Après les tourments des guerres de religion, Montpellier a su tirer profit de son nouveau statut de capitale du Languedoc et connut alors un essor considérable. C’est à cette époque que les premiers hôtels particuliers à Montpellier sortirent de terre.
La ville s’enrichit et l’hostal médiéval est réorganisé. Les premiers hôtels particuliers apparaissent.
Ce sont des édifices raffinés et imposants qui fleurissent à travers la ville jusqu’à la fin du XVIIIème siècle.
Aujourd’hui, Montpellier compte au moins 80 hôtels particuliers. Elle est, avec Aix-en-Provence, l’une des cités méridionales les plus réputées pour ce genre d’habitation urbaine.
Au fil des siècles, la richesse de la noblesse s’affiche avec une profusion de décor, les fenêtres, les balcons, les façades des immeubles deviennent majestueuses.
Au XVIIe siècle, de grands architectes comme Simon Levesville et d’Aviler réorganisent l’hostal médiéval. L’austérité des façades contraste avec l’escalier monumental qui s’ajoure de balustrades pour s’ouvrir sur la cour intérieure. Il devient symbole de distinction sociale.
Le XVIIIe siècle se caractérise par l’embellissement des façades grâce à une génération d’architectes languedociens, les Giral. Petit à petit, les façades deviennent moins sobres et les balcons s’ornent de ferronnerie. A l’hôtel de Mirman, c’est le portail d’entrée, dessiné par un des frères Giral, qui accueille le visiteur.
Avec l’arrivée au pouvoir de la bourgeoisie au XIXe siècle et son exigence de rentabilité, l’Hôtel particulier évolue vers l’immeuble de rapport. Les façades et les escaliers s’animent de décors exubérants, parfois ostentatoires, inspirés par le style haussmannien qui rompt avec la tradition montpelliéraine.
L’histoire de l’hôtel de Mirman, qui figure parmi les plus beaux de la ville, résume cette évolution.
Il se distingue par la qualité de son architecture d’origine médiévale (XIIe-XIIIe siècles) : le vestibule d’entrée repose sur de belles voûtes sur croisées d’ogive. Il se caractérise par son plan en angle droit, formant un L depuis son entrée, côté rue, et sa cour d’honneur.
Retravaillé durant la première moitié du XVIIe siècle, l’édifice dévoile, derrière sa façade tout en sobriété, un superbe escalier à vis qui influença toute l’architecture de la cité au XVIIIe siècle.
Cet hôtel appartenait à la fin du XVe siècle à Jehan Bucelli, une famille originaire d’Italie dont le nom fut plus tard francisé sous le nom de Buceuil. Deux d’entre eux étaient premiers consuls de la ville en 1503 et 1510.
L’hôtel figure au compoix de 1544 (sorte de cadastre rudimentaire, avec description, arpentage et estimation de toutes les parcelles) au nom de Jean de Bandinel, second président en Chambre des Comptes.
C’est en 1632 que la demeure devient la propriété de Jean de Mirman, seigneur de Lavagnac, Trésorier général de France, Intendant des gabelles en Languedoc. Elle restera dans cette famille jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, lorsque David Barrau, négociant en toiles peintes, l’achète.
L’immeuble reste la propriété de ses héritiers jusqu’au XXe siècle où il est divisé en co-propriété.
Comme certains hôtels du centre historique, il possède un puits avec une exceptionnelle grille de protection du XVIe siècle. Son couronnement de volutes de feuillages dans la partie haute est admirable.
Ses somptueux décors intérieurs, comme son plafond peint et sculpté datant du XIIIe siècle, ses vestiges de peintures murales et sculptures médiévales, ainsi que son ensemble de gypseries sont remarquables. (Merci à Francky pour ce reportage – Photos : Francky et DR)
DEB
11 septembre 2023 @ 06:08
Merci Franky.
Je me suis demandée quel était l’artiste qui exposait des fleurs dans la cour et j’ai trouvé, sur le site batiactu, l’explication suivante » La proposition de Kuma et Elsa, le duo d’artistes, souhaite révéler la beauté du site grâce à son architecture. Leur projet consiste à installer un petit jardin où les fleurs sont rehaussées, légèrement au-dessus des yeux. Ce dispositif accentue la verticalité de la cour, en créant de nouveaux espaces. »
Quant à la volute de fleurs d’or de l’escalier, il s’agit d’une œuvre « complicity » de Mailys Meyer et Camille Vannier.
