Grâce au règne d’Elizabeth II qui prisa plus que tout les courses hippiques et la vitalité de son écurie, faisant briller sa casaque pourpre (manche amarante, brandebourgs d’or et toque de velours noir à gland d’or) sur les plus célèbres hippodromes, les Français sont devenus experts en la matière et connaissent par cœur (ou presque) les grands rendez-vous de l’année outre-Manche.
Arrêtons-nous un instant sur des lieux de l’hippisme made in England. Epsom, le Chantilly français, est une cité, à 30 minutes de Londres, dédiée intégralement aux courses.
En Angleterre, chaque premier mercredi du mois de juin, toute activité est suspendue pendant quelques heures. C’est le « D-Day », lisez « Derby-Day », le « jour du Derby ». La date sonne officiellement l’ouverture de la saison hippique.
Dès l’aube, dans une atmosphère de kermesse, les Anglais, jeunes ou vieux, aristocrates ou roturiers, en Rolls-Royce ou en taxi, par autobus, par train, moto ou bicyclette, se lancent, en masse, à l’assaut des verdoyantes collines d’Epsom.
Éternel contraste de l’Angleterre. D’un côté, la grande tribune et la loge royale, où les Windsor sont entourés de la crème anglaise, un public élégant, des toilettes seyantes, des hauts de forme gris et des jaquettes noires portées par des gentlemen munis d’énormes jumelles.
De l’autre, la bonne franquette. Un véritable champ de foire où, assis sur l’herbe, chacun pique-nique. Pour tromper l’attente, les plus intrépides emmènent les enfants sur les manèges ou se font dire la bonne aventure par des saltimbanques. C’est le moment où beaucoup de dames sortent des chaussures plates de leur panier à provisions. Elles les ont emmenées pour être plus à l’aise.
Avant la course, ce peuple si calme, si discipliné, commente, avec ferveur, les chances des concurrents. « They’re off » — « ils sont partis » — annonce, dans son haut-parleur, le commentateur officiel de la course. Immanquablement, il est précisément 15 heures 20. Aussitôt, un bourdonnement étrange emplit l’hippodrome. Il va s’apaiser jusqu’au moment où, après avoir gravi la pente de la première partie du parcours, les vingt chevaux en lice abordent le fameux tournant de Tottenham-Corner.
Cette courbe précède la dernière ligne droite. Toutes les jumelles se braquent. Une immense clameur s’élève alors jusqu’au poteau d’arrivée. Du pur Hitchcock !
En 2022, après bien des atermoiements dus à sa santé, la reine préféra ne pas y assister et n’obtint donc le Graal : gagner le derby d’Epsom. Absence remarquée aussi à Ascot. Depuis son sacre, c’était la première édition qu’elle manquait.
Ascot, immortalisé dans « My Fair Lady » est un classique des gens chics. La reine Elizabeth II se rendit à Ascot pour la première fois, en compagnie de George VI, en mai 1945. La princesse était en secouriste de l’armée. Le roi, en tenue de Field Marshall. Une formidable ovation les accueillit. À l’époque, Ascot comptait quatre jours de courses. Au fil des ans, ils vont se transformer en une semaine entière et quelques entorses vont être apportées aux traditions.
Durant ce qu’il est coutume de nommer « la semaine d’Ascot », la reine invitait quelques hauts privilégiés au château de Windsor. On y jouait des pièces de théâtre. On y dinait aux chandelles.
Elizabeth faisait visiter les trésors du palais. Le matin, on galopait à cheval. L’après-midi, la procession, en cinq landaus ouverts, est un spectacle dont jamais les Anglais ne se lassent.
Tiré à 4 épingles, chacun a droit alors à quatre chevaux. Dans le premier landau se trouvaient la reine et le Maître de ses écuries. Dans les quatre autres, les membres de la famille royale et les invités de marque. Les postillons tous en livrée pourpre, or et écarlate.
Trois prix dominent ces journées : la « Coupe d’Or », instituée en 1807, lorsque la reine Charlotte fréquentait les courses, le « prix de la reine Alexandra », et le « prix du roi George VI et de la reine Elizabeth ». Chaque année, Elizabeth II faisait elle-même courir sur les champs de courses une quinzaine de chevaux et se passionnait pour les résultats.
Nul doute que la princesse royale sera toujours au rendez-vous et que le roi Charles III honorera avec fidélité ce rendrez-vous. (merci à Bertrand Meyer)
Nini Plume
1 décembre 2022 @ 05:44
J’ai tant aimé ce film « my fair Lady ». (version Audrey Hepburn, Rex Harisson)
Baboula
1 décembre 2022 @ 07:12
C’est Jean Gabin, gentleman d’Epsom ,qui m’a fait connaître le nom de cette course .
Pierre-Yves
1 décembre 2022 @ 13:14
J’aime bien Ascot. Ca ne sert à rien, mais c’est joli. C’est désuet mais ça rassure quand la modernité galopante peut affoler. Et ça donne un étrange sentiment d’immuabilité quand tout tangue et semble sur le point de s’effondrer.
Gatienne
2 décembre 2022 @ 13:02
Cheltenham et son cortège de dames très déshabillées pataugeant dans la gadoue et bien imbibées, est nettement plus fun !
Mayg
1 décembre 2022 @ 13:53
Sans Élisabeth II ça ne sera plus pareil.
Baboula
2 décembre 2022 @ 14:06
On a dû dire la même chose après Victoria,et pourtant …
Cosmo
1 décembre 2022 @ 21:51
On y voit aussi des soi-disant gentlemen en habit totalement saouls gisant sur les pelouses et de soi-disant ladies au chapeau de travers, y compris dans le Royal Enclosure.
Peuple calme et discipliné ! Une légende contredite par la réalité du plus bas au plus haut de la société.
liseluc
2 décembre 2022 @ 07:52
Bellissimo spettacolo
Danielle
2 décembre 2022 @ 16:46
Merci Bertrand Meyer pour ce très vivant reportage qui m’a remis en tête les articles du site sur cet évènement.
Comme Pierre Yves, j’aime bien Ascot avec son cortège de belles et aussi originales tenues.
Aristocrate
3 décembre 2022 @ 02:41
Très intéressant. On s’y croirait.