Venant de finir les 1000 pages des Mémoires de ce chevalier, l’envie de vous embarquer pour la Sérénissime est venue naturellement.
De 1725 à 1798, il est l’homme aux 3.000 femmes. Ou 2.000 … Ou 10.000 ?… Il s’y perd lui-même et il a pourtant pris soin de nous les conter, ses aventures. Front fuyant. Œil aigu, cet homme n’a vécu que pour les femmes et les a eues toutes : blondes, brunes, jeunes, vieilles, vierges, reines, duchesses ou filles, tout lui est bon. Je n’ose imaginer ce qu’étaient tous ses blind dates alors qu’il était un peu myope. Bon garçon, au demeurant, et se souciant volontiers de trouver des maris sérieux à celles qui cessaient de plaire à ses sens exigeants.
Casanova était le fils d’un couple d’acteurs qui eut son heure de célébrité. A sa mère, éblouissante beauté, on fit un pont d’or pour qu’elle vienne de Venise jouer la comédie à Londres. On prétend qu’elle en joua une toute particulière au roi George Ier, qui serait le père de Francesco Casanova (Francesco, frère de Giacomo, notre Casanova, et peintre fort connu dont certaines œuvres sont au Louvre).
Bref, Casanova avait de qui tenir… On a écrit que « son premier lange fut un tapis vert ». Il avait trente ans lorsque le bruit de ses exploits se répandit à travers l’Europe : il avait violé non pas une femme, par extraordinaire, mais le toit d’une célèbre prison de Venise où il était enfermé. Il y a du Arsène Lupin chez lui.
Courant à travers le monde dans ses habits superbement brodés, sortant de sa poche quatre ou cinq montres, portant en broche la croix du Pape, docteur en droit à seize ans, séminariste scandaleux à Venise, inventant la loterie en France pour Louis XV, chassé de Varsovie pour un duel, honni de Madrid, publiciste à Londres, Casanova sut, dit-on, « faire de l’amour avec de l’or et de l’or avec de l’amour »…C’est à Londres que sa déchéance commença : il s’éprit, un peu plus que de coutume d’une Anglaise qui se moqua cruellement de lui. Le viagra n’était pas encore disponible.
Alors, à cinquante-sept ans, Casanova jugea qu’il était temps pour lui de délaisser un peu les femmes pour les livres. On comprend qu’il devait être fatigué. Il suivit alors en Bohême le prince de Ligne dont il devint bibliothécaire. C’est là que le vieux loup se consola des malheurs de l’âge mur en écrivant les mémoires de ses jeunes années, et mourut à soixante- treize ans.
Aujourd’hui, il aurait sa série sur Netflix, « In bed with Casanova », ferait la pub pour des préservatifs, aurait sa ligne de caleçon. Il donnerait des conférences ou un master-class sur la séduction. Mais, à l’époque de « Me too » serait-il honni ? Les ligues de vertu auraient réussi à bannir le personnage de tous les médias. Peut-être ne trouverait-il même pas d’éditeur pour ces souvenirs ?(merci à Bertrand Meyer)
Louise.K
12 décembre 2023 @ 08:27
Si sa vie intéressait tant que ça Netflix, il aurait sa série, c’est certain.
Qu’appelez-vous » ligue de vertu »? Toutes les femmes non consentantes qui ont du subir les assauts des gros porcs pervers du monde du cinéma ou des médias?
Je suis certaine que de nos jours, il trouverait un et même plusieurs éditeurs , friands de ces histoires, il leur raconterait ses exploits sportifs avec toutes ces dames..exploits qui, à mon avis , auraient dû rester au fin fond d’une alcôve.
kalistéa
12 décembre 2023 @ 10:14
Vous avez raison Louise K… d’autant plus que les hommes qui se vantent dans ce domaine sont la plupart du temps de piètres amoureux !
