L’année aura été faste pour Alexandre Dumas, spécialement au cinéma où les adaptations de ses romans font un carton. Mais d’où Alexandre Dumas a-t-il tiré l’intrigue du Comte de Monte-Cristo. Qui l’inspira pour son roman ?
C’est en quelques pages un extraordinaire drame de l’envie et de la vengeance qui peut être tenu pour vrai. Il sort, en effet, des mémoires historiques tirés des archives de la police, œuvre posthume en six volumes qu’un journaliste et un romancier tirèrent, en 1838, des dossiers d’un certain Jacques Peuchet, archiviste de la police.
En 1807, à Paris, vivait un jeune cordonnier, originaire de Nîmes, François Picaud, qui allait faire un beau mariage. Comme il s’en glorifiait, trois de ses » pays « , moitié par plaisanterie, moitié par envie, jurèrent de retarder les noces.
L’un d’eux, le cafetier Loupian, imagina de le dénoncer comme agent de l’Angleterre. L’accusation n’eut pas de mal à prendre. Picaud, jeté au cachot, y moisit pendant sept ans.
Il en sortit, rendu méconnaissable par les mauvais traitements, mais riche : un prélat italien, mort à ses côtés dans la prison, lui avait légué sa fortune.
Sitôt libéré, Picaud ne songe plus qu’à se venger. Sous un déguisement, il arrache à un comparse, en échange d’un superbe diamant, le nom des coupables.
Et patiemment, férocement, grâce à mille subterfuges, il ourdit sa revanche.
Par le fer ou le poison, il tue deux des complices, gardant le principal pour la bonne bouche, Loupian, qui a prospéré dans la limonade et chez qui Picaud s’est fait engager comme garçon.
Picaud le ruine, met le feu à sa maison, dégrade sa fille en la faisant épouser un galérien qu’on présente comme un marquis millionnaire, pervertit son fils qui encourt les assises, jusqu’à ce que, en plein jardin des Tuileries, après s’être fait reconnaître, il lui donne enfin le coup de grâce.
Picaud est alors rejoint, capturé, torturé à son tour, et tué par le comparse qui lui avait révélé la machination d’autrefois.
On a le souffle coupé par le récit de cette double vengeance que Jacques Peuchet donne pour la confession du second justicier. Certes l’histoire était connue.
Alexandre Dumas n’a jamais fait mystère de la source qui lui avait fourni l’intrigue de Monte-Cristo. Et, avec l’aide de l’indéfectible Auguste Maquet, son « nègre » de service, les trente pages du Diamant et la Vengeance devinrent les six volumes du Comte de Monte-Cristo.
Le Comte de Monte-Cristo, s’il transporte l’aventure de 1807 à 1815, et fait d’Edmond Dantès une victime de la Restauration et non de l’Empire, emprunte, en les orchestrant, bon nombre d’épisodes au récit de Peuchet : la dénonciation, le trio des coupables, l’invraisemblable héritage reçu en prison, la corruption du comparse, les déguisements, jusqu’à la machination qui jette la fille de Loupian dans les bras d’un forçat.
Mais en faisant de son héros un nabab qui éblouit le Tout-Paris, en faisant accéder les bourreaux aux plus hauts postes de la société louis-philipparde qu’il se donne ainsi le plaisir de caricaturer, Dumas s’échappe de l’histoire initiale
Il semble que le romancier ait surtout voulu se faire plaisir et projeter ses rêves. L’étonnant, c’est que le Comte de Monte-Cristo, par le seul succès qu’il a eu, lui a permis de les réaliser. A partir de ce livre, Dumas devient, pour quelques années seulement hélas !, le personnage fastueux qu’il a imaginé. Il est riche.
Il reste un témoin de cette interférence de la littérature sur la vie : le château de Marly-le-Roi qu’il se fit construire sitôt après la publication du roman et qu’il baptisa Monte-Cristo. A visiter de toute urgence ! (merci à Bertrand Meyer)
Auberi
8 juillet 2024 @ 07:39
Vu le film avec le prodigieux Pierre Niney dès sa sortie, 3h qui passent sans vraiment s’en rendre compte. Je connais bien le Château d’If mais je n’imaginais pas la profondeur des trous dans lesquels étaient mis les prisonniers. Lors des visites on ne voit que des grilles sur le sol et une obscurité plongeante. Dumas lui-même serait époustouflé. Très belle réalisation, vraiment 😊
Adélaïde de B.
