Le duché de Parme avait été créé en 1545 par le pape Paul III Farnèse (1468- 1534) au profit de son fils Pierre-Louis (1503-1547), qu’il avait eu de Silvia Ruffini, sa maîtresse. Il comprenait Parme, Plaisance et Guastalla ajouté en 1748.
Le pape Paul III par Le Titien en 1543
Pierre-Louis Farnèse, 1er duc de Parme en 1546 par Le Titien
Pendant huit générations, soit de 1545 à 1731 il resta sous la domination des Farnèse. François Farnèse ( 1678-1727) est le dernier des Farnèse.
Son épouse, Sophie-Dorothée de Neubourg (1670-1748) ne lui ayant pas donné d’enfants, et lui-même se substituant aux droits de son frère aîné, Edouard II (1666- 1693) dont il a épousé la veuve, le duché passe à son frère cadet, Antoine ( 1679-1731). Edouard II, n’ayant jamais régné, et Sophie-Dorothée de Neubourg n’eurent qu’une fille Elisabeth (1692-1766).
Devenue reine d’Espagne en 1714 en épousant Philippe V de Bourbon (1683-1746), veuf en premières noces, elle se trouva au décès de son oncle Antoine en 1731 l’héritière du duché de Parme.
Élisabeth Farnèse à l’époque de son mariage par Miguel Jacinto Meléndez (1714).
Sans entrer dans les détails des circonstances guerrières et diplomatique de l’exercice de ses droits sur le duché, le Traité de La Haye en 1720 établit que Charles de Bourbon, fils aîné d’Elisabeth Farnèse serait duc de Parme, ce qu’il devint en 1731.
Devenu roi de Naples en 1734, roi de Sicile en 1735, à la mort, sans enfant, de son frère Ferdinand VII, fils de Philippe V et de sa première épouse, Marie-Louise de Savoie, Charles de Bourbon devint roi d’Espagne en 1759.
En 1748, son frère cadet l’infant Philippe, marié à Elisabeth de Bourbon, fille aînée du roi Louis XV, était devenu duc de Parme et de Plaisance. A ces deux duchés fut adjoint le duché de Guastalla par le Traité d’Aix-La-Chapelle en en 1748.
Philippe Ier de Bourbon de Parme par Francesco Carlo Rusca en 1745
Entre 1734 et 1748, les duchés de Parme et de Plaisance étaient placés sous l’administration des Habsbourg, Charles VI puis sa fille Marie-Thérèse.
Placé sous la tutelle de la France, le duché de Parme était le plus petit des états sur lesquels régnaient les Bourbons.
Ses souverains successifs furent Ferdinand (1751-1802) époux de l’archiduchesse Marie-Amélie d’Autriche, Louis Ier (1773-1801) époux de Marie-Louise de Bourbon, infante d’Espagne, Charles II (1801-1883) époux de Thérèse de Savoie, Charles III (1823-1854) époux de Louise d’Artois, Petite-Fille de France, et enfin Robert Ier (1848-1907), dernier duc de Parme.
Que venait faire Marie-Louise au milieu de cette lignée Bourbon ?
Les Traités de Lunéville (9 février 1801) et d’Aranjuez (21 mars 1801) mettaient fin à la souveraineté des Bourbons sur les duchés de Parme, Plaisance et Guastalla remis à la France. Le duc de Parme devenait ainsi roi d’Etrurie qui sera annexé à la France en 1807.
Louis Ier de Bourbon de Parme, roi d’Etrurie
Au Traité de Paris du 30 mai 1814, il n’est pas expressément parlé des duchés. Il est seulement dit : “L’Italie, hors des limites des pays qui reviendront à l’Autriche, sera composée d’États souverains.”
Les Bourbons n’y retrouvent pas leur trône. Et ce sont les conversations des diplomates qui permettent d’envisager l’attribution des duchés à l’archiduchesse Marie-Louise, ex-impératrice dont on ne savait pas trop quoi faire. Il n’y avait rien d’officiel dans l’attribution de ces duchés, juste des promesses. Il est aisé de comprendre ses inquiétudes. Et durant tout l’été 1814, elle ne sut pas trop ce qu’il adviendrait d’elle.
“Pour ce qui regarde l’Impératrice, on n’a cessé de lui répéter qu’elle est maîtresse d’aller à Parme quand elle voudra, et qu’elle pourra s’y rendre vers le milieu de décembre.
Nous sommes au 19 (novembre 1814) et la question de possession des Duchés n’est pas même légalement reconnue ni fixée, quand la véritable question était de n’admettre, à cet égard, aucune discussion, aucun doute; un traité signé par toutes les grandes puissances assurant Parme à l’Impératrice, et ces États étant de plus occupés par les troupes autrichiennes et administrés depuis six mois en son nom! Il y a sans doute là-dessous quelque arrière-pensée que le temps dévoilera. Ce qu’il y a de plus triste et de plus désolant, c’est que rien ne finit.” écrit le baron de Méneval à son épouse.
Le Congrès de Vienne, à la signature de l’acte final
Cela sera réglé par l’acte final du Congrès de Vienne, en date du 9 juin 1815, dans son article 99 : “S. M. l’Impératrice Marie-Louise possédera en toute propriété et souveraineté les Duchés de Parme, de Plaisance et de Guastalla, à l’exception des districts enclavés dans les États de S. M. I. et R. A. sur la rive gauche du Pô. La réversibilité de ces pays sera déterminée de commun accord entre les Cours d’Autriche, de Russie, de France, d’Espagne, d’Angleterre et de Prusse, toutefois ayant égard aux droits de réversion de la Maison d’Autriche et de S. M. le Roi de Sardaigne sur lesdits pays.”
C’était donc bien une compensation à la perte de son titre d’impératrice et Marie-Louise, heureuse, s’en contentait.
Le 7 septembre 1814, à 6 heures du matin, Marie-Louise était de retour à Schönbrunn, après avoir voyagé toute la nuit depuis Möelk. Il n’y avait personne pour l’accueillir tant son arrivée était inopinée. Elle retrouvait sa famille mais aussi l’empereur de Russie, les rois de Prusse, de Danemark, de Bavière, de Wurtemberg et bien d’autres princes qui participaient au Congrès de Vienne.
Ils firent leur entrée le 25 septembre, accueillis pas toute la famille impériale. La France, pays vaincu, était représentée par le prince de Talleyrand. Les souverains étaient logés au palais. Mille cinq cents domestiques et mille deux cents chevaux supplémentaires avaient étaient engagés pour leur service.
En attendant le Congrès s’amuse
Chacun d’eux avait une table particulière, somptueusement servie aux frais de l’Empereur. Le dîner avait lieu à 2 heures de l’après-midi et le souper à 10 heures du soir.