Menthe
12 décembre 2023 @ 17:26
Bonne question Louise K . Qu’entend BM par « ligues de vertu », terme bien méprisant dans ce contexte?!
Enfin, on ne le sait que trop bien.
Il aurait écrit que les pintades feraient mieux de se taire ou que les dindes exagèrent, c’eût été pareil.
Solenn
13 décembre 2023 @ 17:48
Petit clin d’oeil à Gégé le porc ? et ses ligues de vertu (Nthalie Baye, Carole Bouquet et autres) dernier paragraphe.
Katellen
13 décembre 2023 @ 19:57
Entièrement d’accord avec Louise K.
Robespierre
12 décembre 2023 @ 09:17
Ce qui m’intéresse avec lui ce sont ses histoires d’argent. Il en a gagné beaucoup et puis a tout laissé filer. On parle toujours de Casanova et des femmes, on devrait écrire sur les aventures financières qui bien commencées finissaient en désastre. Il a bien fait de devenir bibliothécaire en Bohême. Bien en paix et trois repas par jour assurés. Les champions de l’alcôve finissent souvent en pantoufles avec un bonnet de nuit et une tisane près du feu. Encore faut-il trouver une bonne âme qui vous procure tout cela.
L’évasion de la Prison des Plombs vaut son pesant d’or. C’est un récit qui m’a intéressé.
Catherine
12 décembre 2023 @ 09:41
Il y a le temps des aventures et celui des bonnes pantoufles…
Teddy
12 décembre 2023 @ 18:57
Le marquis de sade et ses perversions
Passiflore
12 décembre 2023 @ 09:40
C’est derrière une grille monastique que Casanova rencontre pour la première fois celle qui, sous le nom de M. M., deviendra l’héroïne de sa plus célèbre aventure amoureuse.
« L’après-dîner, je me mets en masque ; et à l’heure fixée, je vais chez la comtesse qui m’attendait. Nous descendons, nous entrons dans une ample gondole à deux rames, nous arrivons au couvent de *** (…) Nous entrons dans un petit parloir et, cinq minutes après, je vois paraître cette M. M. qui va droit à la grille (…) La comtesse s’assit vis à vis de la religieuse, et moi de l’autre côté (…) L’admiration me tenant hors de moi-même (…) La religieuse ne m’adressa jamais la parole, mais elle ne me daigna d’un seul regard. C’était une beauté accomplie, de la grande taille, blanche pliant au pâle, l’air noble, décidé, et en même temps réservé et timide, de grands yeux bleus ; physionomie douce et riante, belles lèvres humides de rosée (…) Mais ce que je trouvais d’admirable et surprenant était sa main avec son avant-bras que je voyais jusqu’au coude : on ne pouvait rien voir de plus parfait.
(« Histoire de ma vie », volume 4, chapitre I, 1822)
Robespierre
12 décembre 2023 @ 11:17
je me souviens vaguement d’une mémorable partie fine avec Casanova, des religieuses et le futur Cardinal de Bernis, à l’époque ambassadeur de France à Venise, grâce à l’amitié de la Pompadour. Je ne crois pas que ça se passait au couvent mais dans ce qu’on appelait un « casino », une petite maison discrète et accueillante pour ce genre de rencontres. Certaines dames « recluses » étaient semble-t-il coutumières de ces petites sorties entre amis. Et amies.
Lili3
13 décembre 2023 @ 11:20
Ah ces Bernis !
Solenn
13 décembre 2023 @ 17:35
Non…! Robespierre !
Charlotte (de Brie)
14 décembre 2023 @ 00:48
Une réponse vous attend à Berln avec le couple royal belge. Date du sujet : 8 décembre.
Marie-Caroline de Bretagne
12 décembre 2023 @ 09:43
Il y a quelques années, j’avais commencé les Mémoires de Casanova mais il m’avait perdue en route. En septembre dernier, après la visite de sa cellule vénitienne, j’ai songé à m’y remettre mais 1000 pages … So many books, so little time!
