondiale vers la bataille pour la possession de la Norvège. Et le plan échafaudé pour venir en aide à la Finlande va finalement être utilisé.
Le 23 avril, après avoir défilé dans les rues de Brest, les deux bataillons de la 13e embarquent, dans une joyeuse pagaille, au son du Boudin. Ce voyage vers la Norvège, dont on ne leur dévoilera la destination que début mai, commence mal : le Général Metzinger, sur lequel se trouve Amilakvari, se fait éperonner, non pas par un sous-marin allemand mais par un cargo !
Trop endommagé pour poursuivre sa route, il sera remplacé par un navire de croisière pour anglais fortunés. C’est donc en cabines lambrissées d’acajou que les légionnaires de la 13 débarquèrent à Narvik le 6 mai 1940,
Il fait froid ce jour-là, il pleut, et toute la nuit une violente tempête de neige a sévi sur le Rombaken Fjord ; sous les ordres du Colonel Magrin-Vernerey, la Légion exécute le premier débarquement d’une guerre qui en comptera tant d’autres.
Laissons la parole au lieutenant Bernard Saint Hilier, qui participa à l’opération sous les ordres d’Amilakvari : « Dans l’amphithéâtre que forme au fond du fjord, un cirque de montagnes abruptes, une imposante flotte britannique nous appuie, en tête de mât, tous les bâtiments arborent un immense drapeau français. Malgré le plan de feu allemand les légionnaires débarquent, le Capitaine Amilakvari, un mousqueton à la main, nous entraîne à l’assaut de la côte 98 qui domine le camp d’Elversgaart. J’installe mes pièces, observe l’avance des voltigeurs que j’appuie, quand le capitaine me rappelle à l’ordre d’une manière très brutale « Vous ne voyez pas que c’est sur vous que l’on tire, espèce de c… ».
Ce premier combat se solde par une victoire : la 13e DBLE conquiert quatre objectifs, force l’ennemi à fuir en abandonnant de nombreux prisonniers, des armes automatiques, des équipements impossibles à dénombrer et jusqu’à dix avions bimoteurs.
Quelques jours plus tard, le 18 mai, le capitaine a l’occasion de vérifier qu’il a la baraka. Une balle traverse sa cagoule à hauteur de la gorge, il a ressenti une impression de brûlure.
Depuis ce jour, le Capitaine Amilakvari n’est jamais allé au combat sans pèlerine ou sa cagoule. Malgré un courage qui frôle l’inconscience, il ne sera jamais blessé. A l’exception d’un funeste jour d’octobre 1942 à El Alamein. … Il ne portait pas sa pèlerine ce jour-là.
Du 28 mai au 2 juin, le lieutenant-colonel Magrin-Vernerey et ses légionnaires gagnent à Narvik ce que l’on a appelé « la seule victoire française entre 1939 et 1942 », victoire qui leur vaut d’être cité à l’ordre de l’Armée, avec attribution de la Croix de guerre avec palme de vermeil, pour avoir libéré 60 prisonniers alliés, fait 400 Allemands prisonniers, capturé 10 canons et un très important matériel.
Malheureusement, la campagne de France vient de commencer : ordre est donné au corps expéditionnaire de stopper l’offensive et de rentrer. Son départ l’empêche les Alliées d’exploiter leur victoire en chassant les Allemands hors de Norvège, et laisse le champ libre aux forces du Troisième Reich. Amilakvari est furieux de cet ordre et ne se prive pas de le faire savoir. Mais il obéit néanmoins. Pour cette fois.
Dossier de légion d’honneur d’Amilakvari
Après avoir enlevé Narvik la « 13 » est de retour en Bretagne le 13 juin, veille de la capitulation de Paris. Le Capitaine Amilakvari fait alors partie de la reconnaissance d’officiers chargée de préparer la défense du « réduit breton ».
Il s’agissait de transformer la Bretagne en réduit contre l’agresseur allemand, et d’y transférer le gouvernement Reynaud et l’assemblée nationale française. Mais la commission, créé pour organiser ce réduit et présidée par le Général de Gaulle arriva rapidement à la conclusion que ce projet n’était pas réalisable.
Le 15 juin, de Gaulle quitta la France pour l’Angleterre. Dans la débâcle et le chaos, Amilkavari et 6 autres légionnaires se retrouvent séparés du reste de la 13e DBLE. Ils ne le savent pas encore, mais une partie a pu embarquer à Brest pour l’Angleterre, et le reste a été fait prisonnier.
L’heure des choix
Le 17 juin, le Maréchal Pétain annonce « qu’il faut cesser le combat ». Cette fois-ci, c’en est trop pour Amilakvari : l’armistice, ça sera sans lui. « Je dois tout à la France, ce n’est pas au moment où elle a besoin de moi que je l’abandonnerai ».
Le risque d’être fait prisonnier est grand. Une seule solution : passer en Angleterre. Mais en ce 19 juin 1940, la mer est démontée et les 7 hommes se démènent comme des beaux diables pour tenter de trouver une embarcation qui les emmènera en Outre-Manche.
Après une journée de vaines tentatives, ils finissent par trouver un bateau : mais le pilote n’accepte de les emmener qu’à Jersey, et contre la somme de 2000 f chacun, ce qui constitue à peu près toute leur fortune. Arrivée sur l’île anglo-normande après une traversée épouvantable ponctuées de vagues et de creux de 2 à 3 mètres, les 7 légionnaires doivent signer une série de papier, dont une déclaration sur l’honneur…. qu’ils n’importent pas le doryphore !
Stèle commémorative de l’embarquement a Saint Jacut de la Mer (côtes d’Armor) de 7 légionnaires, : le Capitaine Koenig, le Colonel Magrin-Vernerey, chef 13 DBL, le capitaine Dimitri Amilakvari, le Capitaine de Knorre, le Lieutenant Jacques Beaudenom de Lamaze, Paul Arnault, Alfred Cazaud
Arrivés au consulat de France, ils apprennent qu’un général français, dont personne n’est capable de leur répéter le nom, regrouperait des Français en Angleterre. Au pire, ils continueront la lutte dans l’armée anglaise. Mais en espérant être enrôlés à leur grade d’officier, et non comme deuxième classe.
Le 20, ils parviennent à embarquer sur un cargo de réfugiés, le dernier qui quitte Jersey. Ils n’ont pas de place pour s’assoir, encore moins s’allonger et passent la nuit à osciller d’un pied sur l’autre, appuyés au bastingage. Le 21, ils arrivent à Southampton.
