Dominique Paoli met en lumière les années 1886-1889 de l’important manuscrit d’Henri, 8ème marquis de Breteuil, proche des petits-fils du roi Louis-Philippe, fréquentant la vie mondaine de l’époque, côtoyant des membres du Gotha, des membres de la haute bourgeoisie ou encore des hommes politiques.
« Marquis de Breteuill. Journal secret 1886-1889 », Dominique Paoli, Editions Mercure de France, Collection Le Temps retrouvé, 2007, 987 p.
philippe gain d'enquin
28 juillet 2011 @ 10:41
Très instructif bouquin!
Zeugma
28 juillet 2011 @ 17:37
Vous lisez donc !
philippe gain d'enquin
28 juillet 2011 @ 18:32
Ne serait-ce que vos publications !
Caroline
28 juillet 2011 @ 11:35
Seulement trois ans pour narrer sa vie mondaine!C’est surement tres interessant de la connaitre! Qui est le marquis actuel de Breteuil?A-t-il une descendance? Bien merci d’avance!
philippe gain d'enquin
28 juillet 2011 @ 12:22
François-Henri de Breteuil, me semble t’il.
Mélusine
28 juillet 2011 @ 13:02
Certainement passionnant journal secret de ce marquis de Breteuil ayant inspiré à son ami Marcel Proust le personnage du marquis de Bréauté.
aubert
28 juillet 2011 @ 13:10
Caroline: Henri-François Le Tonnelier, Marquis de Breteuil, officier de la LH. De son mariage avec Séverine Decazes et de Gluksberg (déc 2009), fille du Duc Decazes,il a 3 enfants dont un fils François, marié à Pauline de Pierre de Bernis dont, lui-même, 3 fils: Paul,Elie et Melchior nés entre 2000 et 2005.
Le marquis de Breteuil qui a fait de son château de Breteuil un lieu de visite très fréquenté est très actif dans la conservation des monuments historiques privés.Il est d’ailleurs Pdt de la Demeure Historique.
Colette C.
28 juillet 2011 @ 13:20
Il y a une descendance du marquis de Breteuil, mais je ne sais pas si c’est la même branche.Le descendant actuel habite le château de Breteuil où j’ai eu l’occasion d’admirer une superbe collection de papillons.
Mayg971
28 juillet 2011 @ 15:55
Voilà un livre qu’il parait intéressant de lire…
Actarus
28 juillet 2011 @ 16:29
987 pages pour 3 années ??? Ouf ! Mais c’est du Flaubert. Ça me rappelle Madame Bovary que j’avais étudié en première Littéraire. Deux pages de flaubertismes pour décrire les rideaux d’Emma… hahaha :D
Palatine
28 juillet 2011 @ 17:20
Hum, que pensez-vous de la longue digression sur les femmes à taille plate et les femmes à taille ronde dans « Le Lys dans la Vallée » de Balzac.
Ce n’est pas mal non plus.
Actarus
28 juillet 2011 @ 19:56
Tout le charme suranné du XIXe siècle… ;-)
JAusten
28 juillet 2011 @ 22:51
et les interminables pages de description des plantes du jardin d’hiver dans l’Argent ou la Curée (je ne sais plus) de Zola ?
palatine
29 juillet 2011 @ 09:49
Oui mais Zola c’est different. Il faut voir Zola comme un journaliste de l’époque. Il n’avait aucune imagination. Il décrit ce qu’il voit et apporte vraiment des renseignements pour décrire le visage de Paris à l’époque. Et c’est encore là que je le préfère. « Au bonheur des dames » est un morceau de roman-réalité, avant la téléréalité.
.
Les rideaux d’Emma et la taille plate ou ronde de madame de Mortsauf ne nous apprennent rien d’intéressant.
JAusten
29 juillet 2011 @ 20:32
je vous l’accorde pour Zola, mais 5 pages (selon la collection) de description de plantes … c’est long, très long et là non plus si on n’est pas paysagiste, cela ne nous apprend rien de plus :)
ML
28 juillet 2011 @ 20:28
Et la pieuvre de Victor Hugo!
Dominique Charenton
28 juillet 2011 @ 20:47
Bonsoir,
L’ouvrage a 387 pages, non pas 987.