Solenn
13 décembre 2023 @ 17:37
Moi aussi Marie Caroline…lorsque je commence un « pavé » je vais rarement jusqu’au bout ! et Casanova en a fait partie..
Robespierre
14 décembre 2023 @ 18:22
Je vous comprends, je n’ai lu que des extraits. Les passages avec ses multiples conquêtes sont ennuyeux, répétitifs. Mais le début de ses mémoires et l’incarcération aux Plombs c’est intéressant. Ses histoires d’argent et la rencontre avec Bernis, peuvent intéresser aussi.
Jean Pierre
12 décembre 2023 @ 10:37
C’était aussi un joueur invétéré.
On raconte ici en Alsace que de passage à Colmar il entendit parler d’une petite ville d’eau dans la Vallée de Munster et ni une ni deux le voilà parti pour tenter sa chance.
Carole 007
12 décembre 2023 @ 11:58
Merci Monsieur Meyer !
C’est intéressant pour une vénitienne (dans mes rêves). 😋
Val
12 décembre 2023 @ 15:56
Personnage qui est venu à Fontainebleau , qui a dit qu’on s’y amusait plus qu’ailleurs mais dont je n’éprouve pas l’envie de m’y intéresser ! oui aucun intérêt pour ce personnage …
Milady
12 décembre 2023 @ 20:13
On dirait qu’l prenait, il laissait, pas que les femmes mais en général.
Muscate-Valeska de Lisabé
12 décembre 2023 @ 20:15
J’espère qu’il avait pour lui du charme et du charisme, car physiquement ça n’explique pas ses succès.
Et qui nous dit qu’il n’extrapolait pas?
Un grand vantard comme le sont bien des hommes en ce domaine.
Ce n’est pas ceux qui en parlent le plus qui suivent le même mouvement.
Solenn
13 décembre 2023 @ 17:40
Ravie de vous revoir Muscate. Cette photo est parlante…j’espère que ce n’est pas un leurre pour vous donner du courage, compte de la situation de votre pays proche des massacres…? ou alors si…et vous avez raison…
Muscate-Valeska de Lisabé
16 décembre 2023 @ 20:25
Je ne me fais plus de souci pour ce qui ne dépend pas de moi, chère Solenn…
Merci pour votre coucou😘
Natouchka
13 décembre 2023 @ 12:11
Et la légende raconte qu’il aurait rencontré Mozart et son librettiste Da Ponte, et aurait inspiré le fameux opéra Don Giovanni. Et l’air du catalogue où son valet calcule le nombre de femmes séduites par son maître dans chaque pays- « Ma in Espagna, son’ già mille tre ! » 😂
Hervé J. VOLTO
13 décembre 2023 @ 13:07
Un James Bond du XVIII° siècle.
particule
15 décembre 2023 @ 15:35
Vous voulez que je vous dise et j’en prends tous les risques : il n’est pas bon d’être un homme aujourd’hui ! et moi octogénaire + je le déplore.
Les hommes à commencer par mon géniteur on fait de mon existence une vie honnête construite et éduquée ..ouverte aux autres … le mariage , une continuité dans le respect de chacun, laissant libre cours à l’épanouissement de ma personnalité pas toujours conforme à l’image produite sur papier glacé.
C’est vrai, j’ai eu beaucoup de chance de parcourir le monde parfois sur des cargos de fortune avec malles et marmots …de découvrir d’autres êtres humains si différents, si attachants et beaucoup d’autres bien moins fréquentables mais qu’une attitude, un seul coup d’oeil remettaient à sa place. Les affreux personnages ne datent pas d’aujourd’hui hélas, mais de nos jours cela devient parfois une chasse à l’homme… et je n’aime pas la chasse, encore moins les mises à mort.
Lana
19 décembre 2023 @ 18:03
Il était bien moche ce Casanova, peut-être qu’il compensait.