Il y a 15 ans, le 9 août 1993, Albert, prince de Liège, âgé de 59 ans, prêtait serment et devenait Albert II, 6ème Roi des Belges. Il succédait à son frère Baudouin, décédé 8 jours plus tôt au cours de ses vacances en Espagne.
L’accession au trône d’Albert II en surprit plus d’un au début. En effet, au cours des dernières années de son règne, le roi Baudouin avait clairement mis en avant le prince Philippe, son neveu. Mais le décès prématuré du Roi Baudouin et l’onde de choc qui secoua le pays, ont probablement motivé le choix de la succession.
Comme le déclarait à l’époque le Premier Ministre belge « nous nous regroupons derrière le successeur constitutionnel du Roi Baudouin, le prince Albert« . Dans de récentes déclarations, l’ex-Premier Ministre Jean-Luc Dehaene révèle que rapidement le gouvernement estima qu’il fallait demander au prince Albert, héritier du trône s’il entaedait assumer la charge royale. Après une entrevue avec sa belle-soeur la reine Fabiola à Motril, le prince Albert indiqua à Jean-Luc Dehaene qu’il succèderait à son frère, voulant probablement épargner une montée sur le trône à son fils Philippe dans des circonstances douloureuses et en plein désarroi populaire.
A l’âge où l’on prend sa retraite, Albert II embrassait un destin royal pour lequel il avait toujours été préparé mais auquel il n’avait probablement jamais aspiré. Beaucoup ont alors pensé qu’Albert II ne serait qu’un roi de transition, 2-3 années de règne et puis passage du flambeau à son fils Philippe.
15 ans plus tard, Albert II règne toujours sur une Belgique secouée et déchirée par une grave crise institutionnelle depuis plus d’un an. Même si Albert II ne possède pas le charisme du Roi Baudouin ni son autorité morale sur la classe politique, il a bon an mal an géré cette crise actuelle dans la limite des prérogatives que lui attribue la Constitution.
En 15 ans de règne, c’est aussi un autre « style » qui s’est imposé. Albert II est perçu comme plus accessible, bon vivant. Les rapports avec la presse se sont détendus, peut-être un peu trop en ce qui concerne la presse flamande qui n’hésite pas à critiquer la famille royale ou remettre en question la liste civile. Chose totalement impensable au temps du règne du roi Baudouin.
Il a une famille qui s’est aggrandie au fil des ans, suite aux mariages de ses deux fils et est la grand-père de 12 petits-enfants : Elisabeth, Gabriel, Emmanuel et Eleonore de Belgique (enfants des ducs de Brabant), Amadéo, Maria Laura, Joachim, Luisa Maria et Laetitia Maria (enfants de la princesse Astrid et de l’archiduc Lorenz), Louise, Aymeric et Nicolas (enfants du Prince Laurent et de la Princesse Claire).
La révélation de l’existence de sa fille naturelle Delphine Boël a également fait couler beaucoup d’encre.
Depuis son accession au trône, Albert II a aussi été confronté à des drames nationaux comme la mort de 10 casques bleus belges au Rwanda, l’affaire Dutroux et la découverte de corps de jeunes fillettes enlevées, des catastrophes naturelles,… Albert II et Paola ont effectué de nombreux voyages officiels dans la plupart des pays membres de l’Union européenne mais aussi au Japon et au Maroc.
La santé du roi a été mise à rude épreuve ces dernières années : des interventions chirurgicales dont un triple pontage coronarien, une opération du col du fémur dont la convalescence fut difficile en raison de la crise institutionnelle, l’obligeant à réduite ensuite au minimum ses activtés officielles.
Albert II et Paola résident toujours au château du Belvédère où ils s’étaient établis lors de leur mariage en 1959, ils n’ont jamais souhaité s’installer au château de Laeken où vivent à présent les ducs de Baarbant. Lorsqu’ils prennent un peu de repos, les souverains belges aiment se rendre dans les Ardennes au château de Ciergnon, retourner dans leur propriété d’Opio en France ou parcourir les îles de la Méditerrannée à bord de leur yacht « L’Alpa » et peut-être penser à la vie qui aurait été aujourd’hui la leur si le destin n’en avait pas voulu autrement…