Les quatre vainqueurs de Napoléon, l’Autriche, la Prusse, le Royaume-Uni et la Russie, constituaient le premier cercle. La France, vaincue, représentée par l’habile Talleyrand réussit à grouper autour d’elle les petits États inquiets des convoitises des grands et elle fait entrer trois autres pays européens, l’Espagne, le Portugal et la Suède. Le congrès rassemble les grands diplomates de l’époque.
Dans une lettre écrite par la reine de Bavière, venue avec son mari, à sa fille la princesse Sophie, future archiduchesse d’Autriche, à la date du 12 octobre 1814, on peut lire : “La salle donne sur une cour immense qui est toujours remplie de monde où Les Majestés et princes passent et repassent continuellement et où il y a tous les jours musique turque et outre cela quatre compagnies de grenadiers devant les appartements des empereurs et rois qui crient aux armes et tambourinent du matin au soir.”
La fête pouvait commencer et le Congrès allait valser mais aussi dessiner les nouveaux contours de l’Europe.
Marie-Louise en 1815 par Marie-Victoire Jaquotot d’après Isabey
Marie-Louise, qui n’était plus Majesté et encore moins impératrice, était déjà appelée la duchesse de Parme, encore que son sort n’ait pas encore été fixé. La France et l’Espagne, pays Bourbons, lui étaient opposés.
Neipperg, l’homme sur lequel elle s’appuyait, était à ses côtés pour faire prévaloir son droit. Il était soutenu par l’Autriche et la Russie.
Elle était loin de Napoléon désormais. Ce dernier tentait de communiquer avec elle. Il en était réduit, le 10 octobre, à recourir à Ferdinand III, alors grand-duc de Wurtzbourg et bientôt à nouveau grand-duc de Toscane, pour lui demander “s’il voulait bien permettre” qu’il lui adressât, chaque semaine, une lettre destinée à l’Impératrice, espérant qu’il recevrait en retour des lettres d’elle et quelques mots de son fils.
“Je me flatte, disait-il, que, malgré les événements qui ont changé tant de choses, Votre Altesse royale me conserve quelque amitié.”
Comment imaginer que le frère de l’empereur François puisse accéder à cette demande, même si plus tard, il accueillit sur ses territoires les membres de la famille Bonaparte en exil.
Selon le Traité de Fontainebleau, Napoléon avait non seulement le droit de correspondre avec sa femme et son fils mais il pouvait s’attendre à les voir venir le rejoindre.
Marie-Louise s’était imposée au début du Congrès une réserve de bon aloi. Epouse du vaincu, elle ne pouvait pas festoyer avec les vainqueurs. Et pourtant, ayant reçu en premier la visite du tsar, elle ne put, et probablement ne voulut pas, refuser sa port aux autres.
Elle avait un nouveau chambellan, le comte Neipperg. Elle reçoit, fait de la musique mais elle n’assiste pas aux bals de la Cour. Le prince Eugène est aussi là, qu’elle reçoit fort bien. Il faut dire que l’attitude du prince vis-à-vis de Napoléon était sans ambiguïté. Il lui restait fidèle, engagé à ne jamais prendre les armes contre lui. Et tout le monde respectait sa droiture.
Le 9 novembre 1814, M. de la Tour du Pin adressait au comte de Jaucourt, ministre par intérim en l’absence du prince de Talleyrand, la dépêche suivante: “L‘archiduchesse Marie-Louise ne se présente à aucune des fêtes et des réunions journalières qu’amènent les circonstances; mais elle vient tous les jours voir son père, et souvent les souverains et les grandes-duchesses qui sont logés au palais; on va également la voir à Schönbrunn, sans qu’il y ait cependant à cet égard rien de trop marqué.
La toilette paraît tenir une grande place dans sa vie, et il n’y a pas de semaine qu’elle ne reçoive de Paris des robes et des bonnets. En même temps il lui échappe des mots mélancoliques; elle fait de la musique triste, et dit que la tristesse est faite pour elle.”
Une salle-à-manger à la Hofburg
Marie-Louise semble triste. Est-ce parce qu’elle a le remords d’avoir abandonné son mari ? Est-ce parce qu’elle a encore des craintes pour son duché de Parme ? Est-ce parce qu’elle ne peut paraître aux grands bals ? Il y a sans doute un peu de tout cela.
Elle a malgré tout une grande consolation, la présence de son fils dont on vante l’intelligence et qu’on a la délicatesse de ne pas le monter contre les Français.
Marie-Louise conservait encore auprès d’elle deux dames françaises, la duchesse de Montebello, sa dame d’honneur, et la comtesse de Montesquiou, gouvernante de son fils.
Les deux femmes, ne s’entendant pas du tout, s’évitaient et il semble que Marie-Louise écoutait volontiers les récriminations de Madame de Montebello à l’encontre de sa rivale.
Elle avait aussi à faire avec un Français de grande envergure, à défaut de grande moralité, le prince de Talleyrand. Il avait servi Napoléon. il servait désormais les Bourbons au point de se faire l’ardent défenseur de la nouvelle attitude du roi Louis XVIII qui souhaitait un véritable exil pour l’Empereur, les Açores ou pourquoi pas Sainte-Hélène, contraires au Traité de Fontainebleau.
Talleyrand « L’homme aux six têtes » caricature du 15 avril 1815
Mais les choses allaient plus loin encore. Le 12 novembre une dépêche arrivait de Paris demandant que Parme soit restitué aux Bourbons.
Metternich semble prêter l’oreille à ces demandes. Le 23 novembre Talleyrand écrivain à Paris : “ Si les paroles de M. de Metternich, pouvaient inspirer la moindre confiance, on serait fondé à croire qu’il trouverait l’archiduchesse Marie-Louise suffisamment établie en obtenant l’état de Lucques, qui rapporte cinq à six cent mille francs et que, pour lors, les Légations pourraient être rendues au Pape et Parme à la reine d’Etrurie ( Marie-Louise d’Espagne, veuve de Louis Ier de Bourbon-Parme).” Fin décembre, toutefois, toutes les difficultés sont aplanies. Marie-Louise sera bien duchesse régnante de Parme mais renoncera à l’hérédité en faveur de son fils et ne devra pas l’emmener avec elle.
François Charles Bonaparte en 1815 par Isabey
La crainte de voir se former un nouveau clan bonapartiste autour de l’ex-roi de Rome était telle qu’il avait été décidé de le garder en otage à Vienne.
François Ier, égoïstement, n’a pas dû regretter cette décision qui lui permettait de garder son petit-fils près de lui.
