Peut-être les deux. C’est l’énigme de l’homme qui ne savait pas être roi. On sait Louis XVI timide et maladroit dans ses relations. On le sait aussi solitaire, hésitant à donner sa confiance. Affectueux avec ses proches, il semble indifférent au reste du monde, courageux et dépressif, féru de sciences exactes et négligent. D’où cela lui vient-il ?
Sa vie est trop souvent lue à l’aune de sa fin et l’histoire est passée trop rapidement sur ses influences familiales. Certes on a rempli des bibliothèques sur ses relations conjugales, mais on a oublié le rôle de Louis XV, son impénétrable grand-père, ou celui de Louis-Ferdinand et Marie-Joseph, ses parents autoritaires, morts avant d’accéder au trône.
Qui se rappelle de son frère aîné, le duc de Bourgogne, mort à neuf ans après une longue agonie ? Sans parler de ses cadets, le cynique comte de Provence (il sera plus tard Louis XVIII) et l’irresponsable comte d’Artois (futur Charles X), éternels rivaux ?
Autant de relations qui ont alourdi l’exercice du pouvoir, aggravant la situation politique et économique du royaume. Elles donnent une illustration intime au règne de Louis XVI et jettent un éclairage inédit sur l’effondrement du régime.
Si les Bourbons ont le sentiment d’une destinée collective, on découvre que c’est aussi collectivement qu’ils ont participé à la ruine d’un édifice pluriséculaire ».
« Louis XVI et ses frères. Histoire d’une tragédie familiale », Emmanuel de Valicourt, Tallandier, 2025, 512 p.
Philibert
21 octobre 2024 @ 07:59
Mais que voilà qui promet d’être hautement intéressant !
En effet, je ne sais rien de Louis-Ferdinand et Marie-Joseph, les parents de trois rois, ni des relations des frères entre eux. Et je ne dois pas être le seul…
Rose
21 octobre 2024 @ 10:35
J’ai acheté ce livre hier ! Le début est prometteur avec une analyse de la personnalité du Dauphin ( proche de son grand-père le roi Stanislas, intelligent, instruit mais toujours en retrait ce qui, quand on est l’héritier du royaume de France est un handicap..). La personnalité de la Dauphine, en recherche de l’amour de son mari mais assez indifférente à ses enfants, est aussi un élément nouveau pour moi. Bref, pour le moment, le contenu répond à mes attentes.
Belle journée
Rose
Robespierre
21 octobre 2024 @ 12:42
Les parents des trois frères s’entendaient bien. Un jour le père, Dauphin de France , fut malade et on alla chercher un nouveau médecin qui ne connaissait pas l’identité de son patient. Il s’émerveilla sur la façon dont l’épouse s’occupait de son mari, et je il la qualifia de « bonne petite femme » ou quelque chose de ce genre, il croyait avoir affaire à un couple bourgeois logé au Palais.
Ils eurent 13 enfants mais 5 survécurent. Le dauphin, leur père mourut à 36 ans. C’était un homme dévot, qui réprouvait la vie de son père qu’il jugeait dissolue. Lui et ses soeurs appelaient Madame de Pompadour « Maman Putain ».
Le futur Louis XVI fut bcp influencé par son précepteur le duc de La Vauguyon et lui attribua quand il fut roi un très bel appartement. C’est lui qui appela chaque fils du Dauphin d’un adjectif commençant par « f ». J’ai retrouvé les 4 . Le Fin (le duc de Bourgogne qui mourut dans l’enfance), le Faible (le futur Louis XVI encore duc de Berry), le Faux (le comte de Provence futur Louis XVIII) et le Franc (le comte d’Artois futur Charles X). La Vauguyon avait 4 adjoints et l’instruction dispensée etait de haut niveau. Le futur Louis XVI était un élève doué. Geographie, physique, histoire, droit public, dessin, et mathématiques. Il apprit plusieurs langues : latin, allemand, anglais et italien et il lit les classiques . Son père était sévère avec lui et le privait de chasse au moindre relâchement. Il avait des préférences pour les sciences, et se passionna pour la serrurerie et l’horlogerie. Je crois qu’il apprit aussi l’espagnol.
Son frère le duc de Provence, très instruit aussi, bon latiniste et avec bcp d’esprit. Il troussait le madrigal et se piquait d’écrire, et faisant semblant de s’intéresser aux dames.
Le futur Charles X était un gai luron moins intéressé aux études. Il était frivole, aimait les fêtes et les femmes, actrices et grandes dames. Son épouse était une princesse de Savoie (qu’il n’aimait pas). Il eut un épisode galant avec l’actrice Madame Duthé et un jour qu’on le cherchait et ne le trouvait pas, un courtisan dit que le comte avait eu une indigestion de gâteau de Savoie et était allé boire une tasse de thé. Il versa dans la dévotion la plus profonde en Emigration et resta ainsi pendant son règne. Pas le temps de chercher quel ministre nommé par lui avait des entretiens avec la Vierge Marie.