Voici ce qui est écrit au dos de ce volume :
Henri, huitième marquis de Breteuil, qui inspira le personnage du marquis de Bréauté à Marcel Proust, trouve tout naturellement sa place dans la collection du « Temps retrouvé ». Mais avec lui, nous pénétrons dans la réalité d’un univers que l’écrivain ne connaissait que de l’extérieur. Nous sommes là au cœur de la société aristocratique de l’avant-siècle, dont on découvre les aspirations et la vie quotidienne. De cet important manuscrit, nous avons choisi d’éditer les années 1886-1889, marquées par l’affaire Boulanger qui mit en péril la fragile IIIe République. Par sa position sociale et son goût prononcé pour la politique, Henri de Breteuil dévoile les dessous d’un conflit au cours duquel s’affrontent républicains, bonapartistes et royalistes. Intime des petits-fils de Louis-Philippe, il souhaite une restauration monarchique, mais se rend compte que le général n’est pas l’homme providentiel espéré. Tout en suivant les rebondissements d’une crise de régime qui se déroule comme un excellent scénario, il brosse un tableau souvent mordant de la vie mondaine où têtes couronnées, princes, gentilshommes, grands bourgeois et hommes de pouvoir se croisent à la manière d’une comédie de mœurs.
Il s’agit de la réédition de l’ouvrage paru en 1979 à ‘Atelier Marcel Jullian » : Marquis de Breteuil, La Haute Société , Journal secret 1886-1889 dont voici des extraits : –
» …la grande duchesse, sa femme, née princesse de Bade, est aimable, spirituelle, amusante et pas très bonne. Elle adore les potins et sa langue est redoutée à la cour et à la ville; j’avoue qu’elle m’a tout à fait séduit, et j’espère bien la revoir.
Quoique allemande, elle est on ne peu plus française de coeur, et ne se gène pas pour le dire et ne voit que par les yeux de son fils préféré Nicolas. Elle trouve que ses enfants, lui en particulier, n’ont pas l’avancement qu’ils méritent et qu’on doit à des grands ducs, et « »débine » » volontiers les princes de la famille impériale. Ils le savent et ne la portent généralement pas dans leur coeur. Les mauvaises langues affirment qu’elle est la fille naturelle d’un juif, le baron de Haber, et le grand duc Alexis, que ses plaisanteries ont moins épargné qu’un autre, s’en vange en l’appelant « » la tante Jacobson « » ! »
in Marquis de Breteuil : Haute société, journal secret 1886-1889, 1979
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Saint Pétersbourg, le 11 janvier 1888
Le soir Nicolas Nicolaïevitch m’ a fait dîner avec quelques uns de ses amis dont le prince de Mingrélie, celui dont il a été plus d’une fois parlé comme d’un candidat agréable à l’empereur pour le trône de
Bulgarie.
Il en avait déjà un ou à peu près aux environs du Caucase et, comme il l’a cédé moyennant finances à la Russie, je m’étonnerais qu’il consente à se
remettre jamais cette corde au cou. Cet un aimable garçon de trente-cinq ou trente-huit ans (sic), un peu ridicule physiquement mis fin comme un véritable Oriental : il a longtemps vécu à Paris, prend la vie du bon côté et est très aimé ici. L’empereur défunt lui avait donné les aiguillettes d’aide de camp en contrepartie de l’annexion de sa principauté et l’avait marié un peu sans le consulter à la fille de son favori le comte Adlerberg. Elle est grosse, laide et commune,et, quand on pensait à envoyer règner dans les
Balkans le prince de Mingrélie, on l’avait surnommée la « » reine de Vulgarie » » ! Aussi y a-t-il longtemps que son époux l’a lachée ! »
in Marquis de Breteuil : Haute société, journal secret 1886-1889, 1979 , pages 216 et 217
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» Saint Pétersbourg le 5 janvier 1886
.. Le grand duc Nicolas Nicolaïevitch, que je n’avais pas encore rencontré , est le fils aîné du grand duc Nicolas, deuxième frère de l’empereur défunt et d’une princesse d’Oldenbourg.
C’est la plus grand de tous les grands ducs, ce qui n’est pas peu dire; il a une belle figure, commande le régiment des hussards de la garde, passe pour un officier distingué, aime passionnément la chasse et, dans tous les pays, serait considéré comme un homme parfaitement agréable . Il ne s’est jamais marié et est absorbé par une liaison dans la dernière société
pétersbourgeoise ( son « »beau père » » vend du fil au bazar ! ) »
in Marquis de Breteuil : Haute société, journal secret 1886-1889, 1979,
page 214
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» Paris, 15 juin 1888.
