Edifié pour Nicolas Fouquet par de très grands artistes et jalousé par Louis XIV, le château de Vaux préfigure la splendeur de Versailles et demeure l’un des chefs d’oeuvre du XVIIe siècle.
Appartenant à la noblesse de robe, Fouquet est entré au Parlement de Paris à 20 ans, puis après avoir été procureur général de cette juridiction, est devenu surintendant des Finances de Mazarin. Enivré de sa puissance, Nicolas Fouquet a pris comme devise « quo non ascendam » (« Jusqu’où ne monterai-je pas ? « ). Sur ses armes, figure un écureuil.
En 1656, il décide de faire bâtir dans sa seigneurie de Vaux, un château qui atteste sa réussite. Faisant preuve d’un goût excellent, il appelle auprès de lui 3 grands artistes : Louis Le Vau, architecte; Charles Le Brun, décorateur et André Le Nôtre, jardinier. Les constructeurs ont reçu carte blanche : 18.000 ouvriers travaillent au chantier et 3 villages sont rasés.
Le château est érigé sur une terrasse entourée de douves, formant socle au-dessus des jardins. Son organisation s’articule le long d’un axe de symétrie parfait : les communs et dépendances précèdent la cour d’honneur. La décoration des façades et même des toitures avec les pots à feu, est caractéristique de la première période de l’architecture Louis XIV.
La façade donnant sur les jardins avec la rotonde centrale et sa coupole à lanterne, ses pavillons d’angle, ses statues, composent un ensemble majestueux, non sans lourdeur.
Les jardins sont le premier exemple de jardin « à la française » dont Le Nôtre a supervisé l’aménagement, en lieu et place de marécages. Deux parterres de broderies, appelés « le boulingrin » se déploient au pied du château.
Les trois principales lignes d’eau constituées par les douves du château, les bassins allongés des canaux et le Grand Canal (situé dans un vallon) apparaissent au dernier moment, de façon assez théâtrale. Le Nôtre a utilisé la topographie du terrain pour ménager des surprises, au gré de la promenade dans les jardins, car les miroirs d’eau sont invisibles depuis le château.
La composition des Grottes semble reposer sur la bordure du dernier bassin carré, au centre de la perspective des jardins. Les niches abritent deux dieux-fleuves, vestiges imporatnts de la statuaire du XVII siècle à Vaux. Mademoiselle de Scudéry voulait y reconnaître le Tibre et l’Anqueil, nom local du ruisseu coulant en ce lieu.
Le 17 août 1661, après un banquet où Vatel, son cuisinier s’est surpassé, Fouquet offre dans ses jardins de somptueux divertissements au jeune Louis XIV. Ce sont des ballets champêtres, des cocnerts, des joutes sur l’eau au milieu de 1.200 jets d’eau et des casacades. Dans un théâtre de verdure, Molière et sa troupe jouent pour la première fois, « Les Fâcheux ». On connaît la suite : le roi blessé dans son orgueil par ce faste et ce raffinement qui dépassent ceux de la Cour, le fera arrêter quelques jours plus tard.
Après la mort du fils de Nicolas Fouquet, le domaine est acheté par le maréchal de Villars, puis par le duc de Choiseul-Praslin, ministre de Lousi XV. Le domaine franchit la révolution sans trop de dommages puis est acheté par un grand industriel, Monsieur Sommier en 1875. Il le restaure, le remeuble, remet le parc en état et ses descendants poursuivent son oeuvre encore aujourd’hui.
Six pièces de gran apparat ouvrent, de part et d’autre du garnd salon, sur les jardins. Elles doivent leur unité décorative aux peintures de plafond de Le Brun. Le salon des Muses doit son nom aux neuf muses qui habitent l’admirable plafond imaginé par Charles Le Brun, sans aucun doute le plus beau de ceux réaisés à Vaux (Clio sur la toile centrale et les huit autres muses aux quatre angles). Au fond du salon, surélevé d’une marche formant estrade. Molière protégé de Fouquet, interpréta le 12 juillet 1661 « L’école des maris » devant Henriette de France, reine d’Angleterre et sa fille la duchesse d’Orléans. Le salon des muses fut ensuite le salon de compagnie du Maréchal et de la duchesse de Villars. Louis XIV et la reine Marie Leczinska y furent accueillis.
Le cabinet des jeux est la pièce la plus gaie et la plus intime du rez-de-chaussée. Ce petit salon est décoré de fleurs, d’Amours et d’écureuils, peints avec la finesse d’une miniature. Au centre du plafond, Le Brun a exécuté son chef d’oeuvre : « Le Sommeil », divinité endormie sur les nuages et qui répand quelques fleurs de pavot.
