Situé au cœur du parc national de Rila, en Bulgarie, le Monastère de Rila est un imposant édifice classé au patrimoine de l’humanité de l’UNESCO.
Austère vu de l’extérieur, posé au milieu des montagnes boisées du massif du Rila, il faut passer à pied la porte Est de l’enceinte, pour découvrir la beauté splendide du gardien, depuis le Xe siècle, de l’identité des traditions et de la culture de la Bulgarie.
L’Histoire veut que Ivan Rilski (mort en 946) y ait installé une communauté d’ermites, après avoir lui-même passé des années comme ermite dans une grotte toute voisine, dans la montagne. C’est d’ailleurs là que le premier monastère a été construit, avant de déménager au XIVe siècle à l’emplacement actuel.
La religion chrétienne a été introduite en Bulgarie au IXe siècle, lorsque le roi des Bulgares Boris Ier «le Baptiseur» se convertit au christianisme sous l’influence de ses voisins byzantins.
Ivan Rilski fut donc un des premiers chefs de communauté monastique en Bulgarie. Le monastère a été développé par des jeunes moines qui sont venus s’installer autour de l’ermitage et ont progressivement construit des bâtiments.
Au XIVe siècle, lorsque le premier monastère est détruit, un nouvel emplacement est choisi, dans un site plus accessible et impressionnant : les gorges de la rivière Rilski. Construit comme une forteresse, enrichi pendant tout le Moyen-Âge de dons des différents seigneurs et rois bulgares, Rila est un symbole de résistance et d’identité culturelle et religieuse contre l’Empire ottoman, qui conquiert la Bulgarie à la fin du XIVe siècle.
Les bâtiments actuels du monastère datent pour la plupart du XIXe siècle. Le monastère ayant brûlé en 1833, il a été reconstruit selon le style de la Renaissance bulgare.
Il existe deux portes principales pour entrer dans le monastère : la porte de Doupnitza par laquelle on entre quand on arrive du parking et la porte de Samokov qui mène au massif de Rila. Le Monastère de Rila, installé sur près de 9000 m2, est construit sur un plan de quadrilatère, avec l’église en son milieu.
L’église a été construite par l’architecte Pavel Ioanov entre 1834 et 1837. Elle compte cinq dômes et deux chapelles adjacentes.
Les murs extérieurs présentent des alternances de briques et de pierres blanches et noires, qui rappellent fortement l’influence mamelouk de l’Empire Ottoman. Les corridors extérieurs sont ornés de fresques religieuses. À l’intérieur de l’église, de nombreuses icônes et l’iconostase sont les œuvres des grands artistes de l’époque de la construction.
Autour, les bâtiments monastiques ont très peu d’ouverture sur l’extérieur, mais offrent sur la cour intérieure une multitude de fenêtres, de galeries couvertes et d’escaliers extérieurs. Les bâtiments conventuels du monastère sont construits avec une très grande unité de style dans une alternance de briques et de pierres blanches, avec des escaliers en bois qui mènent aux différents bâtiments.
Le complexe monastique est divisé en 4 parties, qui correspondent aux quatre coins cardinaux. Ces 4 parties renferment 4 cloîtres pouvant abriter jusqu’à 300 moines.
Les pièces qui constituent les parties Nord et Est du monastère portent le nom des villes ayant aidé financièrement à la construction du monastère : Samokov, Tchirpan, etc. Les fresques murales décorant le plafond des porches sont absolument remarquables !
La tour de Khrélyo, qui a survécu à l’incendie de 1833, est l’unique édifice à avoir traversé les siècles en conservant la construction du monastère d’origine. Elle a été construite au XIVe siècle sous l’ordre d’Hrelja, aussi connu sous le nom de Stefan Dragovol, un seigneur de guerre d’origine serbe.
La tour compte cinq étages et a été augmentée d’un vestibule au XIXe siècle. Au dernier étage se situe un petit cloître, composé de 2 pièces en forme de coupoles. Sur ses murs, en 1944, furent découvertes des traces de fresques du Moyen Âge, recouvertes d’enduit. Elles ont été mises au jour complètement et retrouvèrent toute leur splendeur en 1970.
Le monastère est avant tout connu dans le monde des historiens pour sa fabuleuse collection de manuscrits du Moyen-Âge dont le livre de Rila, les copies du testament de Saint Ivan réalisées par le prêtre en charge du monastère en 1385 en vue de cacher les originaux pour éviter leur destruction par les Ottomans.
Les moines ont tellement bien caché ces originaux qu’on ne les a toujours pas retrouvés ; des manuscrits glagolitiques des X-XI èmes siècles. Le glagolitique fut l’alphabet qui précéda le cyrillique ; 2 évangiles sur parchemin du XIIIe siècle ; de nombreuses copies d’évangiles, de livres biographiques divers de la fin du XV à la fin du XVI siècle. La bibliothèque compte plus de 116 000 livres. À la fin du XVIIème siècle, un atelier de reliure a été créé.
Le Monastère de Rila est devenu au fil du temps un centre culturel, spirituel et littéraire. C’est lui qui contribua à la création de nombreux couvents durant la Renaissance nationale bulgare.(période post Ottomane).
En 1961, le monastère devient un musée national avant d’être intégré au patrimoine de l’UNESCO en 1983. Ce n’est qu’au début des années 1990 que l’État lui rend son statut monastique.