L’empereur Frédéric est mort aujourd’hui : il s’est éteint sans souffrir. Son règne trop court nous avait fait pressentir des temps meilleurs : il eût assurément fait tous ses efforts pour maintenir la paix et, au point de vue de nos intérêts monarchiques, M.le comte de Paris perd en lui un partisan sincère et un appui bienveillant »
in Marquis de Breteuil : Haute société, journal secret 1886-1889, 1979
page 267
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» Paris 9 avril 1889
J’ai eu hier à dîner le prince de Battenberg, mari de la princesse Béatrix d’Angleterre. Il n’est pas fort, mais agréable et façons charmantes. C’est un beau mâle; la reine s’y connaît à les choisir et c’est à cette qualité qu’il doit sa fortune. Il ne l’a pas volée, car sa femme accouche tous les ans »
in Marquis de Breteuil : Haute société, journal secret 1886-1889, 1979 page 346
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» Calcutta , 28 novembre (1886)
Je suis arrivé à Calcutta il ya cinq ou six jours, mais je n’y ai pas accepté l’hospitalité de Lord Dufferin, malgré tout le désir que j’aurais eu de le voir et de le connaître davantage.
Sa maison est pleine d’Anglais de ma connaissance : Le duc et la duchesse de Manchester, avec leur dernière fille, Lady Alice Montagu. Je ne peux pas écrire le nom de Manchester sans dire un mot, non pas du duc qui est un des hommes les plus bêtes et les plus cocus du Royaume-Uni, mais de la duchesse.
On a trop parlé et on s’est trop occupé d’elle, depuis trente ans dans la société anglaise pour cela. Quoique allemande ( elle est fille d’un général prussien , le comte d’Alten) elle a été, m’a-t-on toujours dit, sinon très belle du moins très désirable.
Sa vertu n’a jamais été farouche : elle passe pour avoir successivement appartenu aux trois fils de la reine et à bien d’autres ensuite. Mais depuis, depuis plus de quinze ans, elle n’est plus qu’au marquis d’Hartington dont la fidélité est véritablement héroïque.
Aujourd’hui la duchesse de Manchester a plus de cinquante ans et ni la peinture ni les faux cheveux ne peuvent illusionner, mais sa taille et ses épaules sont restées belles, et,le soir en grande toilette, malgré ses grands pieds et ses grosses mains, elle a encore très bon et très grand air, ma foi !
Elle est hautaine, poseuse et souvent désagréable, mais intelligente et pas la première venue.
Je crois qu’elle a tous les vices de la vieille cocotte, et, comme elle, souvent besoin d’argent.
Elle parie aux courses, joue au whist, rôde autour des tables de Monte-Carlo. Manchester est loin d’être riche, mais Hartington est là, et le futur duc de Devonshire aura quelques 2 millions de revenus. Pour en dire un peu de bien, et je le dois parce qu’elle a toujours été très aimable pour moi, je crois qu’elle n’a jamais eu sur lui qu’une bonne influence, qu’elle l’a poussé à Travailler et qu’elle a, peut être, contribué à sa fortune politique.
Elle ne lui aura fait qu’un tort celui de l’empêcher de se marier. »
in Marquis de Breteuil : » La Haute Société. Journal secret 1886-1889″ pages 73 et 74
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Journal du marquis de Breteuil
le 09 09 1886 à bord du « Ville de Rome » Le comte de Caserte, qui habite Cannes presque toute l’année par économie et y fait un enfant chaque année depuis douze ou treize ans quoique sa femme n’explique pas une semblable galanterie. Elle est grosse, blondasse et laide, mais la meilleure personne du monde – je l’ai vue beaucoup chez ma cousine, la duchesse de Luynes d’où elle ne sort pas – c’est sa soeur qui a épousé l’année dernière le comte Zamoyski.
Le comte de Caserte est un petit homme brun, jolie figure, type napolitain, et au moral, très bon garçon et très insignifiant »
Marquis de Breteuil : La haute société, journal secret 1886-1889 paru en 1979
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Journal du marquis de Breteuil :
05 10 1886
Nous sommes débarqués sur le continent indien le 27 septembre
……nous avons voyagé sur le steamer le BENGAL……
Nous avions à bord le duc de Connaught, second frère du prince de Galles, qui vient ici commander une brigade comme un simple officier général, et sa femme.
