Le musée d’Histoire de Marseille abrite les masques mortuaires du roi Alexandre de Yougoslavie et du premier ministre français Louis Barthou assassinés le 9 octobre 1934 dans la cité phocéenne. (Merci à Gérard pour ses photos)
En effet : un policier, deux dames et une jeune fille de 20 ans.
Mais l’anarchiste n’a tué « que » le roi et le policier. Les quatre autres personnes (dont Louis Barthou) ont été tuées par les balles perdues tirées par les policiers dans l’affollement général.
Quelqu’un sait-il où a eu lieu cet assassinat exactement (le premier d’une longue série dans cette ville…) ? Y a-t-il une plaque ou un monument pour le commémorer ?
Marseillaise de naissance, mes parents m’ont toujours dit que l’assassinat du roi de Yougoslavie et de Barthou (et d’autres victimes ?) avait eu lieu devant la Bourse, c’est-à-dire en bas de la Canebière, pas très loin du quai des Belges et du Vieux Port. J’ai vérifié cela lors de mes études, mais par contre j’ignore s’il y a aujourd’hui une plaque qui commémore ce triste évènement, n’étant plus dans cette ville.
Denise,j’ai lu chez Tonton Google qu’on a érigé en 1938 à Marseille le monument commémoratif au roi Alexandre de Yougoslavie et à Louis Barthou dans le sixième arrondissement.Il se trouve à l’angle de la place de la Préfecture et de la rue de Rome.
C’est très années 30, mais ce genre de monument n’est pas toujours un chef d’œuvre.
cld83
30 octobre 2013 @
16:57
Marseillais de naissance aussi, je confirme que le roi de Yougoslavie et le ministre français des Affaires étrangères ont été assassinés le 9 octobre 1934 devant le palais de la Bourse, à l’angle de la Canebière et de l’actuelle place du Général-de-Gaulle. Une plaque commémorative a été apposée en 1938 dans la rue de Rome, à l’angle de la place de la Préfecture. http://www.paca.culture.gouv.fr/dossiers/protections/13/marseille/alexandre_1er/monum.htm
L’assassinat du roi Alexandre a eu effectivement lieu devant le palais de la Bourse c’est-à-dire devant la Chambre de commerce de Marseille sur la Canebière. Le square qui borde la Canebière à cet endroit-là s’appelle officiellement depuis square Alexandre Ier mais comme il est placé à l’intérieur de la place de la Bourse, ancienne place Royale et aujourd’hui place du Général de Gaulle, le nom du square n’apparaît plus. Sur un lampadaire une plaque armoriée de la ville de Marseille, de la République française et du royaume de Yougoslavie dédiée au roi preux et au président Barthou rappelle le sinistre événement. Autrefois il y avait là deux lampadaires portant ces plaques, l’un avant et l’autre après le lieu du meurtre, et au sol une grande dalle de bronze portant l’inscription latine PAX qui semblait devoir rester pour des siècles. Il y a pas mal d’années cependant qu’elle a disparu car j’imagine que les revêtements successifs de bitume tout autour d’elle avaient dû créer une dénivellation dangereuse pour la circulation automobile. Chaque année des fleurs sont déposées pour l’anniversaire de la mort du roi sous cette plaque de lampadaire.
Mais un véritable monument a été en effet édifié devant les jardins du palais de la Préfecture à l’angle de la place de la Préfecture et de la rue de Rome. C’est là que chaque 9 octobre des gerbes sont déposées par les autorités françaises et serbes. Il y a quelques années le prince royal Alexandre II était venu peut-être pour le 70e anniversaire, je ne me souviens plus exactement. C’est à la préfecture qu’avaient été déposées sous le même drapeau français les deux dépouilles lors d’une veillée fenêtre. Le monument est dû à l’architecte Gaston Castel et aux sculpteurs Antoine Sartorio, Louis Botinelly et Élie-Jean Veizien. Ce monument doit être restauré, on l’espère prochainement, car la circulation automobile l’a sali. Toute la rue de Rome est en réfection et on peut souhaiter que cela soit terminé pour les 80 ans. Le monument est classé depuis 2009. Il a été achevé en 1938. Un bouclier est soutenu par deux colonnes couvertes de bas-reliefs évocateurs de la culture et des productions des deux pays et flanquées de deux grandes figures féminines qui symbolisent la France et la Yougoslavie. À l’avant du monument quatre figures féminines deux par deux soutiennent les portraits des deux hommes d’État. Le bouclier monumental porte le mot PAX. Les colonnes historiées sont sculptées à la manière de la colonne Trajane, au pied de la colonne française on peut voir la représentation du monument aux morts d’Orient qui commémore à Marseille sur la corniche les soldats français qui moururent aux côtés de leurs alliés notamment serbes pendant la première guerre mondiale. Ce monument est dû aussi à Gaston Castel. Sur la colonne yougoslave et à son pied figure le mausolée royal de Topola à Oplenac, l’église Saint-Georges, où repose le roi. Le mot pax est posé lui-même sur les armoiries sculptées du royaume de Yougoslavie et les symboles de la République française. Au-dessous il est écrit « Amitié ».
Ce drame survenu le mardi 9 octobre 1934 vers 16 heures 15 avait profondément marqué les Marseillais. Il est survenu donc au centre de la ville dans un quartier de bureaux et pratiquement de tous les bureaux, de tous les collèges, étaient venus beaucoup d’hommes, de femmes, de jeunes gens qui avaient quitté brièvement leur tâche pour saluer avec enthousiasme l’arrivée du roi qui était un grand événement puisqu’il s’agissait d’une visite officielle et d’un ami de la France. La foule était donc considérable et à cette époque où l’on ne disposait pas de portables, chacun devait ensuite rentrer chez lui, dans son bureau, son magasin ou son école pour crier : « ils ont tué le roi ! ». Mes parents qui étaient très jeunes avaient conservé un souvenir ému de cette journée. Les films des actualités de l’époque nous permettent d’entendre les acclamations et de constater la panique qui suivit le premier coup de feu. Ce fut le premier attentat politique filmé en direct.
Cet attentat a été le plus marquant de l’histoire de la ville et il également bouleversé la France et le monde, il a plus marqué l’opinion et la presse françaises que le meurtre deux ans auparavant du président Doumer. Il a eu une importance sur le droit international, sur la Société des Nations et hélas sur le sort du monde.
Sur le moment à Marseille on craignit que de rage le croiseur qui avait amené le roi ne fasse feu sur la ville. De fait des imprudences avaient été commises par la sécurité française.
Des risques avaient été pris, le roi savait qu’il y avait des risques d’attentats terroristes mais il avait refusé de porter un gilet pare-balles.
À l’arrivée du roi en oublia de jouer l’hymne yougoslave, la foule était trop proche du souverain et chacun devait dénoncer l’insuffisance des mesures prises. Le roi paraissait étonné et Barthou inquiet.
Par ailleurs pour la réussite de cette visite il fallait voir le roi, le montrer, la voiture était découverte, elle roulait à 8 km/h, il n’y avait que deux officiers à cheval de part et d’autre.