Deux sites situés à proximité du monastère valent également le détour. La grotte qui servit de refuge à Saint Jean de Rila, fondateur du monastère, est accessible en empruntant un sentier balisé de 4 kilomètres.
On peut passer dans l’interstice entre deux rochers et se plonger dans le noir de l’ermitage ancien où brûlent quelques cierges, tandis que les murs autour sont remplis de vœux écrits sur des morceaux de papier insérés entre les pierres.
La tombe de Rila, située à 15 minutes de route en pleine forêt, renferme la tombe de Saint Jean de Rila. On y découvre une petite grotte et une jolie chapelle.
En 1976, le monastère de Rila a été déclaré monument historique national, et 1983 Il a été inclus sur la liste des Sites du patrimoine mondial de l’UNESCO. (Merci à Guizmo)
Philibert
23 janvier 2024 @ 05:54
Bravo, Régine, pour ce reportage complet sur ce superbe monastère dont j’ignorais tout.
😀Pistounette
23 janvier 2024 @ 06:47
Magnifique, chère Guizmo.
Le contraste entre l’extérieur et l’intérieur si richement décoré est saisissant !
Depuis quelque temps, chaque jour un reportage de votre cru… c’est un régal avant de partir au travail. Merci.
Jean Pierre
23 janvier 2024 @ 09:16
Une découverte pour moi.
Perlaine
23 janvier 2024 @ 10:06
Une splendeur ! Merci de me l’avoir fait connaître @Guizmo
Chevalière
23 janvier 2024 @ 10:40
Magnifique reportage, sur un site sans pareil. Quelle beauté ! Le carillon des cloches doit être aussi remarquable, vu leur configuration
Jay
23 janvier 2024 @ 10:44
Il est très étonnant de constater que pendant la période communiste, le monastère semble avoir été tout de même protégé.
carmina burana
23 janvier 2024 @ 12:24
Les monasteres ont toujours etaient proteges ,et le regime communiste n y a jamais touche,car les plus grands revolutionnaires bulgares s y sont caches,comme le tres grand Vasil Levski,pour delivrer son pays du joug ottoman.
Vasil Levsky avait trouve refuge au magnifique monastere de Troyan,une plaque sur les murs atteste de sa presence.
La Bulgarie a beaucoup souffert sous les ottomans,petit pays tres peu peuple a l epoque,30 000 bulgares ont ete massacres,par les turcs.
Les fresques du monasteres de Troyan sont superbes,de fraicheurs,les couleurs claquent,le dessin des personnages est tres fin.
carmina burana
23 janvier 2024 @ 12:29
Hou les fautes,pardon,
ete proteges,fraicheur.
Esquiline
23 janvier 2024 @ 15:37
Pas étonnant du tout.
J’ai eu l’occasion de visiter plusieurs monastères en Russie même.
JAusten
24 janvier 2024 @ 08:31
Une vraie découverte pour moi. Merci
rubis
23 janvier 2024 @ 10:56
*très beau monastère
Trianon
23 janvier 2024 @ 11:45
Magnifique ! Effectivement la richesse intérieure tranche avec la relative l’austérité de l’édifice
MARGUERITE
23 janvier 2024 @ 13:09
Merci infin
marie. françois
23 janvier 2024 @ 13:09
Le coeur de Boris III a été déposé dans la chapelle.
Patricio
23 janvier 2024 @ 13:13
Magnifique monastère que j’ai eu la chance de visiter . On y trouve également là tombe du roi Boris III, père du roi Simeon II.
Amitiés
Patricio
MARGUERITE
23 janvier 2024 @ 13:16
Merci infiniment pour ce splendide reportage. J’ai eu la chance de visiter ce monastère il y a quelques décennies maintenant et je me souviens parfaitement de cet après-midi à arpenter cet édifice niché dans un splendide cirque de montagnes et de la fierté des guides nous commentant cette splendeur vers le milieu des années 1970… Encore merci pour la qualité de votre travail.
Marie DM
23 janvier 2024 @ 17:24
Merci de faire connaître des lieux aussi prestigieux.
Joelle Iemma
23 janvier 2024 @ 19:01
En Russie, malgré la longue période communiste, le patrimoine religieux très nombreux est en excellent état. L’Etat mais aussi les croyants participent à son entretien. Un exemple à suivre pour les 40 000 églises françaises que Mme Bachelot voulait détruire !
Vittoria
25 janvier 2024 @ 06:37
Oui enfin ce qui existe encore est peut-être en bon état, mais dans les années qui suivirent les révolutions de 1917 les destructions, réaffectations d’usage (églises devenues entrepôts, bureaux, …) et le manque d’entretien ont été féroces pour le patrimoine religieux.
Nemausus
23 janvier 2024 @ 19:28
visité il y a quelques années et il est encore plus beau en vrai….. d’ailleurs pour celles et ceux qui aiment ce genre de monuments, je me souviens qu’il y avait un circuit spécial monastères bulgares….
Montferrat
24 janvier 2024 @ 10:22
Le tsar Boris III, père du tsar Siméon II, est enterré ici. J’y étais l’été dernier pour lui rendre hommage.
Nicoletta
24 janvier 2024 @ 14:27
J’y suis allé avec ma famille en 2022. C’est un endroit magnifique. Avec une ambiance unique. Ça vaut vraiment le détour
Pascal Hervé
25 janvier 2024 @ 12:35
Reportage instructif et très bien illustré.
Merci Guizmo.