Et à l’instant même où ils franchissent les grilles de la gare maritime, une surprise les attend : toute la 13e brigade est là ! Adieu la perspective de devoir s’enrôler dans l’armée anglaise. Réunis avec leurs camarades, Amilakvari et ses compagnons gagnent le camp de Trentham Park, où se trouvaient les troupes françaises : les Légionnaires de la 13e, les chasseurs alpins qui arrivaient de Dunkerque et une compagnie de tanks. Et par un miracle dont l’organisation britannique a le secret, tous ces hommes se retrouvent munis de tentes, couvertures, ustensiles de cuisine quelques heures après leur arrivée.
Le 30 juin 1940, le Général de Gaulle vient inspecter les troupes. « C’était une fin d’après-midi – nous étions alors rassemblés depuis une semaine à Trentham Park – on nous a avertis qu’un officier général souhaitait nous parler. C’était de Gaulle, qu’on connaissait à peine, avec Maugrin-Duverney à ses côtés. Aucun d’entre nous n’avait entendu l’appel du 18 juin, la plupart étant ce jour là encore en route vers l’Angleterre. Devant, nous, le Général a affirmé sa volonté de continuer la guerre et a demandé à chaque officier de lui dire un par un, s’il était personnellement décidé à le suivre »[1], Amilakvari répond « oui » sans hésiter à la question du Général, L’officier discipliné est devenu un rebelle, ce qui lui vaudra, le 3 décembre 1940, une condamnation à mort, dégradation militaire et confiscation de ses biens, par la cour martiale d’Oran.
Mais tous les légionnaires ne feront pas ce choix et environ 600 d’entre eux suivront « la voie de l’obéissance » et rentreront au Maroc, loyal au Gouvernement de Vichy. En juillet 1940, le camp est divisé entre pro et anti Vichy. Pour Amilkavari, c’est un crève-cœur de voir ses frères d’armes s’entre-déchirer.
Amilakvari au camp de Trentham, juillet 1940.
Avec la population locale, les relations ne sont pas toujours au beau fixe non plus. Lors d’une rare soirée de détente des troupes françaises dans un bar, un officier britannique lance à la cantonade que lorsque l’on vient d’un pays vaincu comme la France, on ne devrait pas s’exhiber ainsi dans un lieu de plaisirs. Furieux, Amilakvari lui flanqua un vigoureux coup de stick sur le crâne, et offrit une tournée générale !
Le 14 juillet 1940, le Général de Gaulle organise un défilé à Londres, des troupes françaises ralliées à sa cause. Dimitri Amilakvari fut choisi pour déposer une gerbe devant la statue de Foch. Elle était ornée d’un ruban « Passant, va dire à la France que la Légion est là ». Elle est là certes, mais amputée d’une partie de ses effectifs, restés fidèles au Maréchal Pétain.
Cette déchirure se matérialise jusque dans le nom de la compagnie d’Amilakvari : pour ne pas être confondue avec la 13 loyaliste, la partie des troupes ralliés à Londres devient la 14e DBLE.
Le 31 aout 1940, à la tête de ses 2.000 volontaires, aviateurs et combattants de toutes armes de l’armée de terre, le Général de Gaulle quitte Liverpool bombardée par les Allemands, pour une expédition lointaine.
Encore une fois, les troupes ignorent leur destination, mais les mesures prises par le tailleur leur font comprendre que le climat sera radicalement différent du froid norvégien. L’objectif du général de Gaulle est de rallier l’Afrique noire et l’AOF à sa cause. Commence pour la Légion l’épopée de la reconquête qui la mène d’abord à Dakar, au Cameroun, puis, via le cap de Bonne Espérance en Érythrée, au sein de la Brigade Française d’Orient que commande le Colonel Monclar.
La petite Armée Française Libre représente déjà une force non négligeable, un appoint valable pour les britanniques avec ses trois bataillons, ses artilleurs, ses sapeurs, ses conducteurs et ses services médicaux et d’intendance qui lui permettent de vivre de façon autonome.
Ils embarquent sur deux bateaux hollandais, le Pennland et le Westernland, respectivement surnommés, avec un certain sens de l’humour à défaut de celui de l’élégance, Pénisland -il ne transporte que des hommes, dont l’essentiel de la 13e brigade – et Cuculand car outre le général de Gaulle et son état-major, il y a quelques femmes à bord. 10 en tout, infirmières engagées volontaires dans les Français libres. Parmi elles, une jeune femme dont le destin sera inextricablement mêlé à celui de la Légion et d’Amilakvari : Susan Travers.
Les jeunes femmes reçoivent l’ordre de ne pas « fraterniser » avec les hommes à bord. Mais personnes n’est dupe, ni ne pense que cette règle sera respectée plus d’un jour ou deux ! Et le bel Amilakvari sera le premier à la transgresser….
« la première fois que mes yeux se sont posés sur le commandant Amilakvari, qui se promenait tranquillement sur le pont dans son uniforme impeccable, j’ai su que les ennuis allaient commencer » raconte Susan Travers. Prince russe blanc, grand, athlétique, beau à tomber avec sa mâchoire carrée, il était adoré par ses hommes et aucune femme ne lui résistait. (…) . Je n’avais jamais rencontré personne d’aussi magnétique qu’Amilakvari, surnommé affectueusement Amilak par ses amis, Ses yeux bleu clair comme du cristal brillaient et quand ils me fixaient, ils semblaient lire jusqu’au fond de mon âme. Il maitrisait l’art de la séduction et son léger accent russe ajoutait encore à son charme. Quand il s’est approché de moi pour la première fois, j’étais sur le point, je regardais la mer. Il a effleuré mon bras du bout de ses doigts, d’un geste si sensuel que j’en ai eu le souffle coupé. « On dit que si m’on regarde l’océan assez longtemps, son esprit volera une partie de notre âme » me dit-il. « en vérité, poursuit Susan Travers, je pense qu’il me voyait juste comme une conquête de plus, une diversion amusante pendant notre voyage de six semaines ». Mais leur histoire sera beaucoup plus qu’une simple diversion : ces deux être d’exception se sont trouvés et reconnus comme tels. Selon Gabriel de Sairigné, l‘explication est simple : « je pense qu’Amilak et toi vous méritez l’un l’autre. Vous êtes deux têtes de cochon » !
Commence alors entre eux une liaison passionnée et intense. La chaleur épouvantable qui règne dans les cabines pousse Susan Travers a dormi à la belle étoile sur le pont. Et à multiplier ainsi les rencontres avec Amilakvari.