Le milieu marseillais qui était assez actif et structuré dans les années 30 n’était pour rien dans l’attentat.
Le roi fut tué par Vlado Tchernozemski, un nationaliste bulgare qui était militant de l’Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne laquelle souhaitait le rattachement de la Macédoine yougoslave à la Bulgarie ; il s’élança vers la voiture royale en criant : « vive le roi ! » ; il réussit à monter sur le marchepied de la Delage (on essaya par la suite de limiter sur les voitures officielles ces larges marchepieds) et tira de sa ceinture un pistolet automatique Mauser avec lequel il tira par deux fois sur la poitrine du roi. Il tira ensuite sur le général d’armée Alphonse Georges qui était l’ami du roi depuis la guerre et avait pris place dans la voiture ; celui-ci fut atteint de deux balles et Louis Barthou fut également touché. Le lieutenant-colonel Jules Piollet ayant fait virevolter sa jument donna un coup de sabre à l’agresseur qui abattit également un agent. En 1966 après la mort de Piollet le roi Pierre II lui décerna la Croix de guerre yougoslave à titre posthume. Sa famille a laissé au Musée de l’armée son sabre, son képi et ses décorations dont la Légion d’honneur reçue pour la même cause et un rond-point de la ville de Marseille porte son nom.
Le chauffeur Froissac avait arrêté immédiatement la voiture et avait essayé de désarmer l’agresseur.
Un homme, un vétéran de la Grande Guerre dans les Dardanelles, Raoul Pélicier et d’autres hommes se précipitèrent courageusement sur l’assassin pour le faire tomber et le frapper. Dans la confusion générale le service d’ordre ouvrit le feu et la foule essaya de se mettre à l’abri. Une femme fut tuée, d’autres personnes furent blessées.
Piollet essaya en criant de ramener l’ordre : « Nom de Dieu ! Cessez le feu ! ». L’assassin grièvement blessé et criblé de balles, lynché par la foule, fut traîné au poste de police du square voisin et il devait mourir quelques heures après dans les locaux de la Sûreté. Il devait être rapidement enterré dans un lieu tenu secret. Le ministre yougoslave des affaires étrangères Bogoljub Jevitch, futur premier ministre, sauta dans la Delage pour tenter de secourir le roi qui put lui dire « Gardez-moi la Yougoslavie ! ».
Le général Georges fut transporté à l’hôpital militaire. Un agent commercial d’une huilerie marseillaise Dubar vint au secours du ministre dans le poignet saignait. Puis un brigadier de police hissa le président Barthou dans un taxi et l’accompagna à l’Hôtel-Dieu qui domine le port tout proche. Mais on avait trop tardé à cause de la foule nombreuse qui gênait le départ des voitures et l’arrivée des secours. Le président était encore conscient, il dit : « Pour moi, ce n’est rien, mais le Roi ! Comment est le Roi ? ». Devant les réponses rassurantes, il ajouta : « Je suis heureux d’être le seul blessé. » Il arriva à l’Hôtel-Dieu au plus mal, vidé de son sang car une des balles avait sectionné son artère humérale. On décida de l’opérer d’urgence mais il mourut mais à 17 heures 45 seulement et avant l’intervention. Certains ont prétendu que les chirurgiens avaient commis une erreur. Jacques de Launay a pu montrer après avoir eu accès aux archives à partir de 1974 et spécialement au rapport balistique de l’armurier marseillais Gatimel que la balle qui avait touché le ministre provenait de la police française.
Malheureusement pour le roi on ne l’emmena pas à l’hôpital mais à la préfecture où il devait initialement se rendre et alors que le foule était encore nombreuse dans la rue, qui ignorait le drame. La voiture alla le plus vite qu’elle put, évitant, sans le savoir, rue Saint-Ferréol, les grenades d’un second terroriste. On déposa le roi sur un canapé d’un salon de la préfecture. Il n’y avait pas de médecin à la préfecture mais dans la foule trois médecins se présentèrent dont le médecin commandant Herivaux mais ils ne purent sauver le roi qui mourut moins d’une heure après l’arrivée de la vedette qui avait conduit le roi de son navire le Dubrovnik au Vieux-Port de Marseille.
On n’a pas de certitude absolue sur les commanditaires de l’attentat, soit l’organisation macédonienne, soit les Oustachis croates qui paraissent avoir été à la tête de l’expédition, soit les services secrets allemands ou italiens. Les liens de l’organisation terroriste macédonienne avec les Oustachis et les fascistes italiens étaient réels.
En France le ministre de l’intérieur et le directeur de la sécurité nationale démissionnèrent, plusieurs dirigeants de la sécurité furent mis à la retraite et le préfet fut suspendu. Dans le contexte difficile qui était celui de l’Europe le président Barthou et le roi Alexandre furent difficiles à remplacer contre le péril allemand, le nouveau roi était et le régent n’était pas un homme politique.
Il y eut dix blessés dans le cortège royal et neuf autres personnes atteintes dans la foule dont quatre devaient mourir peu après des suites de leurs blessures et en particulier Yolande Sarkis, qui avait 20 ans et était serveuse de brasserie place Castellane, ainsi que Mmes Dumazet et Durbec.
La reine Marie n’avait pas voulu prendre le Dubrovnik car elle relevait d’une maladie et craignait le mal de mer ; elle devait rejoindre son époux par à Paris. Le préfet du Doubs Louis de Peretti della Rocca lui annonça à la gare de Besançon la nouvelle terrible et la reine dans son émotion lui confia : « ma seule consolation est de penser que mon mari est mort sur cette terre de France, le pays qu’il aimait le plus après le sien ! »
Le train de la reine arriva à Marseille en gare Saint-Charles le lendemain, mercredi 10 octobre à 5 heures du matin et toutes les autorités attendaient la reine vêtue de noir et sans voile pour la conduire à la préfecture. Elle passa avec émotion devant les salons décorés de la gare d’où le roi et elle auraient dû repartir dans la joie pour Paris. À la préfecture le roi reposait dans le cabinet du préfet transformé en chapelle ardente, on lui avait remis son uniforme de gala d’amiral dans lequel il avait été blessé à mort. Par égard pour la fraternité franco serbe et se souvenant des combats communs menés la reine Marie demanda qu’on lui passe sa tenue de campagne d’officier de l’armée de terre.
À 10 heures le président de la République Albert Lebrun arriva la gare accueilli lui aussi solennellement ; il reçut l’accolade du ministre des affaires étrangères serbes ; il fut conduit à la préfecture où il fut introduit chez la reine pendant que dans le salon voisin on procédait à l’embaumement du roi et on réalisait les moulages de son visage et de celui du président Barthou qui avait été aussi conduit à la préfecture. La ville de Marseille offrait à la Yougoslavie ces moulages. Je suppose qu’ils furent réalisés en deux exemplaires. Jusqu’à présent je ne les avais jamais vus exposés comme ils le sont aujourd’hui dans le nouveau Musée d’histoire. À 11 heures 45 les deux hommes furent placés sur le catafalque.