8 juillet 2024 @ 14:21
Un samedi soir féerique à Malte.
22 juin, 20h30. St George’Square, la nuit est tombée, les étoiles sur leurs talons dorés s’avancent vers nos cœurs.
L’une d’entre elles nommée Pierre Niney crève l’écran. Magistral!
Merci au Méditerranéen Film Festival 2024.
(Présentation hors concours.)
Baboula
16 juillet 2024 @ 20:36
Dimitri Rassam copropriété ce film , que du bénéfice.
Lili3
8 juillet 2024 @ 08:59
Jacques Weber, insurpassable
Adélaïde de B.
8 juillet 2024 @ 14:57
Version TV. 1979: Revoir Jacques Weber en sylphide…
Roger Dumas, Jean-François Poron et moult autres incontournables de l’époque.
Un peu vieilli.
Comme moi!
Version TV. 1998: Réalisation Josée Dayan et ses flamboyances!
Gérard Depardieu au sommet de son Art. Malgré ses richesses, l’on devine que l’enfer d’Edmond sera éternel.
G. et J. Depardieu, Ornella Muti, Rochefort et Arditi partagent l’affiche.
( Depardieu Gérard, à dissocier l’acteur de l’homme…)
Charlotte (de Brie)
8 juillet 2024 @ 15:15
C’est aussi la version que j’ai aimée celle de Denis de La Pattelière Je n’ai pas vu la dernière, d’Alexandre de La Patellièreje ne crois pas y aller, je crains trop de libertés avec l’oeuvre initiale.
Quant à Jacques Weber je suis d’accord, il était Edmond Dantès.
Robespierre
9 juillet 2024 @ 10:59
J. Weber avait un physique plus crédible que celui de P. Niney pour incarner le comte de MC. Cette manie de mettre un acteur à la mode à toutes les sauces. Déjà Depardieu faisait un Edmond Dantès peu crédible. J’ai vu une version avec Jean Marais et les acteurs des années 50 et ce n’était pas mal. Maintenant que Pierre Niney a le vent en poupe, vous verrez qu’on l’aura un jour en remake de Cyrano.
Baboula
9 juillet 2024 @ 11:23
Je pensais le costume trop grand pour Pierre Niney ,tant mieux pour lui si vous dites tous le contraire. Mais comme Robespierre, je sature un peu avec ce comédien, sauter d’Yves Saint Laurent à Edmond Dantes m’est difficile.
Marinella
9 juillet 2024 @ 11:54
Robespierre , je comprends votre réticence car comme vous , je n’ étais pas trop fan de Pierre Niney . Mais je suis prête à parier que comme moi , vous changerez d’ avis après l’ avoir vu dans Monte Cristo . Il n’est pas aussi spectaculairement beau que Jean Marais mais je vous assure qu’ il » dégage » une prestance et une force étonnantes ( ça y est , je fais ma groupie ) , et il est franchement remarquable .
Marnie
9 juillet 2024 @ 12:48
Robespierre, c’est le propre de chaque époque de mettre un acteur à la mode à toutes les sauces… voyez Jean Marais lui-même ou Depardieu. Dans les années 70 Jacques Weber était également un jeune acteur qui avait le vent en poupe, tout comme Huster dans les Dames de la Côte… rien de nouveau sous le soleil. De toutes façons, pour ma part je ne dirais pas « mettre à toutes les sauces », je dirais que leurs capacités d’acteurs leur permettent d’aborder des styles différents. J’adore autant Depardieu dans La chèvre que dans Le dernier métro ou Jean de Florette… Et Jean Marais dans Le Capitan ou dans L’éternel retour…
Auberi
9 juillet 2024 @ 18:33
Alors Depardieu bossu en Jean de Florette j’en cauchemarde encore
Baboula
9 juillet 2024 @ 11:17
Et bien moi j’en suis restée à Jean Marais, j’avais 10ans ,émerveillée,ça marque un enfant, je lui suis restée fidèle même si j’ai vu tous les autres . Le plus décevant Louis Jourdan ,un peu fallot.