L’ambiance de la traversée est joyeuse, entre la chorale « les petits chanteurs à la gueule de bois » fondée par quelques aviateurs -l’histoire ne dit pas si Amilakvari en faisait partie -et les parties de bridge, dont il est un fervent adepte. Cependant, fidèle à son habitude, Amilakvari profite de ces deux semaines de mer pour entrainer ses hommes.
Après une escale à Freetown, les deux navires arrivent à Dakar, resté fidèle au régime de Vichy, le 23 septembre 1940. Ils ne pourront pas y débarquer, car un cuirassé français, le Richelieu, les accueille à coup de canons. Ils débarqueront finalement au Cameroun à Douala, accueillis par Hautecloque.
Leur objectif désormais est de rejoindre la 8e armée britannique pour se rendre en Égypte et en Libye. En attendant, il faut pacifier le Gabon, seule enclave vichyste en Afrique Occidentale Française.
Amilakvari, faisant jouer la clause de conscience qui permet à tout soldat de la France libre de refuser de se battre contre des Français, ne participe pas cette campagne, qui sera un succès. Un bonheur n’arrivant jamais seul, la 14e DBLE voit, peu après la victoire au Gabon, son nom lui être rendu, grâce à la dissolution de la 13 au Maroc.
Susan Travers, âgée de 90 ans, posant avec ses médailles décernées pour sa bravoure pendant la guerre.
Lors d’une soirée bien arrosée à Gaza en mai 1942, (Palestine mandataire), Amilakvari décide que Susan Travers, en tant que seule femme dans la Légion, doit recevoir un surnom. C’est un grand honneur pour elle et ce nom restera. Désormais, pour tous les légionnaires, elle sera « La Miss ». Ce n’est qu’en 2000 que les femmes auront la possibilité d’intégrer la Légion.
Le 14 février 1941, les troupes débarquent à Port Soudan, sur la mer rouge. La promiscuité dans le camp de fortune oblige Travers et Amilakvari à espacer leurs rencontres. Côté guerre, l’ennui gagne le camp, car les Alliées et les Britanniques ont du mal à faire confiance à la Légion, à qui ils confient peu de missions.
Ils voient avant tout les légionnaires comme une bande de mercenaires sans foi ni loi, fuyant sous de faux noms un passé trouble. Un ramassis de cosaques au caractère impossible, de Turcs mal dégrossis et de comtes russes.
Les Alliés n’étaient pas davantage à l’aise avec le fait de confier des missions à une force armée dont le pays avait signé un armistice avec les forces de l’Axe. Enfin, les Britanniques avaient commencé à infliger une série de défaites aux Italiens, et ils n’avaient aucune intention d’en partager la gloire avec les Français libres.
Et pourtant, le sort allait en décider autrement. Même si la campagne d’Afrique de l’Est est aujourd’hui largement tombée dans l’oubli, les Français libres allaient s’y couvrir de gloire.
La campagne d’Érythrée : Amilak, le courage à l’état brut
Monclar reçoit trois objectifs : reconquérir l’Érythrée, tenue par l’armée italienne du Duc d’Aoste, en s’emparant d’Asmara et Massawa, port sur la mer rouge.
Amédée de Savoie Aoste (1899-1942). Vice-roi d’Éthiopie et gouverneur général de l’Afrique orientale italienne. Il capitule le 18 mai 1941 à Amba Alagi été st fait prisonnier des Alliés. Il mourra dans un camp de prisonniers à Nairobi, de tuberculose et de malaria
Mais la route vers Asmara passe obligatoirement par la vile de Keren, située en pleine montagne.
Cette campagne menée devant Keren est extrêmement dure : les hommes se battent dans des massifs montagneux de haute altitude, dépourvus de routes et de pistes. Ils doivent porter eux-mêmes leur matériel car même les mulets n’y montent pas.
Le climat est très rude, froid et humide la nuit, torride le jour, avec pour toute nourriture la « hard ration » composée de corned-beef et de biscuits qu’accompagne une faible ration d’eau. Une tentative de parachutage de vivre se solde par un demi-échec : la plupart des rations tombent entre les mains ennemies.
Les hommes se sentent, au bout du monde, ignorés et abandonnés de la France, en butte à toutes sortes de maladies, risquant la mort devant les ascaris éthiopiens qui se battent bien.
Pour Amilakvari, à ces conditions difficiles, s’ajoute le relief qui l’empêche de positionner ses batteries de mitrailleuses comme il le souhaite. Sa compétence fera toute la différence.
Le 8 avril, après des combats extrêmement violents, Amilakvari et ses hommes prennent Massawa. Ils entrent dans la ville avec une section d’éclaireurs motocyclistes et font prisonnier l’amiral Bonatti, commandant des forces italiennes en Afrique orientale, 8 autres officiers généraux, 440 officiers et 14 000 soldats des forces italiennes.
La prise de Massawah entraîne la reddition de l’armée italienne de l’Afrique orientale. La liberté de navigation sur la mer Rouge est rétablie permettant le ravitaillement maritime de l’armée britannique via le Canal de Suez.
Le futur général Simon, compagnon d’armes d’Amilakvari témoigne : « Amilakvari, c’était le courage à l’état brut. En Érythrée, il restait debout en pleine pente, tandis que les Italiens nous tiraient dessus. Jamais il ne se serait couché au feu, éructant, parfois de façon un peu pénible, contre les trop prudents. « alors bande de cons, vous avancez ? » Képi sur la tête, il se serait cru déshonoré de porter un casque comme tout le monde. Amilak, c’était la grande tradition, le panache, l’héroïsme flamboyant. Dans les grandes circonstance, pour défier le sort, il mettait même une petite pèlerine blanche». Courage physique allié à un certain fatalisme. Pour Amilakvari, tous sont des morts en sursis.
Dimitri Amilakvari pendant la campagne d’Érythrée. Ses cheveux sont presque rasés, pour supporter la chaleur
Les protocoles de Paris (trois protocoles signés entre l’Etat français et le troisième Reich) ont mis à la disposition des Allemands les aérodromes syriens. De Gaulle décide d’intervenir en Syrie, mais il laisse ses troupes libres d’utiliser la clause de conscience, qui permet à des Français de ne pas se battre contre leurs compatriotes.
Amilakvari, après réflexion, décider de participer à cette campagne. Cependant, il ordonne que son bataillon n’engage le feu qu’en cas de nécessité absolue, ou pour riposter. Parmi les Français restés fidèles à Vichy, se trouve son meilleur ami, Serge Andolenko, du 6e régiment étranger d’infanterie.
Le général de brigade Serge Andolenko.
Celui-ci écrit : « se trouve en face chez de Gaulle mon meilleur ami, mon frère. Celui qui a partagé la même révolution, le même exil, les mêmes vicissitudes. Cela fait des siècles que je ne l’ai pas vu. Je brûle d’envie de le revoir et je sais que lui aussi ».
