Les plus grands artistes, de Chateaubriand à Sacha Guitry, ont alimenté sa légende noire, tout en faisant passer à la postérité quelques-uns des plus beaux traits d’esprit de la langue française.
Tâchant de réconcilier les différentes facettes de ce personnage mythique, cette biographie étudie à nouveaux frais, à l’aide de témoignages peu connus, la formation et l’évolution de la pensée de l’évêque défroqué devenu le premier président du Conseil de notre histoire, mais aussi ses goûts artistiques et littéraires, ses réseaux, ses méthodes de travail et enfin ses relations houleuses avec Napoléon, qu’il admirait et haïssait tout à la fois, mais aussi avec Louis XVIII, Charles X et enfin Louis-Philippe, sans oublier son meilleur ennemi Fouché.
Splendidement illustrée par les collections de manuscrits, de gravures, de livres rares et de dessins de la Bibliothèque nationale de France, cet ouvrage a bénéficié de l’apport inattendu de documents inédits tirés des Archives diplomatiques et d’une sélection de tableaux provenant des plus grands musées.
Le récit percutant de cette vie hors du commun constitue, pour les étudiants comme pour le grand public, une introduction à l’histoire mouvementée de l’âge des révolutions, mais aussi une synthèse efficace sur l’histoire des relations internationales au XIXe siècle.
« Tayllerand. La puissance de l’équilibre », Charles Eloi Vial, Perrin, 2025, 256 p.
23 avril 2025 @ 07:16
Un sujet et un auteur qui permettent de penser que cette biographie, un genre que j’affectionne particulièrement, devrait être passionnante et bien documentée. Talleyrand méritait une nouvelle approche impartiale, enfin le plus possible, car l’histoire d’un personnage aussi important est toujours difficile à cerner.
23 avril 2025 @ 07:18
La force de l’équilibre de Talleyrand c’était de savoir faire de l’argent. C’est toujours la meilleure garantie en politique.
Apparemment l’ouvrage glisse sur le côté financier.
23 avril 2025 @ 08:04
L’ « inédit » est peut-être à chercher du côté de l’iconographie… pour le reste, peut-être une commande de l’ éditeur passée à un historien réputé
23 avril 2025 @ 08:52
« Sire, le Prince de Talleyrand est mort » annonce-t-on à Louis-Philippe.
– Est-on bien sûr qu’il en soit ainsi? C’est qu’avec Talleyrand il ne faut jamais juger sur les apparences, et je ne vois pas quel intérêt il avait à mourir à cet instant précis »
23 avril 2025 @ 09:09
Si le vice président Vance se ridiculisa dimanche en disant au pape qu’il était heureux de voir qu’il allait mieux, lorsque Louis Philippe et Madame Adélaïde se rendirent au chevet du prince agonisant, le roi lui demanda s’il souffrait beaucoup. Ce à quoi Talleyrand répondit « comme un damné », réplique à laquelle Louis Philippe ne put s’empêcher de rétorquer « déjà ».
23 avril 2025 @ 09:14
François de La Rochefoucauld, duc de Liancourt, créateur de l’école des Arts et Métiers, avait hérité de la charge de grand-maître de la garde-robe du Roi. Il vivait dans un somptueux château à Liancourt, dans l’Oise. Après la lapidation de son cousin Louis-Alexandre, en 1792, il émigre en Angleterre où Mme de Staël tiendra salon avec Talleyrand en 1793, puis part pour l’Amérique, fin 1794. Talleyrand, qu’il connaissait bien, y était arrivé quelques mois avant lui. A Philadelphie, Liancourt et Talleyrand se considèrent comme des « touristes involontaires ». Ils ne parlent pas anglais et critiquent les Américains, comme le révèlent leurs correspondances et leurs journaux. Ils sont reçus partout mais ils estiment que les Américains sont obsédés par l’argent et dénués de culture. Ils parlent de la « nullité des classes supérieures », trouvent les dîners « ennuyeux », se lamentent sur « le manque de grâce des femmes » et sur le mobilier de leurs hôtes, en particulier… « sur leurs pianos, désaccordés, quand ils en possédaient ». Talleyrand dit aussi : « Les Etats d’Amérique sont un pays où, s’il y a trente-deux religions, il n’y a qu’un seul plat – et il est mauvais ».
En 1796, Talleyrand quitte Philadelphie pour revenir en France.
23 avril 2025 @ 09:20
A la mort de Talleyrand, la bibliothèque de Valençay comptait près de quinze mille volumes et plus de deux cents dans sa chambre. Dans la collection « En verve » sur Talleyrand, par Eric Schell, on trouve un grand nombre de ses citations : De Fouché il disait « Monsieur le préfet de police c’est pousser un peu loin la manie des arrestations que de faire arrêter les aiguilles de la pendule de l’Opéra » ; de Louis XVIII : « c’est un malheur pour une nation qu’un bon homme dans une place qui exige un grand homme » ; de Napoléon : « L’empereur a té compromis le jour où il a pu faire un quart d’heure plus tôt ce que j’obtenais qu’il fît un quart d’heure plus tard » ; de Madame de Staël : « Elle jetterait ses amis à la rivière pour avoir le plaisir ensuite de les pêcher à la ligne ». A propos d’un décolleté : « En vérité il est impossible de plus découvrir et de moins montrer car quand ce qu’on montre est joli, c’est indécent, quand ce qu’on montre est laid, c’est très laid ».