Nous prenions nos repas ensemble,nous passions la plus grande partie de notre temps à causer, et comme ils parlent tous deux français à merveille, nous avons été vite sur un pied d’intimité où l’on est rarement avec les princes.
Arthur, duc de Connaught, est le troisème fils de la reine Victoria; il a trente six ans, une jolie figure aux traits réguliers avec de grands yeux bleus, comme tous les princes de sa maison, et une tournure charmante. Sa taille est ordinaire, mais il est mince et bien pris dans toute sa personne.
Sans avoir d’esprit, il est intelligent et plein de bon sens.
Extrêmement simple et bienveillant, il est sans contredit le plus populaire des fils de la reine, et l’on assure qu’il est aussi son préféré.
Ses goûts militaires l’absorbe complétement; il aime
passionnément son métier de soldat, travaille beaucoup, se tient très au courant des progrès de toutes les armées européennes
et se prépare avec ardeur sa future situation de » Commander in chief » !
Il est venu ici pour la seconde fois un peu malgré la reine, le prince de Galles et le gouvernement qui trouvaient que son premier stage aux Indes était suffisant
Sa femme, la prince Louise Margaret, est fille du fameux prince Frédéric Charles de Prusse, et, à la pratiquer, on ne se douterait pas qu’elle est née d’un père aussi brutal, aussi farouche, aussi peu abordable s’il faut en croire sa réputation.
C’est une aimable et douce personne, aussi simple que son mari qu’elle adore, désireuse de plaire et d’une bonté extrême.
Elle n’est pas jolie; et on la prendrait volontiers avec sa figure plate et sans expression, et ses yeux bleus à fleur de tête, pour une de ces mille bonnes allemandes qu’exporte sa patrie ! Mais elle a une belle taille, une tournure élégante et de jolis pieds, chose rare dans son pays.
Son esprit est cultivé, elle lit beaucoup, se tient au courant de tout, pige bien les gens et les choses. Et en somme c’est une princesse fort agréable et très attachante .
in Marquis de Breteuil : La haute société, journal 1886-1889 paru en 1979
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Toujours dans le journal du marquis de Breteuil :
11 07 1887 :
« » Le prince Ferdinand de Saxe Cobourg Gotha…..a été
élu prince de Bulgarie par l’unanimité de la Sobranié.
C’est évidemment sa mère, la princesse Clémentine, qui a mené toute l’affaire, mais, personnellement, je dois dire qu’il a joué un rôle habile : aujourd’hui sa réponse ne l’est pas moins : » J’accepte avec reconnaissance, dit il, l’honneur qui m’est fait à la condition que les puissances sans exception approuvent ma nomination « ….
….mais, momentanément, l’avénement de Ferdinand calmera la politique des Balkans et la paix générale y gagnera . Quant à ce dernier tel que je le connais, il doit bien être heureux :
il n’avait jamais rêvé de couronne, il se contentait de quémander à ses différents parents pourvus de trônes des cordons et des plaques, mais l’appétit vient en mangeant. A cet égard voici une anecdocte dont j’ai été témoin :
C’était en 1884, le roi d’Espagne qui se moquait volontiers, comme les autres, des ridicules de son cousin, recevant à Madrid sa visite un peu intéressée parce qu’il désirait, n’osant prétendre à la Toison d’Or, avoir le collier de Charles III, lui joua un assez
bon tour. Il y avait, en effet, un collier de l’ordre, vacant,diverses influences s’étaient mises en mouvement pour le lui faire octroyer, et le prince Ferdinand ne doutait plus qu’il l’aurait.
Cela le décida à venir avec sa mère à Sanlucar chez le duc de Montpensier, et à s’arrêter à Madrid en passant, pour présenter ses hommages à Alphonse XII.
Celui ci prévenu de sa visite, plaça négligemment, sur un canapé dans le salon où il allait le recevoir, le collier et le cordon de Charles III avec un petit papier fixé au paquet sur lequel, au crayon, était écrit le nom de Cobourg, et le laissa attendre quelques instants pour que, en faisant le tour de la pièce, il
ne manqua pas de le voir. Ce temps moral écoulé, le roi arrive,l’entrevue est des plus cordiales, on cause de mille choses, le prince Ferdinand est rayonnant et fait tous les frais imaginables.