La campagne de Syrie commence le 8 juin et très vite, l’affrontement entre Français des deux camps devient inéluctable. Dans ses mémoires, Bernard Saint-Hillier raconte : « soit nous ne tirons pas sur nos compatriotes et nous nous donnons, soit nous nous battons pour la France libre. Un court cessez le feu, Amilakvari et moi nous allons vers le camp des adversaires. Nous couvrons les 300 mètres, un sergent vient à notre rencontre :
« quelle est votre mission » demande le Géorgien.
Je dois tenir jusqu’à deux heures du matin, répond le sergent
Nous sommes la 13e demi-brigade, nous n’avancerons pas jusqu’à deux heures ; Avez vous besoin de quelque chose ? lui demande Dimitri.
de cigarettes et d’un peu d’alcool lui répond le sergent.
Dimitri lui fit un signe de la tête, et retourna dans son camp. A deux heures du matin, le feu reprit »,
Damas tombe le 21 juin aux mains des Alliés. Parmi les Légionnaires, on déplore 21 tués et 47 blessés. C’est un drame pur Amilakvari, si soucieux de la vie de ses hommes.
Après la campagne du Levant, Amilakvari nommé lieutenant-colonel prend le commandement de la 13ème Demi-Brigade de la Légion Étrangère puissamment renforcée par le ralliement de 2.000 légionnaires venus du 6ème Étranger. Mais pas Serge Andolenko, que Dimitri n’a pas réussi à rallier.
Le 19 octobre 1941, à Homs, une prise d’armes donne lieu à une de ces images fortes qui illustrent le livre d’or de la Légion Etrangère. Le Lieutenant-colonel Amilakvari, un genou à terre, reçoit des mains du Général Catroux le drapeau de la Demi-Brigade, puis il embrasse longuement son emblème.
Pour les Français libres, la guerre va désormais changer de dimension. L’adversaire en face n’est plus le Vichyste ou le pauvre Italien perdu en Érythrée, mais les Allemands de l’Afrika Korps, commandé par Rommel.
L’ennemi qui a écrasé l’armée française et contre laquelle tous rêvent de prendre une revanche. Quant aux Britanniques, il s’agit avant tout pour eux d’empêcher Rommel de contrôler le Canal de Suez, et d’accéder aux champs pétrolifères du Caucase. Pour ce faire, il faudrait qu’il fasse sauter le verrou britannique en Libye et en Égypte.
Bir-Hakeim : l’honneur de la France restauré
Grâce aux renforts venus de l’Armée du Levant, la France pourra être présente au combat. Malgré les difficultés suscitées par les Britanniques, 10.000 français libres sont engagés en Libye au cours de l’année 1942 et parmi eux, les trois bataillons de la 13ème D.B.L.E. Le 1er janvier 1942, la 1ère Brigade Française Libre, forte de 55.000 hommes, campe aux pieds de pyramides. Le Général Koenig la commande, le Lieutenant-colonel Amilakvari est son adjoint.
Pendant cinq mois, la Brigade fournit des groupements interarmes, « les jock columns« , patrouilles légères équipées de canons anti-char et de mitrailleuses de DCA qui ont pour mission d’aller à la pêche aux renseignements et de harceler l’ennemi. Elles naviguent dans le désert harcelant les forces italo-allemandes, leur causant des pertes sensibles en blindés, abattant des avions, faisant des prisonniers. Amilakvari est à la tête de l’un de ces groupements.
Cependant, la guerre du désert comme mal pour les Alliés. Le 21 janvier 1942, Rommel reconquiert la Cyrénaïque, (l’Est de la Libye) ce qui oblige les Britanniques à se replier en direction de l’Égypte. Ils mettent sur pied la ligne défensive dite « Gazala line », secteur de résistance de 60 km de long, en forme de V entre El Gazala et Tobrouk.
Les Français libres reçoivent comme mission de tenir Bir-Hakem, et ce, quel qu’en soit le cout. Situé à l’extrême sud du dispositif, cet ancien poste méhariste italien lugubre et aride, en plein milieu du désert libyen et dépourvu du moindre point d’eau, est considéré comme la partie la moins importante de la ligne Gazala.
Autrement dit, les Alliés, qui ne font toujours pas confiance aux Français libres, leur ont réservé la portion congrue. Pour les Britanniques, il est évident que Rommel va essayer d’enfoncer le dispositif défensif par le Nord.
D’ailleurs, le Renard du désert y a mobilisé plusieurs divisions de ses troupes germano-italiennes, En réalité, c’est un leurre : Rommel a décidé de contourner le verrou par le sud. Il lance 5 de ses meilleures divisions à l’assaut de Bir-Hakeim, espérant créer un mouvement tournant, remonter vers le nord et prendre à revers le gros des forces britanniques.
Depuis le mois de février 1942, la 1ère Brigade l’occupe Les 2ème et 3ème Bataillons de la 13 sont là. Entre février et juin 1942, 3700 Français libres vont transformer cette ruine en une véritable forteresse, protégée par des barbelés et par un gigantesque champ de mines (on parle de plusieurs centaines de milliers). « je n’aurais jamais cru qu’autant de terre puisse être si vite remuée » écrivit Gabriel de Sairigné dans une lettre à ses parents.
Les hommes travaillent dans des conditions infernales, par 50°. Malgré leur travail harassant, l’ennui les gagne. Démoralisé par ces tâches peu gratifiantes, ils ne savent pas encore que la bataille qui se prépare va changer le cours de la guerre.
Gazala, Bir Hakeim, Tobrouk, les trois points de la ligne Gazala, mise en place par les Alliés pour bloquer l’offensive allemande vers le Caire et le Canal de Suez.
Le 26 mai, Bir-Hakeim subit le choc de la Division blindée italienne Ariète. Celle-ci se casse les dents sur la 13, elle est décimée par les canons antichars de la compagnie lourde Sairigné et ceux de la Compagnie anti-chars Jacquin de l’infanterie de marine.
Les Français se battent à 10 contre 1. En récompense de leur courage, ils seront désormais nommés non plus « Français libres » mais « Français combattants ». Le nom n’est pas passé à la postérité, mais les hommes apprécient à sa juste valeur l’honneur qui leur est fait.
Au deuxième jour de la bataille, un énorme nuage de poussière se forme à l’horizon : l’Afrika Korps est là.
