Il en est ainsi de celui que forme Marie Charlotte Bontemps (1761-1848), dernière rejetonne d’une puissante dynastie de premiers valets de chambre du roi, avec le comte de La Châtre. Mariée très jeune à l’héritier de l’une des plus vieilles familles de France, c’est justement auprès de Talleyrand qu’elle trouve du réconfort, avant de succomber au charme du séduisant comte de Jaucourt.
Ce nouveau « couple » embrasse les idées neuves et libérales de la monarchie constitutionnelle, et s’engage favorablement dans la Révolution. Sa trajectoire illustre de nombreux aspects de la condition féminine et les grandes étapes que peut connaître la vie conjugale (adultère, bâtardise, séparation de biens, divorce…).
Du règne de Louis XVI à la Seconde République, celle qui deviendra la marquise de Jaucourt, tout en étant en marge de la grande histoire, n’est pas moins représentative d’une caste sociale et a tout d’un roman. Au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, elle incarne parfaitement toutes les aspirations d’une jeune fille « bien née » et avide de libertés. »
« Le plaisir de vivre ou les libertés de la marquise de Jaucourt », Mathieu Da Vinha, Tallandier, 2023, 352 p.
17 février 2023 @ 09:22
C’est quoi exactement « trouver du réconfort » ?
17 février 2023 @ 21:42
Le « réconfort » prit, plus tard, au moins la forme de deux meubles offerts à la marquise de Jaucourt par Talleyrand, en 1832 : un guéridon et une bonbonnière. Le guéridon Empire a été trouvé dans un coin de Valençay en très mauvais état et a été réparé par un restaurateur de mobilier d’art de l’AFPA de Limoges. On peut l’admirer au château.
Talleyrand était très lié avec le marquis de Jaucourt que Chateaubriand considérait comme le « commensal » du prince de Bénévent. Sous la Terreur, celui-ci l’aida à partir en Angleterre où il devint attaché à la mission française.
18 février 2023 @ 09:48
Le « réconfort » auprès de Talleyrand …. tout un programme. On souhaite à la Marquise de ne pas mettre trop de « bas de soie » …….
17 février 2023 @ 10:22
Je ne sais pas grand chose de la marquise de Jaucourt, d’où l’intérêt de ce livre.
Marie Charlotte Bontemps était la fille du Gouverneur du palais des Tuileries, premier valet de chambre ordinaire du roi de 1747 à 1766, en survivance à son père. Elle avait épousé, en 1778, Claude-Louis de La Châtre, comte de Nançay, premier gentilhomme de la Chambre de Monsieur qui émigra et dont elle divorça en 1793. Imprudemment revenue en France après la mort de Louis XVI, elle eut la vie sauve grâce au représentant en mission Dumont. Elle réussit à passer en Suisse où l’attendait le comte de Jaucourt avec qui elle se remaria en 1799.
Il avait échappé aux massacres de septembre grâce à Madame de Staël. Il avait été le premier chambellan de Joseph Bonaparte (1804) qu’il accompagna à Naples et fut créé comte de l’Empire en 1808. Louis XVIII, qu’il avait suivi à Gand, le nomma Pair de France et le titra marquis de Jaucourt. Il siègea au palais du Luxembourg jusqu’en 1848 et approuva le coup d’État du 2 décembre 1851.
17 février 2023 @ 11:04
Le portrait de la comtesse de La Châtre fut réalisé par Madame Vigée Le Brun, en 1789, et est exposé au Metropolitan Museum de New York. C’est la Reine Marie-Antoinette qui avait popularisé ce genre de simple robe de mousseline blanche.
18 février 2023 @ 19:07
Monsieur de Jeaucourt était un homme très souple et très accommodant. Diantre ! Copain copain avec Joseph Bonaparte, comte d’Empire, puis grand dignitaire de la Restauration. Ensuite partisan de Louis-Philippe et puis de Louis-Napoléon. Il aura mangé à tous les râteliers mais a peut-être dit comme Talleyrand qu’il est toujours resté fidèle à la France. Quel genre de mari fait un tel contorsionniste ? Un mari accommodant ?
17 février 2023 @ 15:12
Jaucourt : De Sable à deux léopards d’Or.
17 février 2023 @ 15:54
Très d’actualité ce livre !! Le plaisir de vivre rien que cela ou le droit de vivre !!
18 février 2023 @ 23:55
Je ne comprenais pas pourquoi Mathieu Da Vinha avait écrit une biographie de la marquise de Jaucourt. Mais c’est beaucoup plus clair quand on sait que c’est une Bontemps.
En effet, il est un grand spécialiste des premiers valets de chambre de Louis XIV à Louis XVI, plus particulièrement d’Alexandre Bontemps qui occupa ce poste auprès du Roi-Soleil.
Avec Mathieu Da Vinha, la famille Bontemps n’est jamais loin.