L’enfant était adoré par son grand-père et tous ses oncles et tantes autrichiens. Seule l’impératrice Maria Ludovica conservait sa froideur en face du fils de Napoléon. Elle pensa même, au déplaisir de son mari, faire de l’enfant un évêque, éradiquant ainsi tout risque de descendance.
Il fallait absolument effacer tout souvenir, tout signe du passé impérial de Marie-Louise, livrées de son personnel, blasons sur les voitures.
Parmi ce qui doit être effacé, il y a en premier le mariage avec Napoléon. Le nonce, Mgr Severoli, répand à Vienne l’idée que seul le Pape pouvait accorder la dispense nécessaire à leur mariage. Il était donc invalide mais la mort de Joséphine arrangeait tout. Napoléon étant veuf de sa première épouse, il était tout-à-fait possible de valider le mariage a posteriori.
Ce n’est pas l’avis de l’empereur et de son ministre qui souhaitent une annulation pure et simple. Marie-Louise vécut très mal cette situation ambigüe. Si son mariage n’était pas valide, elle avait donc été la concubine de Napoléon et son fils était un bâtard.
Elle ignore tout de la complaisance de Metternich en 1810. Elle pense que Napoléon ne l’a jamais aimée. La comtesse de Brignole, qui s’est rapprochée d’elle depuis le départ de la duchesse de Montebello, lui révèle l’existence de nombreuses maîtresses de l’Empereur.
Madame de Montebello l’avait insinué, comme le réalise alors Marie-Louise, sans n’avoir jamais rien révélé. Il lui est révélé qu’en 1814, Napoléon n’avait aucune intention de la voir le rejoindre et qu’il souhaitait la voir rejoindre son père. Cela n’est certainement pas vrai et malgré son désarroi, Marie-Louise ne veut pas accepter une légitimation du mariage a posteriori et se considère encore comme son épouse légitime. Elle le doit à son propre honneur et à celui de son fils.
Mais ce ne sont certainement pas ces révélations qui l’ont poussée dans les bras de Neipperg. Dès leur première nuit, elle a probablement été satisfaite de ce qu’il lui apportait, tant sexuellement qu’affectivement.
Les ragots sur sa relation avec Neipperg vont bon train à la Cour. Le 18 novembre1814, Marie-Louise, de plus en plus attachée à son nouveau seigneur et maître, après avoir mené le favori faire une promenade sentimentale dans le parc de Laxenbourg, l’entraînait dans les appartements du Palais pour lui montrer celui qu’elle y occupait avant son mariage.
Par son attitude, elle alimente elle-même ces ragots. De son côté, Neipperg reste fidèle à la mission qui lui a été confiée de la surveiller mais probablement touché par son désarroi, il prend ses intérêts à cœur..
Elle avait écrit, sur son conseil, à l’empereur de Russie et au roi de Prusse pour leur recommander sa candidature au trône ducal de Parme, et le général s’était naturellement empressé d’aller porter lui-même ses lettres.
Les souverains ne l’avaient pas reçu mais leurs réponses avaient été favorables, surtout la plus importante, celle de l’empereur Alexandre, qui s’était montré particulièrement bien disposé vis-à-vis de l’ex-impératrice des Français. Elle avait donc des alliés puissants.
Le tsar Alexandre Ier
Le roi de Prusse Frédéric Guillaume III
La musique est le lien privé avoué entre la duchesse de Parme et son chambellan. Et quand ils font de la musique ensemble, leur porte est fermée aux autres. Le baron de Méneval écrit “que l’Impératrice se porte à merveille; que la musique l’absorbe tout entière, et qu’elle y devient très forte…”
Méneval raconte encore : “Les mardis et les samedis nous avons deux ou trois personnes à dîner et du monde le soir. C’est d’abord le prince de Ligne, vieillard charmant, d’un esprit et d’une amabilité à laquelle rien ne peut se comparer, le prince et la princesse Clary, son gendre et sa fille, le prince et la princesse de Metternich, mais rarement, un ou deux Parmesans qui sont à Vienne, la comtesse Colloredo, ancienne grande maîtresse de l‘Impératrice, le comte d’Edling son ancien grand maître, sa femme et ses deux enfants, quelques ministres et grands officiers autrichiens avec leurs femmes, le prince Eugène, le comte Aldini, le fils de Mme de Brignole et sa belle-fille, les aides de camp du général Neipperg, le prince Lambesc, etc. Il se trouve parmi ces personnes quelques-unes qui sont fort aimables, mais, en général, ces soirées sont un peu sérieuses, pour ne pas dire ennuyeuses. Voilà pourtant tout le plaisir et les agréments de ce séjour.”
Le 10 décembre, deux jours avant son anniversaire, son père vint lui annoncer que les difficultés soulevées par la France et l’Espagne à propos de Parme sont aplanies.
C’est le plus beau cadeau qu’elle peut recevoir. Le soir même, Marie-Louise réunit à sa table, dans un grand dîner, sa belle-mère l’impératrice d’Autriche, l’archiduc Ferdinand, l’archiduc François-Charles, les archiduchesses Léopoldine, Clémentine et Caroline, le prince Antoine de Saxe et la princesse Thérèse. Son père, vu le matin, s’est excusé.
Neipperg est présent à cette réunion exclusivement familiale. Il se mit au piano avec elle et ils chantèrent ensemble.
Le 23 décembre, elle reçut une lettre de Napoléon se plaignant de son silence. La lettre lui fut remise par l’empereur François lui-même. Elle n’eut pas l’autorisation d’y répondre. Elle l’avait promis à son père et à Metternich. Enfreindre cette promesse aurait pu mettre en danger son duché de Parme.
Bal masqué à la Redoute en 1815.
“Le Congrès danse mais il ne marche pas” (Prince de Ligne)
L’année 1815 débute par des dîners, des bals et des courses en traîneaux auxquels Marie-Louise ne participe pas, se contentant de recevoir sa famille.
Le Congrès n’avance toujours pas. Il piétine à nouveaux sur ses droits au duché de Parme car elle n’est toujours pas autorisée à s’y rendre pour en prendre possession. Le Tsar est toutefois à ses côtés. Il allait souvent à Schönbrunn, sans même faire annoncer à l’avance sa visite, lui prodiguer ses témoignages d’amitiés et de courtoisie.
Pour couper court aux ragots et aux rumeurs, Neipperg s’est éloigné un temps de Vienne, allant en mission en Italie.
Marie-Louise se plaint de perdre ainsi un ami sincère et si dévoué. “ Je n’ai pu faire autrement que de montrer beaucoup de confiance au général. Comment aurais-je pu arranger sans cela mes affaires ?..je vous avoue que je lui ai voué une reconnaissance qui ne finira qu’avec ma mort.” écrit-elle à la duchesse de Montebello.