La dépouille du roi fut ramenée solennellement vers le Dubrovnik en présence du président Albert Lebrun et de la reine. La reine monta à bord et le croiseur leva l’ancre à 16 heures le 10 octobre. Il fut escorté par les croiseurs Colbert et Duquesne puis dans les eaux italiennes par la flotte italienne. Pietri et le maréchal Pétain avaient pris place sur le croiseur yougoslave. Le cercueil de Louis Barthou drapé de tricolore fut déposé dans un train à destination de Paris. Les dispositions testamentaires de Barthou étaient d’une grande modestie. On ne voulut pas dès lors y contrevenir par des funérailles nationales. Ses obsèques furent célébrées discrètement le samedi 13 octobre aux Invalides avant l’inhumation dans le caveau de famille au cimetière du Père-Lachaise. Les funérailles du roi eurent lieu le 17 octobre à Belgrade en présence du président Lebrun et d’une foule immense, sous la conduite de la reine et du jeune roi Pierre II qui avait 11 ans et qu’il avait fallu prévenir dans son collège anglais.
L’enquête fut cependant rapide grâce à la coordination des polices française yougoslave et évita la xénophobie qui aurait pu se développer.
Le deuxième terroriste, celui de la rue Saint-Ferréol était Mijo Krajli, c’était un croate qui voyant passer la voiture comprit que le roi était au moins blessé et ne jeta pas ses engins explosifs. Il s’enfuit. Mais il avait été repéré et on put l’arrêter le 15 octobre près de Fontainebleau. Il y avait d’autres complices qui étaient restés à Aix à l’hôtel Moderne et ne s’étaient pas rendus à Marseille. Le procès s’ouvrit devant la Cour d’assises d’Aix en novembre 1935 ; il parut interminable et confus. Mijo, Ivo Rajtich et Zvonimir Pospishil furent condamnés aux travaux forcés à perpétuité. Les deux derniers avaient été arrêtés dans leur fuite à Thonon-les-Bains près de la frontière suisse le 11 octobre. Trois condamnations à mort par contumace furent prononcées contre le révolutionnaire croate Ante Pavelitch, le colonel Persevitch et Eugen Kvartenik qui était le chef croate de l’expédition. Mijo mourut de la tuberculose en prison en 1941, Pospishil était mort en prison de pneumonie en 1940, après la prise du pouvoir de Pavelitch en Croatie le gouvernement de Vichy en 1941 accepta à sa demande de libérer Rajtich.
Merci à ceux qui ont envoyé des liens utiles et pour vos appréciations malgré mes fautes de frappe.
Le jeune roi Pierre venait d’être envoyé en Angleterre pour y poursuivre ses études dans un pays démocratique dont son père souhaitait qu’il soit pour lui un modèle quand le temps de la démocratie serait venu pour la Yougoslavie. La famille royale avait accompagné le prince royal à la frontière autrichienne et le roi lui avait demandé de se comporter comme les autres enfants, de se faire des amis et de donner une bonne image de son pays. Jamais plus il ne revit son père et son enfance heureuse et insouciante avait déjà pris fin. Le comte de Rudnik, son nom d’incognito, fut accueilli à Londres par sa grand-mère la reine Marie de Roumanie, fille du duc d’Édimbourg. Elle était demeurée très anglaise. Avant de se rendre au collège de Sandroyd à Cobdham dans le Surrey le prince déjeuna à Buckingham avec le roi, son parrain qu’il ne connaissait pas encore, la reine et le prince de Galles et passa quelques heures heureuses avec eux. Au collège il fut reçu par le directeur Monsieur Ozane et son épouse qui furent très gentils. Le rythme de vie lui parut surprenant car il n’avait connu auparavant que des précepteurs mais il s’y fit et il était très sportif.
Au matin du 10 octobre Madame Ozane lui dit qu’une Daimler de l’ambassade devait le conduire à Londres immédiatement. À l’ambassade l’ambassadeur lui annonça la mort de son père et dit : « Longue vie à Votre Majesté ». Le roi resta avec son précepteur anglaisMonsieur Parrot, sa grand-mère et son oncle le roi George de Grèce. Il ne pouvait admettre la mort de son père et répétait : « Papa seulement peut être roi. »
Il partit pour Paris avec la reine Marie de Roumanie, y retrouva sa mère qui, en effet, semble-t-il, n’était pas partie avec le corps du roi mais était allée attendre son fils à Paris avec le président Lebrun après qu’à Marseille ils avaient rendu visite aux blessés. Il fut reçu par le président et les autorités, l’ambassadeur et la colonie yougoslave. Puis escortés par la Garde républicaine, le roi et les deux reines prirent à la Gare de l’Est le train pour Belgrade où les attendaient le régent le prince Paul et les deux corégents, le gouvernement et plus de 100 000 personnes.
Francine du Canada
3 novembre 2013 @
00:50
Gérard, je me contrefiche de vos fautes de frappe… Ces pages « historiques » sur N&R sont celles que je préfère. Si vous pouvez nous parler du jeune roi Pierre… je vous lirai avec plaisir. Bon dimanche et mes amitiés, FdC
HRC
1 novembre 2013 @
20:50
je découvre ce jour de pluie
passionnant de bout en bout
Le béarnais Louis Barthou fût bien Président du Conseil mais au moment de son assassinat (victime du tir d’un policier français) il était ministre des affaires étrangères.
C’est exact.
Le jour de l’assassinat, le président de la République était Albert Lebrun et le président du Conseil des ministres (d’un gouvernement qui dura du 9 février 1934 au 8 novembre 1934) était l’ancien président Gaston Doumergue.
Je précise que Louis Barthou était à ce moment-là ministre des affaires étrangères et qu’il était ancien président du conseil. Il était académicien français. Il avait été délégué avec le ministre de la marine François Pietri pour accueillir le roi au début de sa visite officielle en France alors que le souverain venait de débarquer sur le Vieux Port de Marseille.
Si je me souviens bien l’assassinat a réussi car les effectifs policiers étaient insuffisant et mal répartis. C’est d’autant plus incompréhensible que les services secrets yougoslaves savaient qu’on voulait intenter à la vie du roi.
Merci Vincent pour ce lien. Les images fixes du roi agonisant sont assez choquantes. On s’aperçoit que les méthodes d’hier étaient les mêmes que celles d’aujourd’hui pour les paparazzis !!
Cet évènement a été retracé dans une émission » Mystères d’Archives » de Serge Viallet diffusée sur Arte. On peut voir dans les archives fimées de l’époque que l’accent n’a pas été mis sur la sécurité du Roi de Yougoslavie. En effet pour que la foule réunie puisse apercevoir le Roi, l’escorte sur le parcours n’a pas été trés sécurisée.
le Président du Conseil des Ministres de l’époque était l’équivalent de premier ministre, avec plus de pouvoir que le nôtre, et était appelé à vie « président »
je comprends la « traduction » de Gérard
Il y a hélas un certain nombre de meurtres à Marseille depuis quelques années, un trop grand nombre, mais il est vrai que la grande majorité concerne des petits truands tués par d’autres petits truands, ce qui est évidemment inadmissible d’autant que certains sont très jeunes ; par une sorte de miracle permanent pour l’instant il n’y a pas de dégâts collatéraux même si un homme a été, me semble-t-il, abattu devant son jeune enfant. Il y a cependant eu comme hélas dans beaucoup de grandes villes quelques commerçants et une avocate qui ont été tués et dévalisés et il y avait eu, il y a déjà assez longtemps maintenant, l’assassinat du juge Pierre Michel par des truands.