Ceci dans le cadre du festival des Arcitectures Vives ( 2019 et 2018).
Francky
11 septembre 2023 @ 22:28
Belle enquête Deb !
J’avoue ne pas avoir poussé les investigations jusque là…
Mais vous avez raison: les photos ont été prises lors du Festival des Architectures Vives en 2018 et 2019.
La cascade de fleurs d’or était vraiment sublime….
milou
11 septembre 2023 @ 06:22
Magnifique!💫
Merci Francky et DR, j’adore visiter, lorsque c’est possible, les hôtels particuliers!
opaline
11 septembre 2023 @ 06:26
Magnifique reportage. Merci beaucoup.
Cela change des cages à lapins qui fleurissent partout à Montpellier…
Il y a tant de richesse à voir à Montpellier et aux alentours …
Agnese
11 septembre 2023 @ 06:53
Très beau reportage.
Perlaine
11 septembre 2023 @ 07:32
Franky merci , ravie de vous relire , je suis passée à côté de bien des beautés architecturales de cette ville et vous me le faîtes regretter , je vais donc les découvrir de la meilleure manière grâce à votre talent toujours égal
Iris Iris
11 septembre 2023 @ 07:39
Très belle découverte! Merci Francky! J’ attends la suite avec impatience.
rrivera
11 septembre 2023 @ 09:35
Francky,
votre article est remarquable comme d’habitude aussi bien parl ‘écrit que par l’image
J’attends la suite avec impatience. Irez-vous jusqu’à évoquer les très beaux hôtels XIX des d’Espous de la rue Salle-l’Evêque ou encore l’hôtel de Cabrières-Sabatier d’Espeyran sur l’Esplanade
Francky
11 septembre 2023 @ 22:33
L’hôtel Sabatier d’Espeyran a déjà été très bien présenté il y a peu par une contributrice de N&R. Je ne vais pas en faire une autre publication sur le même sujet… Il y en a tant encore à découvrir… !
beji
11 septembre 2023 @ 10:15
La sobriété des façades des hôtels particuliers tranchent avec le raffinement des deux dernières photos.
Danielle
11 septembre 2023 @ 11:21
Un bel hôtel mais pourquoi toujours gâcher ces bâtiments avec des oeuvres modernes, telles ces fleurs roses ?
Merci Francky.
Francky
11 septembre 2023 @ 22:24
Il faut lever les yeux pour aller à l’essentiel et à ce qui est beau pour nos yeux Danielle…
Et d’un autre côté, c’est parce qu’il y a des « installations » dans ces hôtels privés que les portes nous sont parfois ouvertes… 😉
Iris Iris
12 septembre 2023 @ 08:40
En ce qui me concerne, j’ aime cette alliance tant qu’ elle est éphémère.
HELENE
12 septembre 2023 @ 17:33
Oui Danielle, pourquoi ??? Le bâtiment ne se suffit pas à lui-même ??
Des artistes auto proclamés se croyant supérieurs à des architectes géniaux…
Je suis toujours étonnée par autant de présomption couplée à un manque de talent.
Esquiline
11 septembre 2023 @ 16:04
Très bel escalier en colimaçon.
laude Patricia
11 septembre 2023 @ 16:38
Copié sur Chambord ?
Solenn
11 septembre 2023 @ 16:56
Merci pour ce reportage intéressant mais j’ai une préférence pour la ville d’Aix en Provence avec ses hôtels particuliers également. J’aurais aimé y vivre mais il me semble qu’après Paris, c’est la ville la plus chère de France.
Montpellier malheuresement se dégrade de jour en jour et principalement par sa population qui se croit tout permis (pas que cette ville) Aix reste encore bien tenue.
Vitabel
11 septembre 2023 @ 19:10
Merci Francky pour cet intéressant reportage.
Guizmo
11 septembre 2023 @ 21:53
Merci pour cette belle découverte
Caroline
11 septembre 2023 @ 23:16
Cet bâtiment est beau, mais je regrette qu’ on ait mis la ‘ lave du volcan ‘ sur la façade de l’ hôtel de Mirman ! Moche à mon avis !