Marnie
10 juillet 2024 @ 10:26
J’ai vu la version avec Jean Marais cette semaine… après avoir vu la version Weber la semaine dernière. Et bien la série est excellente, Weber parfait. Mais la version avec Jean Marais… tout à fait dispensable… c’est sans saveur, plat, sans aucun sentiment ni profondeur. J’ai de loin préféré la série et l’interprétation de Weber. N’ayant pas lu le livre, et en attendant de voir le film actuel, je voulais voir un peu les précédents et notamment la série car j’ai lu que du point de vue du scénario elle était la plus fidèle au livre. Si c’est bien le cas, et bien le film avec Marais est loin du livre… Je n’ai pas encore cherché la version avec Louis Jourdan, j’espère pouvoir la trouver.
Baboula
11 juillet 2024 @ 11:04
Marnie vous avez sans doute raison,les scénarios des films se sont approfondis ,mais ce film avec Jean Marais était une avancée technique à une époque où les films étaient majoritairement en noir et blanc et je n’avais que 10 ans peu d’analyse psychologique.
Val
9 juillet 2024 @ 19:40
Comme vous chère Charlotte de Brie , Pierre Niney .ne me plaît pas dans ce rôle , pas assez !!! Jacques Webber était parfait
Mais Pierre est un excellent acteur mais pas dans ce rôle.
Marinella
8 juillet 2024 @ 09:13
Un film magnifique au point que , comme beaucoup , j’ ai déjà prévu de le revoir .Les » 3 mousquetaires » selon moi était un film raté mais dans celui-ci , tout est beau et réussi : le scénario fidèle à Dumas , les décors splendides , les acteurs à commencer par Pierre Niney et Anais Demoustiers absolument remarquables ( il y a une scène d’ anthologie entre eux , on n’ entendait pas un bruit dans la salle pleine ) . Allez-y .
Claude Patricia
8 juillet 2024 @ 10:27
J y suis allée, pour la fête du cinéma.
Je n ai pas regretté, j ai trouvé le film super!
Leclercq
8 juillet 2024 @ 11:27
J’ai également vu le film . Décors, costume, mise en scène, acteurs, tous remarquables. On ne s’ennuie pas une minute pendant quasi trois heures.
Pascal Hervé
8 juillet 2024 @ 12:42
Article très intéressant.
J’ai découvert ” le comte de Montecristo” il y a peu et je l’ai lu avec plaisir, surtout la première partie avec l’abbé Faria .
J’ignorais qu’il y avait des faits réels qui l’ont inspiré.
Je suis un mauvais lecteur et Damas un grand écrivain.
Charlotte (de Brie)
9 juillet 2024 @ 20:48
Allons Pascal Hervé, vous allez trouver le chemin de la lecture, j’en suis convaincue;
Elisabeth
8 juillet 2024 @ 14:21
Film très bien tourné avec une intrigue parfaitement ficelée. En revanche je regrette beaucoup d’éloignements du roman de Dumas comme Mercedes Herrera de Morcef jeune fille de bonne famille, le duel entre Monte Cristo et Morcerf et histoire d’amour entre Albert et Haydee.
En même temps c’est le livre que ai déjà lu et relu 🤷🏻♀️
Passiflore
8 juillet 2024 @ 15:47
Le château de Monte Cristo a été construit entre les 1844 et 1847. A l’architecte Hippolyte Durand qui lui avait dit : « ça va vous coûter 200 000 Fr », Alexandre Dumas avait répondu : « Je l’espère bien ! ». Le 25 juillet 1847, il pend la crémaillère en présence de 600 personnes et, dans ce lieu extraordinaire, il va mener grand train de vie, accueillant ses nombreuses conquêtes féminines, organisant des repas gastronomiques qu’il réalise lui-même. Profitant de son hospitalité, amis et inconnus séjourneront au château.