Mais, comme il était commode de mettre la mort de Louis Barthou sur le compte du terroriste, le rapport balistique établi en 1935 est resté secret jusqu’en 1974. À ce moment-là, les faits étaient suffisamment anciens pour ne plus déranger grand monde et pour que toute enquête pour découvrir le « vrai » assassin de Barthou soit vaine.
Merci à Régine et Gérard pour ce reportage et ces photos. J’avoues mon ignorance concernant ces assassinats. Y avait-il un lien entre le roi Alexandre de Yougoslavie et le ministre Louis Barthou? Ces assassinats ont-ils été revendiqués ou attribués à une faction politique quelconque? Vraiment très intéressantes ces pages d’histoire. FdC
L’assassin Cernozemski a été abattu sur place par la police, coups de feu et de sabres. Inhumé en secret à un endroit inconnu. Pourvu qu’il ne réapparaîsse pas la nuit de l’Halloween.
Pour Francine : j’ai eu la chance d’avoir des parents et grands-parents qui s’en souvenaient fort bien…et qui me l’ont raconté ! Vous ne pouvez pas tout connaître de l’histoire récente de la France, tout comme moi, de celle du Canada !
Vous avez raison Flabemont et c’est la beauté de ce site; il y a toujours quelqu’un qui sait et qui se fait un plaisir de raconter, pour le bénéfice des autres. Bisous m’amie, FdC
Merci pour les liens Michèle. Combinés aux explications de Gérard, je connais maintenant l’histoire de ces horribles assassinats. Bonne journée et mes amitiés, FdC
Les masques mortuaires sont du sculpteur Calvi. Une gravure de Maxime Real del Sarte est inspirée de celui d’Alexandre. On sait qu’on lui doit le bronze du monument parisien de Pierre Ier et d’Alexandre place de Colombie à Paris.
La revue Marseille, revue culturelle de la ville, consacre son numéro de décembre 2013 au Musée d’Histoire. On y voit notamment une photographie du meuble supportant les masques mortuaires. Il y est précisé qu’ils ont été offerts au Comité du Vieux-Marseille le 17 février 1935 au Parc Chanot pour être présenté au Musée du Vieux-Marseille alors situé dans ce parc et il est renvoyé à cet égard au Bulletin officiel du Musée du Vieux-Marseille de janvier-février 1935 pour le discours de M. Lazarevitch, consul général de Yougoslavie. Le sculpteur François Carli prit donc l’empreinte en plâtre des visages et les masques furent placés dans une vitrine exécutée par E. Caors, encadreur rue de Rome, d’après les dessins d’André Champollion, architecte.
L’auteur de l’article, Ann Blanchet, bibliothécaire, responsable du centre de documentation, des arts graphiques, ajoute :
« On est là dans une véritable mise en scène, la vitrine constituant un petit espace mémoriel qui met en avant le culte et la vénération.
« Les discours confèrent à cet objet un statut de relique :
« Les masques des deux illustres martyrs seront conservés pour que les générations de nos fils viennent les regarder et y puiser un double sentiment. Un sentiment d’horreur d’abord. Aussi un sentiment du
souvenir ». (Allocution de M. Carnau, président de la section provençale de l’Union nationale des combattants ».
L’auteur des masques est donc non pas Calvi mais François Carli (1872-1957), sculpteur marseillais renommé de l’époque, moins connu cependant que son frère également sculpteur Auguste Carli.
Salutations à tous, quelqu’un d’entre vous a-t-il des informations sur l’endroit où le corps de l’assassin Velishka Kerim a été enterré après l’assassinat, dans quel cimetière à Marseille
Bonjour, petit fils du Lieutenant-Colonel Jules Piollet, je découvre ce site, et remercie ceux qui y ont participé, j’ajouterai une précision, mon Grand-père fut après cet événement, mis à la retraite anticipée, rayé du tableau d’avancement (Pour être Colonel) , il reçu la croix de commandeur de la légion d’honneur pour cet acte que beaucoup plus tard. Cela car il avait dit que la sécurité du roi était mal faite, et la police incompétente!!!! Comprenne qui pourra.
Cordialement .G.PIOLLET
diziere
30 octobre 2013 @ 09:06
Quatre autres personnes furent mortellement atteintes,
Philibert
1 novembre 2013 @ 15:29
En effet : un policier, deux dames et une jeune fille de 20 ans.
Mais l’anarchiste n’a tué « que » le roi et le policier. Les quatre autres personnes (dont Louis Barthou) ont été tuées par les balles perdues tirées par les policiers dans l’affollement général.
Francky
30 octobre 2013 @ 10:37
Quelqu’un sait-il où a eu lieu cet assassinat exactement (le premier d’une longue série dans cette ville…) ? Y a-t-il une plaque ou un monument pour le commémorer ?
Denise
30 octobre 2013 @ 13:47
Marseillaise de naissance, mes parents m’ont toujours dit que l’assassinat du roi de Yougoslavie et de Barthou (et d’autres victimes ?) avait eu lieu devant la Bourse, c’est-à-dire en bas de la Canebière, pas très loin du quai des Belges et du Vieux Port. J’ai vérifié cela lors de mes études, mais par contre j’ignore s’il y a aujourd’hui une plaque qui commémore ce triste évènement, n’étant plus dans cette ville.
Gustave de Montréal
30 octobre 2013 @ 16:42
C’est cela. Devant la Palais de la Bourse au 9, La Canebière. Sur le Net, on peut trouver des photos des corps ensanglantés de ces messieurs.
Caroline
30 octobre 2013 @ 22:21
Denise,j’ai lu chez Tonton Google qu’on a érigé en 1938 à Marseille le monument commémoratif au roi Alexandre de Yougoslavie et à Louis Barthou dans le sixième arrondissement.Il se trouve à l’angle de la place de la Préfecture et de la rue de Rome.
ML
30 octobre 2013 @ 23:54
Exact et c’est ,malheureusement, une horreur.