L’antichambre d’Hercule abrite la statue équestre de Louis XIV par Girardon, maquette en bronze du monument de la place Vendôme disparu à la révolution. Elle est consacrée à Hercule, symbole de la puissance et de la réussite du Surintendant. Le Brun a représenté au centre du plafond le demi-dieu arrivant à Olympe. La salle est ornée de toiles de grands artsites comme Van Loo et Rigaud.
Le grand salon est demeuré inachevé à la suite de l’arrestation de Fouquet. La coupole (à 18m du sol) devait recevoir une fresque de Le Brun : le Palais du Soleil. Les cariatides qui la supportent sont attribuées à Girardon : ornées du signe du zodiaque, elle symbolisent les 12 mois et les 4 saisons. Les bustes des empereurs et personnages romains proviennent de la collection du prince Napoléon.
L’antichambre a été transformée en bibliothèque, et dotée d’un beau mobilier Régence. Elle a été installée dans cette pièce par les Choiseul-Praslin à la veille de la Révolution et possède un grand bureau de Levasseur.
La Salle des Buffets est probablement l’ancienne salle à manger de Fouquet. Les boiseries présentent un décor d’arabesques, de rinceaux et de grotesques.
Les petits appartements s’organisent au premier étage où vivaient Monsieur et Madame Fouquet. Cette chambre à coucher où Fouquet a vécu ses dernières nuits de liberté, a conservé son décor malgré les goûts changeants des siècles. Aux murs, sont pendues cinq tapisseries de la série des Mois d’après des cartons de Lucas de Leyde. Ces tapisseries sont la copie d’une tenture originale que Fouquet avait choisie pour sa chambre et que le Roi avait saisie pour la placer dans ses collections. (Un grand merci à Francky pour cet article, ses recherches et ses photos)
jul
20 juin 2011 @ 06:20
Hola Francky
votre reportage est somptueux ! en particulier les photos
Merci pour cette visite.
Damien B.
20 juin 2011 @ 07:50
Félicitations Francky pour ce reportage superbement illustré et très plaisant à lire !
C’est bien agréable de commencer la journée de la sorte.
guizmo
20 juin 2011 @ 07:50
Merci pour cette visite commentée trés intéressante.
agnes
20 juin 2011 @ 08:24
Article très intéressant.
La chambre à coucher me fait frémir d´horreur.
Pascale (37)
20 juin 2011 @ 08:26
Je ne dirai qu’une seule chose : splendide reportage
palatine
20 juin 2011 @ 08:44
Merci Francky, très beau reportage.
palatine
20 juin 2011 @ 09:15
la devise de Fouquet était un peu « casse gueule » pour une personne superstitieuse comme moi.
Mais c’est vrai qu’un écureuil va haut, comme Icare.
cosmo
20 juin 2011 @ 15:12
Roi ou non, le soleil brûle!
Nemausus
20 juin 2011 @ 08:52
magnifique château en effet que j’ai visité dernièrement lors des soirées aux chandelles…
félicitations également pour ce reportage très bien illustré.
Sophie
20 juin 2011 @ 09:53
Quel magnifique château. Francky, merci beaucoup pour toutes ces belles illustrations et vos commentaires.
Vaux-le-Vicomte est situé où en France ? Près de Paris ?
Francky
20 juin 2011 @ 13:22
Sophie,
Vaux-le-Vicomte se trouve en Seine-et-Marne, au Sud de Paris, près de Melun…
Mais étant à l’écart de l’agglomération, le moyen le plus pratique d’y accéder reste la voiture…
grégory
20 juin 2011 @ 10:11
un tel monument encore entre des mains privées,ça tient du miracle…mais son entretien doit donner des cheveux blancs avant l’heure!…
Sébastien
20 juin 2011 @ 14:06
Les débris de la fortune Sommier ont été très bien placés dans l’immobilier et les produits financiers subviennent à plus de la moitié des frais…
Mais c’est effectivement un travail à plein temps que de trouver les fonds nécessaires à l’autre moitié. Le comte de Vogüe a cédé récemment quelques pièces de mobilier ancien non directement en lien avec le château pour financer la restauration de la toiture (tapis provenant de la chapelle de Versailles, billard imitation Boulle du XIXème siècle…).
Cixi-Hélène
20 juin 2011 @ 10:39
Francky, chapeau bas ! Vous avez toutes les qualités d’un grand reporter ! Vous m’avez régalée !
Marie-France en Belgique
20 juin 2011 @ 10:48
Merci à Francky pour ce superbe reportage, les photos et la remise en mémoire de moments de l’Histoire !
Caroline
20 juin 2011 @ 11:54
A Francky,impossible de vous remercier tout pour ce tres beau reportage-photo! Quel luxe inoui d’antan!
cosmo
20 juin 2011 @ 11:54
Reportage superbe!
L’orgueil de Fouquet permit au moins de laisser un magnifique monument et d’inspirer plus beau encore, Versailles!