Pour les superstitieux comme moi, je signale que Louis XV avait dit à quelqu’un que les ducs de Berry finissaient souvent mal et que le titre portait malheur. Je ne me rappelle plus les exemples qu’il donna . Louis XVI fut duc de Berry et confirma la malédiction.
Je pense que le livre en rubrique est intéressant.
liam
21 octobre 2024 @ 08:32
Je fais mien ton commentaire Philibert.
Ce livre me tente.
Menthe
21 octobre 2024 @ 09:38
Oui, il est bien tentant. Mais toujours à lire et retenir avec circonspection comme tout ouvrage historique.Nous savons bien que le travail d’historien, découlant d’analyses d’archives officielles, de témoignages écrits, de témoignages oraux transmis par les familles et modifiés au fil du temps, ne peut jamais être totalement fidèle à la réalité.
Kardaillac
21 octobre 2024 @ 08:39
La fin de la monarchie capétienne relève du darwinisme. Attrition par l’inadaptation au milieu. Et la faute en revient aux titulaires qui ne comprenaient pas leur siècle et n’ecoutaient pas leurs conseillers, la plupart excellents. Une exception qui confirme la règle : la Régence.
Guiguy
21 octobre 2024 @ 08:53
Je me rappelle si mes souvenirs sont bons, que 2 ans après mon arrivée en France, lors de mes, études et d’une visite au château de Versailles, c’est ce roi qu’on appelait Louis le dernier car étant le dernier monarque à vivre à Versailles et qu’il était mort guillotiné nous racontait le guide.
Cela fait tellement longtemps et là le livre paraît intéressant pour en apprendre plus.
Passiflore
21 octobre 2024 @ 09:06
Oui, Philibert, le sujet a été rarement traité. Emmanuel de Valicourt,
docteur en droit et professeur de droit canonique à l’Institut Catholique, se passionne pour la société française qui précède la Révolution. Il est l’auteur d’une biographie de Charles-Alexandre de Calonne (dont il est un descendant collatéral) : « Calonne, la dernière chance de la monarchie » (2015), de Marie Antoinette : « Les favoris de la reine » (2019), de « La princesse de Lamballe » (2021), toutes parues chez Tallandier.
plume
21 octobre 2024 @ 09:10
Le pouvoir doit être dévolu aux plus compétents et non par succession familiale.
Framboiz 08
21 octobre 2024 @ 14:20
Par qui?Pour avoir des conflits ?
Claude Patricia
21 octobre 2024 @ 10:34
Oui, une tragédie car Louis avait prévu de donner au peuple ce qu il attendait mais celui-ci n a pas attendu les réformes pour se révolter.
Claude Patricia
21 octobre 2024 @ 10:35
D autres part, les aristocrates eux ne voulaient pas de changement de programme, donc ils se sont emmurés dans leurs privilèges jusqu’à la nuit du 4 août.
Framboiz 08
21 octobre 2024 @ 14:22
Les aristocrates sont très responsables, après ils ont eu l ‘ émigration et Robespierre ,pas le notre ,plus cool !
Brigitte Anne
21 octobre 2024 @ 11:02
Effectivement, ce livre me tente.
Asja
21 octobre 2024 @ 11:18
Louis XVI n’a pas montré une incapacité particulière, mais il était la cible de toutes les jalousies et a eu une malchance incontestable (comme à Varennes). Il n’était pas non plus préparé à une révolution ni à devoir fuir. Ce n’est pas l’incapacité de Louis XVI qui a engendré la Révolution et ses sauvageries. La Révolution était dans l’esprit du temps, amené par les « Lumières » et entretenu par ceux qui croyaient y voir un intérêt.
Antoine 1
21 octobre 2024 @ 11:50
Enfermé dans sa bulle, Louis XVI n’a rien vu venir (alors que les historiens s’accordent pour dire que la révolution était en route dès la fin de la régence). Son caractère velléitaire a causé sa perte. Louis XVI et ses frères sont les fossoyeurs de la monarchie. Si l’ouvrage est objectif, il doit être intéressant.
Marie-Caroline de Bretagne
21 octobre 2024 @ 12:08
Cet ouvrage s’annonce effectivement très intéressant et je ne doute pas qu’il nous en apprendra beaucoup sur l’éducation reçue par les futurs Louis XVI, Louis XVIII et Charles X. Et sur les rapports entre les trois frères même si on sait déjà qu’ils furent souvent compliqués. Leurs parents adoraient leur fils aîné, le duc de Bourgogne, et on sait que le futur Louis XVI souffrit beaucoup de la comparaison constante avec son aîné qui, bien éduqué, s’annonçait brillant. Bref, hâte de lire ce livre. Merci à Régine de nous l’avoir signalé !
Robespierre
21 octobre 2024 @ 12:43
Effectivement, le duc de Bourgogne était le plus doué. Sa mort fut une tragédie pour les parents.
Jean Pierre
21 octobre 2024 @ 12:20
C’est ainsi que finissent les dynasties.
Mayg
21 octobre 2024 @ 13:30
Intéressant.