Le général Neipperg revint d’Italie recommençant à prendre en mains les intérêts de Marie-Louise. Il prétendit avoir eu à ce sujet une conversation d’une heure avec le prince de Metternich qui lui avait fait comprendre, entre autres raisons qui retardaient la reconnaissance des droits de l’Impératrice, l’impossibilité où le Congrès se trouvait d’admettre que son fils l’accompagnât en ce moment en Italie.
Il en fit part à Marie-Louise en la suppliant de laisser son fils à Vienne, si la présence de cet enfant en Italie formait le principal obstacle à l’avènement de sa mère au trône de Parme. Il ajouta que Marie-Louise pourrait venir tous les ans rendre visite à son fils à Vienne. C’était un sacrifice bien cruel à lui demander.
Le 14 février, Marie-Louise avait eu chez l’empereur son père, un long entretien, en sa présence, avec M. de Metternich. Elle avait dû très vraisemblablement, au cours de cette entrevue, acquiescer en principe au sacrifice qu’on exigeait d’elle, car elle avait remporté cette fois une assurance ferme que ses droits à la souveraineté de Parme seraient vigoureusement défendus.
Les représentants de l’Angleterre Wellington et Castlereagh, pressentis par Neipperg, et que cette question secondaire intéressait peu, avaient manifesté de leur côté des dispositions favorables aux desiderata de Marie-Louise.
Le duc de Wellington
Lord Castlereagh
Elle allait enfin être duchesse de Parme et pouvoir aller y exercer sa souveraineté. Avec l’empereur d’Autriche, le tsar, le roi de Prusse et le duc de Wellington, les quatre grandes puissances, l’influence de la France et de l’Espagne ne pesaient pas lourd.
Napoléon de son côté continuait à lui écrire, sans obtenir de réponse. Il est certain que son acceptation de l’offre faite n’encourageait pas Marie-Louise à renouer la relation avec son mari.
Le 22 février, Neipperg recevait de Metternich, l’avis de se préparer à partir en mission pour Turin. La nouvelle atteignit Marie-Louise qui manifesta son chagrin de voir éloigner son conseiller. Elle alla trouver son père puis son ministre et obtint que Neipperg ne parte pas avant la conclusion de ses affaires de Parme.
“Mon grand-père, dînant seul avec l’Impératrice, faisait avec elle en sortant de table une partie de billard, quand survint le général, à 9 heures, pour prévenir Marie-Louise de l’ordre qu’il venait de recevoir et de son prochain départ.
L’Impératrice, bien éloignée de s’attendre à une aussi fâcheuse nouvelle, en témoigna aussitôt, paraît-il, le plus vif chagrin. Comment pourrait-elle se passer de son factotum?… Loin de s’y résigner Marie-Louise se rendit le lendemain, tout de suite après son déjeuner, à Vienne chez l’empereur François, auquel elle adressa les plus pressantes sollicitations pour qu’il lui fût permis de conserver le comte Neipperg auprès d’elle, jusqu’à la conclusion définitive de ses affaires de Parme. Au bout du compte ils n’avaient aucun intérêt à la contrarier.” écrivit le baron de Méneval.
Le retour de Napoléon
Le 6 mars 1815 arrivait à Vienne la nouvelle que Napoléon avait quitté l’île d’Elbe. Il n’est pas utile de s’étendre ici sur ce que furent les Cent-Jours.
Il convient de rester à Vienne pour analyser les réactions en premier celles de Marie-Louise. On peut imaginer ce que furent celles de l’empereur François, du Tsar, des différents souverains encore présents à Vienne. Ils renouvelèrent leur alliance afin de mettre fin à cette aventure.
Lettre de Napoléon à Marie-Louise le 11 mars 1815
Marie-Louise, saisie par la soudaineté de cet événement si imprévu pour elle, gardait le silence; mais elle n’en était pas moins, dans son for intérieur, vivement agitée.
Elle comprenait quelle calamité c’était pour les Alliés mais surtout pour elle. Ayant mis un terme, dans son esprit, à sa relation avec Napoléon, elle tremblait pour son duché de Parme dont elle attendait beaucoup.
Indépendance, plaisir, vie sociale, reconnaissance enfin de sa souveraineté. Son père lui aurait dit que si, contre toute probabilité, l’empereur Napoléon réussissait à se maintenir sur le trône, il ne permettrait à sa fille de retourner en France, que lorsque l’expérience de deux ou trois ans aurait prouvé qu’il était possible de se fier à ses dispositions pacifiques.
C’était une habile façon de montrer son désaccord. C’est ainsi qu’un jour Marie-Louise affirmait ne pouvoir retourner en France, parce qu’elle n’entrevoyait pas d’espoir de tranquillité pour ce pays. Une autre fois elle avait soin de déclarer, devant sa petite cour française que si son mari renonçait à ses projets belliqueux, elle estimait que son retour auprès de lui ne rencontrerait pas d’obstacles.
Marie-Louise ne manquait pas alors d’ajouter qu’elle n’éprouverait aucune répugnance à revenir en France, dans cette éventualité, parce qu’elle avait toujours eu du goût pour les Français.
Le 12 mars, après une longue promenade à cheval avec le général Neipperg, et sans doute à la suite d’une conversation qu’elle eût avec lui, Marie-Louise écrivit une lettre : “Au moment où une nouvelle crise menace la tranquillité de l’Europe et redoutant les nouveaux malheurs qui pèsent dur moi, je ne puis espérer un asile plus sûr, une protection plus bienfaisante que celle que j’attends pour moi et mon fils de votre tendresse paternelle. C’est dans vos bras, mon très cher Père, que je me réfugie avec l’être qui me tient le plus à cœur dans ce monde. Je remets en vos mains et sous votre sauvegarde paternelle notre sort.”
Le sort en était jeté.Dans son esprit, il était hors de question de reprendre une vie d’angoisse et de périls. Elle était bien résolue à ne jamais revoir un mari dont l’attitude l’épouvantait.
Peut-on le lui reprocher ? Elle avait quitté une famille aimante pour devenir impératrice, malgré elle, elle y était retournée, malgré elle, et y avait trouvé la sécurité et le confort auxquels elle aspirait. Cette décision lui aliène définitivement l’opinion publique française.
Le 13 mars était publiée, à Vienne, la déclaration des souverains des puissances coalisées contre Napoléon. Il y était dit “qu’en rompant la Convention qui l’avait établi à l’île d’Elbe, Bonaparte, avait détruit le seul titre légal auquel son existence se trouvait attachée; qu’en reparaissant en France avec des projets de trouble et de bouleversement, il s’était privé lui-même de la protection des lois, et avait manifesté, à la face de l’univers, qu’il ne saurait y avoir ni paix ni trève avec lui. Les puissances déclaraient en conséquence que Napoléon Bonaparte s’était placé hors des relations civiles et sociales, et que, comme ennemi et perturbateur du repos du monde, il s’était livré à la vindicte publique.”
