L’infante Maria de las Mercedes, Isabel, Teresa, Cristina, Alfonsa, Jacinta, Ana, Josefa, Francisca, Carolina, Fernanda, Filomena, María de Todos los Santos voit le jour le 11 septembre 1880 au Palais royal de Madrid. Elle est le premier enfant du roi Alphonse XII d’Espagne et de la reine Marie Christine, née archiduchesse d’Autriche, fille de l’archiduc Karl Ferdinand et de l’archiduchesse Elisabeth. Son père le roi Alphonse XII était veuf en premières noces de l’Infante Maria de las Mercedes. Le mariage de ses parents fut dicté par la raison d’Etat avec le dessein d’assurer à la dynastie espagnole une descendance. La reine Marie Christine proposa à son époux le roi Alphonse XII de prénommer leur fille Maria de las Mercedes en hommage à sa première épouse.
Le 12 novembre 1882, l’Infante Maria de las Mercedes a une sœur l’Infante Maria Theresa. L’infante grandit au Palais royal de Madrid et passe des périodes au Palais du Pardo et lors des vacances avec sa mère et sa sœur à dans les palais de San Sebastian ou Santander où les étés sont plus frais que dans la capitale.
La santé de son père le roi Alphonse XII est de plus en plus chancelante. Il souffre de tuberculose à un stade très avancé. Il s’éteint le 25 novembre 1885 au Palais du Pardo. L’Infante alors âgée de 5 ans et sa sœur vêtues de noir, accompagnent leur mère la nouvelle régente du royaume lors des obsèques. La reine Marie Christine est enceinte au moment du décès de son époux. A ce moment-là, l’infante Maria de las Mercedes est l’héritière du trône. C’est un fils qui voit le jour le 17 mai 1886, plaçant l’infante deuxième dans l’ordre de succession au trône.
Après la mort de son père, la vie devient très austère à la Cour. La reine Marie Christine a réorganisé les choses selon sa façon de voir. La vie s’active au palais dès 7 heures du matin et à 22 heures, c’est l’extinction des feux.
L’infante grandit dans une atmosphère très pieuse. La reine régente inculque à ses enfants le sens du devoir et du sacrifice. Toutes les dépenses de la Cour sont gérées avec parcimonie par la reine. Jamais d’excès et d’extravagance.
Le 14 février 1901, l’Infante épouse à Madrid le prince Carlo de Bourbon-Deux-Siciles qui est créé infant d’Espagne. Leur premier enfant prénommé Alfonso en mémoire du roi Alphonse XII voit le jour le 30 novembre 1901 à Madrid. Alfonso qui épousera en 1936 la princesse Alice de Bourbon-Parme, est le père de l’infant Carlos, duc de Calabre, époux de la princesse Anne de France, fille des défunts comtes de Paris.
Le 6 mars 1903, l’infante donne naissance à un deuxième fils Ferdinando qui décèdera à l’âge d’un an et demi. Le 10 octobre 1904, l’infante Maria de las Mercedes, princesse des Asturies (en l’absence à ce moment d’héritier chez son frère le roi Alphonse XIII) met au monde son troisième enfant, une fille prénommée Isabella. L’infante ne se remettra pas de son accouchement et décède une semaine plus tard. Sa mort causera une douleur énorme à sa mère la reine Marie Christine. Sa sœur cadette l’infante Maria Theresa qui épouse en 1906 le prince Ferdinand de Bavière, prénommera l’une de ses filles Maria de las Mercedes. L’infante Maria Theresa décèdera elle aussi des suites de complications après un accouchement en 1912, ravivant la douleur chez leur mère la reine Marie Christine.
L’époux de l’infante Marie de las Mercedes, le prince Carlo de Bourbon-Deux-Siciles, infant d’Espagne se remariera en 1907 avec la princesse Louise d’Orléans, fille du prince Philippe, comte de Paris et de l’infante Maria Isabelle d’Espagne. Le couple aura 4 enfants dont une fille également prénommée Maria de las Mercedes, qui est la mère du roi Juan Carlos. (Copyright photos : Foro realeza & DR)
June
13 septembre 2012 @ 06:45
L’accouchement était vraiment un moment périlleux de la vie d’une femme,sans compter les décès d’enfants en bas âge!
Heureusement les choses ont bien changé,du moins dans nos pays.
marie-françois
13 septembre 2012 @ 08:28
Du temps de la reine régente Maria Cristina, la cour villégiaturait à St Sébastien,au palais Miramar,et non à Santander.
C’est Alphonse XIII, avec sa famille, qui a mis à la mode Santander, en s’installant au palais Magdalena.