Gérard
2 novembre 2013 @ 22:40
C’est très années 30, mais ce genre de monument n’est pas toujours un chef d’œuvre.
cld83
30 octobre 2013 @ 16:57
Marseillais de naissance aussi, je confirme que le roi de Yougoslavie et le ministre français des Affaires étrangères ont été assassinés le 9 octobre 1934 devant le palais de la Bourse, à l’angle de la Canebière et de l’actuelle place du Général-de-Gaulle. Une plaque commémorative a été apposée en 1938 dans la rue de Rome, à l’angle de la place de la Préfecture. http://www.paca.culture.gouv.fr/dossiers/protections/13/marseille/alexandre_1er/monum.htm
Gérard
31 octobre 2013 @ 18:24
L’assassinat du roi Alexandre a eu effectivement lieu devant le palais de la Bourse c’est-à-dire devant la Chambre de commerce de Marseille sur la Canebière. Le square qui borde la Canebière à cet endroit-là s’appelle officiellement depuis square Alexandre Ier mais comme il est placé à l’intérieur de la place de la Bourse, ancienne place Royale et aujourd’hui place du Général de Gaulle, le nom du square n’apparaît plus. Sur un lampadaire une plaque armoriée de la ville de Marseille, de la République française et du royaume de Yougoslavie dédiée au roi preux et au président Barthou rappelle le sinistre événement. Autrefois il y avait là deux lampadaires portant ces plaques, l’un avant et l’autre après le lieu du meurtre, et au sol une grande dalle de bronze portant l’inscription latine PAX qui semblait devoir rester pour des siècles. Il y a pas mal d’années cependant qu’elle a disparu car j’imagine que les revêtements successifs de bitume tout autour d’elle avaient dû créer une dénivellation dangereuse pour la circulation automobile. Chaque année des fleurs sont déposées pour l’anniversaire de la mort du roi sous cette plaque de lampadaire.
Mais un véritable monument a été en effet édifié devant les jardins du palais de la Préfecture à l’angle de la place de la Préfecture et de la rue de Rome. C’est là que chaque 9 octobre des gerbes sont déposées par les autorités françaises et serbes. Il y a quelques années le prince royal Alexandre II était venu peut-être pour le 70e anniversaire, je ne me souviens plus exactement. C’est à la préfecture qu’avaient été déposées sous le même drapeau français les deux dépouilles lors d’une veillée fenêtre. Le monument est dû à l’architecte Gaston Castel et aux sculpteurs Antoine Sartorio, Louis Botinelly et Élie-Jean Veizien. Ce monument doit être restauré, on l’espère prochainement, car la circulation automobile l’a sali. Toute la rue de Rome est en réfection et on peut souhaiter que cela soit terminé pour les 80 ans. Le monument est classé depuis 2009. Il a été achevé en 1938. Un bouclier est soutenu par deux colonnes couvertes de bas-reliefs évocateurs de la culture et des productions des deux pays et flanquées de deux grandes figures féminines qui symbolisent la France et la Yougoslavie. À l’avant du monument quatre figures féminines deux par deux soutiennent les portraits des deux hommes d’État. Le bouclier monumental porte le mot PAX. Les colonnes historiées sont sculptées à la manière de la colonne Trajane, au pied de la colonne française on peut voir la représentation du monument aux morts d’Orient qui commémore à Marseille sur la corniche les soldats français qui moururent aux côtés de leurs alliés notamment serbes pendant la première guerre mondiale. Ce monument est dû aussi à Gaston Castel. Sur la colonne yougoslave et à son pied figure le mausolée royal de Topola à Oplenac, l’église Saint-Georges, où repose le roi. Le mot pax est posé lui-même sur les armoiries sculptées du royaume de Yougoslavie et les symboles de la République française. Au-dessous il est écrit « Amitié ».
Ce drame survenu le mardi 9 octobre 1934 vers 16 heures 15 avait profondément marqué les Marseillais. Il est survenu donc au centre de la ville dans un quartier de bureaux et pratiquement de tous les bureaux, de tous les collèges, étaient venus beaucoup d’hommes, de femmes, de jeunes gens qui avaient quitté brièvement leur tâche pour saluer avec enthousiasme l’arrivée du roi qui était un grand événement puisqu’il s’agissait d’une visite officielle et d’un ami de la France. La foule était donc considérable et à cette époque où l’on ne disposait pas de portables, chacun devait ensuite rentrer chez lui, dans son bureau, son magasin ou son école pour crier : « ils ont tué le roi ! ». Mes parents qui étaient très jeunes avaient conservé un souvenir ému de cette journée. Les films des actualités de l’époque nous permettent d’entendre les acclamations et de constater la panique qui suivit le premier coup de feu. Ce fut le premier attentat politique filmé en direct.
Cet attentat a été le plus marquant de l’histoire de la ville et il également bouleversé la France et le monde, il a plus marqué l’opinion et la presse françaises que le meurtre deux ans auparavant du président Doumer. Il a eu une importance sur le droit international, sur la Société des Nations et hélas sur le sort du monde.
Sur le moment à Marseille on craignit que de rage le croiseur qui avait amené le roi ne fasse feu sur la ville. De fait des imprudences avaient été commises par la sécurité française.
Des risques avaient été pris, le roi savait qu’il y avait des risques d’attentats terroristes mais il avait refusé de porter un gilet pare-balles.
À l’arrivée du roi en oublia de jouer l’hymne yougoslave, la foule était trop proche du souverain et chacun devait dénoncer l’insuffisance des mesures prises. Le roi paraissait étonné et Barthou inquiet.
Par ailleurs pour la réussite de cette visite il fallait voir le roi, le montrer, la voiture était découverte, elle roulait à 8 km/h, il n’y avait que deux officiers à cheval de part et d’autre.
Le milieu marseillais qui était assez actif et structuré dans les années 30 n’était pour rien dans l’attentat.
Le roi fut tué par Vlado Tchernozemski, un nationaliste bulgare qui était militant de l’Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne laquelle souhaitait le rattachement de la Macédoine yougoslave à la Bulgarie ; il s’élança vers la voiture royale en criant : « vive le roi ! » ; il réussit à monter sur le marchepied de la Delage (on essaya par la suite de limiter sur les voitures officielles ces larges marchepieds) et tira de sa ceinture un pistolet automatique Mauser avec lequel il tira par deux fois sur la poitrine du roi. Il tira ensuite sur le général d’armée Alphonse Georges qui était l’ami du roi depuis la guerre et avait pris place dans la voiture ; celui-ci fut atteint de deux balles et Louis Barthou fut également touché. Le lieutenant-colonel Jules Piollet ayant fait virevolter sa jument donna un coup de sabre à l’agresseur qui abattit également un agent. En 1966 après la mort de Piollet le roi Pierre II lui décerna la Croix de guerre yougoslave à titre posthume. Sa famille a laissé au Musée de l’armée son sabre, son képi et ses décorations dont la Légion d’honneur reçue pour la même cause et un rond-point de la ville de Marseille porte son nom.
Le chauffeur Froissac avait arrêté immédiatement la voiture et avait essayé de désarmer l’agresseur.
Un homme, un vétéran de la Grande Guerre dans les Dardanelles, Raoul Pélicier et d’autres hommes se précipitèrent courageusement sur l’assassin pour le faire tomber et le frapper. Dans la confusion générale le service d’ordre ouvrit le feu et la foule essaya de se mettre à l’abri. Une femme fut tuée, d’autres personnes furent blessées.