Le Lieutenant-colonel Amilakvari mène alors une guerre de course sur les arrières de l’ennemi, coupant son ravitaillement, détruisant sa logistique. A court d’essence et d’eau, Rommel est contraint à la retraite mais il réussit à percer la ligne de défense arrière, se ravitaille et reprend l’offensive. Il ne peut laisser sur ses arrières, la menace que font peser les Français.
Il a d’ailleurs reçu l’ordre de les détruire du commandement suprême du théâtre d’opérations, ordre donné en exécution d’une directive d’Hitler « tous les Gaullistes sont là, les anéantir c’est réduire d’un seul coup l’esprit de résistance des Français« , confirmée en ces termes par Mussolini : « conquérir dans un premier temps Bir-Hakeim qui présente les deux aspects politique et militaire« . Et l’offensive faillit bien réussir : le 3 juin, les Français sont encerclés.
Désormais certains de vaincre, les Italiens envoient une délégation pour les inciter à se rendre à eux, arguant qu’ils feront preuve de plus de clémence que les Allemands. Koenig leur explique calmement que la réédition ne fait pas partie des traditions de la Légion. Il dispose de troupes et de munitions et n’a aucunement l’intention de se rendre.
Le lendemain, c’est Rommel en personne qui lui fait porter un ultimatum demandant au Français de se rendre. Le Général réplique en donnant l’ordre d’ouvrir le feu sur les véhicules ennemis à portée de tirs. Quant à ses troupes, elles se considèrent flattées par ces deux ultimatums en deux jours, dont l’un émanant du Renard du désert en personne.
Le 9 juin, le général Koenig reçoit l’ordre de quitter le site : la présence des Français libres n’est plus nécessaire. Il faut donc évacuer les troupes, ce qui s’avère particulièrement compliqué puisque cela implique de percer les lignes germano-italiennes qui encerclent la position. La retraite aura lieu de nuit, pour maximiser les chances de réussite.
Le point de ralliement avec l’armée anglaise, nommé B8 37 est situé à 20 km au sud de Bir-Hakeim. Le 10 juin, c’est la 13 qui couvre la retraite. Commencée dans l’ordre et le silence, elle va rapidement essuyer un feu nourri et violent de la part des Allemands.
La voiture d’Amilakvari saute sur une mine, son chauffeur et lui-même sont éjectés. Il est pris « en stop » par Susan Travers, qui se trouvait là avec Koenig. Après quatre heures d’une course folle sous le feu ennemi, travers, Amilakvari et Koening tombent droit sur un campement allemand. Ils ne devront qu’à la conduite sportive de Travers d’échapper à la capture.
Cependant, Koenig ne sait pas où se trouve ses hommes, ni même s’ils sont sortis vivant de cet enfer. « tous mes hommes sont morts » dit-il à Amilakvari. C’est un désastre complet Je n’aurais jamais dû tenter cette percée. Je vais me rendre au premier véhicule ennemi que nous croiserons ». « Vous n’y pensez pas mon général » rétorque Amilakvari. « Songez au cadeau que vous feriez à la propagande allemande. Quant à moi, Prince Amilakvari, il n’est pas question que je me constitue prisonnier volontairement. Je vous en supplie, attendez que nous ayons plus d’information ».
En tout, 763 hommes furent portés disparus, 72 morts et 21 blessés. Les Français libres y gagnèrent le respect des Alliés par leur courage. En ralentissant l’avancée allemande vers l’Égypte, cette bataille a permis aux britannique de se réorganiser. Elle ouvre la voie à la victoire d’El Alamein 4 mois plus tard. En attendant, les hommes de la 13 se reposent et reprennent des forces en Égypte.
10 juin 1942 : Les Français libres évacuent Bir Hakem. Il était plus que temps, car les Allemands revinrent le lendemain, dans le but de liquider cette poche de résistance. A leur grande surprise, ils ne trouvèrent que des cadavres et quelques blessés.
10 aout 1942, camp de El Tahag en Égypte. Le général de Gaulle lui remet la croix de la libération, ainsi qu’à 14 autres combattants, dont une autre légende de la Légion, le lieutenant Brunet de Sairigné. Ironie du sort, Brunet de Sairigné commandera également la 13e demi brigade 4 ans après la mort d’Amilakvari.
Au cours de l’été 1942, Churchill et les Alliés préparent le débarquement en Afrique du Nord, connu sous le nom de code « Opération Torch ». Une première bataille s’est déroulée à El-Alamein en Egypte, mais sans réel vainqueur. Churchill décide alors qu’une seconde bataille doit avoir lieu.
El-Alamein : la fin de la baraka
Le 23 octobre 1942, la 1ère Brigade est en ligne à El-Alamein. Elle a pour mission d’attaquer le plateau de l’Himeimat, que défendent deux bataillons italiens des divisions Pavie et Folgore, en abordant cet escarpement abrupt par le sud, tandis que la 7ème Division Blindé doit s’emparer de l’objectif par le nord.
Cette action a pour but d’attirer la 21ème Panzer allemande afin de l’empêcher d’intervenir dans le nord où Montgomery veut réaliser la percée.
Forces en présence lors de la seconde bataille d’El alamein
L’opération est difficile, trois champs de mines protègent l’objectif. Il présente un escarpement d’une centaine de mètres dominant la plaine qui empêche l’observation des tirs d’artillerie.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Amilakvari partage cet avis. A la lecture de l’ordre d’opération qu’il reçoit, il s’exclame : « ce n’est pas la première fois que l’on nous demande quelque chose d’impossible, mais cette fois c’est tellement con que ça peut réussir« .
Dans la nuit du 23 octobre 1942, la pleine lune que Montgomery attendait pour attaquer, éclaire la marche de la Légion. La progression de 30 km est pénible, les véhicules radio s’enlisent dans le sable mou. L’artillerie italienne réagit déjà causant quelques pertes. Après 4 heures de marche lente et pénible, les bataillons sont en place.
A minuit, l’ascension du plateau commence. Les légionnaires se heurtent à deux champs de mines et sont aussitôt pris sous le tir violent d’armes automatiques, de mortiers et de canons anti chars.
Il n’est pas possible d’appeler des renforts, car la radio ne fonctionne pas dans cette zone. Jusqu’à trois heures du matin, Amilakvari et ses hommes tentent de progresser, malgré les pertes qui s’accumulent. La situation empire encore quand apparaissent sur le flanc gauche les premiers chars de la 21e Panzer.
Les forces françaises libres en action, musée de la bataille à El-Alamein
Afin d’être au rendez-vous avec la 7ème Blindée anglaise dont il attend la protection contre les chars sur le plateau, Amilakvari donne l’ordre de conquérir les hauteurs de l’Himeimat. Il est près de 5 heures. Sous le feu, sans faiblir, la Légion gravit la pente abrupte. Elle enlève l’objectif à la grenade et à la mitraillette, faisant 108 prisonniers et capturant un canon de 105. Le plateau est jonché de nombreux cadavres italiens. Le choc des contre-attaques est rude, des légionnaires sont même blessés à coup de poignard.
