La ville d’Auxonne doit sa renommée historique à Napoléon Bonaparte, qui y séjourne de 1788 à 1791. Le futur empereur français y apprend le métier d’Artilleur.
Ville médiévale située sur la rive gauche de la Saône, Auxonne est dotée d’un château à partir de 1170, et d’une enceinte à partir du XIIIe siècle.
Ce premier château est réaménagé sous Louis XI de France. Charles VIII et Louis XII poursuivent l’aménagement du château et ordonnent de renforcer et réparer l’enceinte du XIIIe siècle. Durant la Guerre de Trente Ans (1618-1648), des bastions et deux demi-lunes sont construits devant les tours médiévales qui sont arasées.
Sous Louis XIV, un premier projet de transformation de cette enceinte en fortification bastionnée est dessiné dès 1668 mais ne sera pas exécuté. Il faudra attendre 1673 pour que l’ingénieur en chef d’Aspremont accomplisse la reconstruction de l’enceinte en question.
Les murailles et tours médiévales sont presque toutes démolies sauf les tours Dignoire et du Moineau, et les portes Dignoire, Dampnot et de la Comté. D’Aspremont poursuit la direction des travaux de modernisation de l’enceinte jusqu’en 1677 au moins. Vauban le remplace et achève l’enceinte en 1679.
Après le décès de D’Aspremont, Vauban établit un projet d’amélioration par ajout de deux ouvrages à corne : le premier à l’ouest, sur la rive droite de la Saône, le second au nord. Mais ce projet n’est pas réalisé suite au recul de la frontière.
En 1687, il travaille avec l’ingénieur de la Frézelière à la réalisation d’un arsenal, fait de bois et de brique, qui sera terminé en 1689. Construit pour la fabrication d’affûts de canons, des charrettes, des caissons et tout ce qui était nécessaire au service des canons.
C’est un témoignage exceptionnel de l’architecture industrielle du XVIIe siècle. La construction de l’arsenal résulte d’un besoin fort du pouvoir royal, sous le règne de Louis XIV, de posséder une fabrique d’affûts de canon et un important dépôt de pièces d’artillerie et de munitions à proximité immédiate des frontières .
L’arsenal regroupait le bâtiment des charrons et les grandes forges (qui servent aujourd’hui d’annexe au lycée), un grand hangar ouvert sur deux cours parallèles, une grande halle ainsi que des bâtiments réservés au logement des personnes ou aux services administratifs.
Vauban construira aussi une caserne pour loger les compagnies d’Invalides qui gardent le château. À droite un bâtiment à étage servait de logement au «Gouverneur des Ville et Château d’Auxonne».
L’ensemble des bâtiments qui datent de 1689 était clos par 3 portes monumentales en pierre rose de Sampans, surmontées d’un fronton contré orné de trophées d’armes symbolisant la puissance de l’artillerie, au-dessus 2 grenades à feu et une girouette en fer, d’époque révolutionnaire, représentent l’une un canon et l’autre un mortier.
Dans ce lieu, des compagnies d’ouvriers ont travaillé de 1690 à 1845. L’établissement fut très prospère et c’est là que fut fabriqué le matériel solide et selon des normes adoptées par tous les arsenaux de France, jusqu’en 1845.
Cet arsenal a joué un rôle majeur dans l’approvisionnement des armées, lors des guerres révolutionnaires et impériales. L’Arsenal d’Auxonne est un des rares arsenaux de Vauban conservé dans sa totalité.
L’Ecole Militaire d’artillerie d’Auxonne est créée en 1759. Elle est installée dans l’arsenal. On construit des casernes supplémentaires et des casemates dans la cour du château Louis XI.
Une dernière campagne de fortification bastionnée est accomplie de 1826 à 1830. Les remparts sont réparés après les deux sièges de 1814 et 1815, une courtine médiévale est remplacée par une tenaille casematée.
Après la seconde guerre mondiale, le 511e régiment du train (511e RT) qui appartient au commandement de la logistique des forces s’y installe.
L’unité est spécialisée dans le ravitaillement par voie terrestre. Depuis 2002, le 511e RT s’est vu attribuer la spécificité « montagne ». Il est à ce titre le premier soutien logistique de la 27e brigade d’infanterie de montagne (27e BIM).
Cette caserne contient des trésors tels que la bibliothèque 511e régiment du train et ses 7 000 livres et documents, la salle d’honneur, et son architecture particulière, liée à son ancienne activité de poudrière. Le gymnase, ex-manège à chevaux et sa charpente monumentale.
Bonaparte, 19 ans et encore jeune lieutenant en Second du Régiment de la FERE, arrive un jour de juin 1788 à l’Ecole d’Artillerie et loge dans une des chambres des Casernes à Auxonne.
Le séjour de Napoléon Bonaparte à Auxonne, est la période où il apprend l’essentiel de son métier militaire et où il forge les bases de sa formation intellectuelle à l’École royale d’artillerie.
La chambre de Napoléon se visite sur demande. Le logis du futur Empereur est modeste. Il s’agit d’un carré de 20 m² environ. Elle est équipée d’une cheminée et est éclairée par une fenêtre donnant sur la cour des casernes. « On peut y voir un cadran solaire dont il se raconte qu’il aurait été dessiné par Bonaparte lui-même » précise l’Armée.
Tout au long de sa carrière, Napoléon Bonaparte n’oublie pas Auxonne et aime à dire que les Auxonnais ont la satisfaction de posséder l’une des meilleures écoles d’artillerie de France où il a appris son métier d’artilleur, rendant hommage au talentueux professeur Lombard « qui savait conduire les jeunes gens aux connaissances sublimes des mathématiques ».
