Sous le règne de Louis XIV, les fontaines d’agrément détachées de toute fonction triviale symbolisent le prestige de la ville, la prospérité. Le progrès technologique rend possible l’implantation des premières pompes hydrauliques qui puisent directement dans les flots de la Seine.
A la veille de la Révolution, les pompes à feu de l’Alma et du Gros Caillou sont installées sur les berges. Ces dispositifs élémentaires mais efficaces, éclairent néanmoins le problème de potabilité des eaux du fleuve.
Avec l’arrivée de Napoléon Ier, le paysage parisien va connaître quelques petites transformations. Selon le « livret fontaine » conçu par Eau de Paris, on apprend que l’empereur souhaite mieux approvisionner en eaux les Parisiens.
Pour cela, Napoléon va mettre en place un programme d’urbanisation qui va impacter les fontaines de Paris. C’est au tout début du XIXe siècle que Napoléon, alors premier consul, décide de créer un canal reliant la rivière Ourcq à Paris pour tenter de résoudre les graves problèmes d’alimentation en eau que subit alors la capitale et faciliter la navigation, en coupant le méandre de la Seine grâce aux canaux Saint-Martin et Saint-Denis.
Le canal de l’Ourcq continue d’ailleurs d’alimenter le réseau d’eau non potable de la capitale.
Avec le décret de Saint-Cloud, on va embellir la capitale et utiliser ces fontaines pour illustrer des événements ou célébrer d’illustres personnages. Napoléon Bonaparte décida en 1806 la création de quinze fontaines destinées à améliorer l’approvisionnement en eau des Parisiens, et en 1812 l’eau devient gratuite pour tous les Parisiens.
La majorité de ces fontaines furent détruites lors des travaux haussmanniens, entre 1850 et 1870. Aujourd’hui il n’en reste plus que 5 visibles, dont 3 ont été déplacées de leur emplacement d’origine.
La fontaine du Palmier
François-Jean Bralle, ingénieur en chef du Service des eaux de la Ville de Paris, construit la fontaine du Palmier (ou fontaine de la Victoire) en 1808, à la place du Grand Châtelet rasé en 1802.
Elle tient son nom, à la présence de feuilles de palmiers à son sommet, elle commémore les victoires de l’Empire notamment celles d’Italie et d’Egypte. Au sommet de la fontaine se trouve une statue représentant la Victoire, elle tient des lauriers à la main. L’original se trouve maintenant une cour intérieure du musée Carnavalet dans le quartier du Marais .
Quatre allégories : Prudence, Justice, Force et Vigilance se trouvent à la base de cet édifice. Cette fontaine a été déplacée en 1858, un bassin gardé par quatre sphinx sera ajouté.
La fontaine a été déplacée et agrandie en 1855 avec l’adjonction d’un bassin inférieur avec quatre sphinx accroupis dessinés par Gabriel Davioud et sculptés par Henri Alfred Jacquemart (1824-1896).
La fontaine du Fellah. Située au numéro 42 de la rue de Sèvres dans le 7e, la Fontaine du Fellah, construite par l’ingénieur François-Jean Bralle et le sculpteur Pierre-Nicolas Beauvallet en 1806, rappelle les temples traditionnels égyptiens.
La statue, représentant un porteur d’eau, s’inspire d’une sculpture d’Antinoüs, favori de l’empereur Hadrien. Vous ne verrez ici qu’une reproduction de l’originale rapportée d’Italie par Napoléon comme prise de guerre, mais elle reste tout de même impressionnante par ses dimensions.
La Fontaine de Mars
La fontaine de Mars, appelée aussi fontaine du Gros-Caillou, nom du quartier est typiquement néo-classique. Elle représente Mars, dieu de la guerre et Hygie, déesse de la santé et de l’hygiène, thèmes de la mythologie.
De structure carrée et plutôt imposante, cette fontaine est l’œuvre de François-Jean Bralle. Aux pieds de Mars, on remarque la présence d’un coq. À sa gauche, on reconnait Hygie à sa couronne de laurier et à la présence d’un serpent à qui elle a l’habitude de donner à boire selon le Dictionnaire de la Mythologie gréco-romaine.
Sur les faces latérales de la fontaine, on aperçoit des urnes de style gréco-romain. L’ensemble de ces sculptures est l’œuvre de Pierre-Nicolas de Beauvallet Le petit mascaron à tête de chien déverse encore aujourd’hui son eau. La fontaine de Mars est inscrite aux monuments historiques.
La Fontaine de la Paix, Allée du Séminaire, rue Bonaparte, VIe arrondissement
Toujours dans le cadre du décret de Saint-Cloud, Napoléon Bonaparte fait construire la fontaine de la Paix en 1810. À cette époque, la fontaine se situait place Saint-Sulpice puis elle a été déplacée au niveau du marché Saint-Germain avant d’être transférée rue Bonaparte en 1935.