Mais Amilakvari et ses hommes ignorent encore que la 7ème Demi-brigade se trouve toujours dans la plaine, empêtrée au milieu des champs de mines.
Soudain les chars du Groupement Kiehl de la 21e Panzer entrent en scène. Vers 7 heures, après une heure de corps à corps, les troupes d’Amilakvari faute d’anti-chars et d’appui d’artillerie précis, doivent entamer leur repli. Jusqu’à 9 heures, la Légion s’accroche au terrain : une automitrailleuse et trois chars brûlent.
Amilakvari continue à donner ses ordres, indifférent au feu de l’artillerie, toujours aussi calme alors que la situation est critique. Il est debout, en képi, et les légionnaires ont confiance puisqu’il est là. Mais si toutefois parmi eux ils y en avaient qui étaient superstitieux, ils noteraient qu’il a perdu sa pèlerine.
A l’officier que Koenig a envoyé pour le ramener, Amilakvari répond « ma place est à la Légion, au milieu de mes hommes » et l’ennemi qui avait cessé de tirer reprend. L’automitrailleuse est à peine partie qu’un obus explose au milieu du petit groupe. Amilakvari s’est retourné au bruit, un éclat l’a atteint à l’œil, il s’abat, porte ses mains à sa tête en râlant. Il est dix heures.
Roger Touny (1922-1991), compagnon de la Libération. Sous le feu de l’ennemi, il arrêta son char afin de ramener plusieurs blessés, dont Amilakvari. Cet acte de bravoure lui vaudra sa première citation à l’ordre des Français libres.
Les hommes de la 13e DBLE sont bouleversés, ils ont perdu leur chef bien-aimé. En voyant le corps de son ami mortellement blessé, Koenig s’effondre. Il ordonne qu’Amilakvari soit déposé dans sa tente. Malgré leur épuisement, ses hommes organisent une procession aux flambeaux en portant le corps sur les épaules.
Le chauffeur d’Amilakvari, van der Wachler pleure sans se cacher et beaucoup d’hommes en font autant. « Cette procession aux flambeaux au milieu de la poussière libyenne[2] au soleil couchant est une image qui est restée gravée en chacun de nous pour le reste de sa vie » écrira Susan Travers dans ses mémoires.
Père Jules Hirleman. Aumônier militaire, il célébra les obsèques au lieutenant-colonel Amilakvari. Connu pour son dévouement aux blessés au mépris du danger pour sa propre vie, il fait partie des 1038 compagnons de la libération
Les généraux de Larminat et Koenig assistant à la messe donnée en plein air pour le repos de l’âme du lieutenant-colonel Amilakvari, au point culminant du Quor E Laban
Première tombe d’Amilakvari, sur la colline de l’Himeimat
A la fin de la guerre, Amilakvari sera transporté dans le carré français du cimetière du Commonwealth, où il repose toujours, parmi ses hommes. Les batailles d’El Alamein ont permis d’arrêter les forces de l’Axe aux portes de l’Égypte, puis de les repousser en Tunisie, marquant un tournant de la guerre du désert, qui se traduira par de prise de contrôle de l’Afrique du Nord par les Alliés.
Le 21 novembre 1942, Amilakvari est cité à titre posthume, à l’ordre des Français libres et de l’armée dans les termes suivants : « chef de guerre, jeune et énergique, incarnait les plus belles qualités militaires. Le lieutenant-colonel Amilkavari s’est couvert de gloire, à la tête de ses légionnaires dans les campagnes d’Érythrée et de Libye. Toujours en avant dans les situations les plus dangereuses, s’imposant à tous par son calme et son mépris de la mort. Est tombé au champ d’honneur en conduisant la 13e DBLE à l’attaque de Himeimat le 24 octobre 1942 ».
Bien des années plus tard en 2004,la veille de sa mort, le général Saint-Hillier dira à sa fille « je vais retrouver Amilak, il m’attend ».
Le souvenir reste
Cimetière militaire d’El-Alamein, carré français. En hommage à Amilakvari et à ses compagnons morts pour la France, couronne déposée par l’ambassadeur de France en Égypte
Saint Cyr : insigne de la promotion Amilakvari (1954, promotion 141). L’aile de l’archange st Georges, rappelle le blason de cette illustre lignée géorgienne.
Le képi qu’Amilakvari portait le jour de sa mort à El-Alamein. On y voit encore la trace de l’impact qui l’a tué. Aubagne, musée de la Légion
26 septembre 2021 : dans le cadre de la célébration du 100e anniversaire de la reconnaissance de la République de Géorgie par la France, un buste de Dimitri Amilakvari est dévoilé dans les jardins de la chancellerie de l’Ordre de la Libération, en présence de Salomé Zourabichvili, présidente de la Géorgie depuis 2018.
Un grand merci à la baronne Sophie Manno de Noto pour ce long et passionnant article documenté et de recherches.
Sources :
Livres
Susan Travers: Tomorrow to be brave
Guillemette de Sairigné : mon illustre inconnu
Conférence :
Jean-Paul Huet : Dimitri Amilakvari, Prince combattant
Émission radio :
Franck Ferrand : Au Coeur de l’histoire : la bataille de Bir Hakeim
Journaux :
Gallica.org
Reportages
Frères d’armes
Les compagnons de l’aube
Amicale des anciens de la Légion
Témoignage Bernard Saint-Hillier
[1] Témoignage de Gustave Camerini, cité par Guilelmette de Sairigné dans son ouvrage « mon illustre inconnu : enquête sur un père de légende ».
[2] Susan Travers se trompe. La scène a lieu en Égypte, et non en Libye. La frontière libyenne est située à un peu plus de 250 km d’El-Alamein, ce qui rend la présence de « poussière libyenne » peu probable !
Régine ⋅ Actualité 2022, France, Géorgie, Portraits 47 Comments
VieillesPierres
29 novembre 2022 @ 06:47
Remarquable. Merci.
JAusten
29 novembre 2022 @ 07:40
Oh lala,bel article. Il me faut plusieurs lectures pour prendre toute la mesure de l’histoire de Amilak.
Juste une première question, qui est donc ce « général proscrit »? Si c’est DeGaulle on n’a pas la même histoire 🙂
Charles-Antoine
29 novembre 2022 @ 07:41
Passionnant!