Ces deux résidences dont avait hérité le comte de Barcelone ont été vendues par celui ci. Elles existent, non altérées et toujours magnifiquement situées face à la mer et sont occupées par des universités d’été.
Pierre-Yves
13 septembre 2012 @ 08:41
On cherche la joie dans cette vie, et on a du mal à l’apercevoir. Cette princesse aux 13 prénoms, quelle inflation, a t-elle au mons fait un mariage heureux ?
Merci Régine pour ce nouveau portrait qui me fait réaliser que l’Infant Alfonso, père du duc de Calabre, et la comtesse de Barcelone, mère de Juan Carlos, étaient demi-frère et demi soeur.
agnes
13 septembre 2012 @ 08:47
Merci, très intéressant.
Les parents de Juan Carlos avaient donc des liens familiaux mais pas sanguins si j´ai bien compris.
Clémentine1
13 septembre 2012 @ 09:10
ce n’était vraiment pas une vie rêvée en ce qui concernait la santé. Merci Régine pour ce portrait.
MoniqueDN
13 septembre 2012 @ 09:26
Quel triste destin que celui de ces reines, princesses et toutes les autres jeunes femmes de cette époque décédées des suites de leurs couches. On ne peut que se réjouir des progrès de la médecine.
Elsi
13 septembre 2012 @ 09:45
Une bio de plus qui révèle ce qu’était la majeure partie des princesses des siècles passés : des sacrifiées.
JAusten
13 septembre 2012 @ 09:47
Comme toujours un portrait intéressant et bien illustré. Merci Régine
Le détail de taille qui me fait toujours titiller sur cette époque c’est l’association de devoir et sacrifice.
Le devoir implique déjà souvent un sacrifice et si en plus il faut se sacrifier par la suite …
Certes pour ces princesses mettre au monde un enfant était un devoir puis un sacrifice puisque souvent elles y perdaient la vie.
Caroline
13 septembre 2012 @ 11:19
Bien merci pour le portrait détaille de cette princesse espagnole!Etait-il rédigé par Jul?
June,en effet! Pour la petite histoire,mon arrière grand-mère devenue fille unique pour ces raisons a voulu sa revanche personnelle en mettant au monde 12 enfants en 28ans tous en bonne santé!C’était assez risqué pour sa santé malgré l’assistance de son mari docteur!Tetue comme une bourrique alsacienne,elle n’a pas accepté d’arreter d’enfanter!Elle a reçu la médaille d’or de la famille française avant la seconde guerre mondiale!
Mayg
13 septembre 2012 @ 13:09
Merci à Régine pour ce beau portrait.
Laure-Marie Sabre
13 septembre 2012 @ 13:52
C’est incroyable ce que l’infante Elena lui ressemble.
Cosmo
13 septembre 2012 @ 18:39
Le rapport familial entre le roi d’Espagne et l’Infant – ils sont cousins germains – explique sans doute la place privilégiée de l’Infant en Espagne et le fait qu’il ait été reconnu comme le prétendant légitime au trône d’Espagne, malgré la renonciation de son grand-père en 1900 à ses droits au trône des Deux-Siciles, afin de pouvoir épouser l’Infante Maria de Las Mercedes, alors héritière du trône d’Espagne, son frère Alphonse XIII n’étant pas encore marié.
Ces renonciations à tiroir sont extraordinaires.
Au moment du mariage, le prince Alfonso des Deux-Siciles aurait donc renoncé à ses droits au trône de Sicile, uniquement parce que son épouse était héritière du trône d’Espagne, ce que l’on peut comprendre. Selon son fils, l’Infant Carlo, Don Alfonso n’étant pas devenu roi d’Espagne, la renonciation de son père serait tombée à la naisance du premier enfant d’Alphonse XIII.
Cette position marque le mépris le plus profond pour les royaumes et les peuples sur lesquels ces princes sont nés pour régner. Un mariage, ou une situation plus avantageuse, leur fait oublier leurs devoirs et quand les avantages espérés s’évanouissent, on se souvient de ce que l’on a abandonné.
C’est aussi oublier que la renonciation crée des droits au profit de l’héritier suivant, dont on n’hésite pas à le priver au gré de la fantaisie gynécologique de la famille.
Si le prince Rénier des Deux-Siciles, frère du renonçant, était devenu roi, entre-temps, lui aurait-on contesté sa couronne?
Il est surprenant que certains princes, supposés donner l’exemple du devoir et de la morale, veulent le beurre et l’argent du beurre, avec en plus la crémière et le crémier.