Piollet essaya en criant de ramener l’ordre : « Nom de Dieu ! Cessez le feu ! ». L’assassin grièvement blessé et criblé de balles, lynché par la foule, fut traîné au poste de police du square voisin et il devait mourir quelques heures après dans les locaux de la Sûreté. Il devait être rapidement enterré dans un lieu tenu secret. Le ministre yougoslave des affaires étrangères Bogoljub Jevitch, futur premier ministre, sauta dans la Delage pour tenter de secourir le roi qui put lui dire « Gardez-moi la Yougoslavie ! ».
Le général Georges fut transporté à l’hôpital militaire. Un agent commercial d’une huilerie marseillaise Dubar vint au secours du ministre dans le poignet saignait. Puis un brigadier de police hissa le président Barthou dans un taxi et l’accompagna à l’Hôtel-Dieu qui domine le port tout proche. Mais on avait trop tardé à cause de la foule nombreuse qui gênait le départ des voitures et l’arrivée des secours. Le président était encore conscient, il dit : « Pour moi, ce n’est rien, mais le Roi ! Comment est le Roi ? ». Devant les réponses rassurantes, il ajouta : « Je suis heureux d’être le seul blessé. » Il arriva à l’Hôtel-Dieu au plus mal, vidé de son sang car une des balles avait sectionné son artère humérale. On décida de l’opérer d’urgence mais il mourut mais à 17 heures 45 seulement et avant l’intervention. Certains ont prétendu que les chirurgiens avaient commis une erreur. Jacques de Launay a pu montrer après avoir eu accès aux archives à partir de 1974 et spécialement au rapport balistique de l’armurier marseillais Gatimel que la balle qui avait touché le ministre provenait de la police française.
Malheureusement pour le roi on ne l’emmena pas à l’hôpital mais à la préfecture où il devait initialement se rendre et alors que le foule était encore nombreuse dans la rue, qui ignorait le drame. La voiture alla le plus vite qu’elle put, évitant, sans le savoir, rue Saint-Ferréol, les grenades d’un second terroriste. On déposa le roi sur un canapé d’un salon de la préfecture. Il n’y avait pas de médecin à la préfecture mais dans la foule trois médecins se présentèrent dont le médecin commandant Herivaux mais ils ne purent sauver le roi qui mourut moins d’une heure après l’arrivée de la vedette qui avait conduit le roi de son navire le Dubrovnik au Vieux-Port de Marseille.
On n’a pas de certitude absolue sur les commanditaires de l’attentat, soit l’organisation macédonienne, soit les Oustachis croates qui paraissent avoir été à la tête de l’expédition, soit les services secrets allemands ou italiens. Les liens de l’organisation terroriste macédonienne avec les Oustachis et les fascistes italiens étaient réels.
En France le ministre de l’intérieur et le directeur de la sécurité nationale démissionnèrent, plusieurs dirigeants de la sécurité furent mis à la retraite et le préfet fut suspendu. Dans le contexte difficile qui était celui de l’Europe le président Barthou et le roi Alexandre furent difficiles à remplacer contre le péril allemand, le nouveau roi était et le régent n’était pas un homme politique.
Il y eut dix blessés dans le cortège royal et neuf autres personnes atteintes dans la foule dont quatre devaient mourir peu après des suites de leurs blessures et en particulier Yolande Sarkis, qui avait 20 ans et était serveuse de brasserie place Castellane, ainsi que Mmes Dumazet et Durbec.
La reine Marie n’avait pas voulu prendre le Dubrovnik car elle relevait d’une maladie et craignait le mal de mer ; elle devait rejoindre son époux par à Paris. Le préfet du Doubs Louis de Peretti della Rocca lui annonça à la gare de Besançon la nouvelle terrible et la reine dans son émotion lui confia : « ma seule consolation est de penser que mon mari est mort sur cette terre de France, le pays qu’il aimait le plus après le sien ! »
Le train de la reine arriva à Marseille en gare Saint-Charles le lendemain, mercredi 10 octobre à 5 heures du matin et toutes les autorités attendaient la reine vêtue de noir et sans voile pour la conduire à la préfecture. Elle passa avec émotion devant les salons décorés de la gare d’où le roi et elle auraient dû repartir dans la joie pour Paris. À la préfecture le roi reposait dans le cabinet du préfet transformé en chapelle ardente, on lui avait remis son uniforme de gala d’amiral dans lequel il avait été blessé à mort. Par égard pour la fraternité franco serbe et se souvenant des combats communs menés la reine Marie demanda qu’on lui passe sa tenue de campagne d’officier de l’armée de terre.
À 10 heures le président de la République Albert Lebrun arriva la gare accueilli lui aussi solennellement ; il reçut l’accolade du ministre des affaires étrangères serbes ; il fut conduit à la préfecture où il fut introduit chez la reine pendant que dans le salon voisin on procédait à l’embaumement du roi et on réalisait les moulages de son visage et de celui du président Barthou qui avait été aussi conduit à la préfecture. La ville de Marseille offrait à la Yougoslavie ces moulages. Je suppose qu’ils furent réalisés en deux exemplaires. Jusqu’à présent je ne les avais jamais vus exposés comme ils le sont aujourd’hui dans le nouveau Musée d’histoire. À 11 heures 45 les deux hommes furent placés sur le catafalque.
La dépouille du roi fut ramenée solennellement vers le Dubrovnik en présence du président Albert Lebrun et de la reine. La reine monta à bord et le croiseur leva l’ancre à 16 heures le 10 octobre. Il fut escorté par les croiseurs Colbert et Duquesne puis dans les eaux italiennes par la flotte italienne. Pietri et le maréchal Pétain avaient pris place sur le croiseur yougoslave. Le cercueil de Louis Barthou drapé de tricolore fut déposé dans un train à destination de Paris. Les dispositions testamentaires de Barthou étaient d’une grande modestie. On ne voulut pas dès lors y contrevenir par des funérailles nationales. Ses obsèques furent célébrées discrètement le samedi 13 octobre aux Invalides avant l’inhumation dans le caveau de famille au cimetière du Père-Lachaise. Les funérailles du roi eurent lieu le 17 octobre à Belgrade en présence du président Lebrun et d’une foule immense, sous la conduite de la reine et du jeune roi Pierre II qui avait 11 ans et qu’il avait fallu prévenir dans son collège anglais.
L’enquête fut cependant rapide grâce à la coordination des polices française yougoslave et évita la xénophobie qui aurait pu se développer.
Le deuxième terroriste, celui de la rue Saint-Ferréol était Mijo Krajli, c’était un croate qui voyant passer la voiture comprit que le roi était au moins blessé et ne jeta pas ses engins explosifs. Il s’enfuit. Mais il avait été repéré et on put l’arrêter le 15 octobre près de Fontainebleau. Il y avait d’autres complices qui étaient restés à Aix à l’hôtel Moderne et ne s’étaient pas rendus à Marseille. Le procès s’ouvrit devant la Cour d’assises d’Aix en novembre 1935 ; il parut interminable et confus. Mijo, Ivo Rajtich et Zvonimir Pospishil furent condamnés aux travaux forcés à perpétuité. Les deux derniers avaient été arrêtés dans leur fuite à Thonon-les-Bains près de la frontière suisse le 11 octobre. Trois condamnations à mort par contumace furent prononcées contre le révolutionnaire croate Ante Pavelitch, le colonel Persevitch et Eugen Kvartenik qui était le chef croate de l’expédition. Mijo mourut de la tuberculose en prison en 1941, Pospishil était mort en prison de pneumonie en 1940, après la prise du pouvoir de Pavelitch en Croatie le gouvernement de Vichy en 1941 accepta à sa demande de libérer Rajtich.