Seul hic: De Gaulle s’écrit avec un grand D et non un petit, réservé aux particules des noms français. De Gaulle est un nom à l’origine flamande, et comme toujours dans les Flandres, l’article ( il ne s’agit pas d’une particule mais de l’équivalent de l’article “le” en français), l’article De donc, s’écrit avec une majuscule lorsqu’il précède un nom propre. CQFD
Malthus
29 novembre 2022 @ 10:36
Vous avez raison. J’ai vu dans un vieux document administratif concernant la famille le nom du père ou du grand-père du Général écrit avec un D majuscule. Le fils du Général, l’Amiral, dans une interview vue il y a longtemps, passait sous silence le métier de professeur du grand-père et disait que sa famille provenait de « la petite noblesse ».
Il tenait tellement à sa particule qu’il avait motu proprio anobli sa famille.
Julise
30 novembre 2022 @ 20:26
Charles De Gaulle avait lui-même anobli sa famille motu proprio. Mon grand-père maternel (qui était apparenté à la noblesse normande et bourguignonne sans pour autant avoir lui-même l’état de noblesse) en a beaucoup plaisanté dans ses écrits ; compagnon de la première heure de Charles, il a vite pris la mesure du personnage et s’en est écarté « à distance utile » comme il aimait le dire, et conséquemment, ne se privait pas d’acidifier sa plume à propos de l’Homme du 18 Juin et particulièrement, de ses prétentions. Il parle donc des reprises par Charles, des « travaux » de Julien (le grand-père professeur). Le racontar nobliau vaut quand même le détour, en tout cas il explique pourquoi la majuscule s’est transformée en minuscule, plus petite en taille mais plus grande par le prestige dont les De Gaulle avaient besoin de se parer pour se hisser à hauteur du beau-frère (d’Henri) et oncle et parrain (de Charles) : un certain Gustave de Corbie, issu de la petite noblesse picarde…
aubert
29 novembre 2022 @ 11:11
Si tous les descendants des faux nobles écrivaient la particule « de » avec une majuscule, les annuaires mondains verraient le nombre de notices à cette lettre augmenter considérablement !!
Le général Giraud se rendait ridicule en appelant le général « Gaulle ». Ne suivez pas son exemple en ergotant sur une lettre que la tradition familiale a toujours écrit en minuscule.
Julise
30 novembre 2022 @ 20:29
Au contraire, lorsque l’on sait pourquoi la famille a « traditionnellement » diminué la taille de la particule pour en augmenter le prestige, il est essentiel d’ergoter. La magouille onomastique est quand même d’un toupet sans pareil, et d’une affliction sans pareille.
La vérité dérange toutefois.
helme12
29 novembre 2022 @ 13:53
Oui, mais le grand Charles signait avec un « d » minuscule…
Kamila
30 novembre 2022 @ 10:08
Merci pour ces précisions, Charles Antoine. Mettre une majuscule à « De » devrait aller de soi. L’orthographe de son nom est souvent malmenée; je l’ai même vue écrit: De Gaule’!
Si Régine le permet, voici le lien de sa maison natale à Lille qui se se visite vite et bien (après rénovations):
https://maisondegaulle.fr/
Irgathe
2 décembre 2022 @ 12:32
@Charles-Antoine Vous faites erreur : l’origine flamande du nom « de Gaulle » est une légende urbaine, reposant sur une hypothèse du linguiste Albert Dauzat qui n’a jamais pu être prouvée formellement. Le général de Gaulle est bien né à Lille mais sa famille était une famille champenoise établie à Paris au milieu du XVIIIe siècle et ayant vécu auparavant à Châlons-en-Champagne. Le patronyme de Gaulle, écrit en deux morceaux, a toujours été attesté avec une minuscule à la particule. La famille de Gaulle est très loin d’être la seule famille bourgeoise française à avoir une particule, écrite avec une minuscule, et à ne pas être d’origine flamande. L’idée que la vraie orthographe du patronyme du général comporte une majuscule à « de » est très répandue, notamment dans certains milieux politiques, mais elle est fausse.
Hermine
29 novembre 2022 @ 08:01
Merci merci pour ce portrait !
Voilà pourquoi j’aime tant Noblesse et royauté : vous savez redonner leurs lettres de Noblesse aux femmes et aux hommes que l’Histoire et le temps n’ont pas su retenir.
Erato deux
29 novembre 2022 @ 08:23
Merci beaucoup pour ce récit .
Passionnante revisite d’un chapitre de notre histoire récente.
Singh
29 novembre 2022 @ 09:14
Un grand merci, c’était très captivant.
Olivier Kell
29 novembre 2022 @ 09:34
Très intéressant Merci
aubepine
29 novembre 2022 @ 09:37
Parcours glorieux, exemplaire ,très bien relaté!
Julise
30 novembre 2022 @ 20:30
Le parcours de cet homme, assez peu connu et largement oublié du récit historique, est effectivement glorieux et exemplaire. Plus que celui de pseudos-généraux à qui l’on prête des gloires très discutables !
Caroline
29 novembre 2022 @ 09:42
Incroyable et très intéressant !
Ce prince géorgien mérite une bonne place dans un pan de cette Histoire militaire durant les deux guerres mondiales, il est étonnant qu’ on ne connaissait pas sa glorieuse vie !
D’ autre part, ses derniers enfants Othar et Thamar ont- ils une descendance de nos jours ? Merci d’ avance !
Cecicela
30 novembre 2022 @ 17:22
Othar (1931-2000) s’est marié avec Marguerite Mayé et n’a pas eu de descendance.
Thamar (1935-2019) a épousé Radslav Kinsky (1928-2008) et a eu deux enfants :
-Constantin (né en 1961) , marié à Marie de Clévoisier d’Hurbache, d’où
Jean-Venceslas (dit Jan, né en 1990) et Adrien (né en 2002).
-Charles-Nicolas (né en 1965), marié à Marie Le Hanneur, d’où Cyrille (né en 1992) et Pauline (née en 1995).
Toutes ces personnes vivent ou ont vécu en France et la plupart en ont la nationalité.
L’époux de Thamar était cousin germain de Georgina Wilczek, la mère de l’actuel prince de Liechstenstein, Hans Adam II, mais aussi d’Ariprand vonThurn und Valsassina-Como-Vercelli qui, avec son épouse, a élevé son petit fils, le prince Otto de Hanovre, les parents de l’enfant, étant décédés, respectivement par overdose et par suicide le 29 novembre 1988.