Marie-Louise ne pouvait que s’incliner devant les décisions de ceux qui l’avaient recueillie.
Traité de la 7ème Coalition
Devant sa petite cour française qui la suppliait de ne rien faire qui puisse compromettre sa position en France, Marie-Louise ne sut que se retrancher derrière l’obéissance absolue qu’elle avait jurée à son père, désormais son seul appui et son seul protecteur.
Elle leur opposa les principes de soumission entière au chef de leur maison dans lesquels étaient élevées les archiduchesses d’Autriche. Enfin Marie-Louise ajouta que, n’étant plus souveraine indépendante, elle se trouvait hors d’état de résister et de se mettre ainsi en révolte ouverte contre les volontés de l’empereur François et de toute sa famille.
Son avenir, prétendit-elle, celui même de son fils dépendaient de l’obéissance dont ell ferait preuve, et c’était cette perte de toute indépendance qui faisait, disait-elle, le malheur de sa destinée.
Décret impérial du 13 mars 1815
Napoléon installé de nouveau aux Tuileries lui écrivit : “Ma bonne Louise, je suis maître de toute la France. Tout le peuple et toute l’armée sont dans le plus grand enthousiasme. Le soi-disant roi est passé en Angleterre. Je t’attends pour le mois d’avril ici avec mon fils. Adieu mon amie.—Napoléon”
Il tenta une démarche auprès de son beau-père pour récupérer sa femme et son fils. Bien entendu, en vain.
Un coup allait être assené à Marie-Louise. Son fils lui était enlevé. Il devait être installé à la Hofburg alors qu’elle restait à Schönbrunn. On craignait qu’il ne fût enlevé par des Français. La comtesse de Montesquiou, “ Maman Quiou” allait devoir le quitter.
“Le 20 mars 1815, anniversaire du jeune prince, Mme de Montesquiou lui apprit qu’il avait quatre ans et lui demanda depuis combien de temps il l’aimait. — Depuis quatre ans dit l’enfant, et il ajouta, je vous aimerai toute ma vie. »
A ce moment, le grand chambellan, le comte d’Urban fut annoncé. La gouvernante crut sa visite motivée par l’anniversaire du prince. Après quelques instants, le comte déclara d’un air embarrassé qu’il désirait entretenir la comtesse de Montesquiou en particulier.
— Madame, dit-il, mon maître m’a chargé de vous dire que les circonstances politiques le forcent à faire des changements dans l’éducation de son petit-fils. Il vous remercie des soins que vous lui avez donnés et vous prie de partir sur le champ pour Paris.
Bouleversée par ces paroles, Mme de Montesquiou exigea que le docteur Freud, médecin de l’enfant, l’examinât et qu’il délivrât un certificat prouvant que son élève était en parfaite santé au moment où elle le quittait.
Puis, elle attendit pour quitter l’enfant qu’il fût endormi ; elle l’embrassa plusieurs fois et attacha à son lit, un petit crucifix, qu’il avait souvent désiré. Les jours suivants, l’empereur d’Autriche fit ajourner le départ. On assigna à la comtesse de Montesquiou un appartement à Vienne, à la Plankengasse, où elle demeura quelques mois avec son fils Anatole.” rapporte Fanny Soufflot dans ses Mémoires.
Le 25 mars, les Alliés signaient un nouveau traité. Le 28 mars, Wellington quittait Vienne pour aller préparer les troupes britanniques au combat. Toutes les forces de l’Europe, coalisées contre la France et contre son chef, se préparaient à se mettre en marche sur Paris.
Le 1er avril, Neipperg quittait Vienne pour se rendre en Italie, y laissant Marie-Louise qui lui recommande de veiller sur ses états de Parme. Il allait combattre Murat revenu de son alliance avec les ennemis de son beau-frère.
Le 2 avril, Marie-Louise déclara au baron de Méneval qu’elle acceptait de s’établir à Parme, sans son fils. Un émissaire, Mr de Montrond, fut envoyé par Caulaincourt pour convaincre Marie-Louise de retourner en France.
Selon ses mémoires, Montrond aurait même reçu l’ordre de l’enlever. Le 30 avril mourait la comtesse Neipperg. Cette dernière avait peu compté pour son mari et encore moins depuis qu’il s’était fait le champion de Marie-Louise avec laquelle il échangea une longue correspondance.
Devant l’issue incertaine de la nouvelle coalition, Napoléon ayant plusieurs fois prouvé sa capacité à se relever, Marie-Louise s’étourdissait pour ne pas penser à son futur, pour le cas où Napoléon serait de nouveau vainqueur. Non seulement, elle ne serait pas duchesse de Parme, ne serait certainement plus impératrice, elle serait une paria au sein de sa propre famille, devenue la cousine pauvre que l’on garde par charité.
Mais le 18 juin 1815, à Waterloo, Marie-Louise se voyait devenir définitivement duchesse de Parme, suivant l’article 99 du dernier acte du Congrès de Vienne. Elle apprit la nouvelle , réjouissante pour elle, lors de sa villégiature à Baden, près de Vienne. L
Le retour de Louis XVIII à Paris écartait définitivement l’idée d’une régence pour elle. Elle fut toutefois affectée par l’exil de Napoléon à Sainte-Hélène. “ Cette situation malheureuse de napoléon affecte et me blesse. Son sort me paraît très dur…” Mais il était définitivement sorti de sa vie.
Avant de tourner cette page de sa vie avec , elle intercède en faveur de Napoléon auprès de Metternich. “ Les sentiments du devoir et d’honneur exigent de moi que je m’intéresse une dernière fois au sort de l’homme auquel la politique m’avait liée et qui est le père de mon enfant. La magnanimité des souverains ne permettra pas qu’il soit traité avec ignominie. Ses malheurs leur suffiront. Ils ne voudront pas les aggraver par des souffrances personnelles et d’user contre lui d’autre droit que celui du vainqueur. Je crois que leur propre honneur exige que leur générosité s’étende jusqu’à lui et je vous serais bien reconnaissante, monsieur le prince, de tout ce que vous voudrez bien faire à cet égard en sa faveur. Je compte sur votre assistance et vous prie d’être assurée de ma gratitude et de ma haute considération.” Elle pressentait et redoutait sans doute ce que l’avenir réservait à Napoléon.
Le champ de Bataille de Waterloo par William Turnee (1818)
Ce ne fut que le 15 février 1816 qu’elle eut enfin l’autorisation de partir pour Parme. Elle prit la route le 7 mars.