De structure carrée, la fontaine présente un bassin dont une colonne trône au milieu. Au-dessus, on peut y voir des frontons couverts de cornes d’abondances et de lyres.
Sur deux faces, on remarque la présence d’une vasque couronnée de petites têtes de lions qui se chargent de verser timidement de l’eau. La fontaine de la Paix qui déverse peu d’eau est plus la représentation d’un Napoléon victorieux que d’une fontaine utilitaire qui donne à boire à ses riverains. Cette fontaine est aujourd’hui inscrite aux monuments historiques.
La fontaine de Léda, datée de 1807. Autrefois elle était appelée fontaine de la rue de Vaugirard ou fontaine du Regard car elle était située à l’angle de la rue de Vaugirard et de la rue du Regard.
Ce nom provenait d’un ancien regard des fontainiers Francini placé sur l’aqueduc des eaux de Rungis, l’aqueduc d’Arcueil. Adossée à un mur, la fontaine était surmontée par un fronton triangulaire décoré d’un aigle, symbole ambivalent du Premier Empire et du dieu romain Jupiter. C’est en effet ce dernier, transformé en cygne, qui crachait l’eau de la fontaine. Elle était alimentée par l’aqueduc de Médicis, sans doute grâce à un prolongement provenant de la fontaine Palatine, rue Garancière.
Elle est aujourd’hui accolée à l’arrière de la fontaine de Médicis, à l’est du jardin du Luxembourg, dans le VIème arrondissement de Paris et ce, suite au percement de la rue de Rennes dans le cadre des travaux d’Haussmann. (Merci à Guizmo)
Cosmo
16 janvier 2024 @ 07:30
Merci à Guizmo pour cet article très intéressant. Il montre, si besoin était, à certains détracteurs de Napoléon sur le site que le régime impérial n’a pas été que de guerre et violence.
Lllaude Patricia
17 janvier 2024 @ 05:06
Bonjour Cosmo.
Effectivement, l Empereur a tout fait pour moderniser le pays… On lui doit en outre la création des départements. Et donc leur numérotation.
Glopglop
16 janvier 2024 @ 07:43
Il subsiste pas très loin de la fontaine Médicis la fontaine Palatine dont tous les détails sont sur Wiki. De l’eau y coulait encore mais c’était avant le COVID…
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fontaine_Palatine
Benoite
16 janvier 2024 @ 08:46
Paris et ses fontaines…. bel article comme toujours avec Guizmo, c’est un très bon début de journée.
A mes débuts à Paris, je prenais les bus, pour visiter tout ce Paris, mon regard se portait sur les immeubles, les grilles des balcons (je ne m’en lassais pas) les Ponts et les statues Parisiennes, fontaines, et les lampadaires.
Je sais que sa Majesté, l’impératrice Farah souhaitait faire des études d’Architecture, c’est je pense un des plus beaux métiers du monde, avec ceux de la profession Médicale, les chercheurs, les Pompiers.
Lllaude Patricia
17 janvier 2024 @ 05:10
J ai fait pareil à Londres.
C est long Abbey Road, j ai failli avoir un torticolis à force de chercher le studio d enregistrement des Beatles.
Philippe H.
16 janvier 2024 @ 08:58
Passionnant reportage… merci Guizmo
Perlaine
16 janvier 2024 @ 09:17
Encore merci Guizmo pour ce travail de recherche très fructueux.
😀Pistounette
16 janvier 2024 @ 09:48
Passionnant encore ce deuxième épisode des fontaines de Paris… j’attends la suite avec impatience !
Merci Guizmo
Caroline
16 janvier 2024 @ 10:44
Merci à Guizmo pour cet article très intéressant !
‘ Ouvrons bien nos yeux pour remarquer ces fontaines, même si nous sommes pressés ! ‘
kalistéa
16 janvier 2024 @ 10:55
Napoléon reste comme le plus grand travailleur des hommes d’Etat. Il s’occupa absolument de tout et cela personnellement n’en déplaise à des gens comme monsieur Philippe qui ne voit en lui qu’un destructeur sanglant. Je note ici que l’Empereur travailla au bien être des Parisiens ET donna cette eau GRATUITEMENT , car avant lui l’eau était payante. (belle façon de faire rentrer de l’argent dans les poches royales car l’eau était vitale et incontournable!
Actarus
16 janvier 2024 @ 14:19
Les sujets de Guizmo sont toujours très intéressants.
Danielle
16 janvier 2024 @ 20:24
La première est très impressionnante, merci Guizmo.
Maintenant, je regarderai avec plus d’attention les fontaines de Paris.