Michèle
20 juin 2011 @ 14:42
Oui, mais son orgueil n´a pas été apprécié du roi Louis XIV.
Pour Louis XIV, les applaudissements de cette fête qui allaient à un autre que lui, cette demeure plus fastueuse que ses vieux palais, ce jardin magique, avaient constitué autant d’épreuves amères pour son amour-propre et renforcé sa volonté d’anéantir ce ministre. Il fut sur le point de faire arrêter Fouquet surlechamp : la Reine-Mère l’en dissuada. Plus tard, Voltaire résuma ainsi cette fête célèbre : « le 17 août à 6 heures du soir, Fouquet était le roi de France : à 2 heures du matin, il n’était plus rien.
Quinze jours plus tard, Fouquet est arrêté. Il ne sortira plus jamais de prison.
Cécile
20 juin 2011 @ 16:44
reporatge magnifique
Détail de l’Histoire ,c’est d’Artagnan qui se chargea de l’arrestation du surintendant Fouquet ,celui-ci après 3 ans de procédure se vit comdamner au bannissement mais Louis xiv usa de son droit pour agraver la sentence et le fit enfermer jusqu’à la fin de ses jours
Depuis j’évite soigneusement de servir caviar et foie gras à mes hôtes ,on ne sait jamais où çà pourrait me conduire!!!!!lol!!!
Cixi-Hélène
20 juin 2011 @ 20:53
Très bonnes résolutions Cécile… Merci pour l’info de D’Artagnan
palatine
20 juin 2011 @ 22:10
Votre remarque est très sensée. Il y avait un film d’un bon realisateur suisse dans les années 70 qui s’appelait je crois « l’invitation ». Michel Robin est l’acteur principal. C est un petit employé qui s’est retrouvè du jour au lendemain à la tete d’ grosse fortune . Il décide de faire une reception avec les mets les plus raffinés pour ses anciens collegues car il a donné sa démission. Tout démarre en grand style dans le jardin. Et la reception degenere, à cause de l’envie et de la rancoeur des collègues en question. Ca se termine en pugilat.
Dans un autre ordre d’idée, malheur à l’employé qui a plus belle voiture ou maison que son patron.
Anais
20 juin 2011 @ 12:00
Quelle splendeur que ce soit au niveau des plafonds, des jardins et des aménagements.
Merci beaucoup à Francky pour cet article.
Mélusine
20 juin 2011 @ 12:12
C’est un château magnifique et Nicolas Fouquet est effectivement « monté très (trop) haut », mais ce qu’il n’avait pas prévu, c’est que son monarque prendrait ombrage de cette magnificence.
Ainsi pour Fouquet, après la vie de château, la vie de cachot…jusqu’au trépas.
Mélusine
20 juin 2011 @ 12:50
Pas eu le temps d’ajouter mes chaleureuses félicitations à Francky pour ce très intéressant reportage et les nombreuses photos qui y étaient assorties.
Outre ce merveilleux château, nous devons également à Fouquet, parmi les nombreux artistes qu’il a protégés, Molière et La Fontaine. C’était décidément un homme de goût.
Michèle
20 juin 2011 @ 15:10
Jean de la Fontaine ,lors de la chute de Fouquet, publia l’Elégie aux Nymphes de Vaux, courageux plaidoyer en faveur de l’ami qui avait contribué à lui faire choisir la carrière poétique.
Pierre-Yves
20 juin 2011 @ 14:32
Un téléfilm assez récent montrait la rivalité de Fouquet et de Colbert,lequel a soigneusement œuvré pour convaincre Louis XIV que sa puissance ne pouvait supporter l’ombre du faste de Vaux et de ses fêtes.
C’est Lorant Deutsch qui incarnait Fouquet et comme il est, je crois, un lecteur de se site, je le salue et en profite le plaisir et l’intérêt que j’ai pris à la lecture de Métronome.
Et je félicite aussi Francky pour son beau reportage.
Pierre-Yves
20 juin 2011 @ 14:33
En profit pour lui dire….. Excusez-moi !
Mélusine
20 juin 2011 @ 17:25
Remarquable téléfilm, en effet et très brillante interprétation de Lorant Deutsch dont le talent de comédien s’est également manifesté dans le rôle de Jean-Paul Sartre dans « les amants du Flore » et s’épanouira encore souvent au théâtre, au cinéma ou à la télévision.
Si on y ajoute le beau succès de son « Métronome », cet artiste à facettes n’a pas fini de nous étonner.