Son fils depuis le 30 juin 1815 était placé sous la gouvernance du comte Maurice Dietrichstein, chargé d’en faire un bon Autrichien.
Le duc de Reichstadt en costume hongrois
“ Je veux le faire élever dans les principes de ma patrie…Je veux en faire tout-à-fait un prince allemand aussi loyal et aussi brave…Je veux, quand il sera grand, qu’il serve sa nouvelle patrie. Ce seront ses talents, son esprit, sa chevalerie qui devront lui faire un nom, car celui qu’il par sa naissance n’est malheureusement pas beau…” Le 22 juillet 1818, il devenait duc de Reichstadt.
On peut supposer qu’abandonner son fils a dû être très difficile pour Marie-Louise car elle l’aimait.
Elle a écrit à la duchesse de Montebello : “ J’ai passé de cruels moments lorsque j’ai été obligée de me séparer de mon pauvre fils qui m’a bien peinée par sa douleur.”
Avait-elle le choix ? Pas vraiment. Elle aurait pu se contenter de rester à Vienne, sans position réelle, pour ne pas le perdre, menant avec lui la vie de simplicité à laquelle elle avait aspiré. Mais l’enfant, sans lui être enlevé, aurait certainement été prisonnier de la politique de Metternich comme il le fut ensuite.
Elle choisit d’être duchesse régnante de Parme, retrouvant ainsi position et liberté, pouvant enfin mener sa vie extra conjugale avec son amant, le comte Neipperg qui l’accompagnait pour devenir le chef de son gouvernement. Le couple s’arrêta à Venise où elle eut l’impression de vivre “une petite lune de miel.” (Merci à Patrick Germain pour cette 7ème partie – A suivre…)
Les armes de la nouvelle duchesse de Parme, Plaisance et Guastalla
Régine ⋅ Actualité 2024, Autriche, Bavière, Bourbon-Parme, Espagne, Italie, Neipperg, Portraits 35 Comments
Gilles de Bise
10 novembre 2024 @ 06:59
Passionnant et particulièrement instructif sur une période de l’Histoire qui préfigure l’époque nous vivons. .
aubert
10 novembre 2024 @ 13:16
…et qui nous rappelle qu’avant n’était pas mieux qu’aujourd-hui. Qu’un pape pouvait créer un état en faveur de son bâtard. Que le sort, tant décrié ici, d’un prince danois exilé aux USA et ses enfants rétrogradés n’est pas si terrible comparé à d’autres de l’histoire des royautés.
Goélette
15 novembre 2024 @ 22:13
Aujourd’hui les papes peuvent créer des états et les donner à leurs bâtars?
J’ai du rater une « presse de caniveau » !
Pascal Hervé
10 novembre 2024 @ 07:04
En lisant ces lignes je ne peux que dire que la défaite de Waterlo fut une excellente chose ,mettant fin à ”l’épopée” d’un trublion qui n’avait que trop semé le trouble à travers l’Europe.
’’ Napoléon Bonaparte s’était placé hors des relations civiles et sociales, et que, comme ennemi et perturbateur du repos du monde, il s’était livré à la vindicte publique.”
Il y a eu des choses décisives sur le plan administratif sous Napoléon, reste à savoir si elles furent entièrement bonnes , mais le reste fut détestable.
Reste qu’il fallait quelqu’un pour sortir les Français des ornières sanglantes de la révolution, mais ce fut d’une manière elle aussi sanglante.
Le vrai responsable ce n’est pas Bonaparte ce sont les révolutionnaires depuis la constituante .
Gilles de Bise
10 novembre 2024 @ 09:19
Comme le disent des bons historiens, « Bonaparte était un grand, Napoléon un conquérant sans réflexion qui a auto-détruit son empire irréaliste ».
Robespierre
10 novembre 2024 @ 11:15
je ne suis ni historien ni bon historien mais je suis d’accord avec votre citation.
Cosmo
10 novembre 2024 @ 11:18
Le problème est que la bataille de Waterloo, si elle a mis fin à la carrière de Napoléon, n’a réglè aucun problème. Le Congrès de Vienne a donné naissance à un ordre européen, autoritaire voire tyrannique, qui a volé en éclats en 1848, puis en 1870.
En fait l’histoire du XIXe siècle commence à la bataille de Valmy, après la proclamation du duc de Brunswick. Cet évènement a institué le nouvel ordre européen fondé non plus sur la souveraineté dynastique, mais sur la souveraineté nationale ou populaire. Cette souveraineté a donné la conception de la Nation qui a donné naissance à l’Italie, l’Allemagne et d’autres, entraînant la perte de la monarchie habsbourgeoise, par essence supranationale. Les monarques d’Ancien Régime menaient des guerres de conquêtes aussi meurtrières que celles qui ont suivi. Louis XIV n’a pas plus épargné la vie des hommes que Napoléon. La grande différence réside dans le fait que les guerres post-révolutionnaires ont engendré la haine entre les peuples. Désormais la guerre n’était plus « jeux de princes » mais conflits entre les peuples, chacun pensant avoir le droit avec lui. Je regrette l’ordre ancien mais on ne peut rien changer.
Bonne semaine
Cosmo
Kalistéa
11 novembre 2024 @ 11:08
Oui , totalement d’accord avec vous cher Cosmo . Comme vous dites si bien : »waterloo n’a rien réglè » et si on eût suivi napoléon au lieu de le combattre à mort jusqu’à ce qu’il tombe , il y a longtemps que l ‘EUROPE serait une immense et grande fédération la plus puissante du monde , et trois horribles guerres , les plus meurtrières de l’histoire du monde auraient été évitées !
Robespierre
10 novembre 2024 @ 08:42
Au début de ce récit, on voit que le duché de Parme fut créé pour le fils d’un pape. Quelle époque !
On a bcp blâmé Marie-Louise d’avoir tourné cette page dont parle Cosmo, mais que pouvait-elle faire d’autre ? S’évader ? Les Français auraient trouvé cela très bien, mais ensuite ? Elle aurait mécontenté les Alliés et Parme n’aurait plus été possible. Le Sort lui offrit une seconde chance, celle d’une vie indépendante et loin des ors, et de la prison, des Tuileries où elle était traitée comme une idole, ou une incapable. Et loin de la cour de Vienne où elle n’était qu’une femme sans mari ni statut.
Moi personnellement, j’estime que la validité de son mariage avec Napoléon était contestable. Et tous ces gens importants, dont l’empereur d’Autriche le savaient. C’est tout à l’honneur de Marie-Louise d’avoir refusé une annulation, elle pensait surtout à son fils dont elle ne voulait pas faire un bâtard. Une annulation lui aurait permis un mariage secret avec Neipperg devenu veuf. Elle préféra une vie sentimentale clandestine jusqu’à la mort de Napoléon. Car son fils on lui avait tout pris. On avait fait miroiter à Marie-Louise la succession du duché de Parme pour son enfant. Et il n’en fut rien.