Au moment où il se lève pour se retirer : » Ah! mon cher
Ferdinand, lui dit Alphonse, je puis disposer d’un collier de Charles III qui vient de me rentrer. Je t’annonce que je le destine à ton frère Philippe ( il y a peu de princes qui fassent aussi peu de cas des décorations ) , et je te pris de le dire à ta mère de ma part ! »
Il paraît, me raconta le roi le lendemain, que le nez du pauvre Ferdinand s’allongea de la façon la plus comique. Toute la famille, qui l’a toujours traité sans grand respect, s’amusa beaucoup de cette histoire.
Il prend sa revanche aujourd’hui et doit même se prendre très au sérieux. « »
Marquis de Breteuil : La haute société, journal 1886-1889, paru en
1979
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LESTE : toujours tiré du journal du marquis de BRETEUIL
Aout 1886 :
« » Le duc d’Orléans qui est venu me tenir compagnie dans
ma chambre, m’a bien amusé en me racontant comment il venait de perdre ses droits à la fleur d’oranger, en Portugal.
C’était le soir de la noce de la princesse Amélie; la cour fatiguée de tant de fêtes et de représentations, s’était retirée dans ses appartements, les mariés avaient gagné le palais de Belem
A ce moment propice le duc de Coïmbre, frère du roi , et appelé GOGO dans sa famille invita notre jeune dauphin et le petit prince George d’Angleterre, qui représentait à ces fêtes, la reine Victoria, sa grand mère, mais qui lui n’en était pas à ses débuts, ayant deux ou trois ans de services dans la marine impériale
et royale, à monter se rafraîchir dans son domicile particulier, quoique situé dans le palais.
Les rafraîchissements consistaient principalement en quelques jeunes dames, le dessus du panier ou du pavé de Lisbonne, comme on voudra.
Grande émotion du duc d’Orléans, qui, pour avoir été toujours sage jusque là, n’en avait pas moins souvent pensé à mal, et qui depuis longtemps, m’a t il dit ,combinait une occasion d’apprendre ce qu’il ne connaissait pas
» Eh bien, lui dis je, vous en êtes vous bien tiré au moins ?
– très bien, je peux l’avouer, mais j’étais si embarrassé que,quoique Gogo et George m’aient laissé le choix , j’ai pris la plus laide ! Malgré cela, je ne me plains pas – et je vis avec mon souvenir, car il me faudra attendre bien longtemps,sans doute, avant de recommencer »
Malgré mon envie de rire, je lui fis de la morale, mais elle n’eut pas de succès. ….J’aime mieux lui voir les instincts d’Henri IV que ceux de Louis XVI ! « »
Marquis de Breteuil : La haute société , journal secret 1886 1889
paru en 1979
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Voilà ce qu’ écrit sur elle le marquis de Breteuil dans
son journal du 25 03 1887 :
» Quand on juge Mme la comtesse de Paris sur ses apparences, quand on la voit presque habillée en homme, fumant sans discontinuer, buvant des verres d’eaux de vie, comme un officier de hussards, se servant d’expressions déplacées dans la bouche d’une femme , partant pour la chasse, chaussée de bottes de marais avec son fusil en bandoulière, l’opinion qu’on s’en fait n’est guère favorable. Quand après cela on l’entend bousculer ses enfants, quand surtout on l’entendait maltraiter son adorable fille Amélie, quand elle tranche et découpe avec des paroles d’autorité désagréables, quand elle s’exprime à la légère sur telle ou telle personne de sa famille comme le duc d’Aumale qu’elle devrait ménager, ou les Chartres
qu’elle devrait admirer, on n’est guère disposé à l’indulgence !
Mais sous un aspect de brusquerie, sous cet extérieur
désavantageux , sous ces airs d’indépendanceinutile, il y a un grand coeur et les sentiments les plus nobles .
Cette mère qui s’emporte et qui giffle ses enfants , il faut la voir quand l’un d’eux est malade ou quand il s’agit de leurs intérêts ou de leur avenir !
Cette femme qui parle quelquefois à tort et à travers et qui n’est pas pour rien une princesse espagnole, est l’épouse la plus tendre, la meilleure : soumise d’avance à tous les désirs du comte de Paris, l’admirant, l’aimant, le respectant, l’encourageant
toujours à ses devoirs de prince et roi Cette femme à qui on peut reprocher en riant, ses cigares, ses bottes et ses façons du matin, il faut l’avoir vu en grande
toilette du soir la tête couronnée de diamants accueillant les rois, les reines , les princesses, avec sa grandeur et sa simplicité naturelles; il faut l’avoir vu au mois de juin dernier recevoir les adieux de 10000 français au château d’Eu, pour ne pas s’attacher aux apparences et bien reconnaître en elle la
petite fille de Louis XIV !