*GUSTAVE
20 juin 2011 @ 12:23
le génie français dans tout son éclat
val
20 juin 2011 @ 13:25
Pour Info le chateau de Vaux Le Vicomte se trouve en Seine et Marne tout près de Melun et pas très loin d’un autre chateau magnifique Fonainebleau , tout près il y a le chateau Féodal de Blandy les tours. Oui nous sommes vernis d’avoir des bâtisseurs qui nous ont laissé un patrimoine hors du commun et particulièremnt bien conservé.
corentine
20 juin 2011 @ 13:32
merci Francky, c’est super
félicitations
Mayg
20 juin 2011 @ 14:16
Tout simplement magnifique.
Merci à Francky pour ce très beau reportage.
Michèle
20 juin 2011 @ 15:11
Merci Francky, c´est magnifique.
Clémentine 1
20 juin 2011 @ 15:38
Merci Francky. La seule et unique fois que j’ai visité ce château j’ai fait des km à pied pour y arriver. Il en valait la peine, bien sûr. J’apprécie donc particulièrement la visite guidée que vous nous en proposez aujourd’hui. Votre reportage est somptueux.
Martine
20 juin 2011 @ 16:01
Louis XIV était connu en étant jeune « futur Roi Soleil » Fouquet qu’il le connaissait aurait dû regarder à 2 fois avant de construire une telle oeuvre..mais,il a voulu flatté son orgueil…mal lui en pris…Louis XIV était »vert de jalousie »et n’aura pas été honnête envers Fouquet…à bien réfléchir sur l’histoire de ce château..
Il ne devait pas être bon d’avoir des goûts »+ beaux »que le roi…par tous les moyens ce dernier »vous les volaient »sans remord et devenaient ses priorités »le Roi Soleil »n’était pas n’importe qui..et,il l’aura fait sentir durant toute sa vie…de folie des grandeurs en tout..
Félicitations pour Francky…de super images avec un très beau documentaire accompagnant ce morceau d’histoire de France..
Martine
20 juin 2011 @ 16:10
faute de conjugaison
« par tous les moyens,il »vous les volAIT »
excusez-moi
Neoclassique
20 juin 2011 @ 16:42
Éblouissant reportage par ses textes, son style et son iconographie!
J aimerais l avoir écrit
Bravissimo
silvia.2
20 juin 2011 @ 17:08
Merveilleux châteaux que nous avons visité avec les enfants. à voir et revoir! Merci Francki pour toutes ces photos remarquables.
fairway
20 juin 2011 @ 18:05
Bonjour,
J’ai également visité ce chateau l’année dernière.est-ce encore le cas cette année, à l’accueil vous pouvez sponsoriser le renouvellement de la toiture en achetant une ardoise de toit (pour une somme modique)que vous pouvez graver à votre nom .Vous repartez avec une ardoise du 18° siècle ainsi changée…
JAusten
20 juin 2011 @ 18:59
Superbe Franky (comme toujours) ! je n’ai jamais visité ce château.
Nicolas Fouquet aurait dû lire un peu mieux les fables de son ami La Fontaine.
danielle
20 juin 2011 @ 19:52
Très beau château qui vaut vraiment le détour et la visite nocturne avec les bougies est un plus, je la recommande à tous.
claudia
20 juin 2011 @ 19:56
je ne peux que me joindre aux autres lecteurs pour féliciter Francky pour ce reportage, tant pour le commentaires que pour les photos. Francky, est-ce vous qui avez pris les photos ? Est-ce autorisé à l’intérieur du château ?
Francky
20 juin 2011 @ 22:54
Claudia,
Il est possible de faire des photos dans la plupart des châteaux comme celui-ci, à condition de ne pas utiliser de flash… C’est donc ce que j’ai fait, car la photo est aussi une de mes passions…
palatine
21 juin 2011 @ 08:33
Ce que j’aime dans vos reportages c’est que vous faites des photos intéressantes de l’intérieur, avec les meubles et les tapisseries.
Francky
21 juin 2011 @ 14:22
Palatine,
Effectivement, j’aime montrer l’art français dans ce qu’il a de plus beau et d’exceptionnel. Notre pays regorge de richesses somptueuses parfois méconnues, que le site de Régine, et la passion d’autres internautes aussi, permet de mettre en valeur.
Et si vous souhaitez nous faire partager les merveilleuses villas palatiales italiennes, surtout, n’hésitez pas !!!
Francky
palatine
21 juin 2011 @ 20:18
Faudrait déjà que je sache photographier. Ensuite, les manipulations informatiques…
KALIGULA
20 juin 2011 @ 20:20
Merci Francky et Régine pour ce magnifique reportage !
Quel régal ces photos !!!
chaton
20 juin 2011 @ 21:14
magnifique chateau , de
plus la représentation avec les personnages en costume devient plus réaliste et agréable à la vue en les imaginant vivant comme à cette époque , question : a quand les automates en costumes dans tous les chateaux de France ?
Sophie2
22 juin 2011 @ 18:16
magnifique reportage!