Devenu Premier Consul, il reste, cependant, toujours fidèle à ses amis. Un des premiers actes du gouvernement consulaire est de maintenir à Auxonne l’Arsenal que le Directoire veut transférer à Rennes et conserver l’Ecole d’Artillerie également menacée de suppression.
Menacé de démolition en 1967, il fut épargné de ce sort grâce à son inscription au titre des monuments historiques en 1968.
Une partie des remparts de la ville subsiste et est intégrée dans un parc municipal. Le château (dit Château Prost) subsiste au sud de la ville, de même que le bastion du Moineau qui en est proche.
Aujourd’hui encore, il est possible de suivre la quasi-intégralité du contour des fortifications et de découvrir les bastions et les tours toujours présents dans le paysage auxonnais : le Bastion Royal et le Bastion du Béchaux (près du Port Royal), le Bastion du Pont, le Bastion du Moineau (côté Sud), la Porte de Comté (Est), la Porte Royale (Nord) et la Tour du Signe (Nord). (Merci à Guizmo)
😀Pistounette
22 janvier 2024 @ 07:37
Reportage très intéressant (comme à votre habitude)… et d’autant plus qu’il touche à Napoléon Bonaparte. Je pense que j’aurais été très émue de visiter sa petite chambre d’élève à l’Ecole d’Artillerie… je n’ai pas des racines corses pour rien ! 😉
Merci Guizmo
Passiflore
22 janvier 2024 @ 09:19
Merci beaucoup, Guizmo. On (en tout cas, moi) connaît moins bien Auxonne qu’Autun en ce qui concerne l’éducation de Bonaparte. La ville a obtenu, après 25 autres communes, le label « Ville impériale » et, en avril 2023, ont eu lieu des Journées impériales avec 400 reconstituteurs, un bivouac autour du château, une bataille de canons, un repas de gala avec l’association « Quadrille impériale », une conférence d’Alain Pigeard sur l' »Évolution de l’Arme du Train de 1807 à nos jours » et de David Chanteranne sur « Les 8 dates de l’Empereur ».
Charlotte (de Brie)
22 janvier 2024 @ 09:38
Effectivement, Guizmo, Auxonne est marquée par le passage de Bonaparte à l’Arsenal et Napoléon n’a pas oublié Auxonne. En 1807 il crée « le train des équipages » chargé de la logistique des forces et Auxonne abrite encore de nos jours le 51è régiment du Train.
En 1857 une statue de Bonaparte a été érigée sur la place d’Armes de la ville. En bronze elle le représente en tenue de lieutenant d’artillerie . Sur le socle en marbre quatre bas reliefs représentent quatre épisodes de la vie de Bonaparte puis de Napoléon. Auxonne n’est pas oubliée : Bonaparte y est représenté, songeur sous un chêne près de la chapelle Notre Dame de la Levée.
Je ne sais pas si Bonaparte a eu l’occasion de goûter la spécialité d’Auxonne : l’Oignonade ou Auxonnade ( l’appellation fait l’objet de querelles récurrentes entre hôteliers de la ville ). Auxonne est la capitale de l’oignon, de taille moyenne jaune foncé. La Confrérie de l’Oignon parade chaque année dans les rues et c’est l’occasion de déguster tarte à l’oignon et…. oignonade ou..au choix selon le restaurant ! : filet mignon de porc, quantité non négligeable d’oignons , et…. Aligoté dans le plat et dans le verre !
Bonne semaine à vous et à tous.
Leonor
22 janvier 2024 @ 10:34
Un article comme on les aime.
Mille mercis, Guizmo.
Menthe
22 janvier 2024 @ 10:38
Merci beaucoup, éclectique Guizmo.
Gab-Pnth
22 janvier 2024 @ 13:10
L’Arsenal d’Auxonne est un très bel endroit, qui se visite toute l’année et, sur demande, avec un guide. Un beau voyage de trois siècles et demi, de la construction au XVIIe jusqu’au milieu du XXe siècle où il servit de dépôt de munitions. Bien que centré autour de l’art « d’équiper les machines pour les guerres », première définition du verbe artillier, l’endroit a connu plusieurs vies et surtout, des fonctions variables. Le voyage n’est pas décevant.
Plus largement, Auxonne est une jolie ville. J’en recommande la visite à la suite de l’Arsenal et afin de mieux se rendre compte comment un village médiéval coquet et tranquille s’est progressivement transformé en une place défensive majeure au fil de son histoire, et particulièrement dès le XVe s., durant le XVIIe et jusqu’au début du XXe. Et comment cela reste un petit coin sympa de nos jours.
Danielle
22 janvier 2024 @ 15:10
J’entends souvent parler de cette ville par le journal de Côte d’Or mais ne l’ai jamais visitée ; je ne connais que le lycée Bonaparte à Autun.
Merci Guizmo pour ce reportage.
Jean Pierre
22 janvier 2024 @ 18:01
Auxonne est à visiter par beau temps car lorsque le brouillard et le temps gris plombent la vallée de la Saône c’est un peu tristounet.
Catherine
22 janvier 2024 @ 20:37
20m2 c’est plus que certaines chambres d’étudiants. Je suis toujours émue et curieuse de la vie qu’on menait dans ces lieux. Apparemment N a gardé un excellent souvenir de son école et de son prof. Elle lui a finalement ouvert un avenir insoupçonné. Avait il des amis? Que faisaient ils ensemble? Ces édifices militaires sont souvent d’une remarquable beauté. À Toulon aussi.
Carole 007
23 janvier 2024 @ 15:08
Merci Guizmo,
Découverte intéressante pour moi.