Tous ceux qui ont plus ou moins approché Mme la comtesse de Paris doivent se faire à son sujet ces mêmes réflexions; mais moi qui ait, peut être, vécu plus qu’un autre dans son intimité, qui l’ait approché de près dans les bons et les mauvais jours, qui
n’ai pu bien souvent m’empêcher d’être agaçé de ses façons d’être avec ses enfants que j’aime plus que le reste de la famille, qui bien des fois me suis permis sur beaucoup de sujets de ne pas être de son avis et de lui dire, j’ai le devoir la connaissnat bien, de
déclarer que je ne connais pas une femme qui, à de plus petits défauts, joigne de plus grandes qualités et qui réunisse mieux les délicatesses les plus féminines aux devoirs d’une grande princesse !
Puisse t elle devenir un jour la reine de France, et jamais les femmes de notre pays n’auront eu un plus noble exemple à suivre ! En revanche je ne pense pas qu’on batifolera dans les palais royaux.
Les petits côtés de son caractère, elle les tient de son père le duc de Montpensier,……..et il semble que de sa mère elle n’ait rien pris – il est vrai de dire que tant de malheurs ont accablé cette pauvre princesse qu’elle peut avoir été toute autre qu’elle en paraît aujourd’hui ! Toujours vêtue de noir et semblant toujours à mille lieux de ce qui se dit et de ce qui
se passe autour d’elle, elle paraît n’être plus qu’une
ombre d’elle même, et l’on se dit, en la voyant, que, si
elle n’était pas soutenue par une foi aveugle, elle aurait été depuis longtemps retrouver tous ceux qu’elle a perdue !
J’imagine donc que Mme la comtesse de Paris doit rappeler davantage son aïeul Ferdinand, d’après ce que j’ai entendu dire de lui, et, peut être retouve t on aussi chez elle bien des côtés attrayants du caractère de sa tante la reine Isabelle, dont les grandes qualités auraient dû depuis longtemps faire oublier le dévergondage !
extrait de : Marquis de Breteuil : La haute société, journal secret
1886-1889 paru en1979 à l’Atelier Marcel Jullian
***
Dominique Charenton
dominique.charenton@wanadoo.fr
JAusten
29 juillet 2011 @ 17:27
Vous revoilà Dominique Charenton avec de nouveaux extraits de proses.
Ceux que vous avez choisis sont plaisants (soyez-en remercié) et poussent à acheter les livre.
Le dernier extrait devrait ravie les pro-O.
Dominique Charenton
30 juillet 2011 @ 12:20
chère Jane, j ‘étais déjà revenu en postant il y a quelques jours une petite étude sur les quartiers du père du feu comte de harewood ( post 13 de la descendance du comte de harewood) dans laquelle figure des anecdoctes en particulier sur sa relation avec Vita Sackville West , votre consoeur. Bien à vous. Dominique Charenton
JAusten
31 juillet 2011 @ 16:36
Cher Dominique, vous me voyez toute désolée, j’avais raté cette lecture (bespoke article) ! Ca y est je suis à jour ;)
Ce que je veux surtout exprimer c’est que vos extraits me manquaient.
Bien à vous
Palatine
31 juillet 2011 @ 20:42
moi aussi car j’adore les anecdotes. Jane et moi avons un souvenir ému de vos extraits d’un ouvrage de Jose Luis de Villalonga. Nous avons rarement autant ri.
JAusten
31 juillet 2011 @ 23:16
oh oui ! c’est encore bien frais dans ma mémoire ! Je l’avais même imprimé pour le faire lire à mes amis : une autre bonne partie de rires s’en est suivi !
Zeugma
29 juillet 2011 @ 20:19
Ces courts extraits ne donnent pas vraiment envie d’acheter le « bouquin » pour reprendre l’expression – légèrement péjorative – d’un de nos distingués correspondants.
Caroline
28 juillet 2011 @ 22:28
A Philippe Gain d’Enquin,a Aubert et a Colette C., bien merci pour vos reponses! Bonne nuit!