Ce n’est pas sans rappeler certaine renonciation deux siècles auparavant.
Les familles royales ont certes des droits dynastiques créés par l’Histoire, mais elles ont aussi des devoirs et des obligations envers leurs pays et leurs sujets.
Un prince qui renonce à ses devoirs, pour des raisons de convenance personnelle, n’est plus digne de régner sur ceux qu’il a abandonnés. Il a fait un autre choix qui l’oblige et oblige ses descendants. C’est du moins mon opinion.
Cosmo
13 septembre 2012 @ 19:00
Pardon, quelques précisions afin de rendre plus compréhensible mon commentaire ci-dessus.
Don Carlo (1870-1949), a épousé l’Infante Maria de las Mercedes, dont on parle dans l’article, en 1900.
Leur fils, Don Alfonso, nait en 1901 et meurt en 1964. A sa naissance, sa mère est héritière du trône d’Espagne et lui après elle.
En 1906, Alphonse XIII se marie avec Victoria-Eugénie de Battenberg. Leur fils aîné, Alfonso,nait en 1907, leur second fils, Jaime, en 1908 et leur troisième fils, Juan, en 1913.
A chaque naissance dans le couple royal, Don Carlos et Don Alfonso des Deux-Siciles, Infants d’Espagne, sont rétrogradés d’une place.
En 1960, Don Alfonso déclare nulle la renonciation de son père et reprend ses droits au trône des Deux-Siciles, aux dépens de Don Ranieri (1883-1973), duc de Castro, considéré par tous comme le prétendant a trône, à la succession duquel vint Don Fernando (1926-2008).
L’Infant Carlo a repris la prétention de son père.
Le fils de Don Fernando, Charles, duc de Calabre, époux de Camilla Crociani, est aujourd’hui considéré, de façon quasi-unanime, comme le chef de la Maison des Deux-Siciles, et ce principalement dans l’ancien royaume de ses ancêtres.
marie.françois
14 septembre 2012 @ 20:10
En effet, Cosmo, 1960 est bien loin.
Si l’infant Alfonso a été reconnu,en revenant sur cette renonciation par le comte de Barcelone, c’est parce que ce dernier était son beau frere et qu’il avait, du point de vue politique, besoin d’atouts en Espagne puisque Alfonso vivait alors en Espagne.
La lignée de Rainier est, maintenant, bien reconnue,comme chef des Bourbon Sicile tandis que celle de l’infant Carlos continue à faire partie, génération apres génération de la famille royale espagnole, avec le titre d’infant.Il ne faut pas oublier, en outre,que l’actuel infant don Carlos est, outre le Roi et le prince Felipe le seul Bourbon mal à avoir la qualité d’altesse royale en Espagne. Son fils lui a de plus donné des héritiers « varon ». Il participe d’ailleurs à tous les évenements dynastiques officiels, immediatement apres les soeurs du Roi.
COLETTE C.
13 septembre 2012 @ 21:22
Merci pour ce portrait, qui m’a éclairée sur l’ascendance de l’époux de la princesse Anne de France.
jul
14 septembre 2012 @ 07:00
Merci Régine !
J’aime beaucoup le Roi Alphonse XII et sa descendance.
Le destin de ses deux filles, de son fils, et de ses deux gendres est tellement touchant.
La famille royale du XIXème et du XXème siècle la plus attachante à mes yeux.
chevau-léger
14 septembre 2012 @ 14:20
Pour Cosmo
Vos explications quant à la succession des Deux-Siciles sont d’une justesse et d’une clarté qui
laissent pantois…ou l’art de se
mélanger « les pinceaux ».Un conseil,revoyez le sujet,les générations et les prénoms.
Cosmo
15 septembre 2012 @ 15:16
Chevau-léger,
Je suis prêt à lire vos corrections de mes erreurs. Il est possible que je me soit mélangé les pinceaux. Merci de m’éclairer!
Bien à Vous
Cosmo
aubert
15 septembre 2012 @ 23:13
Tiens, tiens, on vous envoie la cavalerie.
Cosmo
16 septembre 2012 @ 11:21
Vous savez combien certains aiment à relever une erreur matérielle pour tenter de discréditer un discours cohérent dans le fonds.
Nous avons vu cette méthode mises à l’oeuvre sur d’autres questions de légitimité. A défaut de pouvoir argumenter, on relève la position des points virgules ou une erreur de prénom. Cette attitude implique certains insectes appelés mouches…
Cordialement
Cosmo
HRC
17 septembre 2012 @ 09:25
cavalerie très légère