Elle partit de l’Élysée – rive droite – pour fondre sur le Palais-Bourbon – rive gauche. En quelques heures, le président Bonaparte annihila l’Assemblée nationale : les députés de gauche comme ceux du parti de l’ordre furent également frappés.
Tout le monde s’y attendait, et pourtant la plupart furent surpris. Comment le neveu de l’Empereur, réputé falot et nimbé de mystères, aurait-il osé ? Il osa pourtant faire son Brumaire à lui. Paris fut rapidement subjugué. En revanche, une partie de la paysannerie, attachée à la République démocratique et sociale, surtout dans le Centre et le Midi, opposa une résistance inattendue, parfois très vive, ce qui permit au pouvoir de se poser en sauveur de la société.
Un État autoritaire prit alors en main la réorganisation d’une nation traversée de profondes fractures pour la préserver d’elle-même et ouvrir le temps des « miracles économiques ».
La République, elle, n’oublia pas la violence faite alors aux institutions et en tira une leçon politique et morale, qui dure encore : rester vigilant face aux tentations autoritaires et aux menaces contre les libertés, que symbolise toujours « le 2 décembre » de Louis Bonaparte.
Une démarche neuve, rigoureuse et alerte, qui inscrit l’événement dans la durée et l’appréhende dans tout l’espace national, au plus près de la population comme des principaux acteurs, à partir de sources souvent inexploitées ».
« Le coup d’Etat du 2 décembre 1851 », Francis Démier, Perrin, 2023, 464 p.
Charlotte (de Brie)
13 septembre 2023 @ 08:21
« Une démarche neuve » j’ai des doutes, l’allusion à un Etat autoritaire, me fait craindre que l’auteur ait au contraire mis ses pas dans ceux de tous les détracteurs de Napoléon III préalablement publiés et qui ont longtemps nourri des générations d’écoliers. . « rigoureuse et alerte » seule la lecture pourra me renseigner.
A voir donc.
Passiflore
13 septembre 2023 @ 09:19
Francis Démier est un des meilleurs spécialistes de la Restauration. Nul doute qu’il ne maîtrise tout autant ce sujet.
Le soir du 2 décembre, Louis Napoléon avait donné un grand bal à l’Elysée avec Morny. Il avait fumé ses 20 cigarettes quotidiennes dans la journée, mais avait continué dans la soirée. Il avait attribué différents rôles à Morny (ministre de l’intérieur), Saint Arnaud, Maupas (préfet de police), Persigny. Maupas devra recevoir les 48 commissaires de police des 12 arrondissements de l’époque, dont 47 accepteront d’entrer dans la conspiration. Moins de deux heures plus tard, 78 personnes vont être arrêtées dont Thiers, Cavaignac, Changarnier, banni de France, Lamoricière, exilé pendant cinq ans. A Lyon et à Lille, les ouvriers n’ont pas bougé, manquant de meneurs, leurs députés se trouvant tous à Paris. Dans les campagnes on ne bouge pas non plus. Mais des notables républicains (médecins, avocats, notaires) vont se soulever contre le coup d’Etat. A Aix en Provence, l’extrême-gauche est durement réprimée. La dernière ville résistante est Dijon qui tombera le 20 décembre.
Denis C
13 septembre 2023 @ 10:38
« La République, elle, n’oublia pas la violence faite alors aux institutions »…….versus l’Ancien Régime, lui, n’oublia pas la violence faite alors à ses institutions et au peuple ( plus de 80% des victimes de la Révolution sont issues du Tiers État). Les naissances sont toujours quelque peu douloureuses. Aujourd’hui grâce à l’anesthésie, les peuples ne sentent plus grand-chose mais gare à l’heure du réveil.
aubepine
13 septembre 2023 @ 13:43
Pourtant ce coup d’état donna le départ de l’empire qui fut une réussite et un grand pas en avant pour le progrès .
Hervé J. VOLTO
16 septembre 2023 @ 18:21
La Seconde République n’auara duré que 4 ans : 1948-1952…
Comme dit Denis C, aujourd’hui grâce à l’anesthésie, les peuples ne sentent plus grand-chose mais gare à l’heure du réveil !
PataClems
18 septembre 2023 @ 09:23
1848-1852 😉
PataClems
18 septembre 2023 @ 09:26
L’auteur, tout spécialiste soit-il, est dans le camp des adversaires de l’Empereur. C’est connu et forcément, ça biaise un peu l’analyse.