Elle cessa d’aimer Napoléon et s’attacha à un autre. Et puis les absents ont toujours tort. Je ne plains pas Napoléon. Son orgueil précipita la perte de son statut, la perte de sa femme et la perte de son fils. Il n’avait jamais pensé qu’à lui, il était bon que maintenant Marie-Louise pense à elle.
Passiflore
10 novembre 2024 @ 09:44
Le pape Paul III doit avoir des milliers de descendants dont Amélie de Bourbon-Parme qui vient de sortir le 2e tome de sa trilogie sur son ancêtre.
Il a fait appel aux plus grands artistes de son temps, Michel-Ange, Raphaël, ou Titien, pour construire le palais Farnèse, actuelle ambassade de France en Italie.
lsc
10 novembre 2024 @ 10:46
Je souscris à votre propos. Je pense que Marie Louise a laissé un bon souvenir à Parme: lors d’un séjour à Vienne en 2006, j’ai constaté que sa tombe à la crypte des Capucins était fleurie par des délégations parmesanes.
J’ai aussi beaucoup aimé la phrase du prince de Metternich: « la branche de la Maison de Bourbon, anciennement en possession de Parme, se remue beaucoup ». Il ne se doutait pas que son propos était prémonitoire!
Kalistéa
10 novembre 2024 @ 11:44
Cher Robespierre je pense totalement comme vous. Il est temps qu’on oublie le personnage frivole que nous a imposé Rostand. Marie Louise a eu des problèmes à résoudre dans sa vie , fort compliqués. Elle était loin d’être sotte et était d’un caractère docile et aimant. Mais qui aurait fait mieux , à sa place?
Cosmo en profite pour nous faire un éclairage sur ce duché de Parme ( qui fut également donné à Pauline Bonaparte , ne l’oublions pas ) qui reste toujours un peu mystérieux .
Vous avez raison Roby: drôle d’époque où des papes mettaient leurs enfants naturels à la tête de petits états qu’ensuite ils ne rêvaient que d’agrandir ! Ce Pierluiggi Farnese dont Cosmo nous a déniché le portrait est l’image même du ruffian- condottiere : il nous fait frémir !
Marie-Caroline de Bretagne
12 novembre 2024 @ 09:35
Kalistea, c’est Cambacérès, ex-2e consul devenu archichancelier de l’Empire, qui fut titré duc de Parme en 1808. Lebrun, 3e ex-consul devenu architrésorier de l’Empire, fut titré duc de Plaisance en 1806. La même année, Pauline Bonaparte fut crée duchesse de Guastalla qu’elle revendit fissa à l’Empire ou au royaume d’Italie. Amusant de noter que Marie-Louise devint duchesse de Parme, Plaisance et Guastalla …
Passiflore
10 novembre 2024 @ 09:07
Bravo, Cosmo, d’avoir si bien débrouiller tous ces écheveaux !
Passiflore
10 novembre 2024 @ 09:16
débrouillé, non ?
Perlaine de Bretagne
10 novembre 2024 @ 12:00
Passiflore vous vous êtes bien débrouillée
Passiflore
11 novembre 2024 @ 10:00
Perlaine, à force de voir des fautes d’orthographe (ce n’est pas un reproche, c’est une constatation) on finit par perdre son latin et, même, son français !
Je vous avais répondu sur Halloween mais les articles se succèdent à la Vitesse grand V !
Perlaine de Bretagne
13 novembre 2024 @ 14:39
hélas Passiflore ! Mais j’ai lu !
Laure-Marie Sabre
10 novembre 2024 @ 09:21
Et tout au long du XIXeme siècle, une foule de petites filles nées en Emilie ont été baptisées Marie-Louise.
Robespierre
10 novembre 2024 @ 11:19
Quand on va à Parme, ce qui étonne, c’est l’amour que les Parmesans portent encore à leur duchesse Maria-Luigia. Et pourtant son règne ne fut pas long. Le petit-fils de Juliana des Pays-Bas a essayé de se créer là-bas un statut et si possible un pied à terre ds un palais local, mais il ne rencontre qu’indifférence. L’homme est arrogant et peu sympathique et je suppose que les Parmesans l’ont remarqué.
Quelque chose n’a pas collé, il n’est sûrement pas « un gran simpaticone ».
Baboula
10 novembre 2024 @ 10:09
Je n’ai rien à dire devant tant d’érudition.
Un magnifique travail de recherche, devant lequel les copiés collés devraient s’effacer .
Perlaine de Bretagne
10 novembre 2024 @ 11:51
Je suis tous les épisodes avec un intérêt admiratif , je me permets de donner mon avis sur l’ogre , je ne l’aime pas particulièrement mais , je le remercie pour tout le bien qu’il a apporté à ma région qu’il aimait beaucoup et connaissait très bien , les plans de NY (USA) ont été défini par la création de Napoléonville (Pontivy) le canal de Nantes à Brest c’est sa décision – Je lui en veux simplement sur un point , si je suis pen-ar-bed au 3/4 , j’ai 1/4 de morbihannaise à cause de sa décision d’obliger l’un de ces amis qui désirait augmenter son domaine (dans l’extrême Ouest du Morbihan) et donc en aurait eu un morceau dans la Cornouaille finistérienne Sud , donc il fit changer légèrement le contour du Morbihan qui présente donc une pointe en avancée en terrain ennemi (rire) – Du coup il m’a fallu apprendre dans ma prime enfance deux formes de breton – Sacré sacré Charlemagne euh Bastia Napoléone !
Kalistéa
11 novembre 2024 @ 11:16
BASTA …de se moquer de Napoleone qui , certes touchait à tout. Il y a une ville en Louisiane nommée » Napoléonville » qui est jumelée avec Pontivy.
chère Perlaine j’ai rencontré de ces Américains qui sont venus à Pontivy et ne tarissent pas d’éloges sur la Bretagne ce qui devrait vous enchanter .
Perlaine de Bretagne
13 novembre 2024 @ 14:42
KALISTEA mais la Corse m’a enchantée itou , vous pensez trouver en bout sud de l’Ile des menhirs sauvages non revisités par l’Humain et encore dans leur gangue de maquis , je ne vous dis pas mon bonheur !
Kalistéa
15 novembre 2024 @ 22:18
Je reconnais cependant qu’ils ne valent pas les vôtres chère Perlaine !