Pour en revenir au prince Dimitri, il était le quatrième enfant du prince Georguii (Georges) Otarovitch Amilakvari (1870-1924) et de la princesse Nina Konstantinovna Eristavi (1870-1927). Il était le frère de Konstantin (1901-1943), Elena (1903-1925), Otar (1904-1924), David (1909-1967) et Natalia (1912-1945).
Tous ont atteint l’âge adulte mais seul son frère Otar semble avoir eu une postérité, en plus de lui même, bien sûr.
Comme lui, sa femme, la princesse Irina Iossifovna Dadiani, descendait de la dynastie des Bagratides. Sa lointaine cousine, la princesse Salomé Dadiani (1848-1913) avait épousé le prince Achille Murat (1847-1895), deuxième petit-fils de Joachim Murat et Caroline Bonaparte d’où une nombreuse descendance, dont le prince Alain Murat que N&R est allé rencontrer il y a trois ou quatre ans en Géorgie, où il s’est établi avec son épouse Véronique et leur fille Mathilde, pour renouer avec ses racines caucasiennes.
L’arrière-grand-père de Salomé et le trisaïeul d’Irina étaient frères.
Wilhelmine
29 novembre 2022 @ 09:45
Bonjour !
Un.grand merci à vous pour ce récit passionnant. Vous m’avez fait connaître Amilak dont j’ignorais jusqu’ici le nom.
Jean Pierre
29 novembre 2022 @ 09:52
Les héros sont toujours beaux mais meurent jeunes.
Il y a dans la vie d’Amilak mais aussi de Travers un côté aventurier ce que ne sont pas Béthouart, Catroux et Koenig.
Je me demande, mais cela est secondaire, si Amilakvari et sa famille n’étaient pas apatrides et ne bénéficièrent pas du passeport Nansen réservé aux réfugiés fuyant l’Union soviétique.
Merci d’avoir redonné vie le temps d’une lecture à l’épopée de la France Libre.
Vieillebranche
29 novembre 2022 @ 10:08
Très beau et bon document : une biographie pleine de panache!
Passiflore
29 novembre 2022 @ 10:36
Quel travail pour rédiger cet article ! Merci infiniment
Menthe
29 novembre 2022 @ 11:00
Passionnant!
Lu ce matin de très bonne heure, ce récit m’a tenu bien éveillée et a remplacé avantageusement le sommeil.
Les héros paient trop souvent de leur vie leur courage au service de la paix.
Olivier Kell
30 novembre 2022 @ 11:13
Il me semble qu’un petit fils ( fils de sa fille ) vit principalement en République Tchèque ou il a pu récupérer les biens de sa famille paternelle ( famille Kinsky )
Philippe H.
29 novembre 2022 @ 11:10
Passionnant!
Merci, je confirme ce qu’écrit Hermine : cette mine précieuse d’informations sur notre Histoire est le fleuron de N & R… c’est la raison pour laquelle il ne faut pas faire cas des commentaires désobligeants de certains internautes -toujours les mêmes d’ailleurs- qui ne les honorent pas et qu’il faut traiter par l’indifférence…
Merci, une nouvelle fois, Régine👍👍👍
BELLE
29 novembre 2022 @ 12:04
merci
Isalec
29 novembre 2022 @ 13:23
Merci pour tout ce travail de recherche sur ce prince qui a eu une vie passionnante.
Nivolet 🇺🇦 🦝🐈🐕
29 novembre 2022 @ 13:31
Magnifique, cette biographie est magnifique. Je suis bouleversée par ce récit qui m’évoque tant de souvenirs lointains. Merci Chère Régine.
Mayg
29 novembre 2022 @ 13:55
Intéressant.
Merci pour ce reportage.
JAY
29 novembre 2022 @ 14:32
Merci pour ces informations.
Que sont devenus ses enfants et sa descendance ?
Claudia
29 novembre 2022 @ 15:10
Je n’avais jamais entendu parler de cet homme, j’ai appris beaucoup de choses en lisant cet article très complet. Merci !
Lunaforever
29 novembre 2022 @ 15:42
Il est mort trop jeune, c’est trop triste😢😽
Hebert
29 novembre 2022 @ 16:47
Article passionnant.
J ai appris qu il fallait écrire De Gaulle….Merci Charles-Antoine.
Pierre-Yves
29 novembre 2022 @ 17:26
J’ignorais tout de ce prince et de son épopée dans la France Libre.
Merci à l’auteur de ce long et palpitant récit.
Baboula
29 novembre 2022 @ 19:33
Magnifique portrait d’un homme remarquable .
La Légion Étrangère n’a pas usurpé sa glorieuse réputation .
Nivolet 🇺🇦 🦝🐈🐕
30 novembre 2022 @ 14:03
JAMAIS chère Baboula.
Athena
29 novembre 2022 @ 20:01
Merveilleux portrait d’un grand soldat hélas peu connu. Je recommande vivement le livre de Susan Travers « Tant que dure le jour ». La Miss a aussi été le chauffeur du Général Koenig …
Malthus
30 novembre 2022 @ 10:55
Et plus que cela…
CAMOMMILLE
30 novembre 2022 @ 08:22
Homme patriote , intègre ,courageux . Merci de me l ‘ avoir fait connaître .
Kamila
30 novembre 2022 @ 10:19
Merci à la baronne Sophie Manno de Noto. Cela remet en perspective les actions de la Légion au sein de l’armée ( souvent réduite à des actes de violence) et nous fait découvrir Amilak.
Je me demande comment son épouse vivait les relations extra-conjugales de son mari? Elle semble bien effacée dans cet article.
Marie-Françoise
30 novembre 2022 @ 12:11
Récit passionnant mais il faut avoir le courage et le temps de lire jusqu’au bout ! Très instructif car j’ignorais tout sauf le nom des batailles de cette guerre !
Marnie
30 novembre 2022 @ 13:57
Un grand merci à son auteur pour ce passionnant récit, à la fois parfaitement documenté et très bien écrit ! Quel personnage fascinant… son histoire mériterait d’être portée à l’écran. Je ne le connaissais pas du tout et suis heureuse d’avoir pu combler cette lacune grâce à Noblesse et Royautés.
Vittoria
30 novembre 2022 @ 17:36
Très intéressant, merci !
😀Pistounette
30 novembre 2022 @ 18:12
Je ne vais pas être originale… ce récit est passionnant. Je l’ai relu trois fois pour bien le savourer !
Merci infiniment.
josaint vic
30 novembre 2022 @ 18:48
Merci , je crois que sa fille mariée a un prince Kinsky a eu.deux fils .
Julise
30 novembre 2022 @ 20:37
Superbe personnage. Un vrai héros (lui).
Gérard
1 décembre 2022 @ 16:38
Merci pour ce brillant exposé.