Francky
1 novembre 2013 @ 12:12
Un grand merci Gérard et à tous ceux qui ont apporté des informations complémentaires à ce tragique évènement.
agnes
1 novembre 2013 @ 15:08
merci, j’ai tout lu car bien passionnant.
Francine du Canada
1 novembre 2013 @ 18:04
Gérard, merci de ce récit très clair; je trouve bien triste la mort de toutes ces personnes. Amitiés, FdC
flabemont8
1 novembre 2013 @ 18:40
Merci à Gérard d’avoir fait revivre pour nous ces tristes événements .
Gérard
1 novembre 2013 @ 20:26
Merci à ceux qui ont envoyé des liens utiles et pour vos appréciations malgré mes fautes de frappe.
Le jeune roi Pierre venait d’être envoyé en Angleterre pour y poursuivre ses études dans un pays démocratique dont son père souhaitait qu’il soit pour lui un modèle quand le temps de la démocratie serait venu pour la Yougoslavie. La famille royale avait accompagné le prince royal à la frontière autrichienne et le roi lui avait demandé de se comporter comme les autres enfants, de se faire des amis et de donner une bonne image de son pays. Jamais plus il ne revit son père et son enfance heureuse et insouciante avait déjà pris fin. Le comte de Rudnik, son nom d’incognito, fut accueilli à Londres par sa grand-mère la reine Marie de Roumanie, fille du duc d’Édimbourg. Elle était demeurée très anglaise. Avant de se rendre au collège de Sandroyd à Cobdham dans le Surrey le prince déjeuna à Buckingham avec le roi, son parrain qu’il ne connaissait pas encore, la reine et le prince de Galles et passa quelques heures heureuses avec eux. Au collège il fut reçu par le directeur Monsieur Ozane et son épouse qui furent très gentils. Le rythme de vie lui parut surprenant car il n’avait connu auparavant que des précepteurs mais il s’y fit et il était très sportif.
Au matin du 10 octobre Madame Ozane lui dit qu’une Daimler de l’ambassade devait le conduire à Londres immédiatement. À l’ambassade l’ambassadeur lui annonça la mort de son père et dit : « Longue vie à Votre Majesté ». Le roi resta avec son précepteur anglaisMonsieur Parrot, sa grand-mère et son oncle le roi George de Grèce. Il ne pouvait admettre la mort de son père et répétait : « Papa seulement peut être roi. »
Il partit pour Paris avec la reine Marie de Roumanie, y retrouva sa mère qui, en effet, semble-t-il, n’était pas partie avec le corps du roi mais était allée attendre son fils à Paris avec le président Lebrun après qu’à Marseille ils avaient rendu visite aux blessés. Il fut reçu par le président et les autorités, l’ambassadeur et la colonie yougoslave. Puis escortés par la Garde républicaine, le roi et les deux reines prirent à la Gare de l’Est le train pour Belgrade où les attendaient le régent le prince Paul et les deux corégents, le gouvernement et plus de 100 000 personnes.
Francine du Canada
3 novembre 2013 @ 00:50
Gérard, je me contrefiche de vos fautes de frappe… Ces pages « historiques » sur N&R sont celles que je préfère. Si vous pouvez nous parler du jeune roi Pierre… je vous lirai avec plaisir. Bon dimanche et mes amitiés, FdC
HRC
1 novembre 2013 @ 20:50
je découvre ce jour de pluie
passionnant de bout en bout
Corsica
2 novembre 2013 @ 23:26
Je me joins à tous les autres pour vous dire merci Gérard car vous nous avez fait vivre de façon intéressante ces tragiques moments .
Jean Pierre
30 octobre 2013 @ 11:13
Le béarnais Louis Barthou fût bien Président du Conseil mais au moment de son assassinat (victime du tir d’un policier français) il était ministre des affaires étrangères.
Philibert
30 octobre 2013 @ 20:08
C’est exact.
Le jour de l’assassinat, le président de la République était Albert Lebrun et le président du Conseil des ministres (d’un gouvernement qui dura du 9 février 1934 au 8 novembre 1934) était l’ancien président Gaston Doumergue.
Charles
30 octobre 2013 @ 11:41
Grand merci à Gérard pour ces infos
Gérard
30 octobre 2013 @ 12:02
Je précise que Louis Barthou était à ce moment-là ministre des affaires étrangères et qu’il était ancien président du conseil. Il était académicien français. Il avait été délégué avec le ministre de la marine François Pietri pour accueillir le roi au début de sa visite officielle en France alors que le souverain venait de débarquer sur le Vieux Port de Marseille.
JAY
30 octobre 2013 @ 13:08
Je ne me souvenais pas que le 1er ministre Français était aussi décède .. d ailleurs je en me souvenais pas non plus de cette homme politique !
agnes
30 octobre 2013 @ 13:32
Merci Gérard, en plus je ne connaissais pas ce sinistre épisode historique.
Gibbs
31 octobre 2013 @ 11:23
Nous sommes deux …
Vincent
30 octobre 2013 @ 15:02
Si je me souviens bien l’assassinat a réussi car les effectifs policiers étaient insuffisant et mal répartis. C’est d’autant plus incompréhensible que les services secrets yougoslaves savaient qu’on voulait intenter à la vie du roi.
Vincent
30 octobre 2013 @ 15:09
Pour ceux qui s’intéressent à l’Histoire.
1934 : assassinat du roi de Yougoslavie
http://www.ina.fr/video/3964873001
Maguelone
30 octobre 2013 @ 22:27
Merci Vincent pour ce lien. Les images fixes du roi agonisant sont assez choquantes. On s’aperçoit que les méthodes d’hier étaient les mêmes que celles d’aujourd’hui pour les paparazzis !!
septentrion
30 octobre 2013 @ 15:29
Cet évènement a été retracé dans une émission » Mystères d’Archives » de Serge Viallet diffusée sur Arte. On peut voir dans les archives fimées de l’époque que l’accent n’a pas été mis sur la sécurité du Roi de Yougoslavie. En effet pour que la foule réunie puisse apercevoir le Roi, l’escorte sur le parcours n’a pas été trés sécurisée.
HRC
30 octobre 2013 @ 16:45
le Président du Conseil des Ministres de l’époque était l’équivalent de premier ministre, avec plus de pouvoir que le nôtre, et était appelé à vie « président »
je comprends la « traduction » de Gérard
Lady Chatturlante
30 octobre 2013 @ 17:01
Marseille est toujours aussi dangereuse en 2013 et il n’est pas nécessaire d’y être roi pour se faire flinguer en pleine rue.