Pour les menhirs, vous êtes très forts …
Marie-Caroline de Bretagne
10 novembre 2024 @ 12:21
7e partie particulièrement intéressante à propos de l’attribution à Marie-Louise des duchés de Parme, Plaisance et Guastalla. Je reste surprise que l’Espagne et la France aient finalement accepté que les Bourbons perdent ces duchés. Par ailleurs, pourquoi accorder un état officiellement indépendant à l’épouse de l’empereur vaincu et exilé ? L’Autriche n’en avait pas besoin pour contrôler d’une façon ou d’une autre la plus grande partie de l’Italie. À mes yeux, les puissances alliées ont tout simplement fait fi de la « légitimité » qu’elles étaient censées incarner. Quant aux choix privés de Marie-Louise, force est de reconnaître qu’ils n’en donnent pas une image très glorieuse. Je ne lui reproche pas tant d’avoir « oublié » son époux. Après tout, ce mariage lui avait été imposé même si Marie-Louise a toujours honnêtement souligné qu’elle n’avait pas été malheureuse avec Napoléon. Sa liaison avec Neipperg montre une personnalité effacée, influençable et malléable même si les incertitudes de sa vie d’alors et de son avenir peuvent en partie expliquer son attitude. En revanche, son abandon de son fils est choquant. L’Histoire aurait conservé une toute autre image d’elle si elle s’était installée non loin de Vienne avec son fils en menant la vie tranquille à laquelle elle aspirait fondamentalement. Après tout, si on trouvait sa position fausse ou gênante, on pouvait en faire une duchesse de Reichstadt, sujette de l’empereur d’Autriche.
Son réel désir d’obtenir la souveraineté de Parme au prix de d’abandonner son fils à Vienne reste incompréhensible et inexcusable.
Mario
12 novembre 2024 @ 20:21
Dans notre compagnie savons les titres ne suffisent sauf pour images, un apanage est toujours utile pour le pain.
Mayg
10 novembre 2024 @ 15:09
Je trouve Marie Louise bien trop pressée d’aller retrouver le duché de Parme pour y vivre avec son amant, quitte à laisser son propre fils ! Elle a choisi la liberté de vivre comme bon lui semble ( alors qu’elle était encore mariée à Napoléon…), au détriment de son enfant. Même si l’enfant était un otage politique à Vienne, elle aurait pu, je dirais même qu’elle aurait dû rester au près de lui. Elle a choisi son amant plutôt que son fils !
Cosmo
12 novembre 2024 @ 09:16
Je ne partage pas votre opinion, ni celle de Marie de Bretagne. Oui Marie-Louise voulait se voir attribuer ce duché de Parme, mais elle a été flouée car il avait été convenu que son fils lui succéderait. Metternich ne voulait aucun Bonaparte sur aucun trône. Et laisser le fils de Marie-Louise lui succéder représentait à ses yeux le danger majeur de voir le Bonapartisme de recréer à Parme et s’étendre à la France, et sans doute à l’Italie.
Si elle n’avait pas été duchesse de Parme, elle n’aurait rien été. Rappelez-vous le destin de la princesse Louise-Elisabeth d’Orléans mariée à Louis Ier d’Espagne, en 1722. A la mort de son mari, en 1724, elle fut renvoyée en France, sans douaire, et mourut 18 plus tard dans l’anonymat.
Marie-Louise n’aurait eu aucun place à Vienne et il n’est pas certain que son fils lui soit resté, tant la haine de Metternich à l’encontre des Bonaparte était grande. Archiduchesse d’Autriche, Impératrice des Français, Majesté, pouvait-elle finir duchesse de Reichstadt, c’est-à-dire sans aucun pouvoir ?
Bonne semaine
Cosmo
Robespierre
12 novembre 2024 @ 12:57
Cosmo, j’ai écrit, en d’autre termes, mais avec le même raisonnement ce que vous expliquez ci-dessus. Point par point. Mais le bug a « mangé » mon post et je ne l’ai pas réécrit. Tant pis. Ce n’est pas grave.
Robespierre
13 novembre 2024 @ 10:00
autreS termes…
Marie-Caroline de Bretagne
14 novembre 2024 @ 10:39
Merci cher Cosmo pour votre réponse. Ce souhait d’obtenir le duché de Parme n’est-il pas en contradiction avec le désir affiché par Marie-Louise de vivre tranquillement ? Comment a-t-elle pu espérer que son fils lui succéderait un jour ? A-t-elle été naïve au point de croire que ce dernier la rejoindrait en Italie ? J’en doute. Un établissement en Autriche lui aurait permis de vivre auprès de son fils. Si elle l’avait vraiment voulu, l’ex-impératrice pouvait, selon moi, accepter de « finir » en duchesse de Reichstadt, bien dotée.
Cosmo
14 novembre 2024 @ 12:07
Chère Marie-Caroline,
Parme a offert à Marie-Louise la tranquillité qu’elle souhaitait. Oui, elle a été naïve en faisant confiance à son père qui s’est soumis aux ordres de Metternich. Il ne faut pas oublier qu’elle n’aurait pas pu vivre sa liaison à Neipperg à Vienne comme elle l’a fait à Parme. Une archiduchesse d’Autriche, impératrice déchue, avait peu de choix. Je ne crois pas qu’on l’aurait autorisée à rester à Vienne où elle était inutile alors qu’à Parme, elle servait les intérêts de l’empire, ce qui satisfaisait son orgueil familial.
Il ne faut pas oublier, non plus, que les relations parents/enfants n’étaient pas au XIXe celles d’aujourd’hui. Une mère du grand monde n’aurait pas sacrifié sa position pour sa progéniture, à l’exception de la duchesse de Montebello. Marie-Louise était probablement archiduchesse avant d’être mère. Et l’enfant ne fut pas malheureux dans sa famille autrichienne, au contraire.
Bonne fin de semaine
Cosmo
Actarus
10 novembre 2024 @ 16:29
Il faut carrément une pierre de rosette pour déchiffrer la calligraphie de Napoléon. C’est illisible.
Kalistéa
12 novembre 2024 @ 10:26
Cher Actarus , baeucoup d’écritures de cette époque sont illisibles pour des gens comme nous, habitués à l’école maternelle à écrire en script et surtout à lire l’imprimerie. L’oeil des personnes lettrées des siècles précédant le 20e , était exercé .Cependant il est vrai que Napoléon avait une écriture très difficile (excepté
pour son testament écrit de sa main à sainte Hélène où il s’est appliqué et qui est parfaitement clair .)
Tous les compagnons de l’Empereur à sainte Hélène prenaient des notes du moindre évènement survenu et de ce que disait Napoléon qui n’était pas comme Guillaume d’Orange , un « taciturne » . Je défie quiconque qui ne s’est pas spécialisé dans le décryptage des manuscrits( sauf notre Thibaut le Chartrain peut être ?) de lire ne serait ce qu’une ligne des écrits de Bertrand .