Mais, en 1848, de nombreux créanciers le poursuivent. Dumas vend la propriété à un prix très modique. Différents propriétaires se succèdent et, peu à peu, le château tombe en ruine. Dans les années 1960, un projet de 400 logements se profile et le château menace d’être détruit. Georges Poisson, conservateur du Patrimoine, crée le comité de sauvegarde des Amis de Dumas. Il se crée paralèllement un syndicat intercommunal entre les trois communes voisine, Marly le Roi, Le Port-Marly et Le Pec. On organise un Prix puis, plus tard, des ventes-signatures de livres présidées par Juliette Benzoni qui invite des comédiens tels que Jean Marais. Juliette reçoit également quelques prix dont le premier prix Alexandre Dumas en 1973. Elle crée, ensuite, le Trophée Alexandre Dumas en collaboration avec l’association des amis d’Alexandre Dumas.
Hassan II du Maroc qui était « dumasphile » intervient, alerté par un article de « jours de France ». Il vient à Paris, vêtue d’astrakhan. Le comité de Sauvegarde des amis de Dumas lui propose d’être membre d’honneur. il répond : « non, quand on fait partie d’une association, on donne une cotisation ». Comme cotisation il propose de restaurer la « Chambre mauresque ». Georges Poisson lui avait demandé aussi s’il pouvait prendre à sa charge le chauffage. Le roi accepte et ajoute l’électricité et les toilettes pour un coût de 7 millions. A l’époque on organisait des mariages de jeunes mariés musulmans.
Marinella
9 juillet 2024 @ 11:58
Merci Passiflore , j’ ignorais cette intervention déterminante d’ Hassan II .
J’ ai assisté à une soirée privée dans ce château dans les année 90 , je crois qu’ il est maintenant ouvert aux visites , cela vaut vraiment la peine d’ y aller .
Kalistéa
10 juillet 2024 @ 11:44
Intéressant exposé de notre Passiflore , très instructif comme toujours. J’ajouterais que Alexandre pour fuir la foule de ses pique -assiette qui ont abusé de sa générosité et ont fini par le ruiner ,s’était fait construire dans le haut du jardin un pavillon en forme de petit château qui s’appelle « le château d’if ». C’était son refuge pour pouvoir travailler en paix , son bureau et sa bibliothèque.
Autour de la porte d’entrée se trouvent gravés les titres des oeuvres de Dumas avec cependant une petite erreur: il est écrit « la bouillie de la reine Berthe » alors que le titre exact du roman est « la bouillie de la comtesse Berthe » .Je l’avais fait remarquer moi même à Georges Poisson , lors d’une visite .
Passiflore
11 juillet 2024 @ 14:10
Merci, Kalistea. Figurez-vous que je « réduis » mes mercis car une internaute considérée comme « charmante » (!?) m’avait écrit des horreurs qui commençaient ainsi : « vous semblez attendre des remerciements… » J’imagine que vous comme moi n’attendez rien de personne, que ce soit sur un site ou dans la vraie vie. Ainsi on vit sereinement et sans aigreur.
Donc vous avez eu Georges Poisson comme guide. C’est en écoutant une conférence faite par lui que j’ai appris tout cela mais il vous avait sans doute parlé du roi du Maroc ?
ALINE
8 juillet 2024 @ 19:27
Très beau film , Niney crève l’écran !
Caroline
8 juillet 2024 @ 21:56
Très intéressant !
Je regrette qu’ on fasse trop de remakes de ce film !!! J’ ai aimé le film américain ‘ La vengeance de Monte- Cristo ‘, réalisé en 2002 avec Jim Caviezel, Guy Pearce et Dagmara Dominczyg .
Aristocrate
8 juillet 2024 @ 22:10
Très intéressant. Je ne connaissais pas du tout. Merci Bertrand pour cette pause culture.
particule
9 juillet 2024 @ 15:54
Le « nouveau comte de Monte Cristo » ne me fera jamais oublier le sublime Gérard Depardieu dans ce rôle, comme taillé pour son immense talent … ainsi que la mise en scène de José Dayan , luxueuse .
Ceci étant dit c’est un bon film.