Palatine
31 octobre 2013 @ 14:37
Humour noir, mais humour quand même…
Gérard
31 octobre 2013 @ 18:36
Il y a hélas un certain nombre de meurtres à Marseille depuis quelques années, un trop grand nombre, mais il est vrai que la grande majorité concerne des petits truands tués par d’autres petits truands, ce qui est évidemment inadmissible d’autant que certains sont très jeunes ; par une sorte de miracle permanent pour l’instant il n’y a pas de dégâts collatéraux même si un homme a été, me semble-t-il, abattu devant son jeune enfant. Il y a cependant eu comme hélas dans beaucoup de grandes villes quelques commerçants et une avocate qui ont été tués et dévalisés et il y avait eu, il y a déjà assez longtemps maintenant, l’assassinat du juge Pierre Michel par des truands.
COLETTE C.
30 octobre 2013 @ 20:51
Est-ce à dire que Mr Barthou a été tué « par erreur » ?
Philibert
1 novembre 2013 @ 15:47
Colette, vous avez bien compris.
Mais, comme il était commode de mettre la mort de Louis Barthou sur le compte du terroriste, le rapport balistique établi en 1935 est resté secret jusqu’en 1974. À ce moment-là, les faits étaient suffisamment anciens pour ne plus déranger grand monde et pour que toute enquête pour découvrir le « vrai » assassin de Barthou soit vaine.
Francine du Canada
30 octobre 2013 @ 21:20
Merci à Régine et Gérard pour ce reportage et ces photos. J’avoues mon ignorance concernant ces assassinats. Y avait-il un lien entre le roi Alexandre de Yougoslavie et le ministre Louis Barthou? Ces assassinats ont-ils été revendiqués ou attribués à une faction politique quelconque? Vraiment très intéressantes ces pages d’histoire. FdC
Stella
30 octobre 2013 @ 22:35
C’est bien d’avouer son ignorance…Quelle belle générosité, surtout de la part d’une personne qui se vante de faire emprisonner des gens…
Passer ainsi aux aveux…Quelle belle et grande chose…
On n’en attendait pas moins de vous!
Gustave de Montréal
31 octobre 2013 @ 00:10
L’assassin Cernozemski a été abattu sur place par la police, coups de feu et de sabres. Inhumé en secret à un endroit inconnu. Pourvu qu’il ne réapparaîsse pas la nuit de l’Halloween.
Michèle
31 octobre 2013 @ 01:33
Mystères d´archives . 1934- Assassinat du roi Alexandre Ier de Yougoslavie
http://www.dailymotion.com/video/xuor82_mysteres-d-archives-1934-assassinat-du-roi-de-yougoslavie_tech
Journaux de 1934
LE FIGARO
du 9 octobre 1934
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297839d.langFR
du 10 octobre 1934
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297840b.langFR
du 11 octobre 1934
On peut y lire le testament du Roi Alexandre fait à Bled, le 5 janvier 1934
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297841q.langFR
LE MATIN
9.octobre 1934
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k578494r.langFR
10 octobre 1934
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5784954.langFR
11 octobre 1934
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k578496h.langFR
Michèle
flabemont8
31 octobre 2013 @ 16:10
Pour Francine : j’ai eu la chance d’avoir des parents et grands-parents qui s’en souvenaient fort bien…et qui me l’ont raconté ! Vous ne pouvez pas tout connaître de l’histoire récente de la France, tout comme moi, de celle du Canada !
Francine du Canada
1 novembre 2013 @ 18:12
Vous avez raison Flabemont et c’est la beauté de ce site; il y a toujours quelqu’un qui sait et qui se fait un plaisir de raconter, pour le bénéfice des autres. Bisous m’amie, FdC
Francine du Canada
1 novembre 2013 @ 18:09
Merci pour les liens Michèle. Combinés aux explications de Gérard, je connais maintenant l’histoire de ces horribles assassinats. Bonne journée et mes amitiés, FdC
Gérard
2 novembre 2013 @ 11:41
Les masques mortuaires sont du sculpteur Calvi. Une gravure de Maxime Real del Sarte est inspirée de celui d’Alexandre. On sait qu’on lui doit le bronze du monument parisien de Pierre Ier et d’Alexandre place de Colombie à Paris.
patricio
2 novembre 2013 @ 11:09
Merci Gerard pour votre explication très détaillée et très interessante.
Continuez à nous régaler
amitiés
patricio
Gérard
2 novembre 2013 @ 22:42
Merci Patricio et merci à tous.
Gérard
30 décembre 2013 @ 21:08
La revue Marseille, revue culturelle de la ville, consacre son numéro de décembre 2013 au Musée d’Histoire. On y voit notamment une photographie du meuble supportant les masques mortuaires. Il y est précisé qu’ils ont été offerts au Comité du Vieux-Marseille le 17 février 1935 au Parc Chanot pour être présenté au Musée du Vieux-Marseille alors situé dans ce parc et il est renvoyé à cet égard au Bulletin officiel du Musée du Vieux-Marseille de janvier-février 1935 pour le discours de M. Lazarevitch, consul général de Yougoslavie. Le sculpteur François Carli prit donc l’empreinte en plâtre des visages et les masques furent placés dans une vitrine exécutée par E. Caors, encadreur rue de Rome, d’après les dessins d’André Champollion, architecte.
L’auteur de l’article, Ann Blanchet, bibliothécaire, responsable du centre de documentation, des arts graphiques, ajoute :
« On est là dans une véritable mise en scène, la vitrine constituant un petit espace mémoriel qui met en avant le culte et la vénération.
« Les discours confèrent à cet objet un statut de relique :
« Les masques des deux illustres martyrs seront conservés pour que les générations de nos fils viennent les regarder et y puiser un double sentiment. Un sentiment d’horreur d’abord. Aussi un sentiment du
souvenir ». (Allocution de M. Carnau, président de la section provençale de l’Union nationale des combattants ».
L’auteur des masques est donc non pas Calvi mais François Carli (1872-1957), sculpteur marseillais renommé de l’époque, moins connu cependant que son frère également sculpteur Auguste Carli.
Alexandra
21 septembre 2022 @ 09:00
Salutations à tous, quelqu’un d’entre vous a-t-il des informations sur l’endroit où le corps de l’assassin Velishka Kerim a été enterré après l’assassinat, dans quel cimetière à Marseille
Piollet
6 décembre 2022 @ 16:50
Bonjour, petit fils du Lieutenant-Colonel Jules Piollet, je découvre ce site, et remercie ceux qui y ont participé, j’ajouterai une précision, mon Grand-père fut après cet événement, mis à la retraite anticipée, rayé du tableau d’avancement (Pour être Colonel) , il reçu la croix de commandeur de la légion d’honneur pour cet acte que beaucoup plus tard. Cela car il avait dit que la sécurité du roi était mal faite, et la police incompétente!!!! Comprenne qui pourra.
Cordialement .G.PIOLLET