Parution le 23 février 2023 du livre « L’exposition universelle de 1867. L’apogée du Second Empire » par Edouard Vasseur.
En voici le résumé : « Paris, 1er juillet 1867. Dans le palais de l’Industrie et des Beaux-Arts, gigantesque bâtiment construit en 1855 sur les Champs-Élysées, l’empereur des Français Napoléon III, entouré de sa famille, des hauts dignitaires de l’État, de chefs d’État et membres des familles souveraines, ainsi que du corps diplomatique, remet les récompenses décernées par le jury international de l’Exposition universelle, en présence d’un public nombreux.
Ouverte le 1er avril, cette manifestation réunit une trentaine de pays (y compris le Siam et le Japon), 52 000 exposants, et voit chaque jour plusieurs milliers de visiteurs arpenter le Champ-de-Mars où l’Exposition est installée.
La fête impériale bat son plein dans un Paris en pleine transformation sous l’égide du préfet Georges Haussmann, entre les visites de souverains étrangers (Guillaume Ier de Prusse, Alexandre II de Russie, le sultan Abdulaziz, le vice-roi d’Égypte Ismaïl Pacha), les multiples réceptions offertes par les ministres et les ambassadeurs et les spectacles donnés par les opéras et théâtres parisiens, sur des musiques de Giuseppe Verdi, Charles Gounod et surtout Jacques Offenbach.
Et pourtant, ce même 1er juillet, la capitale bruisse d’une rumeur insistante : l’empereur du Mexique, Maximilien, frère de l’empereur d’Autriche François-Joseph, aurait été exécuté par les troupes républicaines. Confirmée trois jours ensuite, la nouvelle interrompt temporairement les festivités.
Un an après la victoire de la Prusse sur l’Autriche à Sadowa, et alors que les difficultés politiques économiques et sociales se multiplient, le temps semble se charger de « nuages noirs », comme l’avouera quelques semaines plus tard l’empereur lui-même lors d’un discours à Lille.
La « plus belle pensée du règne » de Napoléon III, à savoir la constitution d’un empire catholique au Mexique, a vécu.
Pour tous ceux qui connaîtront ensuite l’« année terrible » (Victor Hugo) de 1870-1871, 1867 restera à jamais celle de l’Exposition, la dernière période de joie et d’insouciance avant les difficultés.
C’est à la découverte de cette « flèche d’or du Second Empire » que nous invite cet ouvrage particulièrement vivant, sur les pas de ceux qui l’ont organisée et de ceux qui l’ont visitée, George Sand, Gustave Flaubert, Jules Verne, Jules Michelet, Ferdinand de Lesseps, Frédéric Le Play ou le futur Édouard VII. »
« L’exposition universelle de 1867. L’apogée du Second Empire », Edouard Vasseur, Perrin, 2023, 368 p.
Régine ⋅ Actualité 2023, France, Livres, Napoléon 10 Comments
Passiflore
30 janvier 2023 @ 08:51
« Tous les souverains de l’Europe y furent invités, et la plupart y vinrent. Ils furent reçus magnifiquement à l’Hôtel de Ville par la municipalité dont je faisais partie (…). Pour distinguer les femmes des conseillers municipaux, le Préfet de la Seine, Mr Haussmann, leur fit faire par les joailliers Froment Meurice des insignes ornés de perles du prix de 300 francs. Ma femme prit part avec moi au premier dîner donné au roi et à la reine des Belges (…). L’empereur de Russie avait été logé au Palais de l’Elysée ; le roi de Prusse était arrivé quelques jours après lui (…) L’empereur Napoléon III s’était rendu en grande pompe au Palais de l’Industrie des Champs Elysées ; j’étais dans le cortège avec le corps municipal qui occupait les voitures de gala de la ville portant ses armoiries. La fête donnée par la ville au sultan devait dépasser toutes les autres. Deux nouveaux salons tendus en satin avaient été adossés à la Grande Galerie pour la circonstance. La mort de l’empereur Maximilien, frère de l’empereur d’Autriche et beau-frère du roi des Belges fit décommander la fête (…) J’assistais au dîner donné par les souverains du Portugal. Ce fut à l’empereur d’Autriche, venu au mois d’octobre vers la fin de l’exposition, que la population parisienne me parut montrer le plus de sympathie. »
Sources : archives familiales
Passiflore
30 janvier 2023 @ 10:46
L’exposition universelle de 1867 qui représentait 42 pays reçut de 11 millions de visiteurs, se tint dans un palais elliptique, le Palais Omnibus, conçu par l’ingénieur Jean-Baptiste Krantz et l’architecte Léopold Hardy, de 110 mètres dans sa plus grande largeur et 325 mètres de longueur. Un champ d’expérimentation agricole avait été installé sur l’île Saint Germain de Billancourt, reliée par les premiers bateaux-mouches. L’exposition d’horticulture occupait un quart du Champ de Mars sur 50.000 m2. Entre autres inventions présentées, le canon Krupp, l’ascenseur hydraulique des américains Otis, un piano de Gaveau, un fusil Gastinne Renette, un scaphandre, un diadème en platine créé par Mellerio et acquis par la reine Isabelle II d’Espagne pour sa fille… Les expositions étaient, aussi, des « instruments diplomatiques ». En 1867, l’Egypte et la Tunisie voulaient se libérer du joug ottoman et montrer les richesses de leur culture.
Le soir, le Champ de Mars restait ouvert jusqu’à minuit et les visiteurs pouvaient parcourir 74 kilomètres d’allées, couvertes ou en plein air, une centaine de restaurants et cafés de tous pays proposant leurs spécialités.
Cosmo
30 janvier 2023 @ 12:34
Probablement passionnant ! Cette redécouverte du second Empire est une véritable avancée dans le domaine historique.
Quand on pense que Victor Hugo, confident de Louis-Philippe, pair de France, devenu ensuite républicain, fut l’ennemi acharné de Napoléon III, à la légende noire duquel il contribua largement, préférant l’avantageuse posture de victime – bien qu’ayant bénéficié d’une amnistie en 1859 et pouvant donc rentrer en France – à une analyse objective des bienfaits du régime impérial.
Charlotte (de Brie)
31 janvier 2023 @ 21:41
Cosmo, vous faites bien de souligner ce « détail »: 1859 Napoléon III qui a déjà fait gracier nombre de ses opposants, décrète une loi d’amnistie générale, Victor Hugo la rejette : » La liberté est partie, je rentrerai quand la liberté rentrera » ce fut fait pour lui en 1870, enfin liberté…
Il avait fui en 1852, de la Gare du Nord vers Bruxelles, sous le nom de Jacques-Firmin Lanvin, ouvrier imprimeur ( oubliée son ironie du nom d’emprunt de Badinguet…)
De son exil Hugo se livre à une attaque violente et parfois même limite en parlant de Napoléon III : » l’enfant du hasard » » dont le nom est un vol et la naissance un faux » il s’attaque à l’apparence physique : » froid, pâle, lent, qui a l’air de n’être pas tout à fait éveillé » » misérable », « nain immonde » » pourceau de ce cloaque » on dit que « Nabo-Léon » fait partie de cette énumération.
Pourtant bien des liens auraient pu unir ces deux figures du XIX è : une forme de glissement permanent de la droite vers la gauche.
Louis Napoléon Bonaparte, extraordinairement romantique, aurait pu être un héros de Hugo.
L’historien Eric Anceau, a écrit : » l’entêtement de l’écrivain était peut -être pour lui une façon de se grandir. En se confrontant au premier des Français, il se hissait à sa hauteur et ne pouvait monter plus haut »
La devise de Victor Hugo : » Ego Hugo »
Passiflore
1 février 2023 @ 09:16
Charlotte, j’ai suivi des cours sur Napoléon III avec Eric Anceau : c’était passionnant ! Je l’ai vu, le 9 janvier, à la Messe solennelle des 150 ans de la mort de Napoléon III à l’église Saint Augustin.
Charlotte (de Brie)
30 janvier 2023 @ 21:59
« Les expositions universelles ne sont pas de simples bazars, mais d’éclatantes manifestations de la force et du génie des peuples » Napoléon III , discours du 25 janvier 1863.
L’exposition universelle de 1867 (1er avril-31 octobre 1867) dont l’organisation avait été confiée au prince Napoléon et à Frédéric Le Play, s’ouvre dans une période troublée par diverses guerres, dont la guerre austro-prussienne de 1866 qui verra la perte par l’Empire Habsbourg de la Vénétie. Au moment même de l’ouverture des nouvelles alarmantes proviennent du Mexique et on apprend la fin tragique de l’empereur Maximilien.
Cependant 100 000 visiteurs se précipitent sur le Champ de Mars pour l’inauguration. Sur l’île de Billancourt 220 000 m2 sont consacrés à l’agriculture, on s’y rend en navettes à vapeur. Paris découvre les premiers bateaux-mouches.
57 chefs d’Etat et princes du sang y sont reçus fastueusement. Mais les simples visiteurs peuvent découvrir les Grands Boulevards, récemment percés par le baron Haussmann, écouter « la Grande Duchesse de Gerolstein » de Jacques Offenbach au Théatre des Variétés, se promener aux Buttes Chaumont ou admirer les illuminations du dôme de la toute nouvelle église de Saint Augustin.
Au milieu des fêtes et du luxe, le roi de Prusse, le chancelier Von Bismarck et le général Moltke profitent de leur voyage pour faire des promenades stratégiques dans les environs de Paris. Au même moment, on admire les monstres de l’artillerie moderne : le fameux canon prussien Krupp…
Sources : le bulletin de la Bibliothèque impériale créée en 1858 et dont Prosper Mérimée était président.
L’hymne de cette exposition avait été composé par Rossini
https://www.google.com/search?q=hymne+%C3%A0+napol%C3%A9on+iii+et+%C3%A0+son+vaillant+peuple&rlz=1C1CHBD_frFR1023FR1024&oq=hymne&aqs=chrome.0.69i59j69i57j35i39j0i433i512j0i512l2j69i60j69i61.3641j0j7&sourceid=chrome&ie=UTF-8#fpstate=ive&vld=cid:62e75067,vid:VayzVkE_ea4
Baboula
31 janvier 2023 @ 10:54
Perdure le classement des vins de Bordeaux établi lors de l’Exposition Universelle de Paris de 1855 .
Caroline
30 janvier 2023 @ 22:58
Ce ‘ gros ‘ livre doit être fort intéressant à lire, même si nous savons un peu de détails sur cette exposition universelle.
Roxane
31 janvier 2023 @ 09:25
Un de mes aïeux y remporta un prix musical 😆
Guizmo
1 février 2023 @ 14:14
2023 devrait être l’année de Napoléon III. Espérons que ce livre réhabilitera un peu le second empire, période très riche